En cette fin 2018, c’est avec un profond chagrin que la rédaction d’Intercdi a accueilli la nouvelle du décès de José Francés.
Si quelques lignes ne suffiront jamais à rendre compte de ce que José a apporté à la revue, et encore moins à chacun d’entre nous, lui dédier cet édito qu’il a rédigé à votre attention de nombreuses années durant était une évidence. Les témoignages d’affection qui lui ont été adressés esquissent tous cette même présence au monde et à l’autre, attentive, généreuse, sensible. Avec son sourire si chaleureux, sa prévenance constante, son humanisme, sa bienveillance et sa grande humilité, José était un homme exceptionnellement attachant, qui nous manquera terriblement.
C’est en 1986, sur l’invitation de Roger Cuchin, fondateur du CEDIS, que José rejoint votre revue. Depuis, s’impliquant toujours davantage dans la vie de l’association, il a travaillé sans relâche à faire exister InterCDI à l’aune de son engagement professionnel, sur un chemin de partage, d’ouverture, et de curiosité. Lors de son mandat de président (2000-2010) mais déjà avant, et encore longtemps après, jusqu’à cet automne. Il nous a consacré une grande partie de sa vie, nous offrant, avec discrétion mais sans réserve, son regard précis, sa tempérance, son enthousiasme.
Ce numéro que vous tenez entre vos mains est le premier que nous aurons préparé sans lui. Et pourtant. Mon bureau recèle de mille et une de ses précieuses attentions qui rappellent toutes combien l’efficacité technique offerte par la modernité ne doit jamais faire passer un moyen pour une fin : pas un document de travail sans un petit mot personnel, pas un courrier sans une jolie carte choisie avec soin, pas un BAT sans un coup de fil enthousiaste se terminant invariablement par la même exclamation : ¡ Adelante ! Injonction joyeuse et résolument tournée vers l’avenir dont nous avions fait notre mot d’ordre, une sorte de cri de guerre même, qui scande chaque page de ce nouveau numéro dont le hasard du calendrier a fait qu’il soit le premier de l’année.
Le premier édito rédigé par José en tant que président (Intercdi n°167, sept-oct. 2000) s’intitulait « Continuité », et c’est sans aucun doute le plus bel hommage que nous pourrons lui rendre : continuer. Continuer de faire vivre la revue et le lien avec nos lecteurs en gardant pour cap ses principes, que Julie Mallon, sa compagne, décrit avec tant de justesse : « un partage harmonieux et complet des expériences, une curiosité critique mais sans jugement abrupt, disons une curiosité bienveillante pour ce qui se passe dans les CDI et une vigilance critique (pas forcément hostile…) vis-à-vis de l’Institution, le rappel à la mission d’éducation, c’est-à-dire d’ouverture des jeunes esprits et vers eux, en partant d’eux et du concret, de la vie, mais en les « élevant », pour leur donner des chances de comprendre leur vie personnelle et sociale. » C’est ainsi forts de ces lignes qu’il a défendues tant d’années, accompagnées d’un carré de chocolat (selon sa prescription annuelle) et de son injonction favorite, que nous vous proposons ce numéro pour bien débuter cette nouvelle année, que nous vous souhaitons douce, riche en projets et heureuse.
¡ Adelante !
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C’est à la suite de mon premier article paru en 2005 que j’ai été convié à participer à un comité de rédaction par Chantal Nicolas, la rédactrice en chef de l’époque. Impressionné d’être invité par cette revue que je lisais depuis vingt ans et qui était, à mes débuts, le seul lien entre documentalistes, j’étais arrivé très en avance et dans mes petits souliers (ce qui est à la fois un zeugma et une litote car je chausse du 47). José, sans doute en raison de l’horaire matinal de son train, était déjà là. Il m’a aussitôt accueilli avec une grande chaleur, enveloppante, qui chassa le trac de me retrouver devant une vingtaine de personnes que je ne connaissais pas. Il me donna immédiatement l’impression que je faisais partie de « la famille », que j’étais adopté. Au fil des réunions, au fil des ans, j’appris à le connaître, à l’aimer.
José était un homme bienveillant. Toujours prêt à monter au créneau pour défendre notre profession, toujours prêt à soutenir un collègue, José était toujours confraternel.
José, grand lecteur de journaux, avait trouvé sa juste place à la tête de notre revue. Sans lui, elle ne serait pas ce qu’elle est.
José avait une autorité apaisante. Lors des échanges parfois vifs entre les membres du Comité de rédaction, il intervenait et tranchait, c’était son rôle, mais en prenant à chaque fois en considération les opinions des uns et des autres pour que personne ne se sente oublié ou blessé.
José était d’une grande rigueur intellectuelle et morale. Pas d’étroitesse, pas de bassesse d’esprit chez cet homme-là.
José était respectueux des autres. Il avait ainsi un respect quasi filial pour Roger Cuchin, le fondateur de notre revue.
José n’a jamais cessé de nous accompagner, et lorsque, parfois, le vent mauvais nous traversait, il était toujours là pour nous conseiller ou annoncer des jours meilleurs.
José donnait l’impression d’être un homme solide, un pied ancré dans sa terre ardéchoise, l’autre en Espagne, du côté de Valence. Même s’il n’a pas gagné son dernier combat, il s’est toujours battu vaillamment.
José était rieur. Je revois son grand sourire, ses yeux qui pétillaient et ses épaules qui se secouaient lorsque je sortais une mauvaise blague (je n’en connais que des mauvaises !).
Comme qui aime bien, châtie bien, je l’avais gentiment chambré dans le début de mon billet « Pour en finir une bonne fois pour tout avec la culture », qui, je sais, l’avait amusé :
« Lorsque le mercredi 14 octobre 2009, au cours du Comité de Rédaction de votre revue préférée José Francés, notre vénéré directeur de la publication, pointa son doigt sur moi en m’interpellant : « Pour le numéro spécial Culture, Jean-Marc, tu nous feras bien un truc rigolo ? », je me suis retrouvé comme le taureau dans l’arène qui, tête baissée alors qu’il admire tranquillement l’élégance des espadrilles du toréador, sent brutalement l’acier glacé de l’épée pénétrer son cou et briser une à une ses vertèbres cervicales.
La métaphore taurine m’est tout de suite venue à l’esprit car je soupçonne José d’avoir des origines hispaniques. D’autant plus qu’il vient aux réunions d’InterCDI habillé de lumière et que quand on lui demande s’il veut un café, il répond toujours : « Olé ! »
Je ne pouvais me défiler devant une commande aussi pressante de celui dont la photo orne chacun des éditos de la revue et qui, tel le Grand Timonier, guide nos pas dans la purée de pois d’un métier injustement méconnu… »
Salut et Fraternité Grand Timonier
Hasta la vista, compa ñero !
Jean-Marc David
Secrétaire général du CEDIS
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Immense peine.
J’ai eu la chance de connaître José, professeur documentaliste infatigable, exerçant en collège dans le Nord, et militant pour la profession et l’éducation à l’information et aux médias pour tou.te.s.
Je me souviens de ce jour de l’année 2003 où il est venu s’attabler dans le salon de mon domicile parental, à Lens, pour travailler avec moi sur un article qu’on me demandait d’écrire à propos de mon travail de recherche effectué dans le cadre de mon mémoire de Maîtrise en Info-Comm. À propos des « travaux croisés », et de leur perception par les élèves. Un échange d’une grande richesse pour l’aspirante professeure documentaliste que j’étais alors.
Je me souviens de ce numéro de la Revue Intercdi, envoyé par José à mon domicile, et reçu juste avant de prendre le TGV pour aller passer les oraux du CAPES Documentation à Marseille. Sur la première page de cette revue, José avait rédigé un petit mot, plein d’encouragements et de confiance à mon égard. J’ai emporté ce numéro avec moi, et l’ai lu dans le train, le mot de José posé bien en évidence, comme un mantra.
Depuis l’obtention du concours, les années ont passé, mais je n’ai jamais oublié José, sa modestie, sa franche sympathie, sa bienveillance, et sa vision du métier et du monde, sa force de conviction. Je n’ai jamais oublié ce que ce regard profondément confiant avait provoqué en moi, en tant que (future) professionnelle mais aussi tout simplement en tant qu’être humain.
De façon régulière, et toujours discrète, José m’adressait, depuis cette première et forte rencontre, des petits signes, des mots, toujours empreints de cette gentillesse. Aujourd’hui, je garde précieusement au fond de moi chaque mot, chaque regard, chaque expression de ce visage si chaleureux. Et regrette de n’avoir pas dit tout cela à José de son vivant. Même si, je le sais déjà, il aurait balayé ce remerciement d’un revers de la main, baissant les yeux modestement, et disant « Je n’y suis pour pas grand-chose, je fais de mon mieux ».
Mais ce mieux était tant, José.
Anne Cordier
Ex-professeure documentaliste (62)
Maîtresse de Conférences en SIC, Espé de Rouen
Cette litanie de dates montre l’évolution de la prise de conscience du caractère génocidaire de la traite négrière telle qu’elle s’est mise en place à partir du 15e siècle2. La loi Taubira parle bien de cet aspect de l’esclavage dans l’article 1 : « La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du xve siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité. » L’article 2 évoque son enseignement à l’école : « Les programmes scolaires et les programmes de recherche en Histoire et en sciences humaines accorderont à la traite négrière et à l’esclavage la place conséquente qu’ils méritent .»
• L’esclavage et les traites sont au programme de 4e, dans le thème 1 : le 18e s., expansions, Lumières et révolutions. Un quart du programme d’Histoire est effectivement consacré aux traites négrières au 18e siècle, soit à l’apogée de ce trafic. Il est explicitement recommandé dans les programmes de ne traiter que cette partie, et non pas les origines de l’esclavage ou sa mise en place.
• En classe de 2de, l’esclavage est traité surtout du point de vue des mouvements abolitionnistes, comme partie des mouvements de liberté des nations au 19e siècle, comme le précise le thème 5 du programme : Révolutions, libertés, nations, à l’aube de l’époque contemporaine.
Sites institutionnels
La création d’un comité chargé d’organiser les lieux et actions de commémoration de l’esclavage et de la traite est ordonnée par la loi Taubira. Après plusieurs changements de nom, ce comité devient en 2013 le Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage (CNMHE). www.cnmhe.fr/
Ce site est très utile notamment pour toutes les informations législatives, et le calendrier des événements autour de la commémoration, notamment à travers sa page :
www.esclavage-memoire.com/
Attention, certaines pages ne sont pas rafraîchies depuis quelques temps, et la rubrique Enseignement est un peu maigre.
Projet de fondation pour la mémoire de l’esclavage www.lemonde.fr/politique/article/2018/04/27/une-fondation-pour-la-memoire-de-l-esclavage-sera-creee-en-2018-a-annonce-emmanuel-macron_5291735_823448.html
Organisation des Nations Unies
Le site web de l’ONU regroupe sur une page l’ensemble des ressources qu’elle propose à l’occasion de sa propre journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage, le 2 décembre. On y trouve de nombreux textes de lois, déclarations d’intention et qui concernent aussi beaucoup l’esclavage moderne. Il peut être toutefois intéressant de signaler la dimension internationale de la commémoration. www.un.org/fr/events/slaveryabolitionday/index.shtml
Un laboratoire du CNRS travaille sur les questions de l’esclavage, le Centre International de Recherches sur l’Esclavage (CIRESC). Sur son site, on trouve les travaux du laboratoire www.esclavages.cnrs.fr, ainsi qu’un lien vers un site pédagogique http://education.eurescl.eu . Ce dernier n’est pas vraiment à jour, mais certaines pistes peuvent donner des idées de parcours d’expositions.
Les musées
Mémorial de l’abolition de l’esclavage, Nantes. La ville de Nantes possède un grand mémorial de l’esclavage, en lien bien entendu avec le passé de port négrier de la ville.
http://memorial.nantes.fr/
Le site propose des infos pratiques sur le musée, ainsi que des éléments pour aider les enseignants à préparer leur visite.
www.chateaunantes.fr/fr/enseignants.
Différents parcours sont proposés, du primaire au lycée. Une sélection de ressources accompagne ces parcours d’exposition. Des expositions itinérantes peuvent également être empruntées.
Association Les anneaux de la mémoire, Nantes. Cette association, créée à la suite de l’exposition éponyme, travaille sur les mémoires de la traite négrière et l’ouverture culturelle entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. http://anneauxdelamemoire.org/
Elle propose également la location de matériel d’exposition, mallettes, expositions, etc.
http://anneauxdelamemoire.org/outils-de-mediation/outils-pedagogiques/
Le mémorial ACTe, Pointe-à-Pitre
Ce mémorial, construit à la place d’une ancienne usine sucrière, est également un lieu d’expression de la culture caribéenne et programme, en plus des expositions permanentes et temporaires, des rencontres, concerts, contes, conférence, etc.
http://memorial-acte.fr/
La route des abolitions de l’esclavage – Pôle mémoriel du Grand-Est. Ce pôle mémoriel est en fait un réseau de musées ou de lieux de mémoire situés dans l’Est de la France. Il est une association loi 1901 reconnue d’intérêt générale. Sur le site, on trouve l’ensemble des lieux visitables, mais également des ressources mises à disposition, notamment des expositions en prêt et des bibliographies. www.abolitions.org
Quelques musées de ce réseau ont une page Facebook, notamment la maison de la Négritude à Champagney www.facebook.com/MaisondelaNegritude/
et l’espace muséographique Victor Schoelcher, à Fessenheim www.facebook.com/museeschoelcher/
Un déroulé de cours sur Bordeaux et le commerce triangulaire. http://pedagogie.ac-guadeloupe.fr/lettres_histoire_geographie_lp/bordeaux_et_commerce_triangulaire#attachments
« Les chemins d’une liberté, esclavage et abolitions » http://pedagogie.ac-guadeloupe.fr/lettres_histoire_geographie_lp/bordeaux_et_commerce_triangulaire#attachments
Dossiers pédagogiques
https://education.francetv.fr/matiere/temps-modernes/cm1/dossier/l-esclavage-comprendre-son-histoire Dossier très complet autour de l’esclavage. Attention, il est à destination d’élèves de CM1, certains documents ne seront pas adaptés notamment les dessins animés « Il était une fois… ». Pour le reste, le format court des articles et des vidéos se prêtent très bien à une exposition au CDI, en collège.
www.inrap.fr/dossier-actualite/sur-les-traces-de-l-esclavage-colonial
Un dossier constitué par l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives sur les fouilles de sites liés à l’esclavage : usines sucrières, plantations, etc.
www.esclavage-martinique.com/
Chronologie de l’histoire de l’esclavage en Martinique.
https://gallica.bnf.fr/essentiels/parcours-pedagogiques/esclavage
Ce parcours s’appuie sur les documents de Gallica (iconographie mais également littérature) pour créer un parcours pédagogique avec notamment des questions posées aux lecteurs, qui doivent trouver la réponse dans les documents. Plutôt pour le lycée.
