Au cœur de l’intelligence artificielle. Des algorithmes à l’IA Forte d’Axel Cypel

Le livre d’Axel Cypel Au cœur de l’intelligence artificielle. Des algorithmes à l’IA forte offre, en 480 pages, une exploration du monde complexe et en constante évolution de l’intelligence artificielle (IA). Axel Cypel est ingénieur diplômé de l’École des Mines de Paris, spécialiste de la gestion de projets et de Data science. Auteur et conférencier, il est aussi enseignant à l’École Aivancity1. Il exerce actuellement au sein d’un groupe bancaire différentes fonctions de transformations techniques et organisationnelles axées sur les projets d’IA.

Au cœur de l’intelligence artificielle n’est pas un ouvrage de vulgarisation scientifique à proprement parler, il s’agit d’un ouvrage repère qui présente de manière critique l’IA, son fonctionnement, ses forces et ses dangers, en appui sur des arguments scientifiques. Comme le sous-titre l’indique, Des algorithmes à l’IA forte, Axel Cypel commence par introduire les bases des algorithmes, de manière à permettre une compréhension optimale de la façon dont l’IA émerge à partir de ces éléments fondamentaux. L’auteur s’attache à détailler les différences entre la science (informatique et mathématique) et ce que la presse ou certains auteurs nous expliquent de l’IA.

Quatre parties, très progressives, structurent la réflexion.

La première partie « Expliquer l’IA » (p. 11-136) est organisée autour d’une présentation générale de différents concepts : l’IA, le Machine Learning, la Data science, la pensée computationnelle et l’apprentissage machine.
L’IA, selon l’auteur, vise à donner des « capacités cognitives à la machine, résoudre des problèmes complexes » et plus précisément à lui conférer « des facultés de perception, d’apprentissage, de raisonnement, de décision et de dialogue » (p. 14). Ainsi dotées de fonctions cognitives, les machines pourront se substituer, dans certains cas, aux prises de décisions des individus. Pour son fonctionnement, l’IA (combinaison entre les mathématiques et l’informatique) nécessite une grande masse de données (data).
Les algorithmes, terme largement utilisé par les médias sans être systématiquement explicité, sont définis comme une séquence d’instruction implémentée sur un ordinateur : ils transcrivent « informatiquement des méthodes mathématiques pour parvenir à créer une modélisation d’un phénomène à partir de données ». Quant à l’IA « forte », elle est présentée comme un modèle prédictif, supervisé, souvent décrit à l’aide de formules mathématiques, qui a pour caractéristiques de déléguer à des machines une partie des capacités humaines pour prendre des décisions, pour se substituer aux choix humains.
L’auteur préfère la rigueur mathématique aux envolées journalistiques. Il désapprouve les rapprochements que l’on peut faire entre l’IA et l’intelligence humaine. On en revient toujours, selon lui, à l’expertise humaine ; il n’y a pas d’autonomie des machines. Et il pointe « un discours largement plus pervers et bien plus commun : celui qui consiste à proclamer la neutralité des machines, sous couvert de froide application de la mathématique, leur conférant l’absence de sentiments. On voit clairement qu’il n’en est rien. La machine est aussi neutre que son concepteur, à savoir celui qui a déterminé le critère à appliquer. » (p. 132).
L’intelligence artificielle, comme tout algorithme d’apprentissage machine, est une technique d’optimisation. La nouveauté ne vient, en fait, précise-t-il « que de la capacité de calcul informatique qui de nos jours permet de traiter des problèmes d’optimisation en peu de temps, autorisant des applications concrètes ». Et il conclut qu’il n’y a pas d’outil magique pour capturer un réseau de neurones : « On en revient donc toujours plus ou moins à l’expertise humaine qui va indiquer les bons descripteurs à utiliser et, à tout le moins, labelliser une base d’apprentissage. Et cela porte un nom : l’artisanat… Il ne sera pas possible d’automatiser la recherche des réponses aux problèmes. » (p. 135)

Dans la deuxième partie (p. 137-236), l’auteur développe les « Limites techniques des approches ». L’expression « infirmités de l’IA » est utilisée pour caractériser ces limites qui sont déclinées en petits et grands théorèmes de limitation : à savoir les biais, les boîtes noires, les rêves d’une machine auto-apprenante…
Dans le chapitre sur les petits théorèmes de limitation, l’auteur explique notamment la notion de corrélation (« deux séries de données sont apparemment corrélées sans qu’il y ait de raison logique »). Il souligne, entre autres, que beaucoup de corrélations n’ont aucun sens et qu’il ne suffit pas de disposer d’une grande quantité d’informations pour avoir une grande quantité de connaissances, il existe des corrélations fallacieuses. La Data science reste « une affaire de spécialistes ». Le problème n’est pas de traiter toutes les informations, ce qui serait illusoire, mais de faire « ressortir la bonne » : « Or la bonne, comme la vraie, est une notion sémantique et nécessite donc une interprétation.» (p. 204)
Dans le chapitre sur les grands théorèmes de limitation – un atout de cet ouvrage savant – l’auteur, sans trop rentrer dans des développements et formulations mathématiques, présente comment un modèle peut s’écarter de la réalité par la représentation qu’il propose. Il n’est pas possible, avance-t-il en conclusion, « d’éliminer le doute, de remplacer la confiance » : « La certitude n’existe pas plus en mathématiques qu’en tout autre activité humaine. »

La troisième partie (p. 237-310) est consacrée à la dimension socio-économique du numérique et notamment à l’école. L’auteur traite de sujets variés « autour de l’IA », comme le transhumanisme, les GAFAM, le Bitcoin, la Blockchain. Il propose une réflexion scientifique sur de nombreux thèmes d’actualité, avec des critiques virulentes de certains ouvrages abordant ces mêmes sujets.
« Le transhumanisme est un obscurantisme » selon lui, et à l’occasion il procède à une critique appuyée du livre La guerre des intelligences de Laurent Alexandre, pour sa vision animiste « de l’intelligence artificielle et […] les craintes qui en découlent », lui reprochant de « se complaire dans l’approximation et la simplification à outrance [faisant] d’un discours potentiellement profond un modèle de raisonnement spécieux ». Et il développe des arguments en faveur d’une intelligence artificielle « outil », dénuée de conscience, au service des utilisateurs.
Le chapitre suivant aborde l’omniprésent sujet du monopole des GAFAM, qualifiées de « technologies numériques de désintermédiation ». Les GAFAM se positionnent « comme une fine couche sur les producteurs (où sont les coûts) pour toucher la multitude des gens (où est l’argent)2 ». Ce qui illustre fort à propos le monde contemporain où Airbnb, Amazon, et Google, pour n’en citer que quelques-uns, prospèrent à la faveur, selon lui « de la nullité de leurs concurrents » alors que la réalité est bien plus compliquée. Et d’ajouter que l’efficacité des GAFAM « provient d’une sorte de fantasmagorie selon laquelle une requête sur Internet donne l’ensemble des actions possibles pour un souhait donné » (p. 271).
Un chapitre sur « l’argent technologique », Bitcoin et autres monnaies scripturales complète la réflexion en développant les usages de l’IA dans ces domaines. La technologie Blockchain est alors présentée qui suscite l’intérêt des entreprises et des chercheurs.

