Le livre audio connaît une très forte croissance depuis 2 ans : face au mastodonte Amazon qui se taille la part du lion, les géants du net déploient les grands moyens pour ne pas prendre de retard.
Audible d’Amazon
Avec 41% de parts de marché du livre audio, Amazon conforte sa place de numéro 1 du secteur. Un choix de plus de 200000 titres, des livres disponibles à l’unité ou par abonnement, des contenus inédits, des ouvrages enrichis par rapport à la version papier sont les plus d’Audible.
Google play
Depuis janvier 2018, Google essaie de rattraper son retard en créant une page Livres audio avec écoute illimitée, sans abonnement et hors connexion. Un extrait gratuit est disponible pour chaque ouvrage. De nombreux ouvrages sont proposés en langue française. L’assistant des smartphones Android, iOS ou l’enceinte Google home vous feront désormais la lecture.
Storytel
Cette plateforme de livres numériques sur abonnement s’impose peu à peu grâce à son service de livres audio qui est passé de 65 millions d’heures d’écoute en 2016 à 100 millions en 2017. Présente dans la plupart des pays européens, la société suédoise devrait s’implanter prochainement en France.
IA et robotique
La robotique de A à Z
Le dossier réalisé par Agnès Guillot et Jean-Arcady Meyer sur le site Futura-sciences retrace l’histoire de la robotique : des automates jusqu’à l’approche animat. 10 chapitres le composent : La robotique de A à Z, Histoire de la robotique : des automates aux premiers robots, Petite histoire de l’intelligence artificielle, L’approche animat, Animat : le déplacement des robots, Le « cerveau » des robots : réseau neuronal et évolutionnisme, Microrobotique et robotique « molle », Robotique hybride : les biobots, Robots : autonomie énergétique et polyvalence, Robotique : les enjeux de demain.
IA et préjugés
Ayant constaté que les logiciels de reconnaissance faciale avaient plus de mal à l’identifier que ses collègues, la chercheuse noire américaine, Joy Buolamwini du Massachusetts Institute of Technology (MIT) a testé différents programmes d’identification du visage. Les résultats sont édifiants : les logiciels se trompent pour 1% des hommes à la peau claire mais échouent à reconnaître 34% des femmes à la peau foncée. La raison de cette déficience est simple et ahurissante : les bases de données qui entraînent les IA sont principalement alimentées avec des profils d’hommes blancs ! Or, l’IA, tout comme les humains, apprend avec l’environnement que lui fournissent les chercheurs…majoritairement blancs. Très inquiétant pour la neutralité, le tri de CV ou encore l’accès aux études supérieures. La transparence sur le fonctionnement de ces IA doit être exigée par et pour tous les utilisateurs.
Robot en kit
Pour apprendre de façon autonome les bases de la robotique, vous pouvez acquérir Robby, un robot modulable livré en kit et programmable via une interface graphique et des tutoriels. Sa structure évolutive autorise l’ajout de périphériques au moyen d’une clé allen : webcam, capteur infrarouge, bras articulé. Disponible dès août 2018 sur bit.do/d8LB7
Le numérique en chiffre
Les réseaux sociaux en 2017
59% de la population française (12 ans et +) a visité des réseaux sociaux (source : CREDOC)
3,196 milliards de personnes utilisent les réseaux sociaux (agence We Are Social)
16% des français s’informent principalement via les réseaux sociaux (sondage Odoxa)
66% des français ayant un compte ne publient plus ou ont supprimé des messages pour protéger leur vie privée (source : CREDOC)
La musique en streaming en 2017
42,5 milliards de titres de musique écoutés par les français en 2017 (Source : Snep)
42% des français écoutent de la musique en streaming (Source : Snep et institut GfK)
4,4 millions de français disposent d’un abonnement à une plateforme de streaming audio en 2017 (Source : Snep)
243 millions de revenus générés par le streaming musical en 2017 (Source : Snep)
Prévisions numériques pour 2018
8,4 milliards d’objets connectés (source : Gartner )
110 milliards dépensés en applications mobiles (source : App Annie )
20 millions de ventes de casques de réalité virtuelle (source : CCS Insight )
Les salons du numérique
Mobile World Congress 2018
A retenir pêle mêle parmi les nouveautés du salon international de la téléphonie mobile à Barcelone : arrivée imminente de la 5G, reconnaissance faciale, écran qui prend toute la surface du mobile avec une encoche pour les différents capteurs (son, image). En résumé, peu de réelles innovations pour cette édition du MWC 2018.
Consumer Electronics Show 2018
L’édition du CES 2018 de Las Vegas dédié aux produits de l’univers numérique a offert son lot de surprises en innovation. Les objets connectés les plus impressionnants sont : l’épicerie mobile autonome et réfrigérée de Robomart, le drone taxi autonome, l’aspirateur de moustique programmable, le télescope contrôlé par une appli mobile, la bague multifonction de la startup Corse ICARE Technologies, le parasol connecté qui intègre de la musique, analyse le vent, se meut en fonction du soleil et fonctionne évidemment à l’énergie solaire.
Ouvrons le dictionnaire. Le Robert des noms communs, édition 2009, ne présente pas moins de dix acceptions du mot « engagement » ! Laissons de côté l’action de mettre en gage… etc., et concentrons-nous quelques instants sur celles qui concernent votre, notre revue : « Action de se lier par une promesse ou une convention ». Et peut-être encore plus la dernière acception proposée par le dictionnaire : « action ou attitude de l’intellectuel, de l’artiste qui prenant conscience de son appartenance à la société et au monde de son temps (…), met sa pensée au service d’une cause. »
En effet, depuis sa fondation par Roger Cuchin, InterCDI s’est fait la promesse, et a passé contrat moral avec ses lecteurs, de défendre la profession en se mettant à l’écoute et au service des professeurs documentalistes, de se faire leur porte-voix. Et nous entendons bien, si les circonstances le permettent, persévérer dans cette voie.
Marqué par l’engagement et son nécessaire préalable – la pratique d’un esprit critique –, ce numéro l’est, assurément. L’article de Catherine Migné (p. 4) propose ainsi l’analyse critique d’une façon de « décrire » notre société, d’une manière d’«informer », qui dans un passé pas si lointain, a débouché sur des situations historiques de funeste mémoire. Le Thèmalire (p. 25) est lui consacré à l’engagement dans la marche de la société, y compris dans la littérature pour la jeunesse, si importante dans nos CDI, et qui nous offre les portraits de jeunes héros en prise avec des événements contemporains, ou des épisodes du passé ; donner à lire aux élèves, d’une façon vivante, la lutte pour les droits civiques aux USA, la révolution russe ou les événements de 68, c’est aussi les aider à comprendre les enjeux de l’Histoire. Les événements de Mai 68, justement, dont nous fêtons le cinquantième anniversaire cette année, c’est le thème de l’Ouverture culturelle de ce numéro. Une porte ouverte sur des expositions, des sites à exploiter, de multiples ressources concernant un épisode qui a sans conteste façonné en profondeur notre Histoire moderne.
Esprit critique aussi, nous l’avons dit, avec une approche très pratique : un ouvrage directement destiné aux professeurs documentalistes, et en quelque sorte prêt à l’emploi (p. 15) ; une fiche InterCDI pour aider à rédiger une critique de roman (en direction des élèves, bien sûr !), en page 17.
D’autres rubriques, d’autres articles, dont le dernier entretien réalisé par notre collègue Odile Bonneel, page 36, sobrement intitulé « Libre comme l’art », prouvent l’attachement des professeurs documentalistes à leur profession, et à la communication de leurs travaux et recherches dans l’intérêt de tous. Cette volonté de participer à une œuvre collective a aussi, à notre sens, valeur d’engagement.
Jean-Michel Delambre est né en 1949 à Liévin, dans le bassin minier, mais a préféré travailler à la mine… de crayon. Écrivain et poète, il écrit pour la jeunesse des albums aux histoires amusantes ou des recueils de poèmes qu’il illustre lui-même d’aquarelles. Son plaisir est de jouer avec les mots, comme dans L’Horrible Recette de Sarah Tatouille la sorcière (éditions Henry), où il manie les « mots-valises ». Mais Jean-Michel Delambre a plus d’une plume à son arc : ancien professeur de français, il est aussi journaliste-dessinateur au Canard enchaîné qui l’a pris sous son aile il y a plus de trente ans. Il y fait des dessins truffés d’humour et des caricatures d’hommes politiques gratinées ! Il était l’ami de Cabu, Wolinski, Tignous, et a fait sienne la devise du Canard : « La liberté de la presse ne s’use que quand on ne s’en sert pas ». Jean-Michel Delambre a également une autre spécialité au Canard : il écrit les « bandeaux » et « manchettes », ces gros titres à calembours et mots-valises. Il collabore aussi à d’autres journaux comme Marianne, Psikopat, Le Parisien, le JDC (Journal De la Corse), Le Courrier Picard… Il écrit des nouvelles pour adulte (son dernier recueil, FIN, Nouvelles d’avant l’Apocalypse est paru en 2016 chez L’Harmattan), ainsi que des bandes dessinées sur la Corse : Da Vinci Corse, Le Diable au Corse. Artiste complet, il réalise des peintures et des sculptures engagées dans son atelier-galerie et, après avoir reçu le Prix du Club de la Presse Nord-Pas-de-Calais, il a reçu en mai 2017 le Prix de l’Humour du Salon de la sculpture d’Étaples pour sa sculpture Aquagym.
Rencontre avec un artiste faisant feu de tout bois, l’esprit toujours en éveil nourri de mots, d’arts, de musiques et de films, qui aime nous faire partager ses œuvres toujours empreintes d’humour !
Le dessinateur qui écrit
Quel type d’écolier étais-tu ?
Disons que j’étais un écolier timide qui apprivoisât très tôt la solitude et le rêve (l’absence du père et le mystère de sa disparition ?) pour pouvoir créer, lire, dessiner… Je m’ennuyais souvent à l’école, sauf en français et en dessin et j’ai le souvenir très vivace de deux ou trois maîtres merveilleux de l’école publique qui m’ont beaucoup apporté. La maison familiale était immense avec de longs couloirs (comme dans le film Shining) avec des livres et un jardin avec basse-cour. Nous étions quatre frères et sœur. Notre grand-père était à la fois artisan-cordonnier-boxeur-menuisier-jardinier-conteur-éleveur et bricoleur de génie… Tout est venu de l’enfance.
As-tu toujours voulu faire ce métier d’écrivain-dessinateur ?
Ma mère m’avait abonné à Spirou, puis à Tintin et enfin à Pilote. J’étais fasciné par la BD (Tillieux, Cuvelier, Jijé, Franquin, Hergé, Druillet, Bilal) et le dessin d’humour (Bosc, Chaval, Sempé, Cabu, Mordillo…). À l’âge où on rêve de devenir coureur cycliste, pompier ou chercheur d’or, je savais que je voulais raconter des histoires, dessiner, peindre, écrire… J’aimais d’abord lire, ce qui implique la solitude.
Pourquoi écrire et dessiner pour les enfants ? Quel est ton rapport à l’enfance en tant qu’artiste ?
Avant de vivre du dessin de presse et d’intégrer l’équipe du Canard Enchaîné, j’ai été maître-nageur pour payer mes études et professeur au collège. Enseigner c’était partager, se sentir utile. Puis j’ai quitté l’enseignement pour devenir « journaliste-dessinateur » tout en continuant à animer des ateliers de dessin et d’écriture avec les élèves ; histoire de garder le plaisir de transmettre devant des yeux émerveillés. Dessiner, imaginer, raconter des histoires… c’est une façon de ne pas quitter le monde de l’enfance.
Y a-t-il une écriture pour enfant et une autre pour adulte ?
Il y a juste une différence de forme, mais les contes s’adressent aussi bien aux petits qu’aux grands. Les belles histoires sont universelles et peuvent se relire à chaque âge. Le haïku rencontre un grand succès auprès des enfants grâce à sa forme très épurée et permet une initiation à la poésie.
Fais-tu une différence entre écriture et dessin, ou sont-ils fortement connectés ?
Certaines idées de dessins naissent d’un mot, d’une expression ou d’un jeu de mots. Parfois le dessin naît avant l’idée : juste le plaisir de la couleur et de la matière. J’aime beaucoup l’aquarelle, parce que le jeu avec l’eau réserve beaucoup de surprises. Je peux avoir envie d’exprimer la même idée par un dessin humoristique, une « illustration »
ou une sculpture…
Quels sont les poètes, les écrivains, les dessinateurs qui t’ont marqué ?
Les auteurs qui ont nourri mon imaginaire et m’ont aidé à grandir et à vivre sont Verlaine, Rimbaud, Jean Tardieu, René Char, Prévert, Aragon, Yves Bonnefoy… Hugo, Sade, Mérimée, Maupassant, Camus, Céline, je peux passer du recueil de poésie au polar ! Parmi les contemporains, j’aime bien le cynisme et l’humour de Régis Jauffret, Frédéric Beigbeder et le style de Sorj Chalandon.
À la maison, je lisais tout ce qui pouvait traîner : France-Soir, Le Hérisson, France-Dimanche… puis Le Canard Enchaîné. J’ai eu très tôt une grande admiration pour Tomi Ungerer qui peut passer de l’illustration pour enfant au dessin érotique ou au dessin de presse. Daumier, Doré, Benjamin Rabier, Fred, Topor, Tardi, Cabu, Cardon, Wozniak… il y en aurait tant à citer parmi ceux qui ont un vrai univers !
Y a-t-il des choses, animaux, personnes ou sujets, que tu préfères dessiner ?
J’aime beaucoup dessiner les animaux, car on peut faire passer pas mal de choses sur les humains. Quant au monde politique, c’est souvent une jungle ! J’aime dessiner Sarkozy, c’est un bon client, sans cesse en mouvement avec des mimiques à la De Funès ; Hollande tout en rondeur et qui n’est pas avare de « p’tites blagues », Macron est encore un peu tendre et lisse… les personnages les plus difficiles à « cerner » sont ceux qui ont peu d’expression. Les femmes sont plus difficiles à caricaturer, et on tombe facilement dans le sexisme.
Pourquoi aimes-tu la technique de l’aquarelle ?
L’aquarelle ou les encres de couleurs (rehaussées parfois de pastel) sont faciles à utiliser, car je travaille « à l’ancienne » avec papier d’Arches, grain torchon, des vrais pinceaux et de la vraie couleur, plutôt que sur Photoshop, pourtant bien pratique pour les retouches.
Comment les idées te viennent-elles ?
Y a-t-il une gymnastique de l’esprit pour trouver tous ces jeux de mots ?
On trouve sans chercher ; une conversation, une chanson, un film… tout est prétexte à jeux de mots et ça devient presque automatique. La nuit parfois, on se réveille avec une idée et il vaut mieux la noter pour ne pas l’oublier, quitte à se rendre compte au petit matin qu’elle n’est vraiment pas géniale.
Écrire, dessiner pour les enfants et croquer l’actualité politique : une complémentarité ?
C’est complémentaire et j’ai besoin, comme d’autres auteurs, de faire les deux. Le travail pour les enfants demande plus de « légèreté » et de poésie… Une même idée peut être exploitée à travers le regard d’un adulte ou celui d’un enfant, ou peut être comprise par les deux.
Le journaliste qui dessine
Comment en es-tu arrivé à travailler au Canard enchaîné ? Cela a-t-il été difficile de percer ? Un choix de vie ?
J’ai commencé à dessiner pour diverses publications confidentielles ou fanzines et à l’École Libératrice, le journal du syndicat des enseignants, à l’époque où j’étais jeune remplaçant. Je demandais à mon « principal » de me libérer le lundi pour pouvoir porter mes dessins à la rédaction du Canard Enchaîné que je dévorais chaque semaine, et un jour j’y ai découvert mon dessin qui s’intitulait « Madame Bovary ratant son suicide » !
Comment organises-tu tes journées ?
Comme un musicien, il faut « faire ses gammes » chaque jour, pour espérer s’améliorer et s’inventer un univers. Je commence à potasser l’actu le dimanche mais en réalité, dans ce métier, on est accro chaque jour aux infos. Je consulte les journaux et évidemment j’écoute les infos midi et soir quand ce n’est pas en continu avec certaines chaînes. J’aime aussi regarder avec gourmandise les dessins des confrères et amis avec parfois un regret : « Mince, il a eu l’idée que j’aurais aimé avoir ! » Surtout aussi pour éviter de « piquer » l’idée qui circule déjà un peu partout.
Comment te tiens-tu au courant de l’actualité ? Choisis-tu librement tes sujets ou réponds-tu à une commande ?
Au Canard, on est vraiment libre du choix des sujets, pourvu que le dessin soit drôle. Mais il y a aussi des dessins de commande, les plus difficiles à réaliser, car on est dans les figures imposées. Cabu était le plus fort dans la discipline.
Qu’est-ce qui fait la force d’un dessin ?
Cavanna disait qu’un bon dessin était « un coup de poing dans la gueule ». Un dessin doit faire réagir, il peut surprendre, provoquer, susciter le rire ou la réflexion, mais ne doit jamais laisser indifférent.
Comment fais-tu pour saisir les traits et caricaturer un homme politique ?
Comme tous les dessinateurs, en observant les expressions, les tics et mimiques, sur les photos ou mieux, à la télé. Après il faut travailler et travailler encore, surtout avec les étoiles filantes de la politique.
Tu dis : « C’est l’actualité qui a du talent », peux-tu développer ?
C’est évident qu’il y a des périodes de vaches maigres pendant lesquelles l’actu ronronne ou nous sert du réchauffé. Notamment pendant les vacances d’été avec les « marronniers ». Difficile de faire un dessin hilarant quand il faut « illustrer », pour la énième fois, le trou de la sécu…
Une rédaction a-t-elle déjà refusé l’un de tes dessins ? Dans ce cas-là, le proposes-tu à un autre journal ?