Site Histoire par l’Image www.histoire-image.org/fr/albums/traite-noirs
Expositions virtuelles
http://exposvirtuelles.charente-maritime.fr/fr/expositions/la-traite-negriere-rochelaise-au-xviiie-siecle
Exposition virtuelle qui raconte cette fois-ci l’activité négrière de La Rochelle, autre grand port négrier français. On trouve des cartes, des panneaux explicatifs, des fac-similés de documents d’époque, type registres de commerces, etc.
La visite virtuelle d’une habitation sucrerie en Martinique, créée par quatre enseignants. Fiches pédagogiques téléchargeables, iconographie. Une ressource agréable à explorer.
www.habitation-sucrerie.fr/index.php?lang=fr
www.thinglink.com/scene/651720949619490817?buttonSource=viewLimits
Une carte Thing Link des principaux ports négriers français, avec des liens vers des ressources pédagogiques type FranceTV éducation. Idéal pour une mise à disposition sur un ordinateur en libre service lors d’une exposition dans l’établissement.
Les Routes de l’esclavage est un documentaire en quatre parties de 52 minutes qui propose de retracer une histoire de l’esclavage, de l’Antiquité à la fin du xixe siècle, en s’appuyant sur l’ouvrage de l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch3, d’ailleurs conseillère historique du film. Né de la rencontre de trois documentaristes – Daniel Cattier, Juan Gélas et Fanny Glissant –, il s’avère un outil précieux à exploiter en fonction des ressources disponibles ou acquises en CDI pour cette occasion (cf. Ouverture culturelle de ce même numéro) et des possibilités dans votre établissement, lors de séances en co-enseignement avec les collègues d’Histoire-géographie qui ont cette problématique au programme. Résultat d’un travail de cinq ans, d’interviews de quarante historiens et de dix voyages à travers le monde, le film est une grande réussite, aussi bien sur le fond que sur la forme.
Tout d’abord, la forme. Le film est aisé à regarder : le discours est clair, et malgré le sujet tragique, le ton n’est jamais dramatique ou misérabiliste. Pour illustrer des événements précis ou des paroles de contemporains de l’époque, des séquences animées sont intercalées, ce qui permet d’introduire de l’anecdotique dans la suite des explications et interviews, et de varier le rythme du récit. Elles sont réalisées façon aplats de peinture animés, ce qui change des traditionnelles séquences de reconstitution un peu datées, où des acteurs pas toujours excellents amenaient plus de gêne que de compréhension…
Concernant le fond, la problématique du documentaire est la suivante : il s’agit non seulement de comprendre les mécanismes et l’économie de l’esclavage, mais aussi de se demander comment l’Afrique subsaharienne s’est retrouvée au cœur des routes de l’esclavage. Entre le viie et le xixe siècles, ce sont ainsi près de 20 millions d’Africains venus de tout le continent (Akans, Peuls, Yorubas etc. à l’ouest, Somalis à l’est) qui vont être réduits en esclavage et déportés. Comment une traite d’une telle ampleur a-t-elle pu se produire ?
476-1375 : Au-delà du désert
L’esclavage existe dès l’Antiquité, mais ce sont souvent des populations plutôt blanches et géographiquement proches, notamment de l’Empire romain. Si en latin on emploie le mot servus, qui a donné les termes « serf » « servitude », le mot esclave dérive lui du nom des Slaves.
En 476, l’Empire romain s’effondre, laissant la place à d’autres expansions. Au viie s., l’Empire musulman commence ses conquêtes, et a besoin de forces armées mais également de bras pour travailler. L’Islam interdisant d’asservir des musulmans, il faut trouver des forces plus loin. Au ixe siècle, une première traite s’organise entre l’Éthiopie, la Somalie et le monde arabe. Ces esclaves, nommés Zandj, arrivent en masse pour travailler en Mésopotamie. En 869, une révolte très violente marque un coup d’arrêt à cette traite. Petit à petit, Bagdad décline, au profit du Caire. Le marché de l’Afrique intérieure s’ouvre alors, d’autant que les esclaves commencent à se convertir à l’Islam pour échapper à leur condition. Les Arabes cherchent alors plus à l’Ouest, et traitent avec les Berbères, connaisseurs des routes du désert. Une route s’ouvre, reliant Le Caire à Tombouctou, porte de l’Empire du Mali, qui regorge de richesses, notamment d’or. À sa tête, l’empereur Soundiata Keita souhaite développer son pays et entretenir cette relation avec les Arabes. Mais il convertit son pays à l’Islam et les Arabes poursuivent plus au sud leurs recherches.
Entre les viiie et xive siècles, les Arabes ont ainsi déporté et réduit en esclavage près de 3,5 millions d’Africains. Aujourd’hui encore, ces routes transsahariennes sont utilisées par les populations fuyant les guerres et la misère, et tombent encore aux mains des marchands d’esclaves.
1375-1620 : Pour tout l’or du monde
Le Portugal, petit royaume côtier, cherche lui aussi à s’enrichir. En quête d’or bien sûr, mais les esclaves sont aussi une richesse. Plusieurs facteurs poussent les armateurs, encouragés par le roi Henri Le Navigateur, à chercher des voies de commerce vers l’Atlantique : contourner les Arabes présents dans le Sahara pour débarquer directement sur les côtes d’Afrique noire d’une part, d’autre part la place même de Lisbonne, seule capitale européenne donnant directement sur l’Atlantique. Les Portugais se lancent à l’assaut de l’Océan. Ils ne restent pas longtemps seuls : lorsqu’en 1453 Constantinople tombe, la route commerciale avec les Arabes et les Ottomans est coupée. L’Europe se lance à son tour sur la route atlantique : Flamands, Génois, Vénitiens suivent les Portugais. En 1471, ceux-ci s’installent alors sur l’île Saõ Tomé, d’où ils commercent avec le royaume Kongo, qui n’avait pas été en contact avec les musulmans. Le roi se convertit au christianisme, la noblesse s’entiche des nouveautés amenées par les Portugais. Ils s’y retrouvent en situation de monopole commercial. Toutefois, c’est toujours l’or qui les intéresse, et celui-ci se trouve dans l’actuel Ghana : se met alors en place une première forme de commerce triangulaire entre le royaume Kongo, les mines d’or et Saõ Tomé.
Sur l’île, les Portugais mettent en place le modèle économique de la plantation, en l’occurrence de canne à sucre. Le sucre est un produit très demandé, donc vendu cher, et est produit par une main-d’œuvre gratuite : c’est un modèle très rentable. Il est ainsi exporté rapidement au Brésil, découvert en 1500. Le sucre et la traite négrière qui en permet la culture deviennent ainsi la principale source de revenus pour la couronne portugaise. Toutefois, notamment à Saõ Tomé, une telle concentration de population opprimée conduit à des soulèvements : malgré la politique de « métissage » visant à défendre les intérêts des colons, une violente révolte éclate en 1595. Les Portugais abandonnent Saõ Tomé ; les plantations et les esclaves sont transférés vers le Brésil et les Caraïbes, au climat propice à la culture de la canne.
En 1620, les Portugais sont les maîtres incontestés de la traite négrière, 1 million d’Africains ont ainsi été déportés entre le xve et le xviie siècle.
1620-1789 : Du sucre à la révolte
Les nations se livrent à une guerre du sucre : 75% des esclaves sont déportés à cause du sucre. Les Antilles offrant les mêmes conditions que Saõ Tomé, la Hollande, l’Angleterre, la France font la guerre aux Espagnols et aux Portugais pour s’implanter dans la région. La reine d’Angleterre Elisabeth Ire encourage et finance ces raids corsaires.
Dans les plantations, les conditions sont extrêmement difficiles : à cause de la dureté du travail, les femmes tombent rarement enceintes, et le taux de mortalité infantile est très élevé. De plus, l’espérance de vie dépasse rarement les dix ans. Il y a donc un besoin constant de main-d’œuvre renouvelée.
Dans ce contexte, le système bancaire et d’assurances de l’Angleterre se développe, pour financer et assurer les grandes expéditions négrières. Les ports négriers se développent : Liverpool, Anvers, Nantes, La Rochelle, Bordeaux. L’argent de l’esclavage enrichit considérablement ces villes, et irrigue tout le pays. Souhaitant profiter de la situation, Louis XIV arme la France, mais la flotte ne fait pas le poids face à l’Angleterre ou la Hollande. La guerre a lieu sur les flots mais également sur les terres africaines : tout le long de la façade atlantique, des forts européens s’élèvent et sont de véritables enjeux stratégiques. Le commerce se poursuit avec les chefs de guerre locaux : les Européens vendent du métal, des objets, du tabac… en échange de captifs. C’est durant cette période que se met réellement en place la superposition de l’apparence et du statut, l’opposition entre les « Noirs » « Nègres », qui regroupent l’ensemble des populations noires toutes nations confondues, et les « Blancs », appelés ainsi par les esclaves des Caraïbes pour qui les oppresseurs n’étaient pas non plus issus de différentes nations.
En 1685 paraît en France le Code Noir. Ce code est une première tentative de régir les rapports entre maître et esclave, notamment en fixant des limites à la violence. Il est toutefois bien peu appliqué.
Dans les plantations, le feu de la révolte couve : de plus en plus d’esclaves se sauvent et se réfugient dans les forêts tropicales, on les appelle neg’marrons, terme dérivé de l’espagnol cimarron, qui désigne du bétail retourné à la vie sauvage. À partir des années 1720, les Caraïbes connaissent une flambée de violence qui met à mal l’industrie du sucre et de la traite. Dans les années 1780, l’opinion publique commence à s’émouvoir du sort des esclaves, des mouvements abolitionnistes se font entendre. Fin xviiie s., l’esclavage semble en perte de vitesse et décrié de par le monde.
Les Blancs commencent à développer une grande peur des Noirs, tant ils craignent un soulèvement, à l’image de ce qui s’est passé en 1791 à Saint-Domingue. Menée par Toussaint Louverture, cette guerre dure douze ans, et se solde par une défaite de Napoléon Ier. En 1804 est proclamée la première république noire au monde : Saint-Domingue devient Haïti. C’est un très grand choc économique, dans une période de grande demande.
Les esclavagistes quittent Haïti et implantent les méthodes de culture intensive aux États-Unis (coton), à Cuba (sucre) et au Brésil (café). On passe à une économie de masse, avec une augmentation du rendement par esclave : à cette époque, l’Europe consomme massivement ces produits issus des colonies.
En Angleterre, les centres financiers se détournent peu à peu de l’esclavage et cherchent à investir dans les filatures locales : la traite finit par être abolie en 1807 et l’esclavage en 1833. À partir de 1815, elle oblige les autres pays à abandonner les routes de la traite négrière dans l’Atlantique nord4. Les esclaves nés aux Caraïbes sont emmenés aux États-Unis où la culture du coton se développe le long du Mississippi.
Entre 1815 et 1850, le Brésil continue la traite illégalement dans l’Atlantique sud : à Rio de Janeiro, pour un Blanc on compte quatre Noirs qui traversent l’Atlantique. Le principal port d’échange négrier est désormais Zanzibar, sur la façade Est de l’Afrique. Les États-Unis mettent en place l’esclavage industriel, et encouragent les naissances, quitte à en passer par le viol5.
Toutefois, tout au long du xixe s., les idées abolitionnistes gagnent du terrain : les États-Unis sont embarrassés, ils ne souhaitent pas être distancés par les idées progressistes européennes, mais ce sont les planteurs du Sud qui tiennent l’économie. En 1861 éclate la guerre de Sécession, qui fera des ravages entre le Nord abolitionniste et le Sud esclavagiste. En 1865, les Nordistes gagnent la guerre et l’esclavage est aboli. Dans les faits, les Noirs restent des citoyens de seconde zone, cantonnés aux tâches subalternes, n’ayant ni droit de vote, ni liberté de circulation.
1873 : les Européens, sous couvert de lutter contre la traite, contrôlent puis occupent les côtes africaines. Si la traite se termine avec Zanzibar, progressivement les colons s’enfoncent dans le continent pour faire main basse sur les richesses. L’esclavage n’existe plus, mais les colons font appel au travail forcé pour exploiter café, sucre, cacao, coton, caoutchouc. Des aventuriers comme Stanley6 achètent à vil prix des pans entiers du Congo au profit du roi des Belges Léopold II. Même les missions d’évangélisation ont une position ambiguë : il s’agit bien sûr d’instruire et de soigner les Africains, tout en affichant une « supériorité ».
En 1888, le Brésil est le dernier pays d’Amérique à abolir l’esclavage, c’est la fin de 450 ans d’esclavage, avec l’idée que le pays devait se « civiliser », « progresser ». Mais alors que faire de tous ces Noirs ? On veut « blanchir » la population, en encourageant la migration de milliers d’Européens pauvres.
C’est la fin de l’époque des grandes traites négrières, qui auront entraîné la mort de 50 millions d’Africains entre le viie et le xixe siècle.