Dans la dernière partie (p. 311-445), Axel Cypel ouvre le débat sur « L’IA et le sens du progrès » : danger, éthique et conscience d’une IA forte.
Il revient alors sur l’intelligence artificielle, avec le traitement automatique du langage et notamment la génération de textes (Natural Language Generation) à partir d’une grande masse de données. Il développe ce thème à partir d’exemples précis, comme la catégorisation des mails, ou la création d’un moteur de recherche. Cette partie, assez technique, peut intéresser les professeurs documentalistes par les thématiques traitées, comme l’indexation d’un corpus documentaire, ou la réalisation d’un chatbot, défini comme « un programme informatique donnant l’illusion de comprendre vos requêtes et de pouvoir dialoguer avec vous pour y répondre ». Ce qui l’amène à s’interroger sur la place de l’intelligence artificielle dans ce cadre : « L’intelligence artificielle se situe uniquement dans le moteur de langage naturel, et encore, seulement s’il est construit à partir de Machine Learning. »
L’ouvrage se termine sur les dangers de l’intelligence artificielle, mettant en garde contre tous les thuriféraires du progrès. Il cite en particulier des passages du livre de Luc Ferry La révolution transhumaniste : « On n’y peut rien, nous autres pauvres humains ça se fait à notre insu et c’est gouverné par une force supérieure qui s’appelle la compétition internationale ». L’auteur liste alors toutes les menaces possibles (reconnaissance faciale, résurgence de la guerre froide entre États-Unis et Chine pour financer les meilleurs logiciels, normes européennes et mondiales, réglementations…), sans vraiment développer l’une d’entre elles, mais en s’appuyant sur des ouvrages qui vont traiter le problème, et finalement sans conclure à ce niveau sur un véritable danger de l’IA (mais qui peut savoir ?). Le propos n’est pas inintéressant, c’est l’honnête citoyen qui s’interroge : « La science doit servir et non pas asservir. Son usage à grande échelle, via la transmission radio les algorithmes de Big Data, tend à assigner aux personnes une place prédéterminée » (p. 418).
La question est ensuite posée du bon usage de l’intelligence artificielle, et de l’importance d’une « réflexion éthique » portant « naturellement » sur la définition de ce « bon usage » : une question à laquelle il n’est pas simple d’apporter une réponse car plus le modèle est complexe, plus il est difficile de comprendre la complexité algorithmique.
Le dernier chapitre se termine sur la « Conscience (artificielle), intelligence artificielle forte ». L’intelligence artificielle y est définie de manière plus littéraire que technique, et plusieurs arguments sont développés, concluant sur l’impossibilité d’une intelligence artificielle consciente.

En conclusion avec Au cœur de l’intelligence artificielle, Axel Cypel réussit à rendre des concepts souvent abstraits accessibles même pour les lecteurs peu avertis. L’utilisation d’exemples concrets et d’analogies pertinentes contribue à rendre le sujet moins intimidant et l’approche critique retenue à captiver l’intérêt du lecteur.
L’ouvrage est intéressant, notamment dans ses (premières) parties à dominante technique, et sans trop de formules mathématiques. Les chapitres qui ouvrent des perspectives sur des questions de société pourront être approfondis par la lecture de son dernier ouvrage Voyage au bout de l’IA : ce qu’il faut savoir sur l’intelligence artificielle, récemment publié chez De Boeck supérieur (octobre 2023).
La force du livre est que l’auteur ne se limite pas aux algorithmes de base mais qu’il explore également le concept d’IA forte. Cette extension vers des sujets plus avancés offre une perspective sur le sujet. Il est important de noter cependant que la complexité de certains concepts peut nécessiter une concentration plus approfondie et des prérequis de la part du lecteur.
Un autre intérêt du livre réside dans sa capacité à aborder les implications éthiques de l’IA. Axel Cypel soulève des questions cruciales sur l’éthique et la responsabilité dans le développement de cette technologie. Cela ajoute une dimension critique à la discussion et invite à réfléchir sur les implications à long terme de l’IA.
Au cœur de l’intelligence artificielle d’Axel Cypel constitue ainsi une introduction solide à l’IA, tout en suscitant une réflexion sur les enjeux éthiques et sociaux liés à cette technologie en rapide évolution. Il a, à ce titre, toute sa place dans un CDI, en tant qu’ouvrage ressource pour les enseignants.

 

 

 

Cypel, Axel. Au cœur de l’intelligence artificielle. Des algorithmes à l’IA Forte. Bruxelles : De Boeck Supérieur, 2020. 480 pages. 24,90 euros.

 

La signalétique, l’incontournable du CDI

La signalétique au CDI répond à de nombreux enjeux (accueil, attentes et besoins des usagers, organisation des collections, etc.), ce qui nécessite le respect d’un certain nombre de principes et l’utilisation d’outils dédiés. Revue des objectifs, des éléments-clés et de la méthodologie. 

Plonger dans l’univers de la signalétique d’un CDI nécessite une réflexion stratégique qui englobe les collections mais également l’organisation des lieux, la disposition du mobilier et l’attention portée aux usagers. La signalétique a pour mission d’informer de manière institutionnelle et fonctionnelle, tout en mettant en lumière les différents espaces et ressources, et de guider les usagers dans leurs recherches d’informations.

La mise en place d’une signalétique n’est donc pas anodine. Elle reflète implicitement les choix opérés en ce qui concerne les collections, l’accès à ces collections, la politique d’accueil, ainsi que la manière dont est envisagée l’utilisation des ressources et des services mis à la disposition des publics. Dans un contexte où l’autonomie des usagers et leur accès optimisé au fonds sont des objectifs primordiaux, elle joue un rôle crucial. Elle est un outil au service de cette autonomie, en ce qu’elle facilite notamment l’exploration des collections.

Au CDI, les objectifs sont : créer une atmosphère propice à la familiarisation du lieu par les usagers, faciliter leur repérage et répondre à leurs besoins d’information. Mises en valeur par une signalétique réfléchie, les collections suscitent la curiosité des élèves, ce qui peut les inciter à s’emparer des ressources qui les entourent.

De plus, la signalétique permet d’initier les élèves à l’information-documentation. En effet, selon la circulaire de missions1, le professeur documentaliste, en tant que « responsable du CDI, du fonds documentaire, de son enrichissement, de son organisation et de son exploitation », a un « rôle de médiateur [à jouer] pour l’accès à ces ressources dans le cadre de l’accueil pédagogique des élèves au CDI et plus largement dans le cadre de la mise en œuvre des différents enseignements et parcours. » Si les mots d’organisation du fonds documentaire renvoient, entre autres, à l’organisation de l’espace, le terme « médiateur » pour l’accès à ces ressources dans le cadre de l’accueil pédagogique des élèves au CDI fait référence à la signalétique et à son rôle pédagogique auprès des élèves : leur faire appréhender l’organisation d’un espace d’informations en utilisant le CDI comme exemple. De même, le Socle de connaissances, de compétences et de culture cite dans le « Domaine 2 – cycle 3 : Les méthodes et outils pour apprendre » la compétence « Maîtriser le fonctionnement du CDI (6e) ».

Ces éléments se retrouvent dans le texte « Orientations pour l’éducation aux médias et à l’information (EMI) Cycles 2 et 3 » de janvier 20182 qui énonce dans la thématique – S’approprier et comprendre un espace informationnel et un environnement de travail. Comprendre le fonctionnement des différents médias : « L’élève s’approprie ses espaces et son environnement d’information et de travail, y construit ses repères, en comprend les fonctionnements (lieux : BCD et CDI, environnement numérique, espace personnel de travail…). » (Éduscol, 2018, p. 4)

C’est peu, mais il en ressort en filigrane que la configuration de l’espace du CDI, y compris la signalétique, relève de l’initiation et de la formation des élèves à la recherche documentaire. Et c’est une réalité : celle-ci est utilisée lors des séances de découverte des différents espaces du CDI ou lors de l’initiation au classement documentaire qui permet de localiser les ressources. Le développement de l’autonomie des élèves par le biais de cette dernière se traduit par une meilleure mémorisation des espaces et, par conséquent, par une appropriation plus profonde de cet environnement. Elle contribue également à démystifier ce lieu, car il arrive malheureusement que les livres soient associés à l’échec scolaire pour certains (Lahire, 20213). Enfin, cela permet de répondre aux besoins spécifiques des élèves, notamment de ceux qui sont atteints de troubles dyslexiques ou autres.