Il faut rester humble et se dire que si un dessin n’a pas été publié c’est qu’il n’était pas bon. Après il est vrai qu’un dessin peut être refusé par un journal et bien accueilli par un autre ; le choix de publier ou non un dessin reste subjectif et il ne faut pas oublier que cela engage la responsabilité du directeur de la publication.
Faut-il réfléchir à deux fois avant de faire un dessin et se poser ainsi des limites ?
Je réfléchis même à 3 fois, car on peut parfois interpréter un dessin dans le mauvais sens, surtout s’il y a plusieurs « niveaux de lecture ». J’ai fait un dessin où Chirac, après l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris, disait : « Je n’ai jamais été alzheimer de Paris ». Quand on sait que l’ex-maire de Paris est maintenant malade, le dessin peut sembler outrancier… d’ailleurs, il n’a pas été publié.
La liberté d’expression, toujours à conquérir ?
Plus que jamais !
Est-ce que l’on a déjà porté plainte contre l’un de tes dessins ?
Oui, quand j’ai publié le « Jeu des 7 familles corses ». Une association vénérable, « Ava basta », sous la pression des nationalistes, y a vu du « racisme anti-corse », car tous les membres des 7 familles étaient encagoulés. Le tribunal (corse) a tranché en faveur de l’éditeur et de l’humour.
Après l’attentat de Charlie Hebdo, as-tu été découragé ou as-tu eu encore plus envie de dénoncer ?
Oui, j’ai pleuré de tristesse et de rage et, après une période de découragement, je me suis dit qu’il fallait redoubler de légèreté contre l’obscurantisme et la barbarie. De tout temps les créateurs, les auteurs et les artistes ont été menacés par les pouvoirs totalitaires, mais aujourd’hui chaque citoyen, quel que soit son métier, peut se sentir menacé…
Quel est ton message, par rapport à l’écriture, aux arts et à la culture pour la jeune génération ?
J’imagine en dessin, un futur où des archéologues trouveraient lors de fouilles, un fossile mystérieux, bizarroïde… renfermant d’étranges signes. Quelqu’un reconnaîtrait les restes d’un « livre » à moitié calciné, objet silencieux, inusité, disparu depuis longtemps…
Surtout pas de message, mais souvenons-nous, avec Stéphane Hessel, que « Créer c’est résister, résister c’est créer ! » Créer, c’est vivre tout simplement.
La vie de Robert Escarpit est foisonnante et prolixe. Élève de l’École normale supérieure, il obtient en 1942 l’agrégation d’anglais. Professeur agrégé au lycée d’Arcachon, il intègre la Résistance lorsque la guerre éclate. En 1945, il part en mission au Mexique avant de revenir, en 1949, comme assistant d’anglais ; il passe ensuite son doctorat en 1952 et devient Professeur de littérature comparée à l’Université de Bordeaux. Il innove à l’Université dans un milieu considéré comme « conservateur » et participe notamment à la création de l’Institut Universitaire de Technologie de Bordeaux, dont il sera le directeur de 1970 à 1975. Ses talents d’auteur le conduisent à l’écriture de nombreux romans, dont les titres les plus célèbres sont Les Vacances de Rouletabosse, Les Contes de la saint Glinglin et Les Voyages d’Hazembat, puis à devenir un des chroniqueurs du quotidien de référence Le Monde. Recruté par le directeur, Pierre Viansson-Ponté, il a publié dans ce journal plus de 9 000 articles en 30 ans, de 1949 à 1979. Mais c’est bien la littérature comparée qui le mène peu à peu sur les chemins de la sociologie. Cette démarche est bien décrite par Laurence Van Nuijs3 dans la revue Poétique en 2007, qui explique comment Robert Escarpit invente une nouvelle discipline : la Sociologie de la Littérature4. En France, il est ainsi considéré, à juste titre, avec ses complices, le spécialiste de la sémiotique, Roland Barthes, celui des sciences de la documentation, Jean Meyriat, et le linguiste Bernard Quemada, comme le père fondateur des « Sciences de l’Information et de la Communication ». Ces dernières, à l’époque, n’étaient qu’une branche de la sociologie, dénommée « Sociologie de l’information ». Les origines diverses, sémiotiques, littéraires, historiques, linguistiques, sociologiques des concepteurs universitaires des S.I.C expliquent le pluriel admis et utilisé pour les « Sciences » de l’Information et de la Communication. Renforçant son action universitaire, Robert Escarpit crée en 1965 le « Laboratoire Associé des Sciences de l’Information et de la Communication (LASIC) », reconnu par le CNRS. En 1974, il devient le premier Professeur français des Sciences de l’Information et de la Communication. D’ailleurs, en 1994, la revue de l’Université de Bordeaux Communication & Organisation a publié un texte d’Hugues Hotier consacré à Robert Escarpit et ces 20 années d’existence de la toute nouvelle section universitaire5. En 2002, l’hommage de Michel Perrot6 apporte nombre de renseignements tout en utilisant les mots d’une véritable affection retenue. Universitaire, mais aussi professionnel du journalisme, Robert Escarpit souhaitait que les futurs journalistes reçoivent une véritable formation universitaire et professionnelle.
Ces démarches multiples, personnelles, professionnelles et universitaires, s’entrecroisent, se bonifient et donnent naissance à un premier essai, La Révolution du livre7, écrit à la demande de l’Unesco en 1965, puis à un ouvrage tout à la fois pionnier et essentiel, paru en 1976 : Théorie Générale de l’Information et de la Communication8, signé par Robert Escarpit et édité dans la collection Langue, Linguistique, Communication dirigée par Bernard Quemada, linguiste déjà rencontré lors de la création de la section universitaire des « Sciences de l’Information et de la Communication ».
Par sa présentation, ce livre est exceptionnel. Certes les 218 pages et un plan en 10 chapitres sont dans les normes. Toutefois, l’absence d’une introduction, une longue conclusion, un court, mais dense avertissement en avant-propos, un appendice terminologique comprenant des indications bibliographiques et un lexique Français-Anglais, un index des noms propres et un index des matières, très rares à l’époque dans les publications universitaires, prouvent amplement la capacité d’innovation de l’auteur et sa modernité.
L’importance de l’avertissement en une page doit être soulignée, car il expose l’esprit dans lequel cet ouvrage a été rédigé et le cadre général dans lequel il s’inscrit. Robert Escarpit présente ce texte comme la synthèse des sciences de l’information et de la communication, voire comme l’une des dernières chances de pouvoir le faire tant les voies empruntées par celles-ci divergent. L’auteur explique aussi sa volonté de désenclaver la pensée française du verbalisme et des formulations étrangères reprises sans réflexion9. C’est aussi un plaidoyer pour un penseur qui théorise tout en ayant beaucoup lu et réfléchi sur les phénomènes de la communication et les systèmes d’information. Faisant référence au marxisme, Robert Escarpit, s’appuie sur l’Histoire pour une tentative de démonstration supposant que les sciences de l’information et de la communication sont « une lutte de la conscience emportée par le temps, de l’humanité emportée par l’Histoire. »
La recherche du rendement
Selon Escarpit, une société économiquement développée implique l’existence d’un réseau de communication puissant et sûr à l’intérieur de structures solides, étendues, comme les États ou les grands ensembles territoriaux. D’ailleurs, les routes, les voies terrestres, fluviales et aériennes sont désignées comme des voies de communication. Aussi, l’auteur juge-t-il nécessaire d’introduire une séparation linguistique entre les transferts de matières ou d’énergie, qui sont le « transport » et le transfert de l’information, qui est la « communication ». L’auteur insiste sur l’importance de la télécommunication tout en reprenant l’histoire des télécommunications de la création du télégraphe optique par Claude Chappe, jusqu’à la miniaturisation des moyens de transmission par les transistors et les circuits intégrés. Le rédacteur remarque la puissance de la radiocommunication dans les années 1970. Pour Robert Escarpit, Marshall McLuhan se trompe en pensant que la « Galaxie Marconi10 » remplacera la « Galaxie Gutenberg ». D’ailleurs, et cela ne manque pas d’humour venant de la part d’un ancien professeur de littérature comparée, Robert Escarpit reproche à M. McLuhan, professeur de littérature anglaise, de faire brutalement irruption dans l’espace des sciences de l’information et de la communication avec les livres emblématiques La Galaxie Gutenberg, la genèse de l’homme typographique et Pour comprendre les médias, les prolongements technologiques de l’homme respectivement publiés en 1962 et 1967. En note de bas de page, M. McLuhan est désigné par R. Escarpit comme « un prophète sibyllin de l’audio visuel » développant une « mystique [antimarxiste] de l’audio-visuel11 ». Suit tout un long passage sur la puissance et la persistance de l’écrit imprimé, aujourd’hui contredit par le recul très net de la lecture des journaux et livres imprimés mais soutenu, en fait, par la multiplication de productions imprimées annexes, comme l’impression de formulaires ou des messages échangés, puisque la consommation mondiale du papier connaît une forte augmentation. Par ailleurs Robert Escarpit rappelle l’importance de l’espace et de l’envoi de satellites artificiels qui renforcent, sécurisent et multiplient les moyens de communication. Cette dimension importante des avancées des technologies de l’information implique de forts investissements dans la recherche, d’où la nécessité de rentabilité et de rendement.
Le temps des ingénieurs
Ce second chapitre est un passage très technique où Robert Escarpit commente et reprend les formules mathématiques développées depuis deux siècles partant du chaos pour parvenir à l’entropie. Il synthétise la pensée mathématique de Claude Shannon, inventeur du terme scientifique « bit » par un schéma linéaire de la communication (cf. encadré).
Prolongeant les théories du physicien français E. Roubine, Robert Escarpit soutient que la qualité du message dépend de la technique utilisée pour la transmission, des bruits extérieurs, des techniciens qui en transmettent les informations. Toutefois, Escarpit affirme avec force que seuls la source et le destinataire sont soucieux de la signification du message. Ainsi un employé de la Poste envoyant un message s’occupera de sa longueur et de percevoir son coût sans s’occuper de la teneur du message. Depuis les années 2000, la lutte contre la cyberpédophilie en premier lieu, puis contre le cyberharcèlement et le cyberterrorisme, a bouleversé cette approche trop technique et économique.
Les limites du modèle mécaniste
Le chapitre trois critique une vision formatée de la communication par la technologie. Selon Escarpit, le texte commande le message. C’est pour cela que la redondance, qui pour les théoriciens des théories de l’information est une perte de temps et de rendement, devient un outil nécessaire à la bonne compréhension. L’autre problème posé par la vision technologique de la transmission de l’information est la non prise en compte de l’émetteur et du destinataire. En effet, ces deux derniers sont des humains et la source conditionne les messages à transmettre par le canal mécaniste. Or notre civilisation technologique fondée sur le profit veut faire croire à « l’innocence de la machine » et à sa neutralité dans les discussions entre humains. Escarpit remarque que le contenu est transformé par le contenant. Un formulaire restreint le nombre de mots pour une réponse ; que dire, actuellement des QCM ou des plates-formes téléphoniques automatisées12 ? L’auteur souligne que ne pouvoir développer sa pensée ou exposer pleinement son problème est assimilable à une restriction de la liberté. Que ne pas pouvoir sortir d’un schéma binaire peut provoquer en réaction une prise de pouvoir révolutionnaire. Actuellement, la situation serait inverse et face aux systèmes automatisés de communication, il existe une forme générale de résignation, voire d’abattement13.
La famille Frankenstein
Ce chapitre revisite l’histoire littéraire des êtres pensants fabriqués par l’homme, du Golem de la mystique juive au Frankenstein de Mary Shelley en passant par les robots de Karel Capek et Isaac Asimov, scientifique devenu l’un des grands auteurs de science-fiction avec sa série consacrée aux robots équipés de cerveaux « positroniques » dont l’héroïne, le docteur Susan Calvin est robopsychologue14. Escarpit retient de cette longue histoire le « feedback », ou rétroaction, entre l’homme et la machine. À son avis, c’est la pièce maîtresse de l’automatisation. Dès lors, information et énergie deviennent inséparables. La machine et l’homme forment un homéostat. Mais l’auteur conclut ce chapitre estimant que l’apprentissage est le propre des humains et de certains animaux supérieurs, et que les animaux inférieurs et les systèmes mécaniques en sont peu capables, voire incapables. À ce propos, les polémiques continuent où les confrontations entre l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle confirment les progrès de cette dernière par les retentissantes et médiatiques victoires de la machine sur les champions humains tant aux jeux d’échecs qu’aux jeux de Go. D’ailleurs, le dernier dossier des cahiers du Monde 2017 est consacré aux promesses et périls de l’intelligence artificielle15. Est-ce un hasard ?
Le rêve cybernétique
Cette approche conduit au cinquième chapitre, qui paradoxalement met en parallèle les travaux de Norbert Wiener sur la cybernétique avec ceux de Pavlov sur l’expérimentation animale. L’auteur met en garde contre une vision séparant trop violemment l’animal de l’homme ou l’inverse. Il voit la véritable séparation au niveau du langage qui permet d’introduire le chapitre six, « langage et langages », qui commence par une longue critique du fondateur de la linguistique, Ferdinand de Saussure pour se clore sur les travaux de Noam Chomsky pourtant rejetés par de nombreux intellectuels français.
La communication et l’événement
Le titre d’un article de Dominique Dubarle sur les machines à communiquer et à gouverner paru en 194816, est ici repris pour aborder le problème des « machines à communiquer ». Escarpit est frappé par la capacité des nouvelles machines à transmettre des messages, mais aussi à en créer de nouveaux. Il présente des systèmes de communication sous la forme inusitée à l’époque d’algorithmes. Il en déduit que des machines sont non seulement capables d’informer mais aussi de s’informer. Justement cette information édifiée par le langage est au fondement de la constitution d’une identité collective. L’auteur souligne l’importance de la domination linguistique dans la constitution des États à partir du xve siècle avec l’usage d’une langue écrite dominante et de langues orales dominées17.
L’information et le document
Dernier point abordé dans le chapitre précédent, l’écrit transforme l’événement en document ouvrant ainsi ce chapitre par cette formule : « On définira le document comme un objet informationnel visible ou touchable et doué d’une double indépendance par rapport au temps ». La fonction documentaire permet « une stabilisation d’un message sur un support qui le rend indépendant du temps et synchroniquement disponible ». Robert Escarpit reprend l’idée maîtresse de la pensée de Marshall McLuhan : chacun des médias utilisés par l’homme crée des rapports différents entre les sens. Ainsi, les dernières avancées scientifiques, en particulier les travaux de Stanislas Dehaene, exposent bien les différences établies entre la lecture sur papier imprimé et celle sur écran18 et 19. Robert Escarpit prévoit qu’outre le texte imprimé, toutes les autres formes de documents, vidéo, cinématographiques, musicaux, deviendront des objets documentaires à conserver.
Les problèmes documentaires
De nombreux moyens de conservation des événements et de sélection des documents sont évoqués dans ce neuvième chapitre. Robert Escarpit pose déjà le problème de la multiplication exponentielle de ces derniers, donc de leur conservation ou de leur suppression. Cet aspect semble très complexe : qui peut juger sur le moment d’un événement ou d’un document à éliminer ? C’est ainsi qu’Escapit évoque la problématique de l’analyse prévisionnelle des besoins des utilisateurs par les documentalistes.
Le temps de sociologues
Le dernier chapitre relate de façon critique l’histoire de la sociologie de la communication de masse tout en concluant que la diffusion de l’information contribue à la renaissance de réseaux de « petits groupes ». Effectivement, douze ans plus tard, l’ouvrage de Michel Maffesoli, Le Temps des tribus20 sera un grand succès, reconnaissant de la sorte l’importance des médias dans la naissance de communautés.
En guise de conclusion, Robert Escarpit laisse une pensée ouverte : est-ce que la civilisation de l’information nous étouffera ou nous permettra de nous exprimer et d’être entendu ?
Ce livre mérite d’être redécouvert et relu, en particulier par les enseignants documentalistes, car il offre non seulement une vision historique de l’évolution de la pensée autour de la communication et de l’information, mais il ouvre aussi des perspectives aujourd’hui explorées par de très nombreux auteurs qui confirment la pertinence de l’exposé de Robert Escarpit et la difficulté, voire l’impossibilité, d’une véritable synthèse des Sciences de l’Information et de la Communication.
Un classeur, donc. 124 fiches divisées en trois parties par un code de couleurs : « Rechercher, évaluer, produire de l’information / Connaissance des médias / Citoyenneté numérique ». Des têtes de chapitre en prise directe avec l’EMI, et plus généralement avec ce qu’il convient de voir avec les élèves au CDI, l’information faisant partie, aujourd’hui comme hier, de l’ADN même des CDI, oserions-nous dire.
Chaque fiche-professeur présente les objectifs, les notions abordées, le déroulement de l’activité, propose un bilan et renvoie à d’éventuelles activités associées. Un encadré précise pour chaque fiche les données disons techniques : niveau visé, disciplines principalement concernées, matériel et ressources nécessaires, durée prévue de la séance (un peu optimiste, voir encadré ci-contre). Précision importante : chaque séance est située avec détail (domaine, point n°…) par rapport au Socle commun de connaissances et de compétences. À la fiche professeur correspondent une ou plusieurs fiches-élève, tout à fait prêtes à l’emploi (nom, prénom, classe déjà imprimés) avec des exercices d’application classiques, mais variés. Remarquons que lorsque ces fiches-élève reproduisent des documents, les reproductions sont de toute beauté. Dans cet ouvrage, les documents d’appui sont d’ailleurs très bien choisis en général et soigneusement reproduits. Certaines de ces fiches-élève seront parfois peut-être délicates à utiliser avec des élèves ayant des difficultés de lecture, de par leur densité ; d’autres sont parfaitement utilisables par tous. À propos de l’adaptabilité de cet ouvrage, il faut remarquer qu’il est accompagné d’un CD-Rom contenant l’ensemble des fiches et que ces fiches sont alors modifiables à souhait, ce qui nous semble une excellente initiative.