C’est sur ce chiffre terrible que se conclut ce documentaire. Ce résumé est loin d’être exhaustif ; il n’inclut bien entendu pas tous les éclairages d’universitaires du monde entier, qui apportent moult précisions, mais qu’il aurait été fastidieux de retranscrire. Un détail m’a intéressée : ce film retrace une histoire de l’esclavage à l’échelle mondiale, et ne cherche ainsi pas à entrer dans toutes les dates qui jalonnent chaque Histoire nationale. Cela permet de sortir du côté « Histoire de France », qui n’est d’ailleurs pas de mise dans les programmes7, et de comprendre que la France n’est qu’un rouage dans l’Histoire du monde et pas son pivot.
En 2017, Youtube est le réseau social le plus utilisé par les 11-17 ans. À la question « Quel réseau social utilises-tu le plus ? », posée par l’étude de l’association Génération Numérique1, les jeunes répondent en premier Youtube (28 %), devant Snapchat (24 %).
Car, à l’instar de Facebook, Twitter et Instagram, Youtube est bien un réseau social. On y crée un profil, on y dépose du contenu (en l’occurrence des vidéos), qu’on aime, qu’on partage, qu’on commente. Le public touché par la diffusion de ces contenus est si vaste que dès lors que l’on souhaite publier quelque chose, on passe par Youtube : les artistes font la promotion de leur travail ou de leur actualité via des vidéos placées sur la plateforme ; les institutions ont leur chaîne, les médias traditionnels aussi, sans parler des innombrables particuliers qui se créent des communautés autour de sujets aussi divers que le maquillage, les jeux vidéo, les défis plus ou moins idiots, les récits de vie, etc.
Youtube, plate-forme éducative
Puisque tout le monde, créateurs de contenu et audience, semble se donner rendez-vous sur Youtube, il paraît pertinent de se pencher sur ce média, notamment pour en découvrir les trésors. Ce qui nous intéresse ici, ce sont les chaînes à vocation culturelle, éducative, voire pédagogique. Il en existe beaucoup ; le ministère de la Culture a d’ailleurs publié en novembre 2018 une liste de 350 chaînes culturelles et scientifiques francophones classées par discipline2. Le document est facile d’accès, l’introduction est claire, des liens vers des articles de revues professionnelles sont indiqués. Il peut donc tout à fait être diffusé tel quel à l’ensemble de l’équipe pédagogique et les collègues pourront choisir dans le sommaire la sélection de chaînes concernant leur discipline.
Toutefois, je l’ai étudiée pour vous, et vous propose ici, pour une exploitation plus immédiate, ma « sélection dans la sélection », en vous présentant quelques chaînes et indications pédagogiques : niveau, utilisation possible en cours, etc. Dans tout ce foisonnement, il est possible que je ne mentionne pas des chaînes qui vous semblent indispensables : n’en prenez pas ombrage et partagez vos chaînes préférées sur le compte Facebook @Revue Intercdi !
Informatique
Cookie connecté
Pour comprendre des concepts numériques et informatiques avec des graphiques et des émojis, rendez-vous sur cette chaîne. Les vidéos, d’une dizaine de minutes, expliquent ce qu’est un cloud, un algorithme ou qu’est-ce que la RGPD. Lien sur la chaîne Le + : La vidéo qui explique les Systèmes d’Information en émojis.
Sciences
Physique-Chimie
Florence Porcel Florence Porcel, journaliste, s’est spécialisée dans les vidéos scientifiques, tendance astronomie. Le + : La playlist « les perles du PAF » où elle corrige et/ou précise des inexactitudes à propos de l’espace véhiculées dans les médias.
Mathématiques
Hans Amble
Cette chaîne est très clairement un support pédagogique : pas d’humour, pas d’effets de coupes, c’est simple mais efficace. Les playlists sont classées par niveau : terminale S option maths, première S, etc. Lien sur la chaîne Le + : Sobriété et efficacité sont les maîtres mots de cette chaîne ! A voir aussi :Math un peu ça, avec un peu d’histoire des sciences. LPB Maths Vidéos
Biologie, Paléontologie
Cédrik Jurassik
Chaîne de paléontologie classique et bien ficelée, de l’ordre de l’amateur éclairé. Je ne conseillerai pas comme support de cours, mais comme conseil pour changer des clips, c’est tout à fait adapté. Lien sur la chaîne Le + : Des dinosaures partout ! A voir aussi :M – Gigantoraptor, PaleoWorld
Connecsciences
Un biologiste et un géologue nous parlent de sciences naturelles à travers deux formats de vidéos, les unes d’environ 3 min, intéressantes pour attirer l’attention sur un point précis, plutôt niveau collège, les autres plus longues, environ 20 min pour développer un sujet. Lien sur la chaîne Le + : Des « parenthèses » plus techniques insérées dans certaines vidéos, qui font un point sur des éléments comme la classification du vivant.
Biologie, sciences du vivant
La minut’
En 5 min, le youtubeur aborde des questions principalement autour de la nutrition et de l’alimentation. C’est clair, rapide et peut facilement servir à une introduction de séquences. Lien sur la chaîne Le + : Convient dès le collège, pour changer un peu de C’est pas Sorcier.
Prof SVT 71
Une chaîne pédagogique, clairement conçue comme un support de cours. Les vidéos sont organisées par niveau de classe, de la 6e à la Terminale S spécialité SVT. Lien sur la chaîne Le + : Conçue aussi pour les enseignants qui souhaitent mettre en place la classe inversée.
Dans ton corps
Julien Ménielle (frère d’Adrien Ménielle, pour celle et ceux qui suivent Golden Moustache), ancien infirmier puis journaliste, évoque des sujets un peu intimes comme le clitoris ou le psoriasis. Le ton décalé et l’allure de fan de métal du vidéaste peuvent aider à dédramatiser certains sujets. Lien sur la chaîne Le + : Peut servir pour amorcer des cours d’éducation à la sexualité.
Dirty Biology
Léo Grasset est sans conteste le Youtubeur scientifique superstar (et accessoirement doctorant en biologie). De nombreuses vidéos, un parti pris un peu décalé « À quoi sert un pénis ? », « Godzilla aurait-il pu exister ? », font de cette chaîne une grande réussite. Lien sur la chaîne Le + : La chaîne YouTalks, un podcast qu’il anime avec Viviane Lalande sur la vulgarisation scientifique sur Internet et Youtube.
Lettres, littérature
Bulldop
Booktube
Sur sa chaîne, Émilie alias Bulldop livre ses coups de cœur, ses dernières lectures, ses piles à lire… Le + : Elle rassure les adultes en ayant une chronique régulière dans l’émission C’est au programme sur France 2, et manie parfaitement les codes des différentes vidéos Youtube : le déballage des nouveautés (Unboxing), ses rendez-vous (Mes dernières lectures, les 5 conseils, etc.), ce qui rend le format familier pour les ados. A voir aussi : Les lectures de Nine, la chaîne de Nine Gorman, Piko Books
La brigade du livre La Brigade, c’est une bande de fous du livre qui décortique pour nous les mystères de la littérature. Les vidéos font une dizaine de minutes, et sont construites comme une mini-série. Le + : Le style est dynamique et agréable à suivre, le montage est très pro. Crossover avec l’excellente chaîne de cinéma Le Fossoyeur de films.
Le Mock
Deux étudiants lyonnais traitent de divers sujets autour du monde des livres : chroniques d’ouvrages, mais aussi histoire de l’édition, visite dans les médiathèques de la région… Les vidéos durent entre 5 et 10 min et sont construites comme des mini-documentaires. Lien sur la chaîne Le + : Ils abordent également certains sujets d’EMI, comme l’orientation politique de la presse.
Histoire
Confessions d’Histoire
Les grands événements de l’Histoire du monde racontés par ceux qui les ont vécus ! Retrouvez les interviews de Jules César, Cléopâtre ou Agnès Sorel qui vont expliqueront tout en une dizaine de minutes. Lien sur la chaîne Le +: Des costumes plutôt jolis, une info correcte sous forme humoristique. Quelques gros mots de temps en temps, mais rien d’affolant. A voir aussi : Chroniques d’histoires
C’est une autre histoire
Manon Bril est une thésarde en Histoire et nous fait partager sa passion, notamment pour le monde antique, à travers différents types de vidéos. Lien sur la chaîne Le + : Elle a créé différentes playlists, jouant sur l’effet « épisode de série », que l’on retrouve avec plaisir d’une fois sur l’autre. Peut permettre de créer un effet de rituel pour chaque nouvelle séquence, en Histoire mais aussi en arts plastiques (playlist « tu vois le tableau ») A voir aussi : les portraits très réussis de femmes qui ont marqué l’Histoire, Virago, par Aude GG.
AlterHis
Cette chaîne s’amuse à proposer des uchronies, ces scénarios d’anticipation qui imaginent la marche du monde si un événement ne s’était pas déroulé comme il l’a fait. Par exemple, comment serait le monde si l’Allemagne nazie avait eu la bombe atomique ou si la France avait gagné la guerre en 1870. Lien sur la chaîne Le + : Vidéos assez longues (plutôt 15 min) mais qui peuvent être utilisées pour une séquence en commun entre français (le récit d’invention) et Histoire (la période étudiée) en classe.
Revue du Monde
Charlie Danger, archéologue, explore l’Histoire le long de vidéos plutôt drôles, quasi pro et ainsi vraiment agréables à regarder, d’une dizaine de minutes. Lien sur la chaîne Le + : Elle traite souvent de sujets un peu macabres, tels que les momies, les squelettes de diamant et les têtes réduites, qui devraient bien plaire aux élèves, souvent amateurs de sensations fortes
Géographie, Géopolitique
HugoDécrypte
Le jeune Youtubeur et étudiant à Sciences Po Hugo Travers propose une série de vidéos, courtes, documentées et dynamiques sur des sujets d’actualité. Il propose un décryptage des événements et des interviews politiques. Lien sur la chaîne Le + : Le format court et l’aisance du jeune homme peuvent faire de bonnes introductions de séquences, en géographie mais aussi en EMI. A voir aussi : Hugo Travers a également une autre chaîne, où il évoque plutôt l’actualité internationale, mais en anglais.
Mister Geopolitix
Des cartes, des graphiques pour répondre à des problématiques type « comment résoudre des conflits » ou « Séparer des pays par un mur ? ». Les vidéos sont assez longues, autour d’une vingtaine de minutes, mais bien documentées. Lien sur la chaîne Le + : Une voix agréable et calme, loin du débit mitraillette de certains youtubeurs. A voir aussi : Un peu moins travaillé mais intéressant quand même : Terra Incognita
Arts
Musique
Les chaînes musicales accessibles pour les élèves de secondaire sont souvent centrées sur le genre préféré du ou de la vidéaste :
Rock, métal : Metalliquoi ?, ou Enjoy the noise
Rap : Le Rapporteur
Opéra : L’Opéra et ses zouzs
Musique classique (que les profs de musique me pardonnent pour l’intitulé fourre-tout) : Révisons nos classiques
Pour les enseignant.e.s de musique, quelques tutoriels autour de la composition, les altérations, les rythmes : SiFaSil’le Le + : La playlist Tutos.
Histoire de l’art
Muséonaute
Petite chaîne bien fichue qui emmène les spectateurs au musée sur des thématiques précises. Les vidéos durent une petite dizaine de minutes et sont accessibles dès le collège, dont utilisables en cours d’arts plastiques. Lien sur la chaîne A voir aussi :Sous la Toile, une autre étudiante en Histoire de l’art ou REG’Art
Audiovisuel, cinéma, jeux vidéo
Développeuse du dimanche
Lola Guilldou nous fait découvrir les coulisses de la création d’un jeu vidéo en indépendant. Outre l’aspect découverte technique, il peut aider pour orienter une recherche de métiers. Lien sur la chaîne Le + : Une femme qui présente son métier de développeuse, ça aide à casser les clichés…
Le Fossoyeur de films
François Theurel est un fou de cinéma et a développé sur sa chaîne toutes sortes de formats pour en parler. Top 10, Après-séances, courts-métrages qui mettent en scène son personnage de fossoyeur qui déterre les pépites cinéma. Lien sur la chaîne Le + : La vidéo « Manuel de savoir-vivre du spectateur », qui devrait être montrée à tous les élèves avant une sortie au cinéma.
Game Spectrum
Chaîne qui parle des jeux vidéo comme sujets d’étude (et non pas des captations de jeu, qui intéressent beaucoup les élèves, mais qui sont plutôt du loisir). Lien sur la chaîne
Spécial Professeurs documentalistes
Les chaînes présentées ci-dessous sont plus spécifiquement à destination des profs docs. Ce sont des chaînes qui traitent des médias en général, et qui peuvent être utilisées soit en cours, soit à titre de veille professionnelle.
Le roi des rats
Large audience pour ce youtubeur anonyme qui dénonce des faits de société liés aux médias ou à Internet qui lui semblent importants : travail des enfants sur Youtube, téléréalité etc. Il y a clairement un parti pris, mais il peut être intéressant de jeter un œil, ne serait-ce que pour comprendre son audience. Lien sur la chaîne Le + : Sa vidéo qui explique le fonctionnement de Tik Tok et qui a bien circulé sur les réseaux professionnels des profs-docs.
Fils de Pub
Petite chaîne pour décrypter les mécanismes de la publicité et du marketing pour donner envie d’acheter des produits. Le youtubeur parle du McDo et de parfum, produits courants dans l’environnement des élèves. Plutôt pour le niveau lycée. Lien sur la chaîne
Hygiène Mentale
Excellente chaîne où Christophe Michel explique les mécanismes de l’esprit critique avec des animations. Le propos est assez fouillé et les vidéos assez longues (15 min), ce qui en fait plutôt une chaîne pour le lycée, voire pour les enseignants. Lien sur la chaîne
Officiel Defakator Defakator est un superhéros en cape et masque qui démasque les fake news ! La Terre est plate, les extraterrestres sont parmi nous, etc. Mais comme chaque vidéo dure entre 30 min et une heure, c’est clairement un outil de préparation de séances pour les profs docs.