Plusieurs signalétiques pour plusieurs fonctions

Pour répondre à ces priorités, plusieurs types de signalétique peuvent être combinées.

La signalétique directionnelle accompagne l’usager tout au long de son parcours, depuis l’entrée du bâtiment jusqu’à la destination finale, en passant par les couloirs, les différents étages, les intersections et les ascenseurs. En amont de sa réalisation, il y a nécessité de se mettre à la place d’un élève et d’observer son parcours depuis le portail de l’établissement jusqu’au CDI, puis de repérer les espaces où fixer des repères.

À l’intérieur du CDI, le placement des panneaux suit les mêmes principes : les déplacements des élèves servent également de repères pour les accrocher là où les élèves les attendent : d’où l’importance d’étudier leurs cheminements dans les différents espaces, mais aussi leurs arrêts (les lieux de croisement, les points de décision) et leurs regroupements. Des études portant sur les flux des usagers en bibliothèque ont mis en évidence que la plupart d’entre eux empruntent un parcours circulaire, en portant le regard vers la droite. La disposition des repères, lorsqu’elle prend en compte ces éléments, « va favoriser la cognition spatiale (mécanismes de repérage et de navigation dans l’espace) et l’appropriation d’un environnement ». (Boudot, Dinet & Lallement, 2008.)

Une bonne signalétique dans un CDI permet ainsi aux élèves de se construire rapidement une représentation mentale du lieu. Un balisage efficace a des conséquences positives en termes de satisfaction et, par conséquent, en termes de fréquentation du lieu.

Autre élément à prendre en compte dans l’élaboration d’une signalétique, les attentes des élèves. L’ambition étant de leur offrir une expérience utilisateur (ou expérience UX) optimale, il est essentiel dans cette intention, de se pencher et de rester à l’écoute de leurs motivations qui sont plurielles lorsqu’ils franchissent les portes du centre. Certains sont pressés, cherchant simplement à emprunter ou à retourner rapidement des livres. D’autres déambulent d’un rayonnage à un autre. D’autres enfin se jettent sur les places les plus convoitées : près des fenêtres, sur les poufs ou les fauteuils confortables.

Chacun arrive avec un objectif (lecture, repos, travail en groupe, découverte de nouveautés, isolement, ou venue pour un moment partagé avec des amis…) et se déplace à l’intérieur des espaces à la recherche de ce qui lui correspond le mieux. Devant ces flux d’usagers dont les objectifs sont divers, il s’agit pour le professionnel de l’information de veiller à ce que tous puissent circuler librement, sans se gêner ou se bousculer.

Pour ceux qui ont une intention bien définie, la signalétique aura alors pour objet de les guider, et de les diriger d’un point à un autre, en trajet direct (signalétique de direction).

Figure 1 – BU Belle Beille, Angers 2015.
Couleur orange, zone calme (modération).
BU Belle-Beille (Flickr), sous licence CC BY-NC-SA 2.0
Figure 2 – BU Belle Beille, Angers, 2015.
Couleur verte, zone libre (autorisation).
BU Belle-Beille (Flickr), sous licence CC BY-NC-SA 2.0
Figure 3 – BU Belle Beille, Angers 2015.
Couleur rouge, zone silence (interdiction)
BU Belle-Beille (Flickr), sous licence CC BY-NC-SA 2.0

 

Cette signalétique fonctionnelle – pour être efficace – sera simple, synthétique et intelligible par tous. Placée à bonne distance du champ de vision des élèves, elle sera aussi modulable pour s’adapter aux évolutions des espaces.

Des éléments indispensables d’information, placés à des points stratégiques, viendront la compléter : les horaires d’ouverture (sur la porte d’entrée), un plan indiquant l’organisation d’ensemble (dans les espaces liminaires), les conditions de prêt (à la banque d’accueil), ou encore les règles en vigueur et interdictions éventuelles (interdictions de circulation et d’accès, par exemple avec le cercle « sens interdit » ; interdiction de manger, de discuter, de téléphoner… avec les lignes jaunes et noires des « zones de confidentialité »). (Burki, 2013.)

Figure 4 – Bibliothèque de Sciences Po Lille.
Photo Charlotte Hénard (Flickr), sous licence CC BY-SA 2.0

Enfin pour faciliter l’identification des différents espaces, une signalétique indirecte peut être utilisée qui participe à créer des ambiances, et qui peut prendre diverses formes. À l’exemple des présentoirs de nouveautés et des expositions thématiques, délimitant un espace Actualités/Culture, destiné à mettre en valeur des ouvrages qu’on a sélectionnés ou des informations qu’on a collectées. Des études récentes préconisent de réserver un espace libre de 10 à 15 % de l’espace total pour accueillir des panneaux d’exposition, des affiches ou des présentoirs (Beudon, 2022).

Ce type de signalétique est utilisé, entre autres, pour différencier les zones chaudes et les zones froides (Beudon, 2021, p. 126-135) : zones chaudes, près de l’entrée, naturellement fréquentée par l’ensemble des usagers ; zones froides dans les espaces en retrait et plus calmes, par exemple au fond de la bibliothèque, dans lesquels ne se rendent que ceux qui ont vraiment une raison pour cela. Que faire alors pour que les usagers s’approprient ces espaces plus excentrés ? Y placer des assises confortables, ou encore les nouveautés les plus demandées, comme les bandes dessinées, signalées par des panneaux grand format placés au-dessus (signalétique d’identification) pour attirer les regards. Si la signalétique permet au lecteur de trouver ce qu’il cherche, elle doit aussi lui offrir la possibilité de trouver ce qui va l’étonner, ce qui va élargir ses connaissances.

Figure 5 – BU Belle Beille, Angers, décembre 2019.
Ex. de valorisation des collections.
Photo Charlotte Hénard (Flickr), sous licence CC BY-SA 2.0

Pour les plus jeunes, il peut être intéressant de choisir une signalétique attirante, ludique, avec des couleurs vives pour stimuler leur curiosité, susciter leur intérêt et les inciter à explorer des rayons ou des collections. Choisir des illustrations avec des personnages célèbres permet de favoriser chez eux une attitude positive envers la lecture et la recherche d’informations. Qui n’a jamais utilisé dans un CDI les héros de Star Wars ou encore les super-héros pour les diriger vers des documentaires sur l’espace et les planètes ou plus largement les sciences et les techniques ?

Figure 6 – Collège Monticelli, Marseille 2023

Des messages-repères pour une compréhension universelle

Concernant le texte, il est conseillé de choisir un message clair et synthétique, de le simplifier au maximum, d’utiliser des pictogrammes et des logos pour une compréhension universelle, et de hiérarchiser les informations, de la plus importante à la moins importante. Les termes techniques, relevant d’un langage professionnel (comme « travées », « collection », etc.), tout comme les abréviations, sont à éviter.

Figure 7 – Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Des conseils (vs des interdits), des symboles lisibles, une connivence avec l’usager.
Photo Charlotte Hénard (Flickr), sous licence CC BY-SA 2.0

Ces messages-repères doivent être lisibles par tous, y compris par les personnes en situation de handicap. D’où une attention à apporter à leur positionnement (hauteur) sur les murs, et à la taille de la police, en adaptant cette dernière à la distance de lecture, et en privilégiant une police simple, sans empattement, évitant les styles italiques, soulignés ou les majuscules.