Le contenu
La première partie, « Rechercher, évaluer, produire de l’information », est divisée en six chapitres, allant, de manière assez classique, de la source de l’info à la synthèse par l’élève et la mise en forme de ses recherches.
La deuxième partie, intitulée « Connaissance des médias » et divisée en quatre chapitres, aborde des thèmes tels que l’image virale et ses origines, les rapports entre presse papier, presse audiovisuelle et web, l’information « gratuite » et le financement de la presse, enfin la relation image-commentaire dans le reportage et les effets de la rédaction, du montage.
La troisième partie, « Citoyenneté numérique », traite d’une réalité de jour en jour plus importante. Divisée en quatre thèmes, leur simple énoncé en montre l’actualité : s’exprimer en ligne (portée, responsabilité de ses actes) – réputation en ligne (respect de soi et des autres) – l’identité numérique (traces laissées sur le web) – sensibilisation aux usages des réseaux sociaux.
De conception classique, bien pensé et soigneusement réalisé sur le fond aussi bien que sur la forme, cet ouvrage repose visiblement sur la pratique de l’auteure. Les questions ici traitées correspondent à des besoins chez des élèves de collège à partir de la 5e, et plus ponctuellement chez les lycéens. Son prix peut constituer un obstacle, mais à terme, la personnalisation possible de l’outil grâce au CD-Rom peut être un réel atout.
Le Gallois, Hélène. – Information et citoyenneté.
Une approche par compétences. Séances prêtes à l’emploi.
124 fiches + CD-Rom. – Génération 5 éditeur, 2017.
EAN 9782362460715 : 89 €.
Ces enjeux, liés à la présence en ligne des réseaux de l’extrême droite et autres extrémistes de tout poil, connue sous le vocable de « fachosphère », constitutive elle-même d’une « réinfosphère », sont intrinsèquement culturels et sociétaux. Ils concernent au premier chef l’avenir des jeunes et interrogent profondément leur capacité à exercer leur esprit critique, mis en présence de thèses et de discours structurés, argumentés et potentiellement très séduisants.
Des mots pour dire les choses
« Fachosphère », « réinfosphère », « complosphère » et autres cercles, pourvu que nous ne tournions pas en rond ! Mais non, nous gardons le cap (voir encadré « À qui a-t-on affaire ? »). Tous ces mots au suffixe « sphère » dérivent du tout premier d’entre eux, à savoir la « blogosphère ».
Le concept de « fachosphère » s’impose vraiment avec la polémique liée au livre La Mauvaise Vie écrit en 2005 par Frédéric Mitterand, alors ministre de la Culture, qui sera, en 2009, l’objet de la vindicte de Marine Le Pen dont la source d’inspiration n’est autre que le site d’extrême droite Fdesouche.com, lancé en 2005 par Pierre Sautarel, ancien du Front National. Elle accuse le ministre d’être pédophile. Les médias, dont le site Lexpress.fr à la date du 6 octobre 2009, parlent alors clairement de « fachosphère ». Pourtant, Daniel Schneidermann, directeur d’Arrêt sur images, en revendique la paternité dès 2008. Les journalistes du site, pour leur dossier « Fachosphère : à l’assaut du Net », mènent déjà l’enquête sur une « fièvre nationaliste » en ligne.
Le concept de « réinformation », quant à lui, n’appartient pas au vocabulaire médiatique mais à celui du militantisme d’extrême droite. Selon les Décodeurs du Monde, « il apparaît pour la première fois en 2007 sur les blogs et médias identitaires, associé au champ lexical de la résistance et de la “ reconquête chrétienne ” ». Radio Courtoisie, présidée, à l’époque, par Henry de Lesquen, haut fonctionnaire et homme politique, en est le fer de lance par le biais de son « bulletin de réinformation ». Jean-Yves Le Gallou, ancien dirigeant du Front National, mégrétiste et membre fondateur du « Think tank » Polemia, qui se veut un « Acrimed d’extrême droite » viscéralement identitaire, coordonne l’émission et assume une stratégie
médiatique élaborée.
Il est, en outre, l’organisateur depuis 2010 des « Bobards d’or » et des « Journées de la réinformation », depuis 2012, avec pour visée la dérision exercée à l’encontre du travail mené par les journalistes et l’opposition à la ligne éditoriale de la presse généraliste, quelle qu’elle soit. À travers eux, ce sont les valeurs humanistes, sociales voire démocratiques directement qui sont dans la ligne de mire et qu’il s’agit d’atteindre, précisément et systématiquement, au cœur.
De « l’alternatif » et autres inventions
Le combat est culturel parce que la « réinformation », diffusée par les cercles d’extrémistes autoproclamés « réinfosphère » via leurs blogs, sites, vidéos sur Youtube ainsi que leur activisme sur Twitter ou les forums, consiste en définitive en un renversement des valeurs et des grilles d’analyse des faits. Ces derniers ne sont pas niés grossièrement d’une façon générale (sauf pour les négationnistes), mais ils sont « relus », « réinterprétés », de façon pointue parfois, souvent habile. La rhétorique est à l’œuvre, la mécanique du discours est bien huilée. Il est dès lors possible de pervertir la perception de la réalité, les faits peuvent devenir « alternatifs »… Il ne s’agit plus de seulement désinformer, mais aussi d’agir en influençant de façon assumée et explicite la perception du monde de ceux qui reçoivent le message. Aujourd’hui, les cercles d’extrême droite sont loin d’être les seuls à user de ces discours et à tenir de telles postures, mais ils en restent les parangons.
Nous vivons une époque extraordinaire, au sens premier du mot, dans laquelle, en janvier 2017, sur NBC, Kellyanne Conway, conseillère du président Trump, affirme pour soutenir le porte-parole de la Maison Blanche pris en flagrant délit de mensonge quant au nombre de participants à l’investiture présidentielle, qu’il ne s’agit pas d’un « mensonge manifeste » mais de « faits alternatifs », autrement dit, elle explique que l’audience à cette fameuse investiture « ne pouvait être prouvée et encore moins quantifiée ». Il suffisait de l’affirmer avec aplomb… Des journalistes répondront par la comparaison de l’occupation du même lieu au moment de l’investiture de Barack Obama. Sans appel. Toutefois, dans ce contexte de « post-vérité », l’idéologie, les croyances personnelles et l’émotion l’emportent aisément sur la vérité factuelle.
Même s’il existe des traits communs, liés notamment à des biais cognitifs très semblables, au même défaut de réfutabilité ou encore au langage qui peut devenir haineux, autre chose est à l’œuvre au sein de la « fachosphère » que dans les « théories du complot » ou le « conspirationnisme », connus sous le vocable de « complosphère », ou encore dans la diffusion de « fake news », erronées et volontairement trompeuses. En effet, ces dernières restent, malgré l’impact lié à leur viralité sur les réseaux sociaux, des contrefaçons, des imitations, de la forme journalistique notamment en s’appropriant ses codes visuels et écrits. Elles visent à dénoncer de façon apparemment cohérente des forces occultes à l’œuvre en vue d’orienter les événements sociaux, historiques, religieux ou politiques, à leur seul profit et pour établir leur unique pouvoir.
Mais les cercles de l’extrême droite et d’autres extrémistes jouent une partition qui leur est tout à fait propre, mettent en place des stratégies communicationnelles bien plus proches de la dramatique perversion du langage opérée par la conseillère du président Trump. Ils s’approprient les codes médiatiques, principalement ceux des sites d’information et reprennent à leur compte une position ancienne de l’extrême gauche : « ne déteste pas les médias, deviens média ». La WebTV, TVLibertés, se veut la première chaîne de « réinformation » et utilise tous les codes classiques des émissions de télévision.
Ces discours et prises de position constituent bel et bien une « alternative » politique, sociale et médiatique qui a sa place dans l’expression démocratique tant qu’elle respecte le cadre de la loi commune tout en profitant à fond de la liberté d’expression permise par la présence en ligne et particulièrement sur les réseaux sociaux.
Ils « réinforment » et ce n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est la puissance de frappe et la caisse de résonance fournies par le web qui réunit dans un même espace-temps des médias et des supports autrefois distincts. Des gisements d’information convergent, s’hybrident et sont accessibles via les mêmes canaux, dotés d’une viralité et d’une capacité de diffusion inédites.
La perversion réside bien, quant à elle, dans le retournement du sens du mot « autre ». Une alternative véritable ne devrait précisément pas entraîner, pour exister, une disqualification ou un écrasement systématique de l’autre (l’alter latin), du différent, de ce qui vient dire le monde autrement, précisément, ni soutenir la substitution d’une réalité nouvelle, purifiée de toutes compromissions et influences, à celle existante, d’emblée corrompue et délétère.
Faire feu de tout bois ou la présence massive en ligne
La propagande de l’extrême droite est un secteur très dynamique du web où des idées sont diffusées, relayées, où des actions sont mises au point et coordonnées et, où, bien entendu, des fonds sont levés. Cela reste le nerf de la guerre…
Le web est un levier puissant pour des cercles qui n’ont pas l’oreille des médias traditionnels et se posent systématiquement en victimes de cet « ostracisme » et de cette « censure ». Le Front National a ainsi été le premier parti à se doter d’un site web, juste avant les Verts, également en « manque de visibilité médiatique » à l’époque. L’extrême droite en ligne, dans toute sa diversité, prétend toujours, et cela n’est là non plus, ni récent ni spécifique à sa présence sur le web, délivrer une information « corrigée des bobards attribués aux médias voire passée sous silence par le système ». (voir encadré « le vocabulaire favori de la “ fachosphère ” et de l’extrême droite »). Le web lui permet, en revanche, de délivrer ses véritables mots d’ordre et sa vision du monde en contournant les filtres médiatiques et institutionnels classiques et en touchant directement l’audience. Tous les formats sont mis à contribution et bien maîtrisés : sites et blogs, pages Facebook et comptes Twitter, commentaires sur les forums, y compris ceux relatifs aux jeux vidéo sur lesquels sont présents les jeunes, tel que le forum Blabla 18-25 ans du site jeuxvideos.com où Henri de Lesquen, de radio Courtoisie, est présent et actif. Les codes de communication utilisés sont alors ceux des jeunes, notamment visuels et humoristiques via les stickers. Si Henri de Lesquen rassemble 10 000 abonnés sur le forum et que ses discours anti-avortement sont diffusés sur Snapchat, il ne répugne pas pour autant à jouer les « troll » de façon à s’immiscer dans des débats ou parasiter des sujets sur des blogs, comme ceux concernant notamment les homosexuels.
La force de la « fachosphère » réside dans son caractère mouvant et multisupport ainsi que dans la très forte motivation et l’activisme en ligne de ses membres. Des acteurs apparaissent et disparaissent au gré de leurs stratégies… ou des condamnations. Dieudonné a fait le choix d’agir par l’intermédiaire de ses vidéos, mettant parallèlement en place sa marque comme Quenel+ et le site quenelplus.com. Alain Soral, idéologue du site « Égalité et Réconciliation », dispose d’un public représentant plusieurs millions de vues pour ses vidéos et ses conférences virtuelles. Tout y passe, des féministes aux homosexuels en passant par les Juifs, encore et toujours. Cette popularité virale ne doit vraiment rien au hasard. Dans le système Soral, marketing, business et haine constituent des leviers puissants et séduisants pour ceux à qui ils procurent un sentiment d’appartenance à une communauté et des réponses identitaires. La posture victimaire face au « système » réunit et soude fortement même si au sein même de tous ces cercles l’unanimité n’est pas toujours de mise. Alain Soral critique farouchement Fdesouche, navire amiral de la « fachosphère », foncièrement identitaire et qui refuse de faire appel aux « bonnes volontés issues de l’immigration » pour lutter contre le sionisme… C’est une nébuleuse mobile, multiforme, puissante… et désunie en ligne tout comme dans la « vraie vie ».
Puissante, en effet, quand on prend en compte le fait que le site Fdesouche totalise en moyenne 4,5 millions de visites par mois. Lancé en 2005, le site fonctionne avec cinq bénévoles et traite de ses thèmes favoris que sont l’immigration, l’islam et l’insécurité. Son influence est telle que la mobilisation des lecteurs du site a permis d’empêcher en quelques jours la tenue du concert du rappeur Black M prévu pour le centenaire de la bataille de Verdun en 2016. Sur leur page Facebook, la plupart des internautes s’expriment en utilisant leur véritable patronyme et émettent des opinions désinhibées et décomplexées car vécues comme relevant d’un grégarisme affinitaire assumé qui vient mettre fin à l’isolement social potentiel de ces mêmes opinions. Le site d’Alain Soral, Égalité et Réconciliation, totalise quant à lui 8,5 millions de visites mensuelles en moyenne. Sa maison d’édition, Kontre Kulture, et sa boutique en ligne témoignent d’un modèle économique rentable pour ne pas dire florissant. Il n’y a pas de contradiction, alors l’émulation et la répétition ad nauseam des prises de position et des discours sont démultipliées par le web.
Des marges au centre du web
La « fachosphère » tire cette puissance d’attraction du fait qu’elle a un caractère dissident, non institutionnel et anti-système, même la démocratie parlementaire représentative est explicitement visée. En cela, elle concorde pleinement avec le web qui a été, et est toujours, un « contre-espace public » où toutes les paroles et opinions se valent. Toute proposition peut en concurrencer une autre. Le marché de l’information est dérégulé ; visibilité et audience deviennent représentativité. Des « doxas alternatives » font leur chemin.
La « communauté » vient faire face au « système », concept manié par la droite extrême depuis les années 50, en tant qu’elle constitue un corps vivant menacé par des « éléments pathogènes extérieurs ». Le « système » a le visage global des partis institutionnels, des grands médias, de la finance et des élites en général, intellectuelles et politiques en particulier. À ce titre, un effet pervers de la réaction des médias dans leur ensemble est d’apporter une cohésion idéologique a posteriori à des groupes d’influence qui n’en ont pas d’emblée et qui, de ce fait, se renforcent. Il est possible d’apporter son soutien à Dieudonné, Soral ou Le Lay, le bloggeur ultranationaliste breton, sans adhérer totalement. Nous savons à quel point il est ardu d’adopter et de tenir un positionnement adéquat face à cet état de fait, ainsi que d’apporter des réponses intellectuellement étayées et concrètement performatives.
Le web est un canal alternatif que la « fachosphère » a envahi par nécessité et par opportunisme pour se passer de la médiation des journalistes classiques, bien que certains de ces derniers aient également offert des tribunes et donné de la visibilité aux cercles de l’extrême droite. Avec un cynisme achevé, Jean-Yves Le Gallou, du site Polemia.com, rappelle que « les moteurs de recherche n’ont pas de conscience politique » et que le « marché idéologique est donc ouvert à ceux qui veulent y jouer un rôle » ; ceci sans avoir forcément de gros moyens matériels et financiers. Si on se livre à un petit test de référencement sur le web par notre « moteur de recherche préféré », Google, avec les mots-clés « égalité » et « être français », alors, dans le premier cas, le premier résultat obtenu est le site d’Alain Soral, Égalité et Réconciliation ainsi que ses vidéos en second résultat. Pour la seconde recherche, la première réponse fournie est le site de la fondation Polemia du « clan » Le Gallou. La « fachosphère » a fait son chemin des marges au centre du web… Avant, pour exister, un groupe politique avait une adresse, des locaux, des parutions là où aujourd’hui, en ligne, un individu peut avoir autant d’audience et d’influence qu’un groupe et jouer un rôle de catalyseur.
Réagir citoyennes et citoyens !
Qu’est-il alors possible de faire face à ce dynamisme
affirmé et croissant de la « fachosphère » ? Quelles sont les réponses institutionnelles et légales ? Que pouvons-nous mettre en place en tant qu’enseignants et citoyens, sur quelles bases intellectuelles et pédagogiques dans un contexte de relativisme généralisé où distinguer vraisemblance et vérification est impératif ?
Dans ma bulle…
À nouveau une bataille à mener, celle du réel qui consiste à dire les faits déplaisants quand ils concernent les journalistes, les hommes politiques ou les autorités religieuses, à pointer les oppositions ou les conflits avec courage et tâcher de les régler en contextualisant les situations ou les évènements, en réintroduisant de la perspective et de la complexité, en sanctionnant le cas échéant.
Les jeunes et nous-mêmes pouvons bien souvent nous trouver confortablement installés au sein d’une « bulle informationnelle » au sein de laquelle l’information nous parvient au détour d’une autre activité (Fil d’actualité de Facebook, Snapchat). Il y a là une passivité bien confortable face au flux : laisser venir l’information à soi ne demande pas d’effort à l’opposé d’une démarche active de veille et de recherche d’information qui impliquent une distanciation. Les informations de la « communauté » sont traitées sur un pied d’égalité en termes de valeur avec celles de la société globale. Tout ceci sécurise, ne vient en rien susciter le doute, salutaire au sens cartésien du terme (et non le doute perverti des « complotistes ») ou la réflexion et la remise en cause d’une façon de penser ; les informations sont reconnues comme étant fiables et crédibles puisqu’elles émanent de la « communauté » et qu’elles ont bénéficié d’un grand nombre de vues… Alors on les partage et elles deviennent virales… Un cercle vicieux.