Aude WTFake
Aude est journaliste et décortique les mécanismes des fake news, théorie du complot, site douteux, etc. Contenu sérieux et présentation pop, les vidéos sont réussies et facilement exploitables dès le collège. Lien sur la chaîne
Des Médias presque parfaits
Chaîne intéressante mais plutôt pour de la veille documentaire pour les profs-docs. Lien sur la chaîne
Absol Vidéos
Je classerai cette chaîne plutôt en EMI qu’en informatique, car le jeune homme a un discours assez conséquent sur Youtube et les mécanismes de diffusion de l’information sur Internet. Plutôt pour de la veille professionnelle. Lien sur la chaîne Le + : Des entretiens assez longs avec des personnalités de Youtube mais pas que.
À part pour celles qui sont explicitement destinées aux enseignants, ces vidéos sont de la vulgarisation, elles n’ont pas vocation à remplacer un cours. Toutefois elles permettent de varier les approches et de se familiariser avec la syntaxe de ce langage très familier aux ados. Humour, travail sur le montage, citation et apparition (featuring, abrégé en ft.) dans les vidéos les uns des autres sont les constantes de ces vidéos, qui font ainsi passer des informations sérieuses dans un format ludique.
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots l’ambition éditoriale de cette nouvelle revue ?
Son ambition est d’essayer de donner le goût de la lecture de reportage. Le reportage, l’histoire vraie, le témoignage : tout ce qui raconte le monde qui nous entoure. Nous aimerions que Dong ! propose aux lecteurs de 10 à 15 ans un rapport à l’actualité un peu différent, plus distancié, sur l’air du temps plus que sur l’actualité immédiate.
Pourquoi privilégier le format du reportage, et plus généralement, à lire votre premier sommaire, du témoignage direct : reportage, autoportrait, entretien, mon histoire ?
Parce qu’il nous semble important de réfléchir ensemble au rapport à l’actualité proposé aux jeunes lecteurs aujourd’hui et de proposer des alternatives. C’est une génération qui a le smartphone en poche, une génération surinformée… Tous ces témoignages directs que nous donnons à lire dans Dong ! explorent le monde qui les entoure. Prendre le temps de lire, se plonger dans ce monde-là avec une revue de papier entre les mains, accepter un rythme de narration différent permet d’appréhender autrement les autres et peut-être mieux les comprendre et faire preuve d’un peu plus d’empathie…
Pourquoi ce nom : Dong ! ?
Pour des tas de drôles de raisons. Disons que c’est le résultat de très nombreuses listes, discussions, fous rires… Nous ne voulions surtout pas faire « faux jeunes », nous ne voulions pas de mot anglais, nous voulions faire envie et ne pas avoir l’air trop sérieux. Un jour, nous sommes tombés d’accord sur Gong (l’idée venait de la couverture d’un livre posé sur l’étagère du bureau d’Isabelle Péhourticq, éditrice documentaire Actes sud jeunesse à l’origine du projet avec moi), mais ce mot n’était pas libre (déposé par un groupe allemand dont c’est le titre d’un journal télé) ! Bref, un peu déçus et las car nous avions déjà un beau logo, on s’est dit que si on prenait Dong, on aurait qu’une seule lettre à changer ! Et finalement, c’est resté. Dong ! s’est imposé et aujourd’hui on adore ce nom. Il répond aux contraintes fixées initialement, il est léger et dynamique, c’est une onomatopée qui donne de l’élan…
Quel est le public cible ?
Les 10/15 ans. Cela peut sembler large, et en fait les lecteurs de cette tranche d’âge-là ont des niveaux de lectures et des centres d’intérêt très variables. Mais cela correspond à l’âge du collège. Nous avons fait en sorte que les textes soient accessibles sans être simplistes. Si des notions ou des mots sont un peu plus complexes, ils sont normalement toujours compréhensibles dans le contexte. Quelques mots sont quand même parfois expliqués en bas de page, mais nous avons essayé de ne pas en abuser pour ne pas alourdir la lecture. Par ailleurs, une rubrique du site a vraiment été conçue pour être complémentaire. Dans « Les plus », le journaliste apporte des précisions plus théoriques sur le sujet (par exemple, pour le premier reportage dans une classe UPE2A, on trouve le nombre d’élèves ainsi scolarisés, l’origine de ce dispositif…).
Dans un contexte de difficulté de la presse écrite, pourquoi ce(t audacieux !) pari ?
Parce qu’on y croit, même si on sait que c’est difficile ! Parce qu’on est convaincu que c’est important… Quand on lit l’enquête passionnante « L’abus de smartphone rend-il idiot ? » dans le Télérama n° 3594, on en est encore plus convaincu !
Comment s’organisent la rédaction de la revue et les rapports avec la maison d’édition Actes Sud ?
La rédaction en chef se fait en collaboration entre Isabelle et moi. Nous discutons beaucoup toutes les deux des sujets. Tous les avis sont bienvenus : le directeur artistique, Kamy Pakdel, notre secrétaire de rédaction, les graphistes… participent, et Thierry Magnier, directeur de la publication, nous fait aussi part du sien. Les auteurs sont indépendants et nous espérons qu’au fil des mois, ils seront de plus en plus impliqués pour nous proposer des sujets et que Dong ! soit le rendez-vous d’auteurs désireux de partager leur goût du reportage.
Comment le monde de la presse et le monde de l’édition se rencontrent-ils ?
Dong ! n’est pas vraiment un livre et pas vraiment un magazine. La rencontre se fait naturellement : les documentaires d’Actes Sud junior ont toujours incarné un regard, un point de vue sur le monde, avec une approche assez journalistique d’une certaine manière. La filiation avec la revue se fait assez naturellement. Et puis, comme nous portons le souhait de proposer un rapport à l’actualité plus doux, plus lent, le monde du livre, du papier est cohérent.
Qui sont les contributeurs ?
Des auteurs, des journalistes, des illustrateurs, des photographes… Tous viennent d’univers et d’horizons assez différents mais ils ont tous l’envie de s’adresser à de jeunes lecteurs. Trois rubriques sont directement écrites par des lecteurs (la correspondance en partenariat avec La Fondation d’entreprise la Poste, le témoignage en partenariat avec la ZEP, Zone d’expression prioritaire, la rubrique Ma mère revue et corrigée).
Il y a quelques photos, mais le parti pris graphique semble résolument tourné vers l’illustration : pourquoi ce choix ?
Le parti pris est surtout de montrer à quel point les visuels racontent aussi un sujet de reportage. Illustrations ou photographies ne viennent pas « souligner » le texte, ils apportent autre chose, comme un jeu de regards montrant les différentes facettes que peut prendre un sujet. Bref, dans Dong ! il y aura normalement autant d’illustrations que de photographies selon les sujets. Dans le numéro 2 par exemple, il y aura un reportage raconté essentiellement par les images d’un photo-reporter et le texte sera moins conséquent.
Ne craignez-vous pas que la longueur de certains articles (sans encadrés) ne décourage des ados qui ont plutôt tendance à faire de la lecture fragmentée ?
Cela fait partie du pari ! En fiction, ils prouvent qu’ils savent avaler des pavés… Nous avons le souci de soigner la narration pour les emporter dans notre histoire. C’est aussi dans la continuité de la ligne éditoriale d’Actes Sud junior pour les documentaires.
Pourquoi ne pas avoir créé de rubrique d’actualité culturelle dont on sait les ados friands ?
Parce que nous ne sommes pas un magazine justement, et que d’autres le font très bien. Nous les amenons vers autre chose. Cela ne nous empêchera pas de parler de musique ou de cinéma mais d’une autre façon que l’agenda des sorties.
Des hors-séries sont-ils imaginés ?
Nous en avons très envie et les thèmes ne manquent pas !
Dong ! est-elle présente sur Internet ? Si oui, de quelle manière ?
Un site est en ligne depuis mi-novembre. Il présente la revue en détail et comporte un contenu inédit dans la rubrique Les plus. Là, les auteurs racontent de façon très personnelle la façon dont ils ont travaillé et appréhendé le sujet. L’enjeu est de décrypter le travail médiatique et d’expliquer la façon de travailler des auteurs et journalistes mais aussi d’assumer leur subjectivité, leur regard, leurs hésitations, leurs appréhensions, leurs satisfactions.
C’est à la suite de mon premier article paru en 2005 que j’ai été convié à participer à un comité de rédaction par Chantal Nicolas, la rédactrice en chef de l’époque. Impressionné d’être invité par cette revue que je lisais depuis vingt ans et qui était, à mes débuts, le seul lien entre documentalistes, j’étais arrivé très en avance et dans mes petits souliers (ce qui est à la fois un zeugma et une litote car je chausse du 47). José, sans doute en raison de l’horaire matinal de son train, était déjà là. Il m’a aussitôt accueilli avec une grande chaleur, enveloppante, qui chassa le trac de me retrouver devant une vingtaine de personnes que je ne connaissais pas. Il me donna immédiatement l’impression que je faisais partie de « la famille », que j’étais adopté. Au fil des réunions, au fil des ans, j’appris à le connaître, à l’aimer.
José était un homme bienveillant. Toujours prêt à monter au créneau pour défendre notre profession, toujours prêt à soutenir un collègue, José était toujours confraternel.
José, grand lecteur de journaux, avait trouvé sa juste place à la tête de notre revue. Sans lui, elle ne serait pas ce qu’elle est.
José avait une autorité apaisante. Lors des échanges parfois vifs entre les membres du Comité de rédaction, il intervenait et tranchait, c’était son rôle, mais en prenant à chaque fois en considération les opinions des uns et des autres pour que personne ne se sente oublié ou blessé.
José était d’une grande rigueur intellectuelle et morale. Pas d’étroitesse, pas de bassesse d’esprit chez cet homme-là.
José était respectueux des autres. Il avait ainsi un respect quasi filial pour Roger Cuchin, le fondateur de notre revue.
José n’a jamais cessé de nous accompagner, et lorsque, parfois, le vent mauvais nous traversait, il était toujours là pour nous conseiller ou annoncer des jours meilleurs.
José donnait l’impression d’être un homme solide, un pied ancré dans sa terre ardéchoise, l’autre en Espagne, du côté de Valence. Même s’il n’a pas gagné son dernier combat, il s’est toujours battu vaillamment.
José était rieur. Je revois son grand sourire, ses yeux qui pétillaient et ses épaules qui se secouaient lorsque je sortais une mauvaise blague (je n’en connais que des mauvaises !).
Comme qui aime bien, châtie bien, je l’avais gentiment chambré dans le début de mon billet « Pour en finir une bonne fois pour tout avec la culture », qui, je sais, l’avait amusé :
« Lorsque le mercredi 14 octobre 2009, au cours du Comité de Rédaction de votre revue préférée José Francés, notre vénéré directeur de la publication, pointa son doigt sur moi en m’interpellant : « Pour le numéro spécial Culture, Jean-Marc, tu nous feras bien un truc rigolo ? », je me suis retrouvé comme le taureau dans l’arène qui, tête baissée alors qu’il admire tranquillement l’élégance des espadrilles du toréador, sent brutalement l’acier glacé de l’épée pénétrer son cou et briser une à une ses vertèbres cervicales.
La métaphore taurine m’est tout de suite venue à l’esprit car je soupçonne José d’avoir des origines hispaniques. D’autant plus qu’il vient aux réunions d’InterCDI habillé de lumière et que quand on lui demande s’il veut un café, il répond toujours : « Olé ! »
Je ne pouvais me défiler devant une commande aussi pressante de celui dont la photo orne chacun des éditos de la revue et qui, tel le Grand Timonier, guide nos pas dans la purée de pois d’un métier injustement méconnu… »
Salut et Fraternité Grand Timonier
Hasta la vista, compa ñero !
Jean-Marc David
Secrétaire général du CEDIS
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Immense peine.
J’ai eu la chance de connaître José, professeur documentaliste infatigable, exerçant en collège dans le Nord, et militant pour la profession et l’éducation à l’information et aux médias pour tou.te.s.
Je me souviens de ce jour de l’année 2003 où il est venu s’attabler dans le salon de mon domicile parental, à Lens, pour travailler avec moi sur un article qu’on me demandait d’écrire à propos de mon travail de recherche effectué dans le cadre de mon mémoire de Maîtrise en Info-Comm. À propos des « travaux croisés », et de leur perception par les élèves. Un échange d’une grande richesse pour l’aspirante professeure documentaliste que j’étais alors.
Je me souviens de ce numéro de la Revue Intercdi, envoyé par José à mon domicile, et reçu juste avant de prendre le TGV pour aller passer les oraux du CAPES Documentation à Marseille. Sur la première page de cette revue, José avait rédigé un petit mot, plein d’encouragements et de confiance à mon égard. J’ai emporté ce numéro avec moi, et l’ai lu dans le train, le mot de José posé bien en évidence, comme un mantra.
Depuis l’obtention du concours, les années ont passé, mais je n’ai jamais oublié José, sa modestie, sa franche sympathie, sa bienveillance, et sa vision du métier et du monde, sa force de conviction. Je n’ai jamais oublié ce que ce regard profondément confiant avait provoqué en moi, en tant que (future) professionnelle mais aussi tout simplement en tant qu’être humain.
De façon régulière, et toujours discrète, José m’adressait, depuis cette première et forte rencontre, des petits signes, des mots, toujours empreints de cette gentillesse. Aujourd’hui, je garde précieusement au fond de moi chaque mot, chaque regard, chaque expression de ce visage si chaleureux. Et regrette de n’avoir pas dit tout cela à José de son vivant. Même si, je le sais déjà, il aurait balayé ce remerciement d’un revers de la main, baissant les yeux modestement, et disant « Je n’y suis pour pas grand-chose, je fais de mon mieux ».
Mais ce mieux était tant, José.
Anne Cordier
Ex-professeure documentaliste (62)
Maîtresse de Conférences en SIC, Espé de Rouen
Développée dans le cadre du projet « École, numérique et industrie », cette plateforme met à disposition des professeurs des objets industriels accompagnés de scénarios pédagogiques. Le contenu est accessible via un moteur de recherche ou par champ disciplinaire. Un compte CANOPE est obligatoire pour utiliser la plateforme qui est en version bêta jusqu’au 1er trimestre 2019.