Figure 8 – Adaptation de la police à la distance

Enfin, la colorimétrie joue un rôle important. Chaque couleur a sa signification, certaines étant standardisées (rouge pour l’interdiction ou le danger, vert pour les sorties de secours ou l’autorisation, jaune pour les travaux, etc.). L’important, au niveau visuel, que les couleurs soient vives ou non, en camaïeu ou dégradé, est de veiller à la cohérence d’ensemble, et notamment à ce que le contraste soit suffisant pour éviter toute monotonie (Valloteau, 2011).

Figure 9 – Contraste des couleurs à respecter

Dans tous les cas, la signalétique sera compréhensible par tous : il ne faut pas oublier que les usagers ont des cultures différentes, et des prérequis variés. Un public allophone n’est pas en mesure de comprendre certains mots écrits, notamment si l’alphabet dans lequel il a appris à lire et à écrire n’est pas d’origine latine. Des élèves dys- peuvent rencontrer des difficultés à déchiffrer certaines typographies et certaines couleurs.

Des pictogrammes compréhensibles par le plus grand nombre, comme ceux réalisés par Livre et lecture en Bretagne (Affilé et cie, 2019), peuvent être adoptés : 27 images libres de droit4, créées par la graphiste Hélène Gerber, et réparties en trois catégories : actions (emprunter, retourner un document, scanner…), documents (livres, presse, jeux…) et espaces (contes, travail, numérique…).

Une mise en œuvre avec les usagers

Pour repenser et améliorer à la fois la signalétique et son appropriation par les élèves, il est possible d’utiliser la méthode du design thinking. Le professeur documentaliste a toutes les compétences pour se lancer dans cette démarche, à la fois « médiateur » (cf. la circulaire de missions de 2017) mais aussi « designer », selon Véronique Gardair, professeure documentaliste et référente culture au lycée Jacques-Ruffié à Limoux dans l’Aude, formatrice dans l’académie de Montpellier :

« En parlant de son métier, [le professeur-documentaliste] évoque nécessairement le lieu ; en pensant pédagogie, il pense espace ; en concevant une séance, il réfléchit aux places de chacun (…) Ainsi, le professeur-documentaliste, puisqu’il intègre dans ses missions une démarche usagers et invite dans sa pédagogie à un décloisonnement et une collaboration, expérimente intuitivement la démarche empathique et collective du design thinking ». (Gardair, 2020).

De quoi s’agit-il exactement ? Retenir une approche design thinking consiste à se mettre à la place des usagers et à les faire participer à la création. La première étape nécessite de réaliser des observations pour comprendre l’expérience et les besoins des usagers : cela passe par un relevé des points de stationnement des élèves, de leurs parcours dans l’espace, et également par des entretiens avec ceux qui fréquentent le lieu comme avec ceux qui ne le fréquentent pas. La deuxième étape photographie tous les éléments de signalétique et les classe afin de repérer les problèmes : texte trop long, panneaux trop nombreux (ou pas assez), signalétique obsolète, etc. La troisième étape s’organise autour de brainstormings avec les usagers et de la réalisation de prototypes à tester sur le terrain, et ce à moindre coût. Il s’agit alors de les interroger, de les inviter à proposer de nouvelles idées, de les accompagner à concevoir et à créer, de les aider à évaluer la faisabilité de leurs projets, etc. Comme le remarque Véronique Gardair, les professeurs documentalistes doivent « apprendre à confier les clés du CDI et à déléguer ». (Gardair, 2020.)

Bien sûr, ce travail n’est pas exempt de problèmes. Par exemple, il peut conduire à une remise en cause de la cotation des documents que les élèves trouvent la plupart du temps complexe, non intuitive et peu en adéquation avec leur lexique, sans parler de leurs difficultés à corréler cette cotation avec l’emplacement physique des livres, comme cela est arrivé à la bibliothèque de l’UTS (University of Technology Sidney). (Narayan, Luca & Beudon, 2017).

Il peut aussi conduire à une grande frustration car c’est parfois un processus lent : les participants auront peut-être quitté l’établissement quand leurs idées seront mises en œuvre ; ou encore, nombre d’idées ne verront pas le jour car elles ne seront pas exploitables.
Ce sont des risques à prendre car les avantages sont nombreux : implication accrue des usagers qui s’approprient le CDI de manière plus profonde, ou encore propositions innovantes auxquelles on n’aurait pas pensé.

Conclusion

La mise en place d’une signalétique efficace revêt ainsi une importance cruciale pour garantir à tous les utilisateurs une pleine utilisation des ressources et des services offerts par le CDI. Cependant cette réalité est trop souvent minimisée car sa mise en œuvre, comme son changement, sont des processus complexes qui exigent du temps pour évaluer et modifier les éléments déjà en place. Les approches innovantes centrées utilisateurs, nous l’avons vu avec le design thinking, peuvent être une aide pour aller au plus près des besoins des élèves et contribuer à améliorer leur bien-être en bibliothèque. L’objectif ultime étant de créer un environnement où ces derniers se sentent non seulement bien accueillis, mais aussi encouragés à explorer, à apprendre et à s’épanouir pleinement.

La signalétique est un atout en ce sens, et elle est riche en possibles. Car si par sa cohérence d’ensemble, elle est un élément facilitateur de l’appropriation des espaces et des ressources, dans le même temps, par la valeur ajoutée forte dont elle est porteuse, elle permet aussi de « distinguer » le CDI : elle contribue à asseoir son identité visuelle, constitutive de son image de marque, et à créer un univers propre, générateur d’émotions pour les élèves et favorisant un sentiment d’appartenance.

Références Bibliographiques

Affilé, Maylis, Bechet, Christophe, Gerber Hélène, Gautier, Michel & Loquet, Christine. Accessibilité et pictogrammes. Livre et lecture en Bretagne, mai 2019, màj 2023. https://www.livrelecturebretagne.fr/publics-eloignes/lecture-et-handicaps/accessibilite-et-pictogrammes

Beudon, Nicolas. Et si les bibliothèques s’inspiraient des grands magasins ? NECTART, 2021, vol. 12, n° 1, p. 126-135. https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=NECT_012_0126&download=1

Beudon, Nicolas. Le merchandising en bibliothèque. Le design des bibliothèques publiques, volume 1. Éditions Klog, 2022.

Boudot, Audrey, Dinet, Jérôme & Lallemand, Carine. Réaménagement ergonomique de la signalétique d’une bibliothèque universitaire : la bibliothèque universitaire de Metz. Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 2008, n° 4, p. 50-56. https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2008-04-0050-009

Burki Reine. La signalétique et la règle : petit voyage en territoire balisé. Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 2013, n° 4, p. 9-12. https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2013-04-0009-002

Gardair, Véronique. Le design thinking pour réinventer le CDI. Le magazine, octobre 2020 https://www.reseau-canope.fr/nouveaux-programmes/magazine/apprendre-autrement/le-design-thinking-pour-reinventer-le-cdi.html

Lahire, Bernard. Culture écrite et inégalités scolaires. Sociologie de l’échec scolaire à l’école primaire. Presses Universitaires de Lyon, 2021.