La question de la hiérarchie de l’information se trouve donc posée avec acuité d’autant que ces sollicitations / notifications, souvent non contextualisées, sont difficiles à tenir à bonne distance car elles ont un fort potentiel d’émotion ou de curiosité.
La petite fabrique de l’information
Parallèlement, la distinction entre « fabrication » et « fausseté » de l’information doit être clairement identifiée et interrogée en pratique. En effet, la défiance, qui s’exprime face aux formats classiques de production médiatique (chaînes d’information continue apparues dès les années 90, les conférences de presse accessibles sur accréditation, les scripts standardisés des questions posées par les journalistes lors d’interviews, notamment à la radio…) et qui vient parfois légitimement mettre en lumière que tout n’est pas parfait non plus dans le monde « policé » des médias, rend très difficile toute démarche qui consiste à rendre compte de la complexité contre la simplification. Rendre lisible les évènements, les évolutions sociétales et culturelles, le rapport à l’autre et au monde, est une tâche ardue qui doit pouvoir s’appuyer sur une vulgarisation de qualité. Ceci est extrêmement important quand le progrès, quel qu’il soit, est remis en cause, peut même être perçu comme anxiogène dans ses applications et que cela permet la réactivation ou l’apparition d’idéologies, de certitudes et de croyances. Quel lien est donc fait aujourd’hui, notamment par les jeunes, entre connaissances et savoirs et vision du monde ?
Les chercheurs sont peu sollicités dans le débat public alors qu’ils sont à même de proposer des clés de compréhension, de formuler des questionnements qui permettent d’interroger le réel, de trier et de hiérarchiser pour dégager du sens de ce qui nous parvient et mettre en place un appareil critique constructif solide. Cela relève de choix sociétaux et les techniques portent bel et bien des choix politiques et façonnent le rapport au réel ; elles peuvent ainsi permettre la banalisation de certains faits comme la violence verbale ou physique dans des vidéos, donner à penser qu’il s’agit d’épisodes « ordinaires » de la relation à l’autre.
L’horizontalité inédite dans le rapport aux savoirs, aux connaissances, aux gisements d’information, permise par ces techniques doit être mise en jeu dans des démarches et dispositifs qui consistent à « apprendre à apprendre ». Il existe en ligne, et surtout sur les réseaux sociaux, une posture d’avertissement que connaissent bien les jeunes et qu’ils utilisent sur des sujets variés, du plus sérieux au plus prosaïque. Cet environnement communicationnel qui est le leur pourrait servir de levier pour installer des réflexes de vérification mis en œuvre régulièrement dans différents contextes, y compris via les applications et accès dont ils disposent sur leurs appareils mobiles.
Un de ces réflexes consiste à systématiquement consulter les informations relatives à l’auteur(e) de ce qui est dit . Qui parle de quoi et que dit-il/elle de lui/elle ? Sur les sites, ces informations se trouvent via les liens « Qui sommes-nous ? » ou « À propos » ou encore les « mentions légales ». Les images doivent être interrogées au premier chef : sont-elles créditées ? D’où viennent-elles ? Un retour à la source de l’image ou de la photo est essentiel, des moyens simples existent pour cela : Fotoforensics / TinEye / Google Images, et permettent de réunir, tel un enquêteur astucieux, un certain nombre d’indices précieux.
La démarche des jeunes, faite de « suivisme » mais aussi de curiosité, qui consiste à « aller y voir » est utile et a un versant très positif si elle est mise en œuvre pour exercer son esprit critique. Des séquences sur la veille en ligne à partir de sources classiques et de sources véritablement alternatives d’information peuvent être mises en place. Ces dernières sont à rechercher et à identifier, de nouvelles formes d’écriture journalistique sont à aborder, qui font un travail de fond tant en termes d’enquête que de rédactionnel (pour exemples : lesjours.fr, cfactuel.fr / le Un, Oblik, la nouvelle revue infographique d’Alternatives économiques, la revue XXI, La Revue dessinée et Topo).
Vous avez dit « impunité » ?
Il s’agit de montrer comment fonctionne le pouvoir, y compris celui de tous les médias, l’influence, l’audience, la crédibilité sans verser par facilité, comme au sein de la « fachosphère », dans le complotisme ou la paranoïa. C’est une pédagogie transversale à élaborer. La question du rapport entre liberté d’expression et garantie de l’ordre public est posée d’autant plus qu’un fort sentiment d’impunité prévaut en ligne et principalement sur les réseaux sociaux. Le site Fdesouche est ainsi hébergé en Suède, celui du bloggeur breton Boris Le Lay, Breizh Atao, l’est aux États-Unis où l’approche de la liberté d’expression est bien plus extensive que la nôtre. Si le tribunal de Brest a obtenu en 2016 son déréférencement partiel sur Google (cela concerne la page d’accueil, le contenu reste accessible), il le doit à la bonne volonté des opérateurs du net. En effet, un site ne peut être fermé par les autorités que pour des raisons de terrorisme ou de pédopornographie.
Le bloggeur ultranationaliste a été maintes fois condamné en France pour incitation à la haine raciale et est parti vivre au Japon pour y échapper (il n’existe pas de convention d’extradition entre la France et ce pays, le voilà hors d’atteinte). Dieudonné s’est vu condamner notamment en 2015 pour apologie de crime contre l’humanité, entre autres. Sa « petite entreprise » n’en est pas moins prospère… Les dispositions législatives issues de la loi Gayssot de 1990 contre le racisme et l’antisémitisme permettent d’agir mais produisent également, comme c’est si souvent le cas quand il s’agit de réagir et de répondre au discours de la « fachosphère », un effet pervers qui, outre le grand classique de la posture victimaire face au « système répressif », est celui de l’adaptation habile et opportuniste de ce même discours et des prises de position qui vont avec dans le sens d’une euphémisation, une sorte de « green washing » de l’extrême, qui leur permettent dès lors d’atteindre voire de rallier un public inaccessible sans ce travail. Cela leur permet de se réaffirmer sans complexe comme étant des « chercheurs de vérité ».
Les autorités gouvernementales réagissent également en permettant de signaler tout contenu illicite sur le Net via le site internet-signalement.gouv.fr (qui n’est pas spécifiquement dédié aux discours extrémistes) et en impulsant des campagnes de communication telles que celle relative à la plateforme à destination des jeunes « On-te-manipule.com », vilipendée d’emblée par la « fachosphère ». Il est difficile d’en mesurer les effets et les usages qui en sont faits.
Les faits, rien que les faits
Le formel et au premier chef le législatif ne change pas le réel à lui seul, bien souvent il ne fait qu’en prendre acte et l’entériner, il faut donc être présent en ligne, publier, argumenter, assumer de façon constructive et mature le désaccord.
Des initiatives citoyennes aussi viennent d’ores et déjà répondre à la « fachosphère » sur son propre terrain, principalement sur Youtube où l’audience est soutenue. Ainsi, le vidéaste Usul et sa websérie d’analyse politique et sociale « Mes chers contemporains » cumule plus de 200 000 abonnés en 2018 et plus de 6 millions de vues. De même, Ludovic Tobey, via son site Osonscauser.com et sa chaîne « Osons causer » qui compte plus de 120 000 abonnées et totalise plus de 4 millions de vues, revendique un « bla-bla d’intérêt général » produit par son groupe de jeunes trentenaires. Ces jeunes citoyens actifs en ligne, qui assument leur prise de parole, expérimentent la difficulté qu’il peut y avoir à élaborer un contre-discours efficace pour contrer celui tenu au sein de la « fachosphère », car ce dernier travaille et agit sur des représentations profondes qui viennent dire quelque chose d’un extrémisme déjà bien présent dans les têtes et du confort qu’il y a à rendre « l’autre » encore et toujours responsable au travers d’une « grille de lecture altérophobe » perçue comme fortement explicative et profondément rassurante.
La Commission Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) publie chaque année un rapport remis au Premier ministre sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie qui permet de prendre conscience des évolutions, voire des mutations à l’œuvre au sein de notre société. Dans ce cadre, l’historien Marc Knobel s’est vu confier le soin de présenter une étude annuelle sur le développement des appels à la haine et à l’exclusion sur Internet, qu’il s’agisse de l’apologie du terrorisme, du négationnisme, du néonazisme, de l’homophobie ou encore des radicalismes religieux.
Un appel est donc lancé au vu de ces données à ne pas faire défection sur le long terme, face à la banalisation notamment, à accepter la contradiction en s’armant sérieusement sur les plans intellectuel, conceptuel et culturel. Les faits établis et vérifiés doivent l’emporter et être soutenus dans ce sens, il n’y a pas là de place là pour de « l’alternatif ». Ainsi que le rappellent Pierre-André Taguieff ou Gérald Bronner, cela permet d’éviter le piège de la réfutation immédiate : ce type de discours extrémiste résiste à l’épreuve des faits et oppose systématiquement un défaut de réfutabilité. De façon perverse, nous l’avons vu, la réfutation, qui demande une grande énergie, s’inverse en une preuve du bien-fondé du discours à réfuter ! Ceci d’autant plus que les arguments faux ou fallacieux mis ensemble donnent une impression forte de cohérence et de crédibilité, ce qui est moins le cas lorsqu’ils sont isolés et analysés.
Accepter de ne pas tout comprendre est chose très difficile pour chacun. Aborder la complexité est souvent une gageure. Poser clairement et avec courage la question centrale « tous les avis se valent-ils ? » est un enjeu pédagogique de décryptage et de hiérarchisation de l’information, mais pas seulement. Ce qui nous parvient en ligne, qui nous semble rentrer dans les mœurs et qui finit par constituer l’ordinaire numérique doit toujours être questionné et remis en perspective.
En cette année de commémoration de Mai 68, il est tentant de conclure en disant « ce n’est qu’un début, continuons le combat »…
Structure anthropologique de l’imaginaire égyptien
Différentes traditions de la légende osirienne se complètent et s’entrecroisent. Mais c’est à Plutarque que nous devons le récit le plus complet, intitulé Isis et Osiris. Toutefois, même si elles sont peu nombreuses, les sources pharaoniques existent. Les textes égyptiens présentent en effet, dès l’Ancien Empire, les éléments essentiels du mythe. Elles nous racontent que l’univers n’était au commencement qu’un grand océan primordial, qui engendra le soleil Atoum. Atoum engendra Chou (le dieu du souffle) et Tefnout (la déesse de l’humidité). Chou sépara le ciel de la terre. Ainsi naquirent Nout (la déesse du ciel) et Geb (le dieu de la terre). Geb et Nout avaient deux fils, Osiris et Seth, et deux filles, Isis et Nephtys. Osiris épousa Isis et Seth prit pour femme Nepthys. Osiris apprit aux Égyptiens l’agriculture. Il était bon, juste et sage. Seth, jaloux, voulut le tuer et complota contre lui. Il organisa un banquet où il avait placé un coffre magnifique, qu’il avait fait fabriquer par ruse à la mesure du corps d’Osiris. Seth déclara au banquet qu’il offrirait ce magnifique coffre à celui, qui, en s’y couchant, le remplirait parfaitement ; lorsqu’Osiris s’y étendit, Seth rabattit rapidement le couvercle, le cloua, et le jeta dans le Nil. Désespérée, Isis chercha Osiris jusqu’en Phénicie. Elle y retrouva le cercueil et le ramena en Égypte. Mais Seth réussit à s’emparer du corps et le coupa en quatorze morceaux qu’il dispersa. Isis rassembla les membres épars de son mari, reconstitua le corps avec l’aide du dieu Anubis, l’entoura de bandelettes et réussit à lui rendre vie. Plus tard, Horus, le fils d’Osiris et d’Isis, vengea son père : il émascula Seth mais perdit un œil dans le combat. Horus vainqueur devint le premier pharaon. Depuis ce jour, Seth se retire dans le désert et devient le dieu de la stérilité et Osiris règne sur le royaume des morts et peut ouvrir, pour chaque Égyptien les portes de l’éternité.
Dans les différents moments de la légende osirienne, on relève les principaux thèmes qui nourrissent la pensée égyptienne : la relation conflictuelle entre deux frères, le meurtre du père vengé par son fils, le thème de l’épouse et de la mère aimante, ou encore le rapport belliqueux de l’oncle et du neveu. Mais à y regarder de plus près, c’est sans doute dans la dimension eschatologique du mythe qu’il faut chercher quelques clés pour tenter de mieux comprendre l’organisation agraire, politique et religieuse de la civilisation pharaonique. La légende osirienne donne un ordre à la nature qui entoure l’homme égyptien : l’alternance des saisons, la crue et la décrue du Nil, l’aridité du désert, le cycle du soleil et de la lune… et à ce titre joue un rôle de premier plan dans la mémoire culturelle et cultuelle égyptienne. Si le mythe d’Osiris traite de l’existence même, de la vie et de la mort, du temps, il intéresse les artistes au prix d’une triple interprétation qui fonde les structures anthropologiques de l’imaginaire égyptien.
Une interprétation agraire
La résurrection d’Osiris semble d’abord traduire la réalité de la terre de l’Égypte qui n’existe que par la crue annuelle du Nil. Osiris, mort comme la terre égyptienne en saison sèche et ressuscité comme la terre au moment de la crue du Nil, préside à la germination et au jaillissement de la vie végétale. L’Égypte est un « don du Nil » disait Hérodote, et toute sa société et son économie s’organisaient en fonction des fluctuations du fleuve sacré. Un temps pour l’agriculture, un temps pour la construction des monuments dédiés aux dieux et aux Pharaons. Lors de la fête annuelle d’Osiris à Abydos, on célébrait ainsi des mystères en lien avec le cycle des semailles et des moissons. On plaçait dans les Osiréions, des nécropoles spécialement dédiées, des statuettes d’Osiris en argile mêlée de graines qui germaient ensuite pour donner naissance à une végétation symbolisant la promesse de vivre dans l’au-delà : les fameux « Osiris végétants ». La mort et la résurrection d’Osiris révèlent également un aspect d’Osiris qui appartient sans doute à la personnalité originelle du dieu, celui de dieu de la végétation qui a appris aux hommes à cultiver la terre. « Dès qu’Osiris régna, il arracha tout aussitôt les Égyptiens à leur existence de privations et de bêtes sauvages, leur fit connaître les fruits de la terre, leur donna des lois et leur apprit à respecter les dieux » nous dit Plutarque. En revanche, Seth incarne, dans la mesure où il est le dieu de l’excès, le désert, sa nature stérile, sa terre dure qui ne laisse pas germer la vie.
Une interprétation religieuse
La légende osirienne marque la croyance d’une vie après la mort. En ressuscitant Osiris, Isis lui assure son immortalité. Celui-ci devient le roi-dieu de l’autre monde et préside désormais au jugement des morts. À partir de ce moment, Osiris est alors conventionnellement représenté dans l’art égyptien vêtu d’un linceul collant ou de bandelettes de momie, tenant le sceptre et le fléau, symboles de la royauté. Sur les peintures pariétales ou les papyri, son visage et ses mains arborent une couleur vert profond qui atteste symboliquement de sa régénération. La croyance selon laquelle le défunt, nommé celui qui est passé à son « ka », voyage dans l’autre monde où il doit affronter toute sorte de monstres et de dangers, est attestée par la conception eschatologique osirienne et d’autres sources anciennes. Le livre des morts décrit toutes les étapes de ce voyage et révèle les formules que le mort devra utiliser pour ouvrir portes et verrous. Au terme de ces voyages sur Terre, dans le ciel et dans l’Amdouat (ciel inférieur), le défunt doit subir le jugement. Il est introduit par Anubis dans la salle où trône Osiris, entouré d’Isis et Nephtys. Son cœur est posé sur le plateau d’une balance dont l’autre plateau supporte le hiéroglyphe de Maât (justice, vérité, ordre, divin). Thot contrôle la pesée. C’est à ce moment que le défunt prononce ce qu’on appelle la « confession négative » : « je n’ai pas causé de souffrances aux hommes, je n’ai pas usé de violences… ». Cette confession est constituée de formules stéréotypées que le défunt doit absolument connaître. Au pied de la balance, se tient une créature monstrueuse, la « dévoreuse », qui se jettera sur le malheureux si le jugement est défavorable, et assurera ainsi sa mort définitive. Si le jugement est favorable, le mort jouira d’une survie éternelle dans les champs de roseaux, paradis d’Osiris.
Une interprétation politique
Pour que la continuité du cycle de la nature et de la vie soit assurée, avant de rejoindre l’au-delà, Osiris avait assuré sa descendance en fécondant Isis d’Horus, modèle du roi héritier. Sa succession assurée, la vie terrestre d’Osiris pouvait prendre fin. Il laissait la royauté sur Terre à son fils qu’Isis élevait alors secrètement dans les marais du Delta afin de le dissimuler à Seth. Cet acte justifiait l’existence de la royauté terrestre et de la succession de père en fils. Pharaon continuateur du premier roi-terre, Osiris garantissait la vie ; celle-ci appartenait à tous les Égyptiens. Le gouvernement de la terre et des hommes était confié aux soins des « serviteurs d’Horus », qui allaient devenir les rois ou pharaons. Formant des dynasties, les pharaons sont censés se succéder dans une suite ininterrompue depuis Horus et s’inscrire par là dans la lignée des dieux dont ils sont à la fois les descendants et les officiants. À partir du moment où les dieux ne règnent plus sur terre, c’est par la médiation de Pharaon, entouré du clergé, que s’opèrent l’influence des dieux et l’intercession en faveur des hommes auprès de ces derniers. Toutefois, historiquement, de nombreux complots sont attestés à la cour de Pharaon. En cela, ces rivalités s’inscrivent dans la continuité de la geste d’Horus et de Seth, avec leurs démêlés pour prendre le pouvoir. Le thème historique et politique de la succession légitime du fils sur le trône de son père est un élément constitutif du mythe osirien qui modèle l’histoire de la civilisation pharaonique.