Le Maitron libre sur le web
Le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social est en accès libre depuis décembre 2018.
La nouvelle version du site internet incite les internautes à rebondir de fiche en fiche biographique (plus de 187 000), lesquelles détaillent les vies d’ouvriers, d’enseignants, de résistants, de syndicalistes… Iconographies et représentations cartographiques complètent le site.
Lecture numérique
Ambient literature
Ce projet collaboratif de narration numérique interactive, dotée d’un environnement propre, a débuté à l’automne 2018, après deux ans de développement en partenariat avec les universités Bath Spa, Birmingham et West of England. Afin de rendre la lecture plus immersive, le récit prend en compte les données mobiles (géolocalisation, météo, heure, date…) au moment de la lecture et induit donc plusieurs scénarios. Avec ce nouveau genre littéraire, les concepteurs espèrent toucher le jeune public plus attiré par la technologie que par l’évasion. En anglais uniquement.
TVA réduite pour le livre numérique
Depuis le 4 décembre 2018, les États membres de l’Union Européenne peuvent appliquer la TVA réduite
ou aucune TVA sur les publications numériques (livre, périodique), ce qui était déjà le cas pour les éditions papier.
Paralleltext, lecture bilingue
Cet outil libre et gratuit en ligne reprend un principe, déjà utilisé dans les ouvrages bilingues papier, qui consiste à mettre en regard deux textes en langues différentes. Une vingtaine d’ouvrages classiques libres de droit sont proposés à la double lecture. Point fort de cette application : la version audio.
Internet
Le ballon web Loon
Le projet du web stratosphérique de Google X se concrétise : un premier accord commercial a été signé avec le Kenya pour relier à Internet les régions isolées à l’aide du ballon Loon. Les ballons seront opérationnels courant 2019, ils évolueront à haute altitude en se dirigeant uniquement avec les vents planétaires. Suite à des expérimentations en Nouvelle-Zélande, au Brésil, au Pérou ou encore en Australie, la filiale d’Alphabet prévoit de créer un ensemble connecté sur la même latitude.
Fin des téléphones fixes traditionnels
Depuis le 15 novembre 2018, il n’est plus possible de s’abonner à une ligne de téléphonie fixe sur le réseau historique RTC (réseau téléphonique commuté). Actuellement, seulement 25 % des lignes de téléphone ne passent pas par Internet. D’ici 2023, l’opérateur prévoit un abaissement de ce chiffre à 15 %. À partir de cette date, Orange débranchera progressivement le réseau téléphonique commuté et fournira aux abonnés un boîtier qui numérisera les conversations.
Droit et données personnelles
RGPD et hausse des plaintes
Depuis la mise en œuvre du RGPD, la CNIL enregistre une augmentation constante des plaintes portant majoritairement sur des demandes de suppression des données personnelles. La plainte de l’association La Quadrature du Net contre les GAFAM constitue le dossier le plus important de la CNIL. Le texte européen semble s’imposer au niveau international.
Face au harcèlement en ligne des enfants
Le partenariat entre l’ONG e-Enfance et les réseaux sociaux se resserre, que ce soit pour la réactivité face au harcèlement, pour le financement de l’association, la visibilité sur les plateformes ou encore la collaboration pour créer de nouveaux outils. Facebook a lancé, en novembre, un fonds d’un million d’euros pour des projets qui visent à promouvoir les comportements responsables sur le web.
Base de données et moteur de recherche
Qwant au Parlement
Le moteur de recherche européen a été installé fin 2018 sur tous les équipements informatiques de l’Assemblée nationale. Le ministère des armées et le conseil régional d’Ile-de-France devraient suivre la même voie. Objectif du gouvernement : montrer l’exemple en utilisant un moteur de recherche qui respecte la vie privée puisqu’il ne conserve pas d’historique de navigation, ni de cookies et n’affiche pas non plus de publicités. Pour rappel, Qwant est, en partie, financé par l’Europe (BEI), sa part de marché en France s’élève à 0,6 %.
Le Grand Mémorial
Créé dans le cadre du centenaire de la guerre 14-18, ce site propose de retracer le parcours d’un poilu grâce à la mise en ligne de plus de 8,1 millions de fiches matricules de soldats de la Grande Guerre et de 1,3 million de fiches des Morts pour la France. Deux modes de recherche sont disponibles : simple en entrant le nom du poilu ou bien avancée avec les filtres suivants : lieu, date, profession, diplôme, type de document et base de données. Les internautes peuvent participer à l’annotation collaborative des registres matricules proposée par certains services d’archives départementales.
Grand Mémorial
Audio et vidéo numériques
Les premiers sons de Mars
Le robot InSight de la Nasa a divulgué les premiers sons de la planète rouge. Ils proviennent des vibrations de l’air sur le capteur de pression et de l’enregistrement par le sismomètre des vibrations à l’atterrissage dues au vent. Contrairement à sa structure, l’environnement sonore de mars reste encore totalement méconnu.
Lasso de Facebook
Mark Zuckerberg lance une nouvelle application pour mettre en ligne des selfies vidéos de quelques secondes. Il espère ainsi se maintenir dans la course auprès des jeunes, lesquels raffolent de l’application chinoise TikTok grâce à laquelle ils peuvent danser et/ou chanter en play-back pendant 15 secondes sur un morceau de musique. Lasso est destiné à être élargie à tous les divertissements avec option de publication vidéo dans les stories de votre compte Faceboook.
Application Lasso de Facebook
Shows de Snapchat
Depuis le 17 novembre 2018, en France, cette application intègre des émissions au format court – quelques minutes – en partenariat avec les grands groupes de médias : BFMTV (la Pépite, le look à copier), France Télévision (Slash), M6… Ces contenus, du divertissement pour l’essentiel, sont ajoutés dans la section Discover afin de capter les jeunes téléspectateurs qui désertent la télévision traditionnelle. Contrairement aux USA où la section vidéo a été lancée depuis plus de 2 ans, Shows France ne produit pas de contenus originaux pour le moment.
Sécurité informatique
Solid, Coffre-fort du web
L’inventeur du World Wide Web, Timothy John Berners-Lee, a créé un système de gestion de données personnelles d’un nouveau genre. Il s’agit d’un coffre-fort numérique qui contient les identifiants, mots de passe, contacts, rendez-vous, préférences musicales, etc.… d’une personne. Lorsque cela est nécessaire, Solid fournit ces informations à des services web sans que les données sortent du coffre de manière à ce qu’elles ne puissent pas être utilisées à d’autres fins. Pour être compatibles, les différents sites internet doivent accepter ce type d’accès. Pas sûr que les GAFAM jouent le jeu !
Images piégées sur Facebook
En décembre 2018, de nombreux internautes ont signalé des images piégées (souvent le début d’une BD) se répliquant sur leur profil facebook et se diffusant, à leur insu, à tous leurs contacts. Selon le réseau social, le problème a été résolu et aucune donnée n’a été collectée.
Fin de GOOGLE+
Google a confirmé les révélations du Wall Street Journal concernant une faille de sécurité et la fin programmée de son réseau social Google+ courant 2019. Cet outil n’ayant jamais vraiment suscité l’intérêt des internautes, Google a saisi ce prétexte pour clore ce réseau et ne souhaite pas revenir sur cette décision, malgré les protestations des utilisateurs, lesquels ont, pour la plupart, commencé à migrer sur d’autres réseaux.
Technologie et objets connectés
Thérapie numérique pour enfants traumatisés
Les traitements chimiques sont interdits pour soigner ou soulager les enfants victimes de stress post-traumatique. Suite aux attentats de ces dernières années en France, une équipe de chercheurs de l’Institut Claude Pompidou de Nice a élaboré une thérapie numérique, expérimentée par une vingtaine d’enfants. Mesure par électroencéphalogramme des effets de films 3D avec odeurs, serious game créé en collaboration avec Genious Healthcare.
Les GAFAM et l’habitat
Chaque jour, les géants du net sont un peu plus présents dans nos logements. Apple (Homekit, Siri), Google (Google home) et Amazon (Alexa) misent de plus en plus sur le marché de la maison connectée. De son côté, Facebook développe le Marketplace (plateforme de vente entre particuliers) pour les membres de son réseau avec possibilité de proposer des locations immobilières. Seul Microsoft n’a pas encore investi la domotique.
Sac à dos connecté Lumzag
Terminé les effets personnels perdus grâce à ce sac à dos connecté. Pour cela, il suffit de placer une puce RFID sur toutes vos affaires. Ainsi, lorsque vous vous en éloignez ou si quelqu’un tente d’ouvrir votre sac, une alerte vous prévient via une application sur votre téléphone. De plus, vous pouvez suivre votre sac à dos grâce au GPS, en vérifier le contenu la nuit grâce à des leds, l’utiliser comme borne WI-FI sans oublier qu’il permet de recharger sa tablette ou son smartphone.
Vesta, le robot d’Amazon
Le département des innovations chez Amazon (Lab126) continue d’investir dans les foyers en élaborant un compagnon capable de suivre et de répondre aux demandes d’une personne en communiquant avec des objets connectés. Ce droïde domestique est en période de test et sera probablement en vente d’ici fin 2019. D’autres sociétés, telles LG, Sony ou Asus développent des prototypes similaires.
No future…
AR Hololens dans l’armée US
L’armée américaine a conclu un contrat de 480 millions de dollars avec Microsoft pour l’achat de 100 000 casques de réalité augmentée. Ces prototypes AR Hololens seront destinés à l’entraînement et au combat, bien réels.
Robot chinois au JT
En Chine, l’agence de presse Xinhua a dévoilé le présentateur du journal télévisé du futur, basé sur l’intelligence artificielle. Ce journaliste à l’apparence humaine a été conçu à l’aide du moteur de recherche Sogou. Certains spécialistes se demandent si la technologie utilisée ne serait pas liée aux deepfakes (remplacer un visage par un autre en gardant les expressions tout en changeant le discours). Selon l’agence de presse, le principal avantage de ce prototype serait sa capacité à présenter le JT 24h/24.
Le mois de février est, aux États-Unis principalement, l’occasion de célébrer le Black History Month, le Mois de l’Histoire Noire, celle faite et vécue par les personnes noires. L’objectif de cette manifestation est de mettre en valeur nombre d’événements, de périodes et de représentations culturelles, notamment au sein du système éducatif, alors que ceux-ci sont presque systématiquement mis à l’index au profit de l’histoire globale, celles des blancs.
La littérature, comme témoin d’une époque donnée, est un outil privilégié pour mettre les jeunes lecteurs en contact avec ces histoires, qui sont parfois les leurs et celles dont ils héritent, consciemment ou non. La constitution d’un corpus permet alors de tenter de former un tout, ou du moins de combler certains manques cruciaux dans notre chronologie commune.
Grandes figures de l’Histoire Noire
La collection Histoire et Société chez Oskar Jeunesse est le principal pourvoyeur de récits historiques liés aux communautés noires. Pour n’en citer que quelques-uns, on trouvera dans son catalogue des titres documentaires romancés comme Harriet Tubman, la femme noire qui montra le chemin de la liberté, de Erik Simard, qui relate le parcours de cette ancienne esclave dont le combat contre l’abolition de l’esclavage a permis de mener vers la liberté nombre de ses compatriotes. Ensuite, c’est le portait de Rosa Parks, la femme noire qui refusa de se soumettre que ce même auteur dresse, au cœur de l’Amérique ségrégationniste. Le geste de cette Afro-Américaine, qui refusa de céder sa place dans le bus à un homme blanc, est au cœur de l’ouvrage, lequel s’attache à montrer comment cela marqua un élan important dans la lutte contre la ségrégation. Dans la même veine, Erik Simard ne pouvait bien évidemment pas oublier d’écrire sur Martin Luther King, dans un ouvrage intitulé Je suis un homme qui s’intéresse à son parcours à travers l’évolution d’un jeune membre du Ku Klux Klan, dont la pensée se transforme lorsqu’il découvre le discours de non-violence véhiculé par le célèbre pasteur. Yves Pinguilly quant à lui, dans son ouvrage Aimé Césaire, le nègre indélébile, porte un regard sur les colonies françaises, en l’occurrence la Martinique, en suivant le parcours et la pensée politique de l’anticolonialiste et poète. Enfin, nous pouvons évoquer le livre de Philippe Barbeau sur l’icône sud-africaine Nelson Mandela, humble serviteur de son peuple, qui revient tant sur son cheminement militant que sur son emprisonnement et sa carrière politique.
Par ailleurs, d’autres éditeurs et auteurs s’intéressent à certains événements ayant marqué l’Histoire Noire, notamment aux États-Unis. Un épisode semble avoir particulièrement marqué les esprits tout en s’intégrant aux impératifs de la littérature pour adolescents, de par l’âge des personnes concernées et l’environnement scolaire. Il s’agit de l’application, dans les années 1950, de la décision de la Cour Suprême de rendre inconstitutionnelle la ségrégation dans les écoles publiques, forçant ainsi les établissements à accepter des élèves noirs. Sweet sixteen, d’Annelise Heurtier, met ainsi en scène la jeune Molly Costello (inspirée de la véritable Melba Patillo), qui fût l’une des neuf premiers étudiants noirs à intégrer un lycée jusque-là réservé aux élèves blancs, à Little Rock, dans l’Arkansas, État du sud des États-Unis où la tradition ségrégationniste était particulièrement bien ancrée. Robin Talley à son tour situe son roman Des mensonges dans nos têtes à Davisburg en Virginie, et met en scène les personnages fictifs de Sarah Dunbar et neuf autres adolescents noirs lors de leur intégration dans un établissement scolaire réservé aux blancs. Ces deux romans utilisent le même processus pour montrer le rejet et le traitement infernal qu’ont subi ces étudiants. Les deux héroïnes noires, Molly et Sarah, voix principales de leurs récits respectifs, partagent dans les deux cas la narration avec une autre étudiante, blanche cette fois-ci. Grace dans Sweet Sixteen et Linda dans Des mensonges dans nos têtes sont au départ les pires ennemies de ce projet d’intégration des élèves noirs, mais leur rôle marque finalement l’évolution indispensable de la pensée blanche, de la ségrégation vers l’acceptation.