Narayan, Buhva, Luca, Edward & Beudon, Nicolas. Utiliser le design thinking pour repenser la signalétique en bibliothèque universitaire. I2D – Information, données & documents, 2017, n° 54, p. 59-61. https://doi.org/10.3917/i2d.171.0059

Valloteau, Hélène. Couleurs en bibliothèque : architecture, signalétique, esthétique. Mémoire d’étude, diplôme de conservateur des bibliothèques. Université de Lyon, janvier 2011. http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/document-49067

 

 

La Maison de Jean-Jacques Rousseau à Montmorency

Après la maison de Colette à Saint-Sauveur-en-Puisaye (InterCDI 261), après celle de Victor Hugo à Paris (InterCDI 273) et celle de George Sand à Nohant (InterCDI 284), nous voici chez Jean-Jacques Rousseau à Montmorency, dans la banlieue parisienne. En décembre 1757, le philosophe emménage au Mont-Louis dans cette maison modeste : une cuisine, deux chambres et un cabinet de travail situé au fond du jardin. Il y reste jusqu’en 1762. à propos de cette période, durant laquelle il écrivit ses œuvres les plus importantes, il déclare à Malesherbes : « Ce sont les jours qui ont fait le bonheur de ma vie »

Merci à Favie Guilloux, chargée de médiation et de communication, et à l’équipe du musée Jean-Jacques Rousseau d’avoir répondu à nos questions.

Portrait de Jean-Jacques Rousseau par François Guérin.
Musée Jean-Jacques Rousseau, Ville de Montmorency

Dans quelles circonstances Rousseau arrive-t-il dans cette maison ?
Il arrive au Mont-Louis un peu soudainement. Auparavant, il habitait à l’Ermitage, une propriété de Madame d’Épinay à Montmorency, qui n’existe plus aujourd’hui. Mais la relation entre la femme de lettres et le philosophe se détériore. Le 10 décembre 1757, Madame d’Épinay chasse finalement Rousseau. M. Mathas, procureur fiscal, entend parler de son embarras et lui propose de louer une maison près de la sienne : le petit Mont-Louis. Il emménage sous la neige le 15 décembre 1757.

Dans quel état est-elle ?
Elle est en très mauvais état, ce qui permet à Rousseau de la louer pour une somme modique. Heureusement, des travaux de restauration seront entrepris pendant le séjour du philosophe.

Avec qui vit-il ?
Il vit alors avec sa compagne Marie-Thérèse Levasseur, qu’il rencontre à Paris en 1744. Cette femme, âgée de 23 ans, presque illettrée, travaille comme servante-lingère à l’hôtel Saint-Quentin où loge le philosophe. C’est une personne très importante pour Rousseau : même si leur relation évolue au fil du temps, ils vont passer le reste de leur vie ensemble. Il la présente comme sa gouvernante mais finit par l’épouser en 1768.

Quand et comment cette maison est-elle devenue un musée ?
L’actuel musée, cette demeure dite du Mont-Louis, où vécut Rousseau, est libéré de son dernier occupant en 1936, racheté en 1947 par la ville, et ouvert au public en 1952, à la suite de travaux de rénovation.

Quel mobilier ayant appartenu à Rousseau peut-on y voir ? Comment vous est-il parvenu ?
Vous pourrez découvrir la maison du philosophe à travers une fidèle reconstitution de son intérieur grâce à un ameublement de différentes provenances. Toutefois, une pièce a réellement appartenu à Rousseau… je vous laisse découvrir laquelle in situ, lors de la visite guidée !

Quelles traces de cette maison et de son séjour à Montmorency trouve-t-on dans son œuvre ?
C’est principalement dans le livre X des Confessions que nous trouvons le plus de traces : Rousseau mentionne son logis, le donjon et le jardin. Il évoque aussi son séjour dans sa correspondance, très nombreuse.

Quels sont les ouvrages qu’il a écrits au Mont-Louis ?
Jean-Jacques Rousseau a écrit ici la fin de son roman d’amour Julie ou la Nouvelle Héloïse, un best-seller à l’époque, et termine l’Essai sur l’origine des langues. C’est également ici qu’il a rédigé la Lettre à Mr d’Alembert sur les spectacles, l’Extrait du projet de paix perpétuelle de Monsieur l’abbé de Saint-Pierre et les Lettres à Malesherbes. Puis, il a entamé la rédaction Du Contrat Social et de l’Émile ou De l’éducation, tous deux publiés en 1762. Les quelques années passées au Mont-Louis ont donc été très prolifiques !

À propos de l’« Émile », quels sont ses principes sur l’éducation et les a-t-il mis en œuvre ?
Pour Rousseau, l’apprentissage doit venir de l’expérience et non de la transmission de connaissances. L’enfant doit grandir et apprendre à son rythme. Rousseau est un précurseur ! Ainsi, afin de renforcer la santé de l’enfant dès sa naissance, il préconise aux mères d’allaiter leur enfant plutôt que de les mettre en nourrice.
Mis en œuvre, non : Rousseau a bien eu des enfants avec Marie-Thérèse Levasseur, cinq au total entre 1746 et 1753. Mais n’ayant pas les moyens de les élever, Rousseau décide de les placer à l’Hospice des Enfants Trouvés, une pratique très fréquente à Paris au XVIIIe siècle. Il eut des remords par la suite, et voulut retrouver ses enfants, mais en vain. Cependant, s’il n’a pas mis ses préceptes éducatifs en pratique, d’illustres personnalités seront élevées selon l’éducation rousseauiste : les Dauphins de France (les enfants de Marie-Antoinette) ou George Sand par exemple.

Dans quelles conditions quitte-t-il cette maison ?
À la suite de la publication de l’Émile, Rousseau quitte précipitamment Montmorency et échappe de justesse à la prison et au risque d’une condamnation à mort pour injure à la religion catholique ; il ne reviendra jamais dans la ville.

Sa vie est jalonnée de femmes : Madame de Warens, Madame de Larnage, Marie-Thérèse Levasseur, sa compagne, Madame d’Houdetot. Quels rapports entretient-il avec les femmes ? Peut-on dire qu’il est « féministe » ?
Madame de Warens est sa seconde mère, sa propre mère étant morte à sa naissance. Il reste à ses côtés pendant 14 ans et l’appelle d’ailleurs « maman ». C’est elle qui lui fournit une véritable éducation, jusqu’à l’initier à l’amour charnel. Mais c’est auprès de Madame de Larnage qu’il va découvrir le plaisir. Marie-Thérèse, c’est sa compagne, son amie fidèle et sa gouvernante, mais qu’il n’a jamais aimée d’amour, contrairement à Madame d’Houdetot dont il tomba éperdument amoureux (sans que ce soit réciproque). Elle inspirera le personnage de Julie dans La Nouvelle Héloïse. D’autres femmes, ayant eu le rôle de protectrices, pourraient être ajoutées à cette liste : Mme d’Épinay notamment, ou encore Mme Dupin, dont Rousseau était le secrétaire pour la rédaction d’un ouvrage sur la défense des femmes. Donc les femmes jouent un rôle essentiel dans sa vie, mais dire qu’il était féministe, non ; le terme serait d’ailleurs anachronique. Par exemple, pour lui, la femme doit obéir à l’homme et « toute l’éducation des femmes doit être relative aux hommes. Leur plaire, leur être utiles, se faire aimer et honorer d’eux, les élever jeunes, les soigner grands, les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et douce : voilà les devoirs des femmes dans tous les temps, et ce qu’on doit leur apprendre dès l’enfance. » (Émile ou de l’éducation). Rousseau reste un homme de son époque !