Si les mythes expliquent les fondements principaux du monde qui entourent les anciens Égyptiens, la religion pénètre chaque moment de la vie quotidienne des temps pharaoniques. En Égypte ancienne, la construction des monuments à la gloire des Dieux (les temples) et de Pharaon (les pyramides) se manifeste comme la traduction architecturale des légendes égyptiennes et crée de véritables lieux de mémoire de la civilisation pharaonique.
Fondement d’une mémoire culturelle de l’Égypte ancienne dans le neuvième art
Dans la bande dessinée, les auteurs élaborent une narration graphique et contribuent à construire ce que Roland Barthes désigne comme des « mythologies contemporaines ». Dans cette perspective et selon l’essayiste et sémioticien français, le mythe s’appréhende comme un message car il exprime un système de pensée et de communication. Si la légende d’Osiris éclaire, par son interprétation agraire, politique et religieuse, les fondements sur lesquels repose la civilisation pharaonique, sa réinterprétation dans la bande dessinée compose la forme « égyptographique » d’un imaginaire contemporain. Raconter et peindre l’Égypte (comme l’explique l’étymologie du mot grec graphein) est un exercice de style reposant sur l’élaboration d’images de l’Antiquité réactualisées à l’aune de la modernité. Alors, l’Égypte ancienne dans la bande dessinée : invention ou réinvention d’un mythe ?
Les dessinateurs, mythographes de l’imaginaire de l’ancienne Égypte
De nombreux dessinateurs s’approprient le mythe d’Osiris avec des référents et une esthétique graphique qui leur appartiennent. Ils recomposent un imaginaire contemporain de l’Égypte ancienne qui s’inscrit dans une longue tradition égyptomanique. Dans cette perspective, le mythe d’Osiris se manifeste comme moteur du récit graphique
Dans le second tome du Faucon de Mû (1981), Dominique Hé raconte le mythe osirien de manière didactique. La version qu’il propose fait en effet référence avec un grand souci de précision à l’œuvre de Plutarque De Iside et Osiride. Toutefois, le dessinateur opère quelques ajustements prenant ses distances avec le récit grec. Sous sa plume, il n’est pas question, par exemple, de la reine de Byblos ou du phallus d’Osiris dévoré par un poisson. De même, sans doute pour assouplir sa narration, il ne s’étend pas sur l’affrontement d’Horus, l’héritier légitime, avec son oncle. Il faut dire aussi que le récit de cette lutte aux modalités complexes varie grandement selon les sources. Dans la série Papyrus, Lucien De Gieter rejoue les épisodes du mythe osirien. Dans Le Colosse sans visage (1980), Papyrus, pour avoir défié les dieux, est transformé en bête. Amoureuse, la princesse d’Égypte Théti-Chéri décide de lui venir en aide. Elle se rend sur l’île des dieux pour tenter de déjouer la malédiction. Afin de séduire les divinités, elle effectue une danse qui rappelle celle qu’Isis avait accomplie devant le corps démembré d’Osiris dans la légende. Dans Le Pharaon maudit (1998), Théti-Chéri et Papyrus, pour le plaisir de cinq chipies qui se prétendent être les filles d’Akhénaton, sont contraints de s’affronter déguisés en Anubis et Horus. Le clin d’œil au combat d’Horus et de Seth est ici revendiqué par le dessinateur belge, mais il est ambigu car Anubis a remplacé Seth.
Dans sa fresque dessinée en 8 volumes, Isabelle Dethan nous emporte sur les terres d’Horus. Elle propose une fiction qui s’articule autour d’une enquête au temps des pharaons. Mérésankh est la secrétaire particulière du seigneur Khaemouaset, fils du roi et grand prêtre de Ptah. Lors de l’inspection d’une tombe profanée, ils découvrent que d’étranges rites funéraires ont eu lieu, mais surtout que la momie supposée être une femme est un homme ! Un curieux dessin est reproduit sur la momie, un dessin qui remémore de vieux souvenirs à Mérésankh. Celui-ci va parcourir l’Égypte pour trouver des réponses. Dans sa quête, à l’instar d’Isis recherchant les morceaux de son mari, elle est escortée par Iméni, le garde personnel de Khaemouaset.
Dans le domaine de la science-fiction, avec la trilogie Nikopol, Enki Bilal réinterprète à sa façon le mythe osirien. Nous sommes en 2023. Une pyramide volante peuplée de dieux égyptiens stationne dans le ciel de Paris ; ils sont en panne de carburant. Sur Terre, le gouverneur Jean-Ferdinand Choublanc, en campagne électorale, cherche à tirer profit de la situation. En rupture avec les habitants de la pyramide, le dieu Horus (et non Seth) a besoin d’investir et d’habiter un corps humain. C’est Alcide Nikopol, de retour sur Terre après trente ans d’hibernation dans l’espace, qui va devenir l’hôte de la divinité. L’épisode de cette fusion évoque de manière allégorique la notion de filiation royale présente dans la légende osirienne. Nikopol est « l’Horus vivant ». Mais c’est surtout en confrontant une Égypte théocratique et un monde fasciste que Bilal construit le mythe moderne d’une société décadente, qui périclite à l’image des régimes soviétiques d’Europe de l’Est à la fin de la Guerre froide.
Fragments dessinés du mythe : la quête d’une écriture visuelle de l’Égypte ancienne
Si l’on cherche à décrypter la représentation d’un imaginaire historique de l’Égypte ancienne à travers un large corpus, on s’aperçoit que le mythe d’Osiris se manifeste comme la matrice de la grammaire de la civilisation égyptienne de papier. On peut alors émettre l’hypothèse que les fragments de la légende osirienne façonnent la mémoire culturelle de l’Égypte ancienne à la lumière de la triple interprétation qui constituait les structures de la civilisation pharaonique.
Une réinterprétation agraire en toile de fond
Le thème de la nature est omniprésent dans la mythologie égyptienne. Elle peut être accueillante tout en restant dangereuse. Dans les planches, la représentation des paysages de l’Égypte ancienne semble s’appuyer sur la dichotomie Est/Ouest de l’espace issue du mythe osirien. En effet, si très tôt, l’homme du Nil a reconnu les bienfaits de Hâpy, la crue fertilisante du fleuve, en revanche, le désert lui fait peur : c’est le domaine des morts, des esprits qui rôdent et des animaux malfaisants. Selon la légende osirienne, au cours de son affrontement avec Horus, Seth est émasculé et devient le dieu de la stérilité et du désert. Au cœur des bandes dessinées, comme dans la civilisation égyptienne, le Nil est source de vie. Il apporte par sa crue le limon qui fertilise le sol. Son eau est poissonneuse. Figurer le Nil devient un postulat quasi obligatoire lorsqu’il s’agit d’élaborer un récit graphique se déroulant dans le contexte géographique égyptien. Quelques titres témoignent ainsi de la prépondérance du rôle que le fleuve joue au sein des récits dessinés : Le Prince du Nil de Jacques Martin (1974), L’Homme du Nil de Toppi (1978), Une tombe au bord du Nil de Marcello et Mora (1980), Quand le Nil deviendra rouge de Clave et Dieter (1989)… Pour ne pas empiéter sur les champs, les anciens Égyptiens ont bâti les nécropoles aux portes du désert. C’est l’occasion pour les dessinateurs d’exploiter un monde inquiétant et mystérieux à proximité de celui des vivants. La mort, la chaleur torride, la soif, les morsures de serpents et les piqûres de scorpion sont des éléments constitutifs du désert dans l’imaginaire des dessinateurs et rappellent les souffrances vécues par Horus dans la légende osirienne. Sans en avoir pleinement conscience, les artistes perpétuent l’idée que la bipolarisation de l’organisation géographique puis politique de l’Égypte relève avant tout du mythe.
La séduction de la réinterprétation religieuse
La religion et les croyances égyptiennes d’une vie après la mort exercent un fort pouvoir d’attraction sur les artistes. Dans leurs œuvres, ils se plaisent à mettre en scène le formidable panthéon de dieux égyptiens, créatures zoomorphes et autres monstres hybrides. Cette « foire aux immortels » de papier pour reprendre le titre d’une bande dessinée d’Enki Bilal, incarne le pouvoir de séduction qui s’opère à la lecture de la légende osirienne et des autres mythes égyptiens. Dans cette perspective, les représentations de l’au-delà égyptien invitent les lecteurs à voyager dans un monde autre et lointain où l’imagination graphique peut s’exprimer librement. On doit en effet à Baranger et Haziot, avec leur série L’Or du temps, ou encore au très prolifique Lucien de Gieter avec L’Enfant hiéroglyphe (1998) de très belles images de l’accomplissement de la justice divine telles qu’en proposent le livre des morts ou les peintures pariétales des tombes anciennes. Dans le neuvième art, la cohabitation entre l’au-delà et la résurrection de la « chair » offre des ressources narratives particulièrement intéressantes autour de la thématique de la malédiction de la momie. En effet, développée dans la légende osirienne, cette croyance égyptienne en une forme de résurrection par la momification se traduit, dans la bande dessinée, comme au cinéma d’ailleurs, par une sorte d’allégorie. Les momies reprennent réellement vie et deviennent des personnages à part entière : Bibi Frictoin et le secret de la momie de Pierre Lacroix (1971), Le Huitième Sarcophage de Dupa (1986), Une vie éternelle de Magada et Lapière (2004) ou encore la série Fox de Jean Dufaux et Jean-François Charles en sont des exemples significatifs. Dans Les Momies maléfiques (1998), Papyrus et Théti-Chéri sont aux prises avec de dangereuses momies animées par Seth et ils ne parviendront à les vaincre qu’avec l’aide d’Horus. Rendre vivantes, tout en les réinterprétant, toutes ces croyances égyptiennes dans la bande dessinée n’est-elle pas aussi une façon de vaincre la mort et de conférer à la civilisation pharaonique une dimension d’éternité dans l’imaginaire occidental ? D’ailleurs encore aujourd’hui dans les productions récentes, nous retrouvons le déploiement des mêmes archétypes de l’imaginaire égyptien dans le neuvième art. En 2106, dans Mitterrand requiem, Joël Callède convoque Anubis, le dieu des morts égyptien pour confronter François Mitterrand à son passé au crépuscule de sa vie.
Une réinterprétation politique au cœur des intrigues
Le thème historique et politique de la succession légitime du fils sur le trône de son père apparaît comme un élément constitutif du mythe osirien qui modèle l’histoire de la civilisation pharaonique. Tout l’édifice social de l’ancienne Égypte repose en effet sur la figure de Pharaon. La fortune de l’Égypte comme cadre et sujet de tant de bandes dessinées s’explique aussi par le charisme des personnages qu’elle propose à l’invention narrative. La figure de Pharaon, monarque divin et omnipotent, et celle de la reine d’Égypte, se prête par excellence à mille intrigues romanesques autour de l’appétit de puissance, des rivalités d’intérêt, de l’affrontement des passions, des complots et jeux de palais, autant de thématiques que nous trouvons dans la légende osirienne. Il n’est donc pas étonnant que de nombreux titres d’albums ou de séries évoquent la figure du roi : Le Tombeau de Pharaon (1979), La Vengeance de Ramsès (1984), Toutankhamon, le Pharaon assassiné (1994) de Lucien De Gieter ; Le Pharaon des cavernes de Sirius (1950) ; la série Pharaon de Hulet et Duchâteau (1981-1999) ; Les Colères du pharaon de Sebban (2011) ; Khéops d’Augustin (2016)… La représentation de Pharaon dans les bandes dessinées est souvent guidée par des choix qui reposent sur la légende des règnes reconstruits à la lumière de découvertes archéologiques, de monuments grandioses ou de hauts faits d’armes. Peu de dessinateurs se risquent alors à mettre en scène des pharaons moins médiatiques. Il faut dire que les maisons d’édition tentent d’orienter le choix des artistes vers des noms qui font vendre. Ainsi, la découverte le 5 novembre 1922 par deux archéologues, Howard Carter et Lord Carnavon, de la sépulture d’un pharaon nommé Toutankhamon allait défrayer la chronique. Aujourd’hui, ce genre d’événement est une source d’inspiration inépuisable pour les dessinateurs car il synthétise les principaux fantasmes que le grand public nourrit à l’égard de l’archéologie égyptienne : l’exhumation du passé d’un roi dont le destin est tragique, la mise au jour d’un trésor fabuleux et enfin une série de décès que l’on peut, semble-t-il, mettre en relation avec la découverte de la tombe et une malédiction des pharaons. Sur la couverture du tome 1 de l’incontournable Mystère de la grande pyramide d’Edgar-Pierre Jacobs tous les ingrédients qui fondent l’imaginaire de l’Égypte dans la bande dessinée sont réunis : la découverte d’un tombeau, la présence imposante des dieux égyptiens tel Horus qui tient davantage en respect le lecteur que le professeur Mortimer, le cobra au premier plan qui annonce les dangers du désert et, sous jacent à ce récit d’essence cryptique : la malédiction de pharaon dont le thème principal sera repris par Hergé dans Les Cigares du pharaon.
De la même façon, le personnage dessiné de Cléopâtre se manifeste comme le réceptacle des fantasmes qu’ont suscités les femmes de pouvoir et l’Orient. D’Astérix et Cléopâtre d’Uderzo et Goscinny (1963) à Cléo, la petite pharaonne dessinée par Di Martinno (2015-2106) en passant par L’Empreinte d’une reine de Carruzzo et Weber (2007), la figure de cette reine d’Égypte inspire les créateurs. Son engouement témoigne aussi des circulations artistiques et culturelles qui s’opèrent entre peinture, cinéma et bande dessinée dans la construction de sa légende. Ce n’est donc pas un hasard si sur la composition de la couverture d’Astérix et Cléopâtre rappelle celle de l’affiche du film Cléopâtre de Mankiewicz avec Elisabeth Taylor (1963). Cette composition renvoie sans doute au tableau d’Alexandre Cabanel intitulé Cléopâtre essayant des posions sur des condamnés à mort (1887) et créée ainsi la persistance d’une mémoire iconique de la reine d’Égypte dans l’imaginaire occidental.
In fine, si la bande dessinée est un vecteur adéquat de la retranscription de l’univers des croyances des anciens Égyptiens et notamment de la légende osirienne, elle se manifeste surtout comme un formidable objet de médiation culturelle qui favorise les créations fantastiques, les mises à distance historique et l’exercice de l’imaginaire.
Ce cinquantième anniversaire 1968-2018 peut être l’occasion de redonner épaisseur et complexité à cet épisode, loin des caricatures et des clichés qui peuvent être véhiculés par l’imaginaire collectif, grâce à une analyse historique moins chargée en émotions, exaltation et crispations, quelque 50 ans après. Il s’agit aussi de se poser la question des interprétations et réinterprétations d’un même événement, et des métamorphoses de la mémoire sur une période qui fait encore polémique, dans le monde politique notamment. Les ressources listées ci-après sont donc un reflet de cette pluralité de représentations des événements, de manière à offrir des pistes d’exploitations pédagogiques sur l’engagement et les formes d’insoumission contemporaines.