En bande dessinée, nous retiendrons l’œuvre en trois volumes Wake up America qui retrace, à travers le regard de l’ancien député démocrate John Lewis, compagnon de Martin Luther King, l’évolution de la société américaine et la conquête des droits civiques entre 1940 et 1965.
Grandes figures de la culture noire
L’évocation d’une Histoire noire ne saurait être complète sans l’évocation d’une culture noire. Pourtant, la littérature s’attarde peu sur les artistes de manière générale et, en l’occurrence, c’est la musique américaine qui attire principalement les auteurs. Du côté des romans, Louis Atangana propose deux œuvres dans la collection doAdo aux éditions du Rouergue. Billie H., d’abord, décrit l’enfance de la jeune Eleanora qui grandit seule avec sa mère dans les années 1920 et deviendra la grande Billie Holiday. Dans la même veine, Jimi-X retrace la vie du célèbre guitariste Jimi Hendrix, des premières années passées dans la misère et la violence jusqu’au succès éphémère avant sa mort prématurée à seulement 27 ans.
Enfin, deux bandes dessinées sur deux autres figures de la musique noire sont à évoquer. Coltrane, A Love Supreme de Paolo Parisi, d’abord, retrace de manière presque aléatoire et rythmée la carrière et les rencontres du saxophoniste John Coltrane. Et pour finir, le Josephine Baker, de Catel et Bocquet, parcourt la vie de celle qui est aujourd’hui connue comme la première star mondiale noire. Enfance, début de danseuse, militantisme, de Saint-Louis à Paris en passant par Cuba, les auteurs font ici le portait passionnant d’une artiste aux mille et une vies.
Vies anonymes à travers l’Histoire
Outre les récits s’intéressant à des personnages historiques, la littérature permet de figurer des événements à travers des personnages imaginaires ou des personnes inconnues. La situation américaine est particulièrement explorée et les auteurs s’intéressent ainsi à l’esclavage, la ségrégation et le combat pour les droits civiques.
Marche à l’étoile, d’Hélène Montarde, narre l’échappée d’un jeune esclave, Billy, qui relate son parcours dans un carnet retrouvé plus tard par un étudiant américain, Jasper. Par ce biais, Jasper découvrira de manière concrète les conditions de vie de ses ancêtres. Les Larmes noires de Julius Lester, d’abord édité en littérature générale et désormais disponible au Livre de Poche Jeunesse, fait figure d’œuvre clé du récit sur l’esclavage. Il mêle réalité historique, en mettant en scène la plus grande vente d’esclaves jamais réalisée aux États-Unis, et l’imaginaire, en s’attardant sur le destin d’un personnage fictionnel, Emma, jeune esclave de 12 ans vendue à cette occasion. Autre roman majeur, Black boy de Richard Wright s’attaque à la question de la ségrégation dans les États du Sud où elle s’est appliquée le plus durement. Récit autobiographique, ce texte relate l’enfance et l’adolescence de l’auteur dans les années 1920 : la pauvreté, la violence des blancs, le Ku Klux Klan, le racisme ordinaire…
Tristan Koëgel, avec Bluebird, s’attaque aussi à cette thématique. Situant son récit un peu plus tard, dans les années 1940, l’auteur prend le prétexte de l’histoire de Minnie et de son père, musiciens itinérants, pour parcourir les États du Sud et proposer un regard sur la situation. Alors que l’esclavage est pourtant aboli, le traitement des noirs par les blancs demeure indigne dans cette contrée et dans les plantations de coton. Les deux personnages seront témoins de l’humiliation que subissent les travailleurs noirs et eux-mêmes, victimes du Ku Klux Klan, mais feront aussi de grandes rencontres. Enfin, Le Rêve de Sam de Florence Cadier explore également la thématique de la ségrégation et, au-delà, celle de la lutte pour les droits civiques, à travers son jeune personnage dont les parents sont assassinés pour avoir voulu voter et dont le parcours se fera en parallèle du combat mené par Martin Luther King.
Quelques auteurs se sont penchés sur l’histoire française, liée à la colonisation en Afrique et dans les territoires d’Outre-Mer. Sophie Chérer, par exemple, s’intéresse à une histoire singulière de l’île Bourbon (l’île de la Réunion actuelle). La Vraie Couleur de la vanille relate le destin d’Edmond Albus, qui y vécut au xixe siècle et dont les incroyables connaissances en botanique lui permirent de découvrir le secret de la pollinisation de la fleur de vanille. Par la suite, cette avancée assurant un important développement économique à l’île, le jeune Edmond, cet oublié de l’Histoire, fut bien évidemment spolié de sa découverte par les notables blancs qui ne pouvaient accepter que ce progrès fût le fait d’un esclave.
Autre thème traité dans quelques romans : l’utilisation des populations colonisées comme soldats pendant les conflits au cours desquels la France fût impliquée. Nous pouvons évoquer deux romans mettant en scène des combattants venus d’Afrique de l’ouest : Force noire de Guillaume Prévost et Le Chant noir des baleines de Nicolas Michel. Dans le premier, la rencontre, 70 ans plus tard, d’une jeune fille, Alma, et d’un vieux monsieur, Bakary Sakoro, permet la transmission de l’Histoire grâce au récit témoignage de ce dernier. Bakary vient du Mali et s’engage à 17 ans pour retrouver son frère en France. Comme souvent dans ce type d’œuvre, l’histoire personnelle du protagoniste est l’occasion de raconter la grande Histoire. Le lecteur voit ainsi défiler, à travers le regard du personnage, les horreurs de la Première Guerre mondiale. Le Chant noir des baleines fonctionne un peu de la même manière. Cette fois-ci, le jeune Léon découvre Tierno, un tirailleur sénégalais échoué sur la plage suite au naufrage du bateau qui le ramenait chez lui. Ce nouveau prétexte permet d’aborder sous un angle un peu différent le sort des populations colonisées et envoyées combattre pour un pays et contre un ennemi qui n’étaient pas les leurs.
Problématiques contemporaines
Bien entendu, certains récits dont la trame est contemporaine mettent également en scène des personnages noirs, et permettent alors d’aborder des problématiques actuelles. Le racisme, en premier lieu. Entre chiens et loups, la série de Malorie Blackman, opte pour un positionnement particulier pour aborder la question des rapports conditionnés par la couleur de peau. En effet, l’auteure choisit de créer un monde inversé où les personnes noires, les Primas, seraient la catégorie dominante tandis que les personnes blanches, les Nihils, seraient la catégorie dominée. Ce procédé permet de mettre à jour les différences qui existent en termes de pouvoir, de richesse, d’accès à l’éducation, à l’emploi… Les intolérances et les inégalités décrites, dans la trame du roman et à travers l’histoire romantique qui se crée entre les deux protagonistes Callum et Séphy, sont l’occasion d’une démonstration du racisme structurel qui existe dans nos sociétés.
D’autres romans s’ancrent plus dans la réalité pour nous parler du racisme concret que subissent les personnes noires. Black Saphir, de Marc Séassau, montre les insultes et le rejet que le père d’un ami fait subir à l’héroïne éponyme venue de Mayotte. De même, Erwan, jeune personnage métis du roman Uppercut d’Ahmed Kalouaz, se retrouve, dans un centre équestre où il doit faire un stage, au contact d’un patron caractérisé par un racisme ordinaire très ancré et d’autres personnages emplis de préjugés. Par ailleurs, Jodi Picoult s’attache, elle aussi, à décrire, dans Mille petits riens, ce racisme ordinaire qui perturbe significativement le quotidien des personnes racisées. En l’occurrence, cette réflexion est mise en perspective avec l’histoire de Ruth, seule sage-femme noire de son hôpital, et qui se retrouve accusée du meurtre d’un nouveau-né issu d’une famille de suprémacistes blancs. Cette trame est l’occasion de mettre à jour nombre de comportements courants vécus tout au long de sa vie par la protagoniste et qui, sous couvert de bienveillance ou de manière clairement malveillante, ne sont rien d’autre que des comportements discriminatoires à l’égard des personnes noires.
Enfin, la question des violences policières, particulièrement contre les personnes noires comme cela est fréquemment le cas aux États-Unis mais aussi en France, est traitée par Angie Thomas dans The hate U give Cette thématique est incarnée par le personnage de Khalil, tué par un policier blanc de trois balles dans le dos, sous les yeux de sa meilleure amie Starr. Ce roman prend naissance dans le mouvement Black Lives Matter, dénonçant les violences policières dont sont victimes les noirs, et, basé sur des faits réels, revêt un caractère presque documentaire.
Autre axe intéressant abordé par quelques auteurs : les problématiques liées aux conséquences de la colonisation et qui traduisent l’importance des origines dans la construction identitaire. Sur ce sujet, trois romans peuvent être cités. D’abord, Sarcelles Dakar d’Insa Sané, dans lequel Djiraël entreprend avec sa famille un voyage au Sénégal d’où sont originaires ses parents et au cours duquel il va en quelque sorte se réconcilier avec ses origines. De son côté, Les Déchaînés de Flo Jallier permet, grâce à quatre narratrices de la même lignée mais vivant à des époques différentes, de percevoir les conséquences de l’histoire de ses ancêtres. Ainsi, le lecteur peut notamment découvrir les cheminements d’Amelia, esclave en Martinique, puis de ses descendantes jusqu’à Marie-Jo, adolescente de nos jours qui va s’acharner à démêler son récit familial. Cette question de l’identité est également au centre du texte de Louis Atangana, Une étoile dans le cœur, dans lequel un jeune métis s’interroge sur son identité et sur ce que signifie être noir.
Pour finir, ce corpus peut être complété par une dernière réflexion. Représenter la vie contemporaine des personnes noires, ce n’est pas seulement évoquer les questions de racisme ou les combats civiques, c’est également représenter des modes de vie, des codes… Cette position reste taboue chez nous, où toute idée de communautarisme est généralement perçue comme négative, et ne sera pas exposée en littérature jeunesse. Néanmoins, aux États-Unis, une auteure comme Janet McDonald s’attache à présenter un tableau de la vie quotidienne des noirs américains. Même si leur parution n’est pas récente, la lecture de romans comme Brooklyn babies ou Des tifs et du taf demeure importante dans le but de s’imprégner des conditions de vie quotidienne d’une communauté régie par une organisation systémique de nos sociétés.
Ce corpus, principalement composé d’ouvrages destinés à un lectorat adolescent, tente de mettre en avant des séquences historiques marquantes pour les populations noires et d’interroger également les conséquences sur les descendants et descendantes. Toutefois, il semble important que les jeunes lecteurs ne s’en contentent pas et complètent leur connaissance de ces enjeux socio-historiques par la découverte d’auteurs majeurs, comme James Baldwin, Toni Morisson ou Maya Angelou.
Initialement utilisateur de CDIStat comme beaucoup d’entre nous pour gérer la fréquentation, notamment pour obtenir des statistiques utiles dans chaque bilan annuel, plusieurs éléments m’ont amené à développer un autre logiciel, dès 2015.
D’abord j’ai observé que CDIStat n’était plus développé, que le logiciel n’avait plus vocation à être distribué. À l’occasion d’un échange avec Bernard Cohen-Adad, son concepteur, qui a fait un travail colossal n’étant pas lui-même professeur documentaliste, j’ai glané quelques conseils et encouragements à l’aube du projet. Son programme était développé en Basic, avec un logiciel professionnel qui n’est pas accessible aisément, techniquement comme financièrement. De mon côté, j’ai commencé à travailler en C++, langage de programmation qui permet de créer des logiciels de bureautique à installer dans un système d’exploitation comme Windows et Ubuntu. Finalement, devant la difficulté pour moi de maîtriser ce langage, je me suis tourné vers les langages Web que je connaissais déjà, HTML5 et CSS3 pour l’affichage, MySQL et PHP5 pour la programmation.
C’est d’ailleurs la maîtrise de ces langages qui m’a motivé à développer ce nouveau logiciel dans un environnement web, qui permette ainsi un accès par Internet, de n’importe quel poste connecté ou dans un réseau d’établissement. Par ailleurs les langages utilisés permettent une grande souplesse pour travailler l’ergonomie, le graphisme, mais aussi pour faire évoluer efficacement les fonctionnalités selon l’expérience de chacun et selon les besoins exprimés. Enfin, même si ce peut également être le cas pour d’autres langages, ceux utilisés ici favorisent le principe de la distribution gratuite et libre en ce qu’ils peuvent être plus accessibles que d’autres, tout du moins plus faciles à expérimenter, sans nécessité de logiciels complexes. Dès le départ, la démarche d’un outil libre et disponible gratuitement était évidente, même s’il s’avère trois ans après que je travaille seul encore la programmation et répond alors aux demandes par des ajouts et modifications. Toutefois quelques utilisateurs me donnent parfois déjà les raisons techniques et solutions aux problèmes rencontrés, ce qui est très appréciable.
Une autre raison, essentielle, était de mieux entendre les divers besoins de la profession, sans outil intéressant sur des services d’emploi du temps ou d’évaluation. Il s’agissait donc de développer une possibilité de gérer des emplois du temps avec séances et suivi de ces séances selon les classes, comme d’évaluer les élèves en partant des séquences développées localement.
Les fonctionnalités du logiciel
InfodocLog permet ainsi de retrouver globalement les fonctionnalités de CDIStat, sur la question de la fréquentation du CDI notamment, dans un environnement différent, avec une autre ergonomie, mais répondre aux besoins d’appel, de communication de listes d’appel, de statistiques variées, complètes, avec des options avancées en matière de réservation, ou de fonctionnement par codes-barres ou numéros par exemple. Un journal permet de retrouver les fréquentations de l’année en cours, de les modifier éventuellement en cas d’erreur, avec par ailleurs la possibilité d’intégrer les retards dans le logiciel pour le signaler aux élèves présents. Le fonctionnement en ligne, avec la possibilité d’enregistrer plusieurs utilisateurs avec des droits d’accès différents, permet de donner des droits de visualisation des appels, notamment pour le service de vie scolaire, ou encore pour que les élèves puissent s’inscrire eux-mêmes.