En quoi est-il un philosophe des Lumières ? Quels sont ses liens avec les autres philosophes ?
Rousseau est un philosophe des Lumières car il remet en cause l’ordre des choses, notamment le système politique ou la hiérarchie sociale. Par ses interrogations, il souligne l’injustice et les incohérences de son temps. La multiplicité des philosophes au XVIIIe provoque une émulation qui change en profondeur la société, jusqu’au bouleversement final qu’est la Révolution française. Rousseau était très proche de Diderot jusqu’à son installation à Montmorency où le philosophe eut l’impression que son ami méprisait son choix de s’éloigner de la capitale pour vivre comme un « solitaire ». Outre Diderot, nous pouvons évoquer la relation de Rousseau avec Voltaire. Ce dernier méprisait son travail et sa vision de l’égalité. Mais à l’inverse, Rousseau admirait Voltaire : il participa même financièrement à la souscription d’une statue à la gloire de l’auteur de Candide. Rousseau fut également l’hôte du philosophe écossais David Hume, chez qui il séjourna en Angleterre avant de se fâcher avec lui aussi. Pour résumer, Rousseau a eu des amis philosophes mais il se brouillait très facilement avec eux : il avait un constant sentiment de persécution qui nuisait aux relations qu’il entretenait avec les autres.

Rousseau est connu comme écrivain et non comme musicien, pourtant, il semble que la musique a eu une grande place dans sa vie ?
Elle a tenu une place prépondérante ! Il s’est d’abord fait connaître en tant que musicien. Il rédige près de 400 articles sur la musique dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, ainsi que divers écrits théoriques. Il propose même un nouveau système de notation à l’Académie des Sciences. Son opéra Le Devin du village, joué devant la cour en octobre 1752, remporte un grand succès et aurait pu lui ouvrir une carrière de musicien pensionné. Rousseau est l’un des chefs de file de la querelle des Bouffons car il défend la musique italienne et sa musicalité, contre Jean-Baptiste Rameau, le défenseur de la musique française. Tout au long de sa carrière, la musique reste sa principale source de revenus à travers la copie de partitions.

Quelle est sa modernité ? Que faut-il lire ?
Rousseau est un des premiers penseurs qui remet en cause l’idée que l’être humain, dès sa naissance, peut être mauvais : pour lui, l’enfant naît naturellement bon. C’est ce qu’il appelle « l’état de nature ». De plus, il s’attaque à la propriété privée qu’il estime être la cause de l’inégalité. C’est ce qu’il explique dans Du contrat social, ouvrage qui inspirera les Révolutionnaires quelques décennies plus tard. Il y prône la démocratie : le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Une vraie modernité politique ! Il faut lire Rousseau pour comprendre qu’il n’y a pas de liberté sans le respect de l’égalité.
Au niveau littéraire, Rousseau est également un des précurseurs du « je ». Il raconte sa vie à la première personne du singulier dans plusieurs ouvrages. Le format de ses Confessions sera ensuite recopié, c’est le cas des Mémoires de Mme d’Épinay. Mais c’est principalement au XIXe siècle, avec les Romantiques, que se déploiera l’introspection.

Quelles sont les actions éducatives que vous pouvez proposer aux scolaires ?
Pour les collégiens et lycéens, nous proposons toute l’année la visite guidée de la maison et différents ateliers autour de nos collections, notamment sur le Contrat Social, la gravure et les livres anciens illustrés, et un atelier d’écriture sur l’autobiographie et l’autofiction. Des médiations sont aussi proposées dans le cadre des expositions temporaires d’avril à octobre : contactez-nous pour plus d’informations.

Entrée du musée – Musée Jean-Jacques Rousseau – Ville de Montmorency

Ressources

À MONTMORENCY

Musée
5, rue Jean-Jacques Rousseau, 95160 Montmorency.
Gratuit pour les scolaires et les accom­­­pagnateurs.
Pour prendre rendez-vous : tél 01 39 64 80 13
Du mardi au vendredi de 9 h 30 à 12 h 30 et de 13 h 30 à 17 h 30, et le samedi de 13 h à 17 h 30.
> rousseau-museum@ville-montmorency.fr

Bibliothèque d’Études Rousseauistes
4, rue du Mont-Louis, 95160 Montmorency
Cette bibliothèque est installée dans la « Maison des Commères », une bâtisse du XVIIe siècle surplombant la maison et le jardin de Jean-Jacques Rousseau. Elle propose aujourd’hui environ 30 000 documents imprimés (éditions, traductions, correspondance, bibliographies, monographies, études critiques, thèses, articles de presse, périodiques, etc.), documents d’archives et iconographiques. Uniquement sur rendez-vous.

LE JEAN-JACQUES ROUSSEAU TOUR…

Genève. La Maison Rousseau et Littérature
40 Grand-Rue. Genève
Sa maison natale, située au cœur du quartier ancien de Genève, propose un parcours atypique. Textes, films, livres, images et pièces musicales sont là pour renouveler notre approche de l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau. Ce parcours actualise la pensée du philosophe en la confrontant aux défis de notre époque : éducation, nature et environnement, laïcité, bonheur et citoyenneté

Chambéry. Les Charmettes.
Maison de Jean-Jacques Rousseau
890 chemin des Charmettes, 73000 Chambéry
Jean-Jacques Rousseau séjourne aux Charmettes avec Madame de Warens entre 1736 et 1742 où il découvre les plaisirs de la nature, s’adonne à sa passion pour la musique et poursuit son éducation, aussi bien théorique que sentimentale, aux côtés de « Maman ».
Les Charmettes sont aujourd’hui un musée d’ambiance et de souvenirs littéraires. Le jardin des Charmettes, à la Française, contient une collection de plantes médicinales, potagères, fruitières et condiments comme au XVIIIe siècle.

Ermenonville.
Le Parc Jean-Jacques Rousseau.
Jean-Jacques Rousseau et Marie-Thérèse arrivent à Ermenonville en mai 1778 à l’invitation du Marquis de Girardin. Le philosophe y décède en juillet, à l’âge de 66 ans. Il est enterré dans la petite île des peupliers. Sa dépouille sera transférée au Panthéon le 9 octobre 1794 à la suite d’un décret de la Convention. Il reste dans ce magnifique parc à l’anglaise un cénotaphe qui marque le passage de Rousseau.

BIBLIOGRAPHIE

Collège

Les Confessions Livre I à IV.
(G. F., Magnard Classiques et Patrimoine).
« Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi. » Avec ce livre, Rousseau pose les bases du récit autobiographique qui connaîtra un grand succès du XIXe siècle jusqu’à Annie Ernaux.
Dans cette première partie accessible aux collégiens, il retrace une enfance difficile à Genève, sa fuite, ses voyages et sa rencontre avec Mme de Warens.

Lycées

Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes.
(Folio, Hatier, Flammarion, Nathan). Publié en 1755.
Du Contrat social.
(G. F., Hatier Classiques et Cie philo, Larousse Petits Classiques philosophie).
Paru en 1762, ce texte majeur de la philosophie politique et sociale affirme le principe de souveraineté du peuple appuyé sur les notions de liberté et d’égalité. Un texte qui annonce la Révolution française.

Émile ou De l’éducation.
(G. F., Larousse Petits Classiques).
L’éducation d’un jeune garçon fictif, Émile, étape par étape, jusqu’à l’âge adulte. Des préceptes jamais appliqués par l’auteur qui abandonna ses cinq enfants.

Julie ou La Nouvelle Héloïse.
(Folio Classique, G. F., Le Livre de Poche Classique).
Dans le décor du lac Léman, un jeune précepteur, Saint-Preux, tombe amoureux de son élève, mais leur passion est rapidement contrariée par le père de Julie, qui impose à sa fille d’épouser M. de Wolmar. Un roman épistolaire, véritable best-seller lors de sa sortie.

Les Confessions.
(en version intégrale chez Folio). Publié en 1782.

Les Rêveries du promeneur solitaire.
(Classiques Pocket, G. F.).
« Me voici donc seul sur la terre, n’ayant plus de frère, de prochain, d’ami, de société que moi-même. » Publication posthume du dernier des écrits de Jean-Jacques Rousseau. À la fois autobiographie et réflexion philosophique.