Colloques
« Mai 68 : 50 ans ! Mémoires, représentations, traces & (ré)interprétations »
Ce colloque, organisé par l’Université du Mans les 24 et 25 mai 2018, posera la problématique suivante : « Par quelles voies et au travers de quelles représentations le «passé historique» de mai 68 s’offre-t-il à la mémoire des générations actuelles ? Quels souvenirs de Mai 68 innervent encore la mémoire collective, le corps social en 2018 ? » http://chsp.sciences-po.fr/actualite/mai-68-50-ans
« Les féministes et leurs archives (1968-2018). Militantisme, mémoire et recherche »
Ce colloque international bilingue (anglais-français) s’est tenu à l’Université d’Angers (Maison de la recherche Germaine Tillion) du 26 au 28 mars 2018. Les contributions s’intéressent aux « conditions matérielles et politiques de la constitution de fonds d’archives. Quelles sont les raisons qui motivent la constitution d’un fonds féministe ? » Le colloque questionnera les transformations historiques du rapport des féministes à leurs archives depuis 1968 et la spécificité des archives relatives à l’histoire des féminismes. www.sciencespo.fr/departement-histoire/content/les-feministes-et-leurs-archives-1968-2018
Centres de documentation et d’archives
Située sur le campus de Nanterre et affiliée au musée des Invalides, l’ancienne Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine a changé de nom en ce début d’année : La Contemporaine. bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains propose un fonds d’archives retraçant l’histoire contemporaine, et notamment des photographies numérisées des événements de Mai 68 prises par Elie Kagan et Jean Pottier, accessibles via la bibliothèque numérique, sur inscription gratuite.
www.lacontemporaine.fr/
La Cité des mémoires étudiantes située à Aubervilliers s’est constitué pour mission de recenser, conserver et archiver tous les documents, qu’ils soient imprimés ou audiovisuels et photographiques, liés à la vie et l’histoire des étudiants et des universités. Après avoir organisé un colloque et mis à disposition leur fonds documentaire à l’occasion du 40e anniversaire de Mai 68, ce centre d’archives sera sans nul doute au cœur de la commémoration de ce 50e anniversaire en 2018.
http://citedesmemoiresetudiantes.org/
Le Conservatoire des Mémoires Étudiantes a créé une base de données intitulée « Journal électronique de la Commune étudiante » qui permet de rechercher parmi 521 documents numérisés (tracts, affiches, compte rendu, articles typographiés ou manuscrits etc.) datant de mai à juillet 1968.
www.cme-u.fr/commune68/index.php
Le CODHOS, Collectif des Centres de Documentation en Histoire ouvrière et sociale, permet, par le biais d’une association, de favoriser contacts, échanges, projets autour d’un réseau de centres de ressources, qu’ils soient universitaires, liés à des syndicats ou des partis politiques, ou encore associatifs. Le site du CODHOS renvoie à l’exposition photographique de Jean-Pierre Rey retraçant en images les événements de mai 68 (listée ci-après) et au site de compilation des ressources du 40e anniversaire de 68, en 2008 (voir ci-après également). https://www.codhos.org/
Musées
Le MUCEM de Marseille conserve dans son fonds permanent un ensemble d’affiches, tracts, banderoles, réalisés en 1968 et issus des anciennes collections du Musée National des arts et traditions populaires, ancêtre du Mucem. On peut consulter en ligne la présentation de cet ensemble de documents historiques dans la partie intitulée « Mai 68 et les œuvres contestataires : aux Arts, citoyens ! ». www.mucem.org/collections/theme-collection/mai-68-et-les-oeuvres-contestataires-aux-arts-citoyens
Au musée de l’Armée des Invalides, à Paris, on trouve dans l’historial Charles De Gaulle, une partie consacrée aux événements de 68 et à leurs conséquences politiques, avec des reproductions des affiches réalisées par les élèves des Beaux-Arts de Paris. www.musee-armee.fr/collections/base-de-donnees-des-collections/objet/charles-de-gaulle-et-mai-68.html
Le Musée de l’Histoire vivante de Montreuil dispose d’un fonds d’archives, d’iconographies et de ressources centrées sur l’histoire du monde ouvrier, sur les grandes revendications et mouvements de contestations populaires, de la Révolution française aux années 1970. www.museehistoirevivante.fr/
Expositions virtuelles
« Esprit(s) de Mai 68 : prenez vos désirs pour des réalités ». L’ exposition virtuelle de la BNF en 4 parties (« Non à l’ordre qui tue ; L’art c’est vous ; Presse, ne pas avaler ! ; participons au balayage) fait la part belle aux affiches, tracts, graffitis et slogans, issus de documents d’archives. Le « feuilletoir » rassemble, comme toujours dans les expos BNF, les différentes illustrations. Un bon support de travail et de recherche très visuel pour les élèves sur ce sujet.
http://expositions.bnf.fr/mai68/
Dans l’exposition virtuelle Utopie de la BNF, une sous-partie du feuilletoir est consacrée aux tracts de mai 68 http://expositions.bnf.fr/
utopie/feuill/index.htm
L’exposition virtuelle « Les années 68, un monde en mouvement : nouveaux regards sur une histoire plurielle », très bien construite et attractive, est proposée par la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine. Elle présente la période autour de 5 grands thèmes : « Vivre ensemble ; Éducation ; Travail et conflits ; Dictature et démocraties ; L’Internationale » ; ainsi qu’une partie regroupant des témoignages de philosophes, journalistes, médecin, agriculteur, etc. Pour chaque thème, on trouve de nombreuses photos, affiches, Unes de presse et slogans, ainsi que des explications et des sommaires par mots-clés.
www.bdic.fr/expositions/mai68/
Expositions à venir / Événements
Archives Nationales : « Mai 68, archives du pouvoir » du 3 mai au 17 septembre 2018 pour le site de Paris, hôtel de Soubise, et du 24 mai au 22 septembre 2018 pour le site de Pierrefitte-sur-Seine : 50 ans après, les archives peuvent enfin être ouvertes et c’est donc une occasion de comprendre l’événement en adoptant le point de vue de l’État, de l’administration, de la Police, etc. Cette exposition entend donc mettre à jour « les rouages de l’État et les mécanismes qu’il met en place face à une crise sociale majeure qui menace de le déstabiliser » ainsi que « la possibilité enfin d’appréhender les traces de ce moment de notre histoire qui ne cesse d’être mobilisé [comme] référence ou repoussoir ». www.archives-nationales.culture.gouv.fr/expositions
Du 24 au 27 mai 2018, avec « Les utopies culturelles : mai’68/mai’18 », le Théâtre National de Nice propose un cycle de spectacles avec des cartes blanches données aux artistes associés au théâtre, autour de la problématique des influences et héritages des années 70 sur la création : « quelles utopies pour aujourd’hui et pour demain ? » Rencontres, ateliers, projections, stages, expositions et concerts. Programme détaillé début 2018. www.tnn.fr/fr/evenements/les-utopies-culturelles
BNF site F. Mitterrand, « Icônes de Mai 68, les images ont une histoire » du 17 avril 2018 au 26 août 2018 : 50 ans après les événements de mai-juin 1968, cette exposition reviendra sur la construction médiatique de notre mémoire visuelle collective à travers l’analyse et l’itinéraire des photos célèbres liées aux événements. Elle s’interrogera sur l’omniprésence du noir et blanc dans les photos restées dans les mémoires, alors que la presse a couvert les manifestations avec des photographies couleurs. Enfin, l’exposition présentera une analyse des Unes et la manière dont la presse a influé, ou non, sur la représentation collective des faits. www.bnf.fr/documents/cp_expos_1er_semestre_2018.pdf
À partir du mois d’avril, l’Hôtel de Ville présente à Paris, pour la première fois, une exposition majeure consacrée à l’œuvre de Gilles Caron, photographe des icônes de mai 68.
Université d’Angers Claude Dytivon, du 3 mai au 29 juin 2018. Exposition de photos prises à Paris lors des événements de mai 68 et présentées à l’occasion des 50 ans. www.univ-angers.fr/fr/acces-directs/culture/expositions/mai-68-les-50-ans.html
À Bruxelles
19 partenaires et institutions culturelles de la ville de Bruxelles se réunissent pour célébrer l’année 2018 comme année de la contestation, et proposer ainsi un vaste programme, sur toute l’année, de concerts, expositions, spectacles, débats, projections, conférences. 50 ans après mai 68, il s’agit moins d’une commémoration que d’une représentation pluridisciplinaire et culturelle des formes d’engagements et de contestations contemporaines. http://culturekultuur.be/fr/2018-annee-de-la-contestation/
Expositions itinérantes
Le site Caricatures et caricature propose une exposition à la location pour les établissements scolaires et les médiathèques sur le thème du traitement médiatique des événements à travers les Unes de presse pendant mai 68. Le prêt est payant (200 €). www.caricaturesetcaricature.com/2017/11/mai-68-a-la-une-exposition-itinerante-a-louer.html
L’exposition itinérante « Mai 68 » de 22 panneaux documentaires et photographiques proposée par Civimédias est destinée aux collèges et lycées, mais à des frais de location très élevés (entre 400 et 460 € pour 10 ou 15 jours) www.civimedias.fr/fr/mai-68-qrcodes.html
Sur son site personnel entièrement consacré aux affiches des mois de mai-juin 1968, le photographe Jean-Paul Achard propose un outil de visionnage assez exhaustif (415 affiches) qui peut permettre de commenter ces affiches marquantes avec les élèves. En complément, des portfolios de plusieurs photographes qui ont couvert les événements. http://jeanpaulachard.com/mai/
Une centaine de photographies de Michel Baron sont regroupées dans un portfolio intitulé « Mai 68 à Paris »
http://michelbaron.com/photos/mai1968/index.htm?page=3
L’accès en ligne aux photographies des événements de mai 68 réalisées par Jean-Pierre Rey
www.mai-68.fr/galerie/cat.php?val=7_01+vue+generale+des+evenements+mai
Ce site personnel recense de façon très complète tous les slogans inscrits sur les murs parisiens en mai-juin 68, en indiquant les sources et la localisation de l’inscription quand elle est connue http://users.skynet.be/ddz/mai68/slogans-68.html
Un site personnel qui liste, dans la rubrique « mai 68 », les paroles des chansons révolutionnaires ou contestataires de la période http://chantsdeluttes.free.fr/
• 3e, Histoire : Thème 3 : « Françaises et Français dans une République repensée » : « La Ve République, de la République gaullienne à l’alternance et à la cohabitation » ; « Femmes et hommes dans la société des années 1950 aux années 1980 : nouveaux enjeux sociaux et culturels, réponses politiques ».
• 3e, Français : « Agir dans la cité : individu et pouvoir ». Étude d’un texte du XXe siècle qui témoigne des événements historiques, d’une forme d’engagement ou de résistance.
Lycée
• 2de, enseignement d’exploration « Littérature et Société » : « Écrire pour changer le monde : l’écrivain et les grands débats de société ». Écriture et engagement ; Les utopies : à la recherche de la société idéale ; écriture et idéologie : manifestes, pamphlets, charges et plaidoyers.
• 2de, enseignement d’exploration « Littérature et Société » : « Images et langages : donner à voir, se faire entendre » ; slogans, tracts, affiches : mots et images de l’action collective.
• 1re L, ES, S, sujets nationaux des TPE 2017-2019 : thème commun : « Individuel et collectif ? » et notamment les thématiques spécifiques autour des phénomènes de groupe, les rapports entre conscience individuelle, conscience collective et inconscient collectif, ou encore la question de la mémoire individuelle ou collective.
• 1re L, sujets nationaux des TPE 2017-2019 : thème spécifique « Frontière(s) », avec comme sous-thème possible pour étudier Mai 68, « la transgression ».
• 1res toutes séries, EMC : « S’engager : la notion de militantisme ; les grandes formes d’engagement politique, syndical, associatif. » Analyse d’œuvres d’art, de films, de textes littéraires, philosophiques ou historiques sur les problèmes de l’engagement.
• 1re Bac Pro Histoire : « Être ouvrier en France (1830-1975) » : étude des luttes sociales, syndicales et politiques.
• Terminale L et ES : Histoire : Thème 2 : « Idéologies et opinions en Europe de la fin du xixe siècle à nos jours ». Thème 4 : « Les échelles de gouvernement dans le monde de la fin de la Seconde Guerre mondiale à nos jours », sous-thème : « Gouverner la France depuis 1946 : État, gouvernement et administration. Héritages et évolutions. »
• Terminale S, Histoire : Thème 3. « La République française face aux enjeux du XXe siècle – Une nouvelle République (1958-1962) ».
• Terminale STMG, Histoire : « La France sous la Ve République : L’évolution politique de la Ve République. »
• En croisant les deux grands domaines « Information, communication, citoyenneté » et « Culture et création artistiques », on peut imaginer un EPI en classe de 3e sur l’analyse des formes d’engagement à travers l’art pendant les événements de Mai 68 dans le cadre d’un projet interdisciplinaire liant Documentation, Histoire, Arts Plastiques, Éducation musicale et Lettres. L’étude des textes de chansons, l’analyse des œuvres littéraires, des affiches, graffitis et autres représentations artistiques du mouvement peuvent être un bon support pour susciter un questionnement des élèves sur les formes de contestation collective. Ce travail pourrait donner lieu à la réalisation d’affiches par les élèves, à la manière des étudiants de l’époque, mais portant sur leurs propres préoccupations ou sur des grands enjeux actuels (climat, inégalités sociales, etc.).
• Une autre piste serait de décrypter avec des lycéens, par exemple en EMC, la couverture médiatique des événements. À partir d’un corpus d’archives (Une des journaux, émissions radio et télé sur le site de l’INA, exposition de la BNF), on peut faire analyser le traitement journalistique des manifestations et grèves, et voir quelles sont les orientations choisies dans les médias, et si elles correspondent à la réalité historique. Les lycéens, par petits groupes, peuvent ensuite restituer leur travail sous la forme d’un débat
argumenté ou d’exposés.
• En 2de Littérature et Société, on peut imaginer faire réaliser aux élèves une vaste enquête (sondage et analyses) sur les formes de révolte chez les jeunes aujourd’hui, qui serait couplée avec la récolte de témoignages dans l’entourage des élèves sur la perception que leurs parents ont eu de mai 68. Les résultats serviraient de base à la réalisation d’un dossier sur les différentes formes d’engagement au cours des XXe et XXIe siècles, pour le média scolaire de l’établissement par exemple, ou sous forme d’exposition.
• Enfin, à l’occasion de la célébration plus particulière du 50e anniversaire, on peut mettre en lumière au CDI durant le mois de mai 2018, ou en amont, des ressources sur mai 68 : exposition, livres documentaires, fictions, revues de presse, travaux d’élèves etc.
Podcast
Émission de France Culture : issue de son cours au Collège de France, cette intervention de Pierre Rosanvallon dans le cadre d’une série sur « Les années 1968-2018 : une histoire intellectuelle et politique », revient sur le « moment 68 », « temps d’extase de l’Histoire », selon la formule d’Edgar Morin.
www.franceculture.fr/emissions/les-cours-du-college-de-france/les-annees-1968-2018-une-histoire-intellectuelle-et-1
Ressources numériques
Sur le site Jalons de l’INA, on trouve un parcours pédagogique spécialement réalisé autour de mai 68 avec une sélection de 6 vidéos d’archives et une proposition d’activité pédagogique. http://fresques.ina.fr/jalons/parcours/0007/mai-68.html
Le site Savoirs de RFI propose un dossier documentaire complet, bien construit, à la présentation claire et au contenu facile d’accès et synthétique. On y trouve une chronologie des événements de mai, listés jour après jour ; des documents audio issus des archives radio accompagnés des podcasts d’émissions radios sur le thème de mai 68 ; des articles et des analyses ; une bibliographie et une sitographie. Une ressource documentaire très utile pour les recherches des collégiens (3e) et des lycéens.
https://savoirs.rfi.fr/fr/comprendre-enrichir/histoire/mai-68-0
À consulter également en complément, pour éclairer le contexte politique de la période, le dossier documentaire, toujours sur le site Savoirs de RFI, sur Charles de Gaulle.
https://savoirs.rfi.fr/fr/comprendre-enrichir/histoire/charles-de-gaulle-1890-1970
Mai 68.fr : 1968-2008, retour aux sources : ce site, en lien avec le CODHOS, a entrepris de recenser en 2007-2008 toutes les manifestations, expositions, parutions liées au quarantième anniversaire de Mai 68, et sert désormais d’archives numériques de ce 40e anniversaire. On y trouve un rappel de la chronologie des événements, une bibliographie et une sitographie assez fournies (mais de nombreux liens ne sont plus à jour), l’accès à des expositions virtuelles et un panorama de la couverture médiatique des commémorations en 2008.
www.mai-68.fr/welcome/index.php
Le blog collectif « De génération à générations : 1968-2018 » regroupe des articles, analyses, ressources et débats autour de diverses thématiques héritées de mai 68 telles que les inégalités entre sexes, les déséquilibres sociaux, l’accès à l’emploi, l’éducation, la solidarité, la diversité culturelle. Un support pour ouvrir le débat avec les élèves.
https://generation-a-generations.net/a-propos/de-68-a-2018/
La Bibliothèque de Sciences Po Paris met en ligne la liste de tous les dossiers de presse qui traitent des événements de Mai 68 : si les dossiers eux-mêmes ne sont pas accessibles, le sommaire en tant que tel permet de circonscrire le sujet et de lister tous les sujets et thèmes associés aux événements, que ce soit au niveau politique, culturel, économique ou social http://www.sciencespo.fr/bibliotheque/sites/sciencespo.fr.bibliotheque/files/pdfs/dossiers-mai68.pdf
Quelques slogans mythiques
«Il est interdit d’interdire !», «Sois jeune et tais-toi ! »,
L’ensemble du programme de mathématiques du collège et du lycée peut être l’occasion d’aborder les mathématiques d’un point de vue historique : en parlant d’Euclide lors de la division euclidienne en 6e, en évoquant les biographies de Pythagore et de Thalès lorsqu’on aborde les théorèmes éponymes en 4e, en expliquant les différentes tentatives de démonstration du théorème de Fermat au cours des siècles pour le niveau lycée, en donnant des éléments biographiques sur Gauss lorsqu’on aborde les probabilités, etc.