Au-delà d’un respect des réglementations relatives à l’utilisation des données personnelles, les informations nominatives sur les fréquentations ne sont conservées que sur l’année en cours, avec ensuite le maintien de données pour obtenir des statistiques anonymes afin d’observer les évolutions sur plusieurs années, jusqu’à cinq ans.
Le logiciel permet aussi, pour son organisation personnelle et la communication dans l’établissement, de construire des emplois du temps pour le CDI et son personnel.
Ce module permet de suivre soi-même l’organisation pédagogique pour l’information-documentation et l’éducation aux médias et à l’information, avec le suivi des séquences selon chaque classe. Il permet aussi de diffuser l’emploi du temps, en ligne ou encore par PDF imprimable. En lien avec le module de fréquentation, ces emplois du temps permettent de suivre le parcours des élèves selon les séances pédagogiques prévues ou selon que le CDI est ouvert en heure d’étude, de permanence, ou encore dans le cadre de clubs, d’ateliers, de groupes, etc.
On peut aussi utiliser InfodocLog pour enregistrer, préparer et/ou formaliser des séquences pédagogiques, avec un module de création et de modification de séquences. Il est ainsi possible de mettre en relation un niveau, un nom de séquence et des compétences à développer, par exemple, ou bien préciser divers éléments de la séquence pour avoir une trace complète. Il est alors possible de mutualiser les séquences formalisées sur le site officiel d’InfodocLog.
Enfin, un dernier module, en relation directe avec la formalisation des séquences, consiste en l’évaluation des élèves, sous forme d’acquisition de savoirs ou compétences.
Ce module, qui peut pallier l’absence de telles facilités par ailleurs, permet une évaluation par division ou classe, par élève, ou encore par division et par séquence, selon les fiches formalisées. Il est possible d’évaluer selon des grilles existantes, ainsi les savoirs proposés dans le curriculum de l’APDEN [Disponible sur www.apden.org/Vers-un-curriculum-en-information-346.html], les compétences du référentiel EMI, mais il est aussi possible d’intégrer une grille personnalisée d’évaluation. On peut suivre les évaluations équivalentes des deux grilles existantes d’une année sur l’autre, et observer la progression de chaque élève sur trois ans, après quoi les données nominatives sont supprimées.
Cet ensemble de quatre modules s’appuie sur une base d’élèves modifiable, et sur un ensemble important de paramétrages qui permettent de répondre au mieux aux besoins locaux, selon le type d’établissement, la volonté d’inscrire les élèves individuellement ou par groupe, par l’action du professeur documentaliste, d’autres personnels, par les élèves eux-mêmes, etc.
Installation et découverte du logiciel
InfodocLog nécessite, pour fonctionner, un hébergement web et une base de données. Il peut être installé sur un serveur local ou sur un serveur distant. InfodocLog est compatible PHP 5.6 et 7, ce qui permet de l’installer sur la plupart des serveurs, éventuellement sur un serveur d’établissement quand l’administrateur est d’accord. La meilleure solution reste toutefois logiquement l’hébergement distant, sur un serveur académique quand cela existe, sur un serveur pris en charge dans l’établissement parfois, ou encore par un service externalisé d’hébergement mutualisé.
Un ensemble de tutoriels, sur le site officiel du logiciel, doit faciliter la prise en main d’InfodocLog jusqu’à en comprendre tous les paramétrages et toutes les subtilités, avec près de cinquante sections pour cette découverte. Par ailleurs, il existe une liste de diffusion spécifique, pour l’information sur les mises à jour, l’entraide, ou même proposer des améliorations, des nouveautés, des corrections.
Il existe ainsi des mises à jour régulières, avec une souplesse de programmation qui permet de satisfaire la plupart des demandes, grâce à un travail d’autoformation sur trois ou quatre ans qui m’amène à mieux maîtriser les arcanes de la programmation. De même l’interface a eu droit à un important renouvellement à l’été 2018 pour davantage de clarté et, je l’espère, une meilleure ergonomie.
Début 2019, la communauté continue à grandir, ce qui permet d’affiner l’outil, d’abord pour le module de fréquentation, le plus utilisé, puis pour la gestion des emplois du temps, en attendant une pratique plus importante de l’évaluation des élèves par ce biais.
Au bout de quatre années, le logiciel est clairement avancé et viable, en espérant que la communauté d’utilisateurs continue de se développer pour permettre une évolution continuelle, sans oublier le besoin de programmeurs et de graphistes volontaires pour participer à cette aventure !
Un « univers » IDDOCS
Le travail autour d’InfodocLog m’a redonné goût pour la programmation, activité que j’avais laissé de côté pendant six ans parce que je n’avais pas de projets concrets. D’autres idées ont alors pu prendre forme, depuis lors, suivant des difficultés à aborder certains sujets avec les élèves.
Des outils de simulation
Déjà développés et opérationnels, ce sont deux simulations, l’une de moteur de recherche, l’autre de média social en ligne. Initialement l’idée était de permettre aux élèves de comprendre le fonctionnement technique de ces outils numériques, ou leur face cachée, en les manipulant eux-mêmes, en découvrant par eux-mêmes, à leur rythme.
C’est ainsi que Webfinder, pour le moteur de recherche, et Weblink, pour le média social, permettent de visualiser, au fur et à mesure de plusieurs exercices l’interface publique d’un côté, et la base de données normalement non visible de l’autre. Le principe est de comprendre comment les informations affichées varient selon ce qu’on trouve dans la base de données, selon la complexification des algorithmes pour le moteur de recherche, selon l’alimentation de la base pour le réseau social.
Webfinder est accessible sans nécessité de comptes, tandis que Weblink nécessite un compte pour le professeur documentaliste, sur l’installation IDDOCS, mais peut être installé sur un autre serveur, ces deux simulations étant également sous licence libre.
Une perspective pour la suite serait de développer une interface d’évaluation des pages web et des images trouvées sur le web, avec la proposition de formulaires de recherche d’informations pour mesurer la fiabilité d’une page, la crédibilité d’une image. Ce travail doit prendre en considération toute la complexité de ce type d’évaluation, sans proposer de notation ou de grille automatique, mais bien en amenant les élèves à relever un certain nombre d’informations sur le document qu’ils consultent. Le principe graphique est de disposer les formulaires d’un côté, les documents de l’autre, sous forme de fenêtres incrustées, ou iframes, avec un ensemble construit par l’enseignant autour d’un sujet ou d’un thème.
En souhaitant que l’outil prenne forme et soit le sujet d’expérimentations, j’espère que l’idée est en elle-même pertinente, avec la volonté de créer une base de données personnalisables de pages web et d’images à consulter, à évaluer puis à comparer.
Nous avons tous dans nos CDI un espace presse que nous essayons de rendre accueillant avec des présentoirs à journaux, des fauteuils confortables, une lumière agréable. Car nous savons l’intérêt, et même la nécessité d’une presse forte et vivante pour faire de nos élèves des acteurs de notre société et des citoyens responsables.
Mais trop souvent, cet espace est délaissé par nos élèves, voire utilisé à toute autre activité que la lecture de la presse : regarder son téléphone, écouter de la musique, bavarder, et même se bécoter ! C’est du vécu… Nous nous posons alors la question de notre choix de publications : n’y en a-t-il pas assez ? Ne sont-elles pas intéressantes ? Et nous nous tournons vers les nouvelles publications pour trouver celles qui vont enfin séduire et fidéliser nos élèves, celles qui auront LA ligne éditoriale qui correspondra à leurs besoins.
300 à 350 publications jeunesse
Et les supports ne manquent pas : il en naît et il en meurt presque tous les jours. On exagère à peine. On compterait aujourd’hui, tenez-vous bien, trois cents à trois cent cinquante périodiques destinés à la jeunesse1 (une originalité française !), dont une cinquantaine de nouveautés chaque année ! Pourquoi un tel nombre ? Parce que ce marché compte environ 9,6 millions de lecteurs2, ce qui est un énorme gâteau. La presse ado, celle qui s’adresse aux enfants à partir de 10-12 ans, en fait partie. Celle-ci doit séduire un public qui est dans la période de l’adolescence, celle des transformations physiques mais aussi intellectuelles ou relationnelles. Une période où, progressivement, les centres d’intérêt des jeunes se modifient, où le rôle des amis prend de l’importance et où la concurrence des écrans est de plus en plus forte : même si les études3 montrent que nos ados lisent toujours beaucoup des périodiques, en moyenne quatre heures par semaine, cette lecture se heurte à la compétition des écrans, notamment du smartphone mais aussi de la télévision qui fait de la résistance ! Sans oublier la radio : 74 % des 13-24 ans l’écoutent au moins une fois par jour4.
Cependant, il nous faut distinguer deux groupes sur notre planète ado : il y a le premier groupe, jusqu’à 13 ans environ, qui a une curiosité insatiable, ce que nous constatons quand nous sommes en collège. Ce groupe a une consommation média importante quel que soit le support et consacre une part très importante de son temps à la lecture de magazines : 4h30 hebdomadaires en moyenne5. C’est la tranche d’âge qui lit le plus et le plus régulièrement parmi les 1-19 ans. En revanche, le groupe des 13-19 ans lit beaucoup moins : seul un gros tiers a une lecture régulière de la presse6, les autres préférant, et de loin, Internet (vidéos en streaming, téléchargement de musique, jeux, etc.) et les réseaux sociaux (86 % d’entre eux sont inscrits sur au moins un réseau social7).
Pour tous les âges, tous les goûts, tous les centres d’intérêt
À cette concurrence des nouveaux médias, les éditeurs de journaux pour la jeunesse – ne se laissant pas abattre – répondent par le foisonnement et la nouveauté. Allez faire un tour dans votre kiosque à journaux, vous verrez qu’il y en a pour tous les âges, tous les goûts, tous les centres d’intérêt : au hasard, on peut citer, les sciences bien sûr, mais aussi les mangas, la cuisine, ou les stars, les comics, les sports…
De quoi être un peu désorienté devant cette multitude qui n’est pas toujours de très bon niveau. Nous, ce qu’on veut, c’est de l’excellence, de l’originalité, de la créativité, pas des journaux faisant la part belle aux licences ou à des people, pas des magazines genrés qui ne s’adressent qu’aux jeunes filles ou qu’aux jeunes garçons, en résumé, pas des supports pensés par des marketeurs opportunistes qui connaissent très bien leur marché, surfent sur la tendance et qui fournissent à tour de bras des titres formatés. Heureusement cette presse existe et on l’a rencontrée, le plus souvent dans une librairie ou sur Internet (pas ou peu de diffusion en kiosque) ou par le bouche-à-oreille car elle n’a pas toujours la force commerciale des grands éditeurs traditionnels comme Bayard Presse, Milan ou Fleurus (dont on parlera aussi).
Un coup de neuf pour notre kiosque
Il y a ainsi ces magazines qui sont apparus ces dernières années tels Albert ou encore Topo ou Groom pour les plus connus… Des magazines qui se veulent différents des titres qui tiennent le haut du pavé de la diffusion (Science et Vie Junior8, Okapi9, Julie10) par les sujets qu’ils traitent et/ou par leurs graphismes originaux. Des revues publiées par des associations ou des maisons d’édition indépendantes, souvent engagées dans la protection de l’environnement et le développement durable, attentifs aux débats d’actualité, et qui font preuve d’audace et de curiosité. De quoi, peut-être, donner un coup de neuf à notre fameux kiosque presse pour qu’il attire enfin nos élèves récalcitrants.
Petit panorama de ces magazines parce qu’ils le valent bien ! Bien sûr, cela ne sera pas exhaustif et cela sera forcément subjectif… Commençons par Cram Cram. Avec un nom pareil, on pourrait craindre le pire, et c’est pourtant là le meilleur qui se dégage ! On a quand même demandé à Patrick Flouriot, l’éditeur, ce que signifiait ce titre. Réponse : « Le cram cram est une graminée du Sahel, qui ressemble à une petite boule de velcro. C’est très attachant. Le cram cram agrippe aux lacets, au bas des pantalons, aux chaussettes. Il suit les pas des voyageurs. La première idée du magazine nous est venue alors que nous habitions dans le Sahara. » Et effectivement, on confirme, on s’attache à ce titre pas comme les autres : on l’ouvre et on y revient ! Cram Cram est une invitation au voyage. Ce bimestriel convie ses lecteurs à explorer à chaque numéro « un nouveau pays à travers le récit d’une famille globe-trotteuse. Au cours du voyage, ils s’éveilleront à la culture locale, leurs modes de vie et leurs coutumes, et partiront à la rencontre des peuples. En chemin, un reportage, des rubriques pour aller plus loin, l’observation de l’animal emblématique, la fabrication de jouets artisanaux, la dégustation d’un dessert typique et la lecture d’un conte traditionnel illustré. » C’est aussi un magazine collaboratif. Pourquoi collaboratif ? Parce que toute famille globe-trotteuse est incitée à participer à la rédaction du journal en partageant son histoire, et parce qu’il donne la parole à ses lecteurs. On l’aura compris, Cram Cram n’est vraiment pas un magazine comme les autres : collaboratif, sans publicité, ouvert sur le monde et sur les autres. Autre fait marquant, c’est une publication engagée en faveur du développement durable. Ainsi la revue est imprimée à 10 km de son lieu de conception. Pas mal, non ? Le papier utilisé est éco-responsable et 100 % des magazines imprimés sont vendus (alors que la moyenne des journaux diffusés en kiosque a 50 à 60% d’invendus). Et sa diffusion est particulière puisqu’on le trouve dans certains magazines bio, en plus de l’abonnement. Chaque numéro est construit autour d’un reportage dans une région du monde et les rubriques, finement pensées, s’organisent autour : la carto du mois sur une double page, l’Animal du mois, la Grande Histoire (un conte traditionnel de la région en question), le Coin des Curieux qui explique un certain nombre de mots, la Boîte à Idées pour les loisirs créatifs, etc. Voici donc un magazine que l’on a envie de mettre dans les mains de tous nos élèves, en tout cas les plus jeunes, pour stimuler leur curiosité et les encourager à aller à la rencontre des autres, d’autant que sa mise en page est bien structurée et aérée et que les illustrations sont très belles.