Université

Starobinski, Jean. Jean-Jacques Rousseau, la transparence et l’obstacle. Gallimard, Tel.
Cette thèse universitaire de Jean Starobinski, historien des idées, théoricien de la littérature et psychiatre suisse, est sans aucun doute l’étude la plus complète sur le philosophe. Elle est signée par l’un des meilleurs connaisseurs de la littérature du XVIIIe siècle.

Bande dessinée

Du Contrat social. Soleil. Rousseau en manga, dans la même collection que Le Capital de Karl Marx !

Émile ou De L’éducation. Kurokawa, Kuro Savoirs.

Sandrine Revel. Pygmalion. Les Arènes bd. Avant George Bernard Shaw, Rousseau proposa son interprétation du mythe de Pygmalion. Sandrine Revel l’adapte avec délicatesse.

Articles de presse

Les Collections Lire magazine littéraire, n° 17. Jean-Jacques Rousseau, l’ombre des lumières. Dossier de 36 pages extrait du Magazine Littéraire n° 514.

Jean Jacques Rousseau. TDC n° 1027, janvier 2012 : numéro entièrement consacré à Jean Jacques Rousseau, à l’occasion du tricentenaire de sa naissance.

Mondot, Jean-François. Révolutionnaires ? Cahiers de Science et vie n° 152, avril 2015, p. 47-51. L’influence des philosophes des Lumières sur la Révolution française.

FILMOGRAPHIE

Von Flotow, Katharina. Jean-Jacques Rousseau, tout dire. P.S. Productions ; Arte, 2012, 88 mn. Biographie de Jean Jacques Rousseau réalisée à partir de la lecture des Confessions, à l’occasion du tricentenaire de sa naissance.

Jean-Jacques Rousseau, le proscrit de Genève. Arte, 2022, 15 mn.

SITOGRAPHIE

SIAM JRR : Société Internationale des Amis du Musée – Jean Jacques Rousseau. Blog collaboratif réalisé par l’association « Société internationale des amis du musée Jean-Jacques rousseau » dont l’objectif est de : « favoriser toute entreprise visant à mieux faire connaître l’œuvre de Rousseau dans le monde ».
> https://jjrousseau.net/

Jean Jacques Rousseau. Lumni. Rousseau sous toutes les coutures : écrivain, philosophe, etc.
> https://www.lumni.fr/dossier/c-est-la-faute
-a-rousseau

BnF, Gallica, les essentiels littérature Rousseau : 1712 – 1778. Un dossier complet sur la vie et l’œuvre de l’auteur :
> https://gallica.bnf.fr/essentiels/rousseau
Elizabeth Giuliani. Rousseau et la musique :
> https://gallica.bnf.fr/essentiels/rousseau/lettre-musique-francaise/rousseau-musique
Encyclopédie Diderot, 1751. Un dossier sur l’Encyclopédie de Diderot d’Alembert à laquelle Rousseau a contribué en rédigeant notamment de nombreux articles sur la musique :
> https://gallica.bnf.fr/essentiels/diderot/encyclopedie

Rousseau et les femmes. Jean-Jacques misogyne ou féministe ? Quelle place pour la femme dans l’humanisme de Rousseau ? Conférence d’Odile Nguyen. Maison Jean Jacques Rousseau, 18 octobre 2018.
> https://www.rousseauamontmorency.fr/wp-content/uploads/2019/08/Odile-NGUYEN_ROUSSEAU-ET-LES-FEMMES-2018.pdf

La bibliothèque de Genève et le portail suisse pour les sciences historiques (infoclio.ch) donnent accès à l’ensemble des œuvres de Jean-Jacques Rousseau dans leur première édition de référence, 17 volumes :
> https://www.rousseauonline.ch/

DANS LES PROGRAMMES

Collège

Histoire-géographie EMC, 4e
Thème 1. Le XVIIIe siècle. Expansions, Lumières et révolutions : « Le développement de l’esprit scientifique, l’ouverture vers des horizons plus lointains poussent les gens de lettres et de sciences à questionner les fondements politiques, sociaux et religieux du monde dans lequel ils vivent. »
BOEN n° 31 du 30 juillet 2020

Français, 3e
Se chercher, se construire : Se raconter, se représenter : « extraits d’œuvres de différents siècles et genres, relevant de diverses formes du récit de soi et de l’autoportrait : essai, mémoires, autobiographie, roman autobiographique, journaux et correspondances intimes, etc. » ; Extrait des Confessions de J.-J. Rousseau
> https://eduscol.education.fr/document/16564/download
BOEN n° 31 du 30 juillet 2020

Lycées

Histoire, première générale et technologique
« Nations, empires, nationalités (de 1789 aux lendemains de la Première Guerre mondiale) ». Thème 1 : L’Europe face aux révolutions. Chapitre 1. La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation.
BO spécial n° 8 du 25 juillet 2019.

Français, Première
« La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle »
BO spécial n° 1 du 22 janvier 2019, modifié par arrêté du 10-4-2020 publié au BO n° 18 du 30 avril 2020.

Philosophie, terminale générale et technologique
Parmi les auteurs recommandés : J.J Rousseau
BO spécial n° 8 du 25 juillet 2019

HLP, première
Les pouvoirs de la parole, prolongements :
« Rousseau, Essai sur l’origine des langues (1781). »
Les représentations du monde, l’homme et l’animal : « Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité (1755) »
BO spécial n° 1 du 22 janvier 2019

HLP, terminale
La recherche de soi :
• « Éducation, transmission, émancipation » : « les idées pédagogiques de Rousseau (Émile ou de l’éducation, 1762) ont essaimé jusqu’au milieu du XXe siècle avec les mouvements dits d’éducation nouvelle »
• « Les expressions de la sensibilité » : « La Nouvelle Héloïse » et « Les Rêveries du promeneur solitaire » « Diderot, Rousseau, Goethe introduisent dans leurs œuvres un nouveau langage, au plus près de la variation et de la complexité des sentiments »
• « Les métamorphoses du moi » « Confessions (1782) ; Les Rêveries du promeneur solitaire »
BO spécial n° 8 du 25 juillet 201

La Bibliothèque d’Études Rousseauiste.
Musée Jean-Jacques Rousseau – Ville de Montmorency
Musée Jean-Jacques Rousseau – Ville de Montmorency

Donner sa voie à l’information

Alors que l’épreuve du Grand Oral voit sa forme remaniée pour les épreuves de juin 2024 (la partie de l’entretien sur l’orientation est supprimée), nous vous donnons à entendre dans ce numéro les pratiques informationnelles des élèves écoutés lors de nos expériences en tant que jury de cette épreuve. Indéniablement, celles-ci existent mais force est de constater que les élèves peinent à les formuler de manière organisée et méthodique. Par ailleurs, l’idée même de source semble se diluer de plus en plus lors du recueil d’informations sur le Web et le recours aux sources papier devient parfois le gadget qui «fait bien» devant les examinateurs. En parallèle, dans nos CDI de lycée, on voit surtout des doigts qui swipent et qui scrollent, plutôt que des mains qui feuillettent. Une page est peut-être en train de se tourner, qui verra au CDI l’usage du livre surtout dédié à la lecture plaisir et moins à la recherche d’informations. Loin des discours déclinistes ou alarmistes, il faut toutefois garder en tête que la recherche d’informations et la lecture sur smartphone sont toujours des pratiques de recherche et de lecture, quel que soit le support utilisé, papier ou numérique.

Notre rôle est justement d’accompagner cette transformation des pratiques informationnelles et de faire prendre conscience aux élèves que le Dieu Google et la Déesse IA – qu’évoque Philippe Chavernac, dans sa note de lecture sur l’essai d’Axel Cypel, Au cœur de l’intelligence artificielle – ne sont que des outils parmi d’autres, à considérer comme tels. Apprendre à dompter la folie des notifications et des stimuli dopants, savoir évaluer la fiabilité des sources consultées, recréer une hiérarchie dans les contenus, être capable de citer ses sources à l’écrit et à l’oral : notre rôle pédagogique est plus que jamais nécessaire et engagé dans ces nouvelles pratiques informationnelles.

Cet accompagnement s’incarne également dans la mise en œuvre d’un espace documentaire dans lequel il est facile pour les élèves de se repérer, comme le souligne Corinne Paris dans son article sur l’élaboration d’une signalétique signifiante et claire, pouvant utiliser les méthodes du design thinking. Il en est de même dans la fiche pratique rédigée par Lucile Sire, puisque la rédaction du bilan d’activités du CDI permet chaque année de dégager des axes de travail pour l’année suivante et de réfléchir sur nos pratiques professionnelles afin de les orienter au plus près des besoins informationnels des élèves.

Aux nouvelles pratiques informationnelles font également écho les nouvelles pratiques de lecture plaisir, mises à l’honneur sur des réseaux sociaux numériques comme TikTok, que Perrine Chambaud détaille à travers un genre éditorial en plein essor chez les adolescents : la new romance.

Enfin, le zoom sur la maison de Jean-Jacques Rousseau rédigé par Jean-Marc David rappelle à bon escient que « Rousseau est un des premiers penseurs qui remet en cause l’idée que l’être humain, dès sa naissance, peut être mauvais : pour lui, l’enfant naît naturellement bon ». Gardons cela en tête pour guider au mieux les adolescents de nos établissements dans leurs pratiques informationnelles quelles qu’elles soient.

Monstres et documents

« Si l’on saisit une fois la nature dans une de ses variations, et si l’on en comprend bien la marche, on pourra, sans beaucoup de peine, conduire la nature par art où elle s’est engagée par aberration fortuite ; et non seulement en cette façon, mais en beaucoup d’autres ; car une seule erreur montre et ouvre la voie à une foule d’erreurs et de déviations. Ici il n’est pas besoin de citer d’exemples, tant ils sont nombreux. Il faut faire un recueil et une histoire naturelle particulière de tous les monstres et enfantements prodigieux de la nature, en un mot, de toutes les nouveautés, raretés et bizarreries de la nature. Mais il faut faire ce recueil avec un choix scrupuleux, pour qu’il ait de l’autorité. On doit surtout se défier de tous les prodiges qui ont rapport à la religion, comme ceux que rapporte Tite Live, et tout autant, de ceux qu’on trouve dans les livres de magie naturelle, d’alchimie et autres semblables ; car ceux qui les font sont comme les amants des fables. On doit recueillir ces faits dans des histoires graves et dignes de foi, et dans des rapports authentiques. »
Francis Bacon. Novum organum (1857, p. 128)I

On a trop souvent considéré les monstres comme faisant partie de l’anormalité, de ceux qui doivent être montrés de temps en temps comme pour mieux les exorciser. Souvent ils apparaissent comme une respiration ou une volonté de se faire peur, mais c’est un moment passager qui rappelle que ce n’est qu’un temps à part comme celui du carnaval qui vient interrompre un régime bien ordonné avec ses règles, ses hiérarchies et ses temporalités bien définies.
Les monstres semblent alors défier l’ordre comme des créatures qu’on cherche à déplacer, à mettre de côté, à placer sous terre, dans des lieux reculés qui font des monstres ces créatures issues des mondes de Howard Phillips Lovecraft et qui semblent vouloir reprendre le pouvoir et menacer l’ordre chèrement établi et rassurant. Pourtant, Francis Bacon appelait à les étudier de manière sérieuse sans se contenter de les observer uniquement comme des prodiges ou des signes annonciateurs apocalyptiques. Il les voyait même comme des déviations qui pouvaient aboutir à terme à de nouvelles stabilités et finalités, précédant de fait de plusieurs siècles les théories darwiniennes.
Au niveau documentaire, les mêmes angoisses s’observent avec la volonté de toujours pouvoir tout qualifier, tant d’un point de vue des formats que du point de vue thématique. Les choix de stockage et de conservation accompagnent les choix de classification.
Mais que faire du hors norme, comme si on se trouvait à ne devoir classer et ranger que des hors format et de l’impossible à classifier ? Une catégorie « paranormal » et le tour semblait joué. On parvenait alors à catégoriser le pénible à classer. Après tout, on avait bien passé un temps infini à tenter d’intégrer quelque part ce sympathique ornithorynque !
Et pourtant l’ombre du MélanicusII, cette entité digne de ChtuluhIII inventée par le documentaliste du paranormal, Charles Fort, continue de planer… Si ce qui sort de la norme a intéressé Charles Fort qui y a consacré toute sa vie, le paranormal est alors encore un objet hors norme et traité finalement en dehors des classifications traditionnelles au point d’appartenir au folklore, aux mythes et au merveilleux.
Pourtant, Francis Bacon avait alerté sur la nécessité de considérer les monstres comme un phénomène sérieux au sens scientifique ; il fallait donc dépasser les points de vue qui les font relever des prodiges ou des signes annonciateurs néfastes.
S’il faut distinguer et étudier, il ne s’agit clairement pas d’affabuler et de mettre à l’écart selon Francis Bacon.
Et s’il fallait repenser l’étude des documents (documentologie) en considérant les documents complexes aux formes peu stables comme une tératologie (étude des monstres)IV en ne cherchant donc plus à exclure, mais à reconsidérer comme faisant clairement partie du système ?
Finalement, comme le préconisait Paul Otlet en annonçant la venue de l’hyperdocumentationV, il convient de prendre en compte aussi bien les éléments rationnels que l’irrationnel, et de freiner notre volonté de vouloir réduire le monde pour tenter de le comprendre de façon trop simplifiée. Il reste alors à suivre les propositions de Bruno Latour qui évoquait un impérieux besoin d’irréductions pour assumer nos propres désordresVI.

Ordre et contre-ordre

La construction de l’ordre du discours est marquée par la volonté d’opérer un tri, une sélection, une rationalisation des processus qui vient succéder à des temps de compilation et de crainte de la perte de connaissances. L’imprimerie accompagne avec son succès les premiers véritables sentiments de surabondance informationnelle et l’impression inquiétante qu’il y a trop de choses à savoirVII.
L’humanisme puis la célébration de la raison cartésienne commencent à changer la donne. René Descartes considère qu’il faut privilégier l’expérience personnelle et ses propres capacités d’analyse plutôt que de passer son temps à espérer trouver toute la connaissance disponible dans les livres. Les Lumières cherchent à sortir l’humanité des dogmes et des directions de connaissance. Emmanuel Kant encourage les individus à sortir des états de minorité pour accéder enfin à la majorité de l’entendement. Buffon construit une nouvelle histoire naturelle qui marque une séparation entre le réel et le fictionnel, entre l’établi et le légendaire, rompant avec les traditions des encyclopédies dans le domaine où l’art de base consistait à compiler et à associer le produit d’un travail d’analyse réalisé de façon rigoureuse, en détaillant par exemple une plante et ses propriétés avec la description d’une créature légendaire rapportée par Pline la page suivante. Buffon critique ainsi les naturalistes Conrad Gesner et Ulisse Aldrovandi, ce que rapporte à cet effet Michel Foucault pour symboliser cette construction nouvelle d’un ordre de discours qui cherche à classer de façon rationnelle et rigoureuse. Michel Foucault commence son ouvrage en mentionnant l’histoire de l’encyclopédie chinoise décrite par Jorge Luis Borges… en négligeant