On peut par ailleurs aborder en Histoire la diffusion des découvertes mathématiques notamment autour du bassin méditerranéen pendant l’Antiquité en 6e : thème 2, « Récits fondateurs, croyances et citoyenneté dans la Méditerranée antique au Ier millénaire avant J.-C. » ; puis en 5e, toujours en rapport avec le programme d’histoire, avec le thème 1 : « Chrétientés et islam (VIe-XIIIe siècles), des mondes en contact : Byzance et l’Europe carolingienne ; De la naissance de l’islam à la prise de Bagdad par les Mongols : pouvoirs, sociétés, cultures », en évoquant le rôle fondamental joué par les savants arabes dans l’avancée des questions mathématiques. Par ailleurs, en 3e et en 1re, en Histoire, l’évocation de la Seconde Guerre mondiale, permet par exemple de parler d’Alan Turing et du décryptage d’Enigma…
Musées et centres culturels scientifiques
Maison des mathématiques et de l’informatique (MMI) à Lyon
Ce centre culturel scientifique propose des ateliers pour les scolaires et le grand public, des cycles de conférences, des expositions, des stages et autres animations centrées sur la vulgarisation des mathématiques et de l’informatique. À l’instar du cycle de cinq conférences intitulé « Quelques instantanés de l’histoire des mathématiques » qui se déroulera en 2018, tout y est gratuit et ouvert à tous.
http://mmi-lyon.fr/
Palais de la Découverte à Paris
La partie consacrée aux mathématiques est composée de plusieurs salles, dont l’une est particulièrement impressionnante car elle déploie le long des murs le début des décimales de Pi. L’exposition permanente peut être accompagnée selon les heures d’un exposé par un médiateur du musée.
www.palais-decouverte.fr/fr/au-programme/expositions-permanentes/toutes-les-salles/salles-de-mathematiques/exposes-et-ateliers/
Cité des Sciences et de l’industrie à Paris
Une partie de l’exposition permanente est dédiée aux mathématiques, retraçant 3 000 ans de découvertes sur le mode de l’expérimentation. Deux parties la composent : « Géométries, nombres et mouvements » et « Complexité et prédiction ».
www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/expos-permanentes/expos-permanentes-
dexplora/mathematiques/
Cité des géométries à Maubeuge
Ce centre culturel dédié aux mathématiques propose des ateliers ludiques autour de la géométrie et du codage, des expositions itinérantes, des ressources et des formations pour les enseignants. Il organise également des événements autour de la géométrie : spectacles, animations, création de jeux (#origimo), opération de vulgarisation, etc.
www.citedesgeometries.org/newcdg/
Journée mondiale de Pi à la MMI de Lyon.#origimo, jeu mathématique créé par la Cité des géométries
À l’étranger
La Maison des Maths de Quaregnon en Belgique met à disposition toute une palette d’animations autour des mathématiques et du jeu. On peut également y assister à des formations, des spectacles, y emprunter des jeux mathématiques, etc. Une mine de bonnes idées pour créer des actions autour des mathématiques et de leur histoire. http://maisondesmaths.be/
L’exploration du site du Momath de New York (National Museum of Mathematics) peut donner lieu à un travail interdisciplinaire Anglais-Maths pour, pouquoi pas, préparer un voyage incluant la visite de ce lieu dédié aux mathématiques en plein cœur de Manhattan. https://momath.org/
Pour les germanistes, on peut également utiliser les ressources proposées par le Mathematikum de Giessen en Allemagne, qui, à l’instar de la Cité des Sciences de Paris, propose de découvrir les maths et leur histoire grâce à des expérimentations ludiques et des manipulations géométriques originales.
www.mathematikum.de
Centres de recherche
Le portail des IREM (Institut de Recherche sur l’enseignement des mathématiques) présente de nombreuses ressources pédagogiques sur les maths, ainsi que des conférences, des expositions itinérantes, des bases de données mutualisées, etc. Le groupe de recherche « Épistémologie et histoire » organise plus particulièrement des colloques sur l’histoire des mathématiques. www.univ-irem.fr
On y trouve notamment une carte interactive sur l’histoire des mathématiques intitulée « Voyager dans le temps et l’espace en mathématiques » qui permet sur chaque icône géographique de renvoyer à un corpus documentaire en ligne lié à l’histoire des maths, avec pour chacun, une mention de niveau scolaire. www.univ-irem.fr/spip.php?article1377
À noter également la rubrique très complète consacrée aux textes des mathématiciens, qui liste leurs principales œuvres, en donne le sommaire, une bibliographie des ouvrages critiques et une sitographie. www.univ-irem.fr/spip.php?rubrique430
Institut Poincaré à Paris
Anciennement dirigé par Cédric Villani, ce centre de recherches universitaires situé dans le 5e arrondissement de Paris propose des conférences, séminaires et expositions pour les spécialistes mais aussi pour le grand public. Après une phase de travaux et d’agrandissement, il devrait accueillir à partir de 2020 un musée : la « Maison des mathématiques ». www.ihp.fr/fr
Société Mathématique de France
Cette société savante assure une mission de vulgarisation des mathématiques auprès du grand public et la liaison entre monde de la recherche et enjeux de société par le biais de conférences, colloques, mises à disposition d’outils et de ressources.
http://smf.emath.fr/accueil
Associations
Journées de l’APMEP
L’association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public organise chaque année, dans une ville de France différente, des rencontres qui permettent aux enseignants de maths du 2nd degré et aux professeurs des écoles de participer à des conférences, ateliers, tables rondes, et de découvrir de nombreuses ressources pédagogiques et les nouveautés éditoriales sur l’enseignement des mathématiques. https://www.apmep.fr/-Journees-Nationales/
Sur le site de l’APMEP, on trouve également des références bibliographiques, des ressources numériques et des séquences pédagogiques mutualisées en lien avec l’histoire des mathématiques. https://www.apmep.fr/-Documents-pour-la-classe-
Femmes et mathématiques
Cette association qui s’engage pour promouvoir la place des femmes dans les filières et métiers mathématiques et plus globalement scientifiques, propose également des ressources sur les mathématiciennes au cours de l’histoire, notamment des expositions photographiques.
www.femmes-et-maths.fr
Maison Pierre Fermat. Dans la maison natale du célèbre mathématicien, située à Beaumont de Lomagne, dans le Tarn-et-Garonne, se déroulent toute l’année des animations autour de l’histoire des mathématiques, des jeux, des expositions et un escape game sur Évariste Galois. Sont également proposés des ateliers pour les scolaires et du prêt de matériel pédagogique (mallettes à énigmes, expositions itinérantes).
www.fermat-science.com
Expositions itinérantes
Le CIJM (Comité International des Jeux mathématiques) propose au prêt des expositions itinérantes sous forme de panneaux documentaires (150 € pour 15 jours), dont plusieurs se rattachent à la thématique de l’histoire des mathématiques, par exemple « 2 000 ans d’énigmes mathématiques » ; « Instruments d’astronomie d’hier et d’aujourd’hui » ; « Raconte-moi le nombre d’or » ; « Raconte-moi les fractales » ou encore « Cryptographie et codage ». Ces panneaux s’adressent à des collégiens comme à des lycéens. www.cijm.org/accueil/expos-cijm
« Regards sur les mathématiques : itinéraires méditerranéens » réalisée par l’IREM d’Aix-Marseille : cette exposition très bien construite, qui s’adresse à un public lycéen, retrace les principales découvertes en mathématiques et la diffusion des idées autour du bassin méditerranéen. Des différentes formes d’écriture des chiffres en Mésopotamie ou en Égypte, à l’apparition de la démonstration en Grèce, en passant par le développement de l’algèbre dans le monde arabe, les débuts de l’astronomie ou encore les solides de Platon et la mesure du temps, cette exposition très riche, qui s’accompagne d’un film et de divers objets scientifiques, est disponible gratuitement au prêt pour les établissements scolaires (transport payant). On peut également télécharger sur le site de l’exposition les panneaux en PDF, le dossier pédagogique et le livret de visite qui contient quiz et jeux mathématiques
www.irem.univ-mrs.fr/expo2013
« Traces : de la tablette à la tablette » proposée par la cité des géométries de Maubeuge retrace les origines de l’écriture des nombres à partir des chiffres écrits en cunéiforme jusqu’à l’invention de l’ordinateur. www.citedesgeometries.org/newcdg/espace-professionnel/louer-une-exposition/exposition-traces
L’espace Turing à Nice propose des ressources, des interventions auprès des scolaires et des expositions itinérantes, gratuites, notamment deux expositions, l’une niveau lycée, l’autre niveau collège, sur le parcours d’Alan Turing, mathématicien qui cassa le code d’Enigma pendant la Seconde Guerre mondiale, et également une exposition itinérante sur l’histoire de l’informatique. www.espace-turing.fr/Expositions-et-ressources.html
Les CCSTI (Centres de culture scientifique, technique et industrielle) mettent à disposition dans les différentes régions des ressources, notamment des expositions itinérantes. Plusieurs d’entre elles traitent de l’histoire des mathématiques. www.ccsti.fr/fr/expos.html
Expositions virtuelles
« Voyage en mathématique » réalisée par l’association Fermat sciences. On trouve en ligne les panneaux documentaires qui retracent l’histoire des mathématiques, à travers les grandes figures de savants et mathématiciens, géomètres, philosophes. Des ressources complémentaires sont proposées (interviews de chercheurs, matériels, etc.) www.voyage-mathematique.com
La version interactive et numérique de l’exposition « Pourquoi les mathématiques ? » permet aux collégiens et aux lycéens de retracer l’histoire des mathématiques à travers les grandes thématiques et problèmes de l’algèbre et de la géométrie. Les animations sont bien construites, on trouve une page récapitulative en forme de mémo historique en fin de rubrique, ainsi que de nombreux prolongements et liens vers des métiers liés au domaine mathématique.
www.experiencingmaths.org
Concours / événements
La Semaine des mathématiques se déroule chaque année en mars (en 2018 du 12 au 18 mars) avec comme point d’orgue le Pi-Day, le 14 mars (14/03, date choisie pour être au plus proche de la notation 3,14 !), est une bonne occasion de proposer des ressources sur l’histoire des mathématiques. Après « Mathématiques et Langages » en 2017, l’édition 2018 porte sur « Mathématiques et mouvement ». L’objectif de la semaine des mathématiques est de valoriser l’ensemble des actions mathématiques et pédagogiques mises en œuvre tout au long de l’année et de mettre en lumière les dimensions interdisciplinaires, culturelles et historiques, notamment en matière d’histoire universelle des idées, du domaine mathématique. Durant cette semaine, se déroulent divers concours tels que les Olympiades académiques de mathématiques, le concours Kangourou (jeudi 15 mars 2018, voir le site www.mathkang.org/default.html) mais également les rallyes mathématiques des IREM et le concours Al-Kindi, créé depuis peu, sur le cryptage et la cryptanalyse à destination des 4e, 3e et 2de.
http://concours-alkindi.fr/home.html
Spectacles
Very math trip, la Showference
Ce « one-math-show » basé sur l’histoire des mathématiques racontée sous la forme d’une conférence théâtralisée, est réalisé par Emmanuel Houdart, le directeur de la Maison des Maths de Belgique. Proposé pour des élèves à partir de 14 ans, le spectacle tournera en France en 2018, des représentations scolaires sont possibles. http://maisonculturellequaregnon.be/evenements/showference-very-math-trip/
L’association Piday composée de doctorants en mathématiques propose chaque année à Paris, Lyon et Marseille des représentations gratuites de leur spectacle musical « From Marseille to Vegas » centré sur la notion de hasard en mathématique à l’occasion de la journée anniversaire de Pi autour de la date du 14 mars. www.piday.fr
Affiches de la tournée 2017 du spectacle de l’association Piday.
L’Île logique est une compagnie théâtrale qui propose plusieurs spectacles où les mathématiques et la logique se mêlent au registre absurde ou loufoque pour faire réfléchir le spectateur et vulgariser la culture scientifique. On peut citer notamment « L’affaire 3,14 » ou encore « Galois Poincarré : mythes et maths ». Basée en Bretagne, la compagnie se déplace néanmoins dans toute la France pour des représentations auprès des scolaires. www.ilelogique.fr
Compagnie l’Île logique.
La compagnie Les Ateliers du spectacle propose des représentations autour du raisonnement mathématique, notamment la pièce « Le t de n – 1 » ou encore « L’apéro mathématique ». www.ateliers-du-spectacle.org
Le conteur Philippe Berthelot propose des conférences contées, notamment une série, « Histoires de sciences », qui raconte les circonstances des grandes découvertes scientifiques, techniques et mathématiques.
www.philippe-berthelot-conteur.com
La pièce de théâtre « Lettres de la 4e dimension » montée par des doctorants de l’ENS Lyon, Olga Romaskevich et Marie Lhuissier, offre des possibilités de représentations scolaires : cette pièce met en scène Alicia Boole, qui à la fin du XIXe siècle, sans aucune formation universitaire, réussit à classifier les polyèdres réguliers de la 4e dimension. http://fetedelascience.ens-lyon.fr/lettres-de-la-quatrieme-dimension-318928.kjsp
Pistes pédagogiques
• À l’occasion de la fête de la science en octobre ou de la semaine des Mathématiques en mars, créer un temps fort dans l’établissement en proposant une sélection de ressources (livres documentaires, fictions, revue de presse), une exposition de panneaux documentaires réalisés par les élèves ou une exposition itinérante qui retrace l’histoire des maths, et un concours de résolution d’énigmes mathématiques (une énigme par jour correspondant à des périodes différentes de l’Histoire).
• Les projets interdisciplinaires peuvent être nombreux sur cette thématique, par exemple un EPI alliant géométrie, histoire et arts plastiques avec des recherches en Histoire des Arts sur l’évolution de la perspective, les utilisations graphiques des maths dans l’art contemporain ou l’architecture, se terminant par une exposition des travaux réalisés par les élèves.
• La cryptographie peut également être exploitée, en prenant par exemple comme support l’analyse des différents codes secrets et leur utilisation historique, et en réalisant dans le CDI une chaîne d’énigmes avec divers codes logiques à casser, renvoyant chacun vers un nouveau livre, détenant un autre code… On peut même imaginer faire réaliser par les élèves un escape game géant dans le CDI à destination des autres classes, nécessitant de créer des cryptages, des chaînes et des codes à résoudre qui retraceraient les différentes étapes de l’histoire des mathématiques.
• En éducation aux médias, la manipulation possible des statistiques et des données chiffrées peut donner lieu à une séquence interdisciplinaire maths/Documentation/EMC : faire réaliser aux élèves des sondages orientés, déceler les erreurs d’interprétation dans les médias autour des pourcentages, montrer les corrélations fallacieuses dans les graphiques et aborder la manipulation des chiffres à des fins de propagande dans les régimes dictatoriaux.
Ressources numériques
CultureMath est un site de ressources à destination des enseignants réalisé par l’ENS Paris. Très riche, il comprend une rubrique « Histoire des mathématiques » composée de nombreux dossiers classés en sous-rubriques chronologiques. Pour chaque dossier, accessible entièrement en ligne, on trouve des références aux programmes, aux niveaux et une bibliographie conséquente. Une mine d’informations à consulter sur : http://culturemath.ens.fr/histoire-généralités-272
Le site affilié au CNRS Images des mathématiques propose de multiples dossiers thématiques et articles présentés en format blog, par ordre antéchronologique. Une rubrique dans l’onglet « Différentes mathématiques » déroule de nombreux articles sur l’histoire des mathématiques : http://images.math.cnrs.fr/-Histoire-des-Mathematiques-.html Le niveau de difficulté des contenus est indiqué par une petite vignette très pratique : Piste verte (tout public), piste bleue (niveau 3e) ; piste rouge (niveau Terminale S) ; piste noire (niveau supérieur) ; hors-piste (niveau masters). Tous les articles sont rédigés par des chercheurs mais se veulent accessibles au plus grand nombre dans un but de vulgarisation de la culture mathématique.
Maths et tiques
Ce site très complet et rigoureux est réalisé par un professeur de mathématiques de l’académie de Strasbourg, Yvan Monka. Sa rubrique consacrée à l’histoire des mathématiques est une vraie mine d’informations, très riche, classée par grands domaines tels que « Nombres » ; « Nombres remarquables » ; « Géométrie » ; « Algèbre » ; « grands mathématiciens » avec une frise chronologique et des cartes géographiques ; et « Problèmes historiques ». www.maths-et-tiques.fr/index.php/histoire-des-maths-53
On peut également y retrouver une sitographie très complète qui permet de lister de nombreux sites web dédiés à l’histoire des maths. www.maths-et-tiques.fr/index.php/sites/pour-se-detendre
Brèves de Maths, mathématiques de la Planète Terre
Ce site réalisé par des universitaires correspond à un projet mené en 2013 et a vu l’écriture d’un article court par jour consacré aux applications mathématiques dans les grands domaines scientifiques tels que la géologie, l’astronomie, la météorologie ou encore la biologie. Il comprend également une partie « Histoire et portraits » qui rassemble des articles illustrés apportant des informations sur l’histoire des mathématiques et sur les biographies des mathématiciens. L’ensemble a été édité chez Nouveau Monde
www.breves-de-maths.fr/category/toutes-les-breves/histoire-portraits/histoire-2
Universcience.tv
Sur le site de la Webtv qui diffuse des courtes émissions hebdomadaires sur les grands domaines scientifiques, on trouve une rubrique « Histoire des sciences » qui regroupe plusieurs vidéos synthétiques et pédagogiques sur l’histoire des maths. www.universcience.tv/categorie-histoire-des-sciences-7.html
Portail Eduscol, la page sur les mathématiques donne accès à de nombreuses ressources pédagogiques, des liens vers des articles, des vidéos sur les grands mathématiciens, les actualités des événements, concours et animations autour des maths. http://eduscol.education.fr/maths
LittéraMath et PubliMath
Base de données bibliographiques réalisée par l’APMEP, l’ADIREM (Assemblée des Directeurs des IREM) et l’ARDEM (Association pour la recherche en Didactique des mathématiques) qui permet d’accéder en recherches simple ou avancée aux références de tous les documents parus sur les mathématiques et leur enseignement http://publimath.univ-irem.fr/avancee.php?litt=on&t=
Mathix
Blog de deux professeurs de mathématiques : des sélections de ressources (vidéos en ligne, livres, articles) et une frise chronologique qui liste les grands mathématiciens. https://mathix.org/linux/histoire-des-maths
Sur le site Interstices dédié aux sciences du numérique, on trouve une rubrique consacrée à l’histoire de l’informatique qui recoupe celle des mathématiques contemporaines (« C’était hier : l’histoire d’une science récente ») : les articles écrits par des universitaires à des fins de vulgarisation sont accompagnés d’une indication du niveau de lecture bien utile. https://interstices.info/jcms/jalios_5003/c-etait-hier
Chronomaths
Ce site réalisé par un professeur de mathématiques retraité est très complet et cite des sources fiables. On peut y rechercher des mathématiciens ou des théorèmes par ordre alphabétique ou chronologique, mais aussi par zone géographique. Pour chaque thème, de nombreux exercices niveaux collège, lycée et enseignement supérieur. Les scans des textes mathématiques sont tirés de Gallica et chaque partie est accompagnée de références bibliographiques. http://serge.mehl.free.fr/
Revues spécialisées
Cosinus, revue mensuelle pour les 12-16 ans spécialisée dans le domaine des mathématiques et des sciences, éditée par Faton Jeunesse. De nombreux numéros traitent des mathématiques sous un angle historique à l’instar du n°196 intitulé « Pythagore : du théorème à la philosophie » (septembre 2017). www.cosinus-mag.com/numero-196/pythagore-theoreme-a-philosophie/pythagore.43733.php#article_43733
Tangente
Tout comme le n°139 « Mathématiques arabes » ou encore le n°145 « Les maths au service de l’Histoire », cette revue bimestrielle qui s’adresse plutôt aux lycéens, est spécialisée dans le domaine de la culture mathématique et des jeux de l’esprit.
www.poleditions.com/pole/publications.php?collection=Tangente
Il existe également des hors-séries qui développent un dossier de façon plus exhaustive. On peut citer deux hors-séries consacrés entièrement à l’histoire des mathématiques : « Mille ans d’histoire des mathématiques », Tangente, HS n°10, Pole, Paris, 2005 ; et « Histoire des mathématiques de l’Antiquité à l’an Mil », Tangente, HS n°30, Pole, Paris, 2007.
Une variante de la revue tout spécialement destinée aux professeurs de mathématiques est également disponible en périodicité trimestrielle, intitulée Tangente éducation.
www.tangente-education.com
Quadrature (sous-titrée « magazine de mathématiques pures et épicées ») Cette revue trimestrielle qui s’adresse plutôt aux enseignants, aux étudiants ou à des lycéens de Terminale scientifique, comprend des dossiers, une rubrique sur les controverses en lien avec des théories mathématiques, un questionnement sur les textes majeurs des mathématiciens au cours de l’Histoire, etc.
www.quadrature.info
PLOT
Partager, Lire, Ouvrir, Transmettre, est une revue publiée quatre fois par an par l’APMEP propose dans chaque numéro une rubrique sur l’histoire des mathématiques. À partir de 2018, cette revue devrait s’intituler « Au fil des maths : le bulletin de l’APMEP ».
www.apmep.fr/Sommaire-de-PLOT-no59-3eme
On peut également citer deux revues spécialisées en didactique des mathématiques, à destination des enseignants, réalisées par l’IREM de Grenoble. La première, Grand N, s’adresse aux professeurs des écoles ; la seconde Petit x se destine aux professeurs de mathématiques du second degré :
www-irem.ujf-grenoble.fr/spip/spip.php?rubrique12
Prix Littéraires
Titre de la sélection
2018 du prix
La racine des mots
est-elle carrée ?
La racine des mots est-elle carrée ?
Ce prix littéraire autour des fictions (romans, théâtre, BD…) ayant trait aux mathématiques a été créé par des enseignants du lycée Jean Monet de Montpellier. Il est depuis plusieurs années ouvert aux classes de lycéens de toute la France. La sélection annuelle de cinq livres donne lieu à un vote début mars et à des activités pédagogiques autour des ouvrages choisis. Ce sont de bonnes références à acquérir au CDI car ils permettent d’aborder de manière attractive les mathématiques et leur histoire par le biais de la fiction. https://laracinedesmotsestellecarree.com/
Bulles au carré
À l’initiative des membres d’Images des mathématiques du CNRS, ce concours de bande dessinée à destination des collégiens et des lycéens, qui se clôture chaque année fin janvier, invite les élèves à dessiner des BD sur un thème lié aux mathématiques. L’édition 2018 a pour thème « Maths et polar » et propose pour piste, entre autres, de dessiner un épisode de l’histoire des maths raconté à la manière d’un polar. Ce concours peut servir de contexte à de nombreuses activités pédagogiques.
http://images.math.cnrs.fr/7e-concours-Bulles-au-carre-Maths-et-Polar.html
Sélection Le goût des sciences (fête de la science). Ce prix littéraire scientifique organisé par le ministère de l’Enseignement supérieur distingue les meilleures publications de médiation scientifique dans deux catégories : le livre scientifique et le livre scientifique jeunesse. Le jury composé d’universitaires donne les gagnants pendant la Fête de la Science en octobre. La sélection comporte des livres documentaires sur tous les domaines scientifiques et constitue donc une bonne liste d’acquisitions pour les CDI pour enrichir le rayon Mathématiques, mais aussi Sciences Physiques, Biologie ou encore Astronomie. www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid24849-cid58150/le-gout-des-sciences-un-prix-de-reference-pour-les-livres-scientifiques.html
Sitographie
France tv éducation : « Petits contes mathématiques » Cette série pédagogique de courtes vidéos accessibles aux enseignants inscrits gratuitement sur le site France tv éducation et également sur la web tv Universciences, retrace l’histoire des maths à travers la découverte d’une notion, d’une formule, d’une conjecture ou d’une équation, par exemple la découverte des nombres premiers, du zéro, du théorèmes de Pythagore, etc. Réalisées par Clémence Gandillot et Aurélien Rocland, les vidéos sont accompagnées d’animations dessinées sympathiques, pleines d’humour et de bon sens, très utiles pour expliquer l’histoire des mathématiques aux collégiens. http://education.francetv.fr/matiere/mathematiques/quatrieme/programme/petits-contes-mathematiques
Chaînes YouTube :
Une brève histoire des mathématiques
(8 minutes) posté par Yvan Monka : le professeur d’Histoire-Géographie, J.-F. Tavernier, de l’académie de Strasbourg nous propose, cartes à l’appui, une présentation synthétique de l’histoire des maths depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui. https://www.youtube.com/watch?v=hbq6MQel3MY&feature=youtu.be
Le site Micmaths de Mickaël Launay (l’auteur du Grand roman des maths) regroupe toutes ses petites vidéos didactiques et amusantes, également visibles sur YouTube www.youtube.com/micmaths. Il y aborde de nombreuses notions mathématiques avec des mises en perspective historiques et des exemples tirés de la vie quotidienne.
www.micmaths.com/
Dans la chaîne E-penser de Bruce Benamran, une série de 8 vidéos à l’humour caustique sont consacrées à l’histoire des sciences, intitulée « La preuve par vieux : l’histoire des sciences et des scientifiques ». On y trouve notamment une vidéo sur Alan Turing et Enigma, une autre sur Eratosthène et la mesure de la Terre, ou encore sur Heisenberg et le principe d’incertitude. www.youtube.com/playlist?list=PLGPWPtcc-r80Bw3WaPBGYQ2yMn3lzcUXY
Sur la chaîne de Fermat Science, sont disponibles de nombreuses vidéos intitulées « Voyage en mathématique » où de célèbres mathématiciens et mathématiciennes contemporains relatent des épisodes de l’histoire des maths et font des focus sur des mathématiciens des siècles passés
www.youtube.com/channel/UCt2Tzl1Nr-mZxmALIYGxMsg/videos
Les projets CoachElève (diagnostic et conseils pour le parcours des élèves) et AssistProf (avancement de la classe et suivi des élèves) seront développés dans le cadre du programme Entrepreneur d’Intérêt Général 2018. Ces outils pédagogiques reposeront sur l’intelligence artificielle.
Veyon 4 Le logiciel de gestion
de salle de cours informatisé Veyon succède à Italc. Peu de changements : l’interface du poste du professeur est plus simple d’utilisation, l’installation du logiciel est plus rapide, la configuration est plus complexe, enfin, le logiciel plante moins souvent.
Audio et vidéo numériques
MP3 chez Wikimedia
Les sites Wikimedias n’utilisent que des formats audio open source (wav, midi…) conformément à la politique de la Wikimedia Foundation depuis 2009, dont les contenus sont tous sous licence Creative Commons. Suite à la tombée du MP3 dans le domaine public, la médiathèque de sons et images Wikimedia Commons a annoncé la prise en compte de ce format avec bien entendu des musiques libres de droit.
X-Files en livre audio
Mulder et Scully reprennent du service avec de nouveaux épisodes en version livre audio de la série X-files. Cinq épisodes inédits, en français, sont proposés par Audible. La vérité est ailleurs !
Wattpad Raccoon
Le site de rédaction, publication et lecture de fanfictions se diversifie avec une application vidéo destinée à raconter des histoires courtes face à la caméra. Selon l’un des fondateurs de Wattpad, Ivan Yuen, « L’objectif de Raccoon est de proposer de vraies histoires racontées par de véritables personnes ». Un concurrent de plus pour Snapchat et YouTube !
Lecture numérique
Diderot et d’Alembert sur Internet
L’Encyclopédie de Diderot, d’Alembert et Jaucourt est consultable en version numérique sur le site du projet ENCCRE (Édition Numérique Collaborative et CRitique de l’Encyclopédie). Cette version collaborative est enrichie par des notes et critiques de chercheurs, une transcription, des liens vers les planches d’illustration et des renvois entre articles. Ce travail a été conçu à partir du premier exemplaire (28 vols) détenu par la bibliothèque Mazarine.
YouScribe en Afrique
Organisé par AFD, French Tech et Bpifrance, le concours Digital Africa a récompensé la bibliothèque numérique YouScribe qui promeut la lecture en langue française dans le monde. Accessible sur PC, tablette et mobile, YouScribe est particulièrement présent en Afrique grâce à des partenariats avec des États, des entreprises et des ONG qui misent sur l’EdTech. De plus, la société est impliquée dans des programmes tels que « lecture pour tous » dans plusieurs pays d’Afrique ou « Un pour Un » dans le monde entier, lesquels favorisent l’accès à la lecture de ceux qui en sont le plus éloignés pour des raisons économiques.
Manuscrits médiévaux numérisés par la BnF
La British Library et la Bibliothèque nationale de France se sont associées avec l’aide de la Fondation Polonsky afin de numériser 800 manuscrits médiévaux (700-1200) d’ici fin 2018. Les ouvrages sélectionnés : des textes religieux (notamment bibles, évangiles et poèmes), des traités de musique et d’astronomie. À consulter via Gallica.
Google comic strips
Google lance une application gratuite qui convertit les petites vidéos en comic strips. Cette application est téléchargeable sur le site internet Product Hunt, uniquement pour l’OS Android. Actuellement, la BD obtenue n’est pas modifiable. Cet outil contient un potentiel intéressant à condition que l’on puisse, à terme, choisir les images à placer dans les cases, leur taille et leur disposition, rédiger des bulles et des légendes. Dans l’attente que cette application évolue… gratuitement.
Des contes d’épouvante par une IA
Le Massachusetts Institute of Technology a développé l’intelligence artificielle Shelley, dont la vocation est d’écrire des histoires d’horreur. L’IA s’inspire des récits terrifiants rédigés par les membres du site Reddit dans la rubrique Nosleep puis les finalise en interagissant avec les internautes. Actuellement, Shelley ne s’exprime qu’en anglais.
Harry Potter écrit par une IA
Harry Potter et le Portrait de ce qui ressemblait à un gros tas de cendres est une œuvre réalisée par Botnik Studios. Ce n’est pas un énième volet de la saga Harry Potter, mais plutôt le résultat de la collaboration entre un humain et une IA basée sur les sept tomes de J. K. Rowling.
Wattpad payant
Si vous voulez supprimer les publicités sur Wattpad, il faudra passer à la caisse avec la version premium. La lecture, l’écriture et la publication restent en libre accès. Disponible en Amérique du nord, cette option va bientôt être proposée dans d’autres pays. Espérons que la version gratuite ne soit pas submergée de publicités invasives…
Droit et données personnelles
Protection des internautes
Trois décrets publiés en septembre 2017 encadrent la protection des usagers sur Internet. Ils visent l’obligation faite aux opérateurs de plateformes de mettre en ligne une charte de bonne pratique (en vigueur au 1/1/2019), d’informer sur le traitement des avis de consommateurs, le référencement et le classement des sites (en vigueur au 1/1/2018).
Mails privés au travail
La grande chambre de la Cour européenne des droits de l’homme a considéré le 5 septembre 2017 la surveillance de mails privés contraire à l’article 8 de La Convention européenne des droits de l’homme, quel que soit le règlement intérieur d’une entreprise. Pour rappel, la même Cour avait estimé en janvier 2016 cette surveillance « raisonnable dans le contexte d’une procédure disciplinaire ». Un revirement qui vise à lancer un message fort aux employeurs tentés par le marché très prospère des logiciels espions.
Refroidissement social sur internet !
Selon le chercheur néerlandais, Tijman Shep, les internautes prennent conscience de l’incidence de l’e-réputation sur leur quotidien. De plus, les révélations d’Edward Snowden sur la surveillance de masse de la NSA rendent les usagers méfiants et les incitent à l’autocensure. Ce phénomène de social cooling en référence au réchauffement climatique (global warming) modifie notre degré de liberté d’expression sur Internet.
Sécurité informatique
Détection de visage par Google
Google travaille sur la mise au point d’un détecteur de visage afin de permettre aux utilisateurs de smartphones de repérer les indélicats qui lisent discrètement par dessus leur épaule. Le «E-screen protector» captera la présence d’un intrus, ouvrira l’appareil photo de votre téléphone, fermera votre messagerie et affichera le visage de l’indésirable…Big brother is watching you.
Thales et Gemalto
Le groupe Thales actif dans de nombreux domaines (aéronautique, espace, électronique, transport, sécurité, défense) rachète Gemalto, spécialisé dans les cartes à puce. Objectif : créer un géant de la sécurité numérique capable de rivaliser avec Symantec et Idemia. Deux projets phares en cours : l’Internet des objets connectés et les cartes à puces, dont la sécurité serait dématérialisée.
Haven, l’outil de surveillance mobile d’Edward Snowden
L’application Haven utilise l’ensemble des capteurs d’un smartphone (son, lumière, mouvement) afin de sécuriser l’usage de ces appareils en détectant des utilisations ou présences suspectes. Elle a été créée pour protéger des personnes bien précises : journalistes d’investigation, défenseurs des droits de l’homme, personnes menacées de disparition mais aussi pour préserver les informations détenues par
ces mêmes personnes. Cet outil ne s’adresse donc pas au grand public, mais il est fort probable, vu son potentiel, que de nombreux internautes s’en servent pour des raisons plus prosaïques, voire moins nobles.
Système d’exploitation et moteur de recherche
Google passe au mobile-first
En 2018, le moteur de recherche met l’accent sur l’indexation des sites web version mobile. Le « mobile-first indexing » favorisera les sites au contenu adapté aux smartphones. Par contre, aucune conséquence notable concernant le classement des sites internet adaptatifs, dont le contenu est similaire sur écran de bureau et téléphone mobile, selon Google.
Gmail connectée à Cortana
Les utilisateurs de Windows 10 peuvent dorénavant connecter leur compte Gmail à l’assistante virtuelle Cortana de Microsoft. Vous pouvez accéder à vos contacts et à votre agenda en ajoutant Gmail dans les « Services connectés » du carnet de notes de Cortana.
Technologie et objets connectés
MP3 libre de droit
Standard des fichiers musicaux chez les utilisateurs, le MP3 est tombé dans le domaine public en avril 2017 car les derniers brevets portant sur les outils de compression mp3 sont arrivés à expiration.
Salon IFA
Le salon high tech de Berlin a présenté les nouveautés électroniques de la rentrée. On y trouve pêle mêle : l’imprimante 3D couleur grand public, le radiateur à eau intelligent grâce à des vannes connectées, les écouteurs sans fil à atténuation de bruit ambiant, la télévision 8K et une petite caméra d’action haute résolution.
No future…
Facebook achète TBH
L’application anonyme To Be Honest est une messagerie qui propose aux utilisateurs des questions
qui se veulent uniquement bienveillantes (Ex : qui est le plus intelligent ?). Parmi quatre personnes choisies au hasard dans le carnet d’adresses de l’utilisateur, une seule doit être sélectionnée pour l’envoi de ce message anonyme mais forcément positif, à rebours de toutes les applis anonymes très souvent utilisées à des fins malveillantes ces dernières années. Très populaire chez les adolescents, disponible uniquement aux USA, cette application « neuneu » qui a d’ailleurs été rachetée par Facebook et sa fameuse unique option « j’aime », sera bientôt présente dans nos cours de récréation…pour développer l’esprit critique !
Les logiciels espions
Le marché des logiciels espions grand public est en pleine expansion en France bien que la loi encadre rigoureusement ce genre de pratique. Des sociétés basées à l’étranger revendiquent un nombre important de clients français ! Les logiciels s’installent soit sur les ordinateurs, soit sur les smartphones. Néanmoins, les mesures de sécurité de plus en plus performantes des OS conduiront sans doute à terme à la disparition de ce marché florissant, mais douteux.
Prédire le crime : Hunchlab vs Predvol
Ces outils de police prédictive ont été présentés par la Police et la Gendarmerie nationales lors d’un colloque à l’Institut national des hautes études sur la sécurité et la justice. Hunchlab serait « un logiciel de gestion de patrouille de police proactif », c’est-à-dire une police prédictive responsable où l’être humain interagit avec la machine. Predvol, expérimenté dans l’Oise, est une application qui permet d’analyser la délinquance commise sur les véhicules avec une représentation cartographique prévisionnelle à la semaine. Les citoyens peuvent dormir tranquille, les robots veillent.
Messages numériques vers la constellation Petit Chien
Solar Calling en collaboration avec les chercheurs du METI (Messaging ExtraTerrestrial Intelligence) et le IEEC (Institute of Space Studies of Catalonia) ont envoyé en octobre 2017 des tutoriels mathématiques ainsi que des chansons en direction de l’exoplanète GJ273b de la constellation Canis Minor qui contient de l’eau, c’est à dire potentiellement de la vie extraterrestre ! Certains scientifiques (SETI, notamment) ne sont pas favorables à ces contacts arguant que la vie extraterrestre n’est pas forcément bienveillante. Réponse éventuelle attendue d’ici 25 ans…