Cram Cram magazine
Une presse jeunesse qui parie sur l’originalité et l’intelligence
Dans la même veine d’ouverture sur le monde, il y a Baïka (48 p.), un trimestriel édité par Salmantina qui, depuis novembre 2015, propose à ses jeunes lecteurs (8-12 ans) de découvrir les cultures du monde, mais aussi de les sensibiliser à l’immigration, en mêlant documentaire et fiction.
Nous avons demandé à la rédactrice en chef, Noémie Monier, ce que signifiait Baïka. Elle nous a répondu : « Nous avons choisi le titre Baïka car nous voulions en un mot ouvrir l’imaginaire des enfants sur l’ailleurs. En lisant ce titre, les enfants identifient tous une langue étrangère sans plus de précision, ce qui était tout à fait l’effet escompté. Ils voyagent déjà. En polonais, comme dans plusieurs langues de l’Est, Bajka signifie « conte de fées », « fable ». En japonais, il veut dire « fleur de prunier ». Par ailleurs, le mot rappelle le lac Baïkal. »
Son contenu, donc centré sur « du voyage à chaque page » comme on l’aura compris, alterne les récits mythologiques peu connus, un reportage, une BD, des interviews, des énigmes et des jeux… On aime la rubrique « Les Aventuriers de la mappemonde » qui donne la parole à de jeunes immigrants arrivés en France depuis quelques années et est suivie d’un dossier ludique sur la langue, l’histoire, la faune, l’art de leur pays d’origine. On découvre avec la rubrique 360° un fait historique ou géographique sur plusieurs pages (l’épopée du Canal de Suez, les mystères de l’Île
de Pâques, Aventurières d’hier et d’aujourd’hui, etc.). On notera la part importante accordée aux langues étrangères tout au long du journal (« blagues du monde », écrites dans une langue étrangère et traduites, par exemple), et la volonté d’interactivité avec les lecteurs qui sont conviés à envoyer leurs critiques de lecture.
« Un numéro peut avoir une thématique majeure comme celui sur l’Égypte (Baïka n°10), réalisé avec l’Institut du monde arabe, nous explique Noémie Monnier, mais d’ordinaire il y a deux thématiques principales (deux dossiers pays) par numéro. Notre ligne éditoriale étant l’ouverture à la diversité, nous aimons présenter plusieurs cultures dans un même magazine ». Prochain voyage proposé cet hiver : la mythologie Maya suivie d’un dossier sur le Guatemala (cuisine, géographie, langues), la découverte du Canada grâce à un entretien avec un jeune canadien vivant en France, et un reportage sur les aurores boréales. Baïka nous propose donc un contenu riche d’informations, varié et passionnant, et sans aucune publicité. C’est une très belle revue au dos carré collé, pleine de couleurs, édité sur un beau papier recyclé. Sa mise en page remplie d’illustrations est très agréable. Un support remarquable, intelligent, à mettre en avant dans nos CDI de collège. Continuons notre exploration de cette presse qui parie sur l’originalité et l’intelligence. Nos jeunes collégiens, même s’ils ne s’en doutent pas, ont la chance de bénéficier de ce renouveau des magazines jeunesse, loin des schémas classiques et terriblement encadrés. C’est ainsi qu’on peut mettre entre leurs mains ce journal au titre marrant : Biscoto.
Biscoto est différent des titres précédents par son format journal (35×27), à l’égal des quotidiens pour les grands, mais c’est un mensuel de 20 pages qui met le dessin et l’humour à l’honneur. Édité par une association et géré par des bénévoles, Biscoto a pour ambition de défendre « une presse culottée, indépendante et audacieuse », ainsi que les valeurs antisexistes et antiracistes. Il est, bien sûr, sans publicité. Chaque mois, des artistes s’emparent des vingt grandes pages pour aborder un thème sous différents angles avec des rubriques de BD (l’Histoire du mois), des recettes de cuisine (Slurp !), des portraits, des informations très sérieuses, des expériences, des blagues et des jeux… Le journal fourmille de dessins originaux car il fait la part belle au graphisme non-formaté, qui penche plus vers la caricature que vers les belles illustrations. À souligner qu’il a reçu lors du Festival international de la Bande dessinée d’Angoulême le fauve de la BD alternative, une très belle récompense. Notons aussi que la revue est composée en caractères Heinemann Special, police créée pour faciliter la lecture des personnes dys.
Du côté des éditeurs traditionnels
Si Biscoto n’est pas encore très connu, en revanche Papillote – la cuisine des petits chefs commence à envahir nos CDI, pour le plus grand plaisir de nos élèves. Comment, en effet, résister à ce trimestriel sur papier glacé quand on est gourmand ? À chaque numéro, une cinquantaine de recettes – de débutant à p’tit chef – est présentée de manière très claire, avec de multiples encadrés, de belles photos et des graphismes rigolos. On y trouve aussi des informations sur des aliments, sur l’équilibre alimentaire, l’interview d’un chef ou encore des fiches recettes à découper et à conserver, des jeux… La mise en page est belle, on voit que ce sont des professionnels qui sont aux commandes, mais on regrette la présence de publicités dans le rédactionnel (même si nous savons tous que la presse n’est pas financièrement au mieux de sa forme) et nous aurions aimé plus de culot dans la ligne éditoriale. C’est donc un bon support « pour éveiller les papilles » de nos élèves, classique dans sa forme et dans son contenu, mais qui n’apportera rien de plus.
Les poids lourds des éditions de presse jeunesse ont bien compris qu’il fallait sans cesse se renouveler pour survivre. C’est donc le cas de Milan Presse (26 magazines, 385 000 abonnés) qui a lancé cette rentrée un nouveau magazine scientifique en direction des 8-12 ans, Curionautes des Sciences. Ce périodique met en scène une bande d’enfants de trois filles et deux garçons « qui représentent chacun un regard sur la science ». Ils sont accompagnés d’une mascotte, Curio, qui fait des blagues si on ne lui répond pas de manière scientifique. L’objectif affiché est de « rendre la science accessible à tous » grâce à un grand récit documentaire qui mêle une narration à des schémas et des photos, et de transmettre aux enfants la démarche scientifique. Chaque numéro comporte également un poster sous forme de carte mentale pour synthétiser les notions abordées dans le récit. À retrouver aussi : un test pour connaître les métiers scientifiques et techniques, l’histoire d’une invention célèbre en BD, un carnet d’expériences et d’observations, etc. Pour compléter leur lecture, les enfants peuvent se rendre sur le site du journal et visionner des vidéos de science animée sur un certain nombre de phénomènes, comme l’éruption des volcans ou la formation de la terre. On ne peut qu’adhérer aux cinq points clés de la ligne éditoriale, mis en avant par Milan Presse : permettre aux enfants d’accéder au raisonnement scientifique et exercer leur esprit critique ; lutter contre les fake news dans le domaine de la science ; promouvoir les modèles féminins dans les sciences ; développer une seule question plutôt que d’empiler les informations ; montrer que les sciences peuvent être ludiques et même poétiques. Curionautes des Sciences mérite qu’on le teste auprès des plus jeunes, ceux pour qui Science et Vie Junior est encore difficile d’accès. Un seul bémol : vont-ils adhérer au système de narration du grand récit documentaire, sans accompagnement adulte ?
Quoi de neuf pour les grands ?
Et du côté des plus grands ? Il y a là aussi des publications qui méritent qu’on s’y intéresse. Prenons Kezako Mundi, un magazine de société qui s’adresse aux jeunes à partir de 14 ans. Depuis mars dernier, c’est devenu un mensuel (32 p. / 10 numéros par an) qui offre à ses lecteurs un décryptage des questions de société « sans les considérer comme des enfants et sans jouer sur la corde people ! ». L’objectif est bien d’être au cœur de l’actualité, avec des rubriques qui laissent la place aux images et aux exemples concrets. On apprécie les nombreuses infographies, les encadrés « Dico », les rubriques variées tant scientifiques, que culturelles ou de loisirs. Il faut souligner ainsi la présence d’une rubrique « Hommes/Femmes » qui s’interroge chaque mois sur l’égalité entre les sexes, ainsi que « Les Dessous de l’image » qui décrypte une photographie. On regrettera le choix d’un papier brillant qui fait un peu trop « revue », un peu trop sérieux. Mais les thèmes traités sont toujours très intéressants, sur des sujets qui font débat : les migrants et l’Aquarius, l’égalité des salaires, l’interdiction du cannabis, etc. Le magazine est aussi présent sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram) et sur le web.
Dans le domaine de l’actualité, on ne présente plus TOPO, la revue d’actualités en bande dessinée pour les moins de 20 ans. Ce bimestriel de 144 pages a reçu dès son lancement (après la tragédie de Charlie Hebdo) un très bon accueil dans les CDI des lycées, car il tranche sur la presse généraliste souvent à disposition : de grands reportages dessinés, des chroniques ou des articles de vulgarisation scientifique, permettent de décrypter le monde contemporain, tout cela dans un fort esprit d’indépendance, et avec la volonté d’aiguiser l’esprit critique et d’apprendre à lire les images. Cela dit, nombre de nos élèves n’accrochent pas et il est parfois nécessaire de les accompagner dans la découverte de ce support audacieux.
En revanche, il semblerait que GROOM, revue de bande dessinée destinée plutôt aux collégiens, et édité par Spirou, mette la clé sous la porte, faute de lecteurs, ce qui est bien dommage…
Du côté des éditeurs traditionnels, on remarquera la nouvelle formule de Phosphore, depuis la rentrée 2018, qui est passé à deux numéros par mois (avec une pagination de 54 p.). Dans le numéro qu’on a eu en main, on relève la présence importante des photos, notamment avec la rubrique optimiste, « Treize raisons de se réjouir ». Les dossiers et les reportages s’organisent eux aussi autour des illustrations, avec beaucoup d’encadrés et d’infographies pour une lecture (très) rapide. Le rédactionnel des sujets les plus longs tient sur maximum deux pages, histoire de ne pas trop fatiguer nos ados petits lecteurs… et grands flemmards ! L’orientation et les métiers ont toujours une place importante à côté de sujets d’actualité, de santé, etc. La mise en page est très dynamique et devrait plaire à nos élèves dès la 4e-3e.
Nouvelle formule aussi pour Comment ça marche qui se décline maintenant en trois magazines : Tout comprendre pour les 13 ans et plus, Tout comprendre junior pour les 8-12 ans, et Tout comprendre Max, ex- Tout le savoir qui est trimestriel. Les trois s’adressent aux « passionnés de sciences, de technologies ou d’histoire. »
Tout comprendre, qui est donc destiné aux jeunes à partir de la 4e, met lui aussi en avant les infographies, les schémas et les photographies, pour vulgariser des sujets parfois pointus. Les illustrations sont très belles et les articles variés. Le format,
assez grand, permet une mise en page aérée qui facilite la lecture. Au sommaire, on trouve un gros dossier de 10 pages, une BD scientifique, des rubriques sciences, nature, espace, techno, histoire, et un agenda de plusieurs pages sur les livres, films, jeux vidéo, objets technos, etc.
Tout comprendre junior est quant à lui destiné aux 8-12 ans et met en avant une BD complète chaque mois, un dossier thématique à chaque numéro, des fiches (grammaire et orthographe…) et des rubriques qui se partagent entre Nature, Histoire, Corps, et Sciences. D’un format plus petit que son grand frère, il est moins attractif à notre avis car plus fourre-tout. Un magazine « zapping », en quelque sorte…
On l’aura remarqué, il y a énormément de titres pour les jeunes, et on est loin d’avoir épuisé le sujet. On aura constaté aussi que les nouvelles publications pour la jeunesse sont plus nombreuses pour le niveau collège que pour le niveau lycée, tant il est vrai qu’il est difficile aujourd’hui de cerner les attentes et d’attirer l’attention de cette population aux contours mouvants et aux centres d’intérêt très centrés sur les réseaux sociaux. Mais au niveau collège, malgré la variété des supports, le pari de faire lire à nos élèves des magazines n’est pas pour autant gagné. À nous de tester, notamment lors de la Semaine de la Presse et des Médias (Kiosque Presse) ou encore en achetant un numéro, voire en prenant des abonnements de 6 mois. Ensuite, il nous reste à observer à la loupe le comportement des élèves, ou encore nous pouvons faire des sondages, des questionnaires et/ou des tables rondes sur les nouveautés presse afin de déterminer à coup – presque – sûr les supports qui leur plaisent le plus.
INFOS
Cram cram https://shop.cramcram.fr/
Abonnement 6 numéros : 35 euros
Baïka www.baika-magazine.com
Abonnement : 4 numéros – 38,40 euros
Biscoto biscotojournal.com
Abonnement : 10 numéros par an- 40 euros
Papillotte www.turbulencespresse.fr/
Abonnement : 4 numéros – 18 euros
Curionautes des Sciences www.curionautes.com
Abonnement : 1 an – 10 numéros – 59 euros
TOPO www.toporevue.fr
Abonnement : 1 an – 6 numéros – 75 euros
Phosphore www.phosphore.com
Abonnement : 1 an – 22 numéros – 94 euros
Tout Comprendre www.fleuruspresse.com/magazines/pour-tous/tout-comprendre
Abonnement : 1 an – 11 numéros – 51 euros
Tout Comprendre Junior www.fleuruspresse.com/magazines/juniors/tout-comprendre-junior
Abonnement : 11 numéros par an – 51 euros
Salamandre Junior www.salamandrejunior.net
Abonnement : 1 an – 1 à 2 numéros – 29 euros
Les Arts dessinés www.dbdmag.fr/artsdessines
Abonnement : 1 an – 4 numéros – 60 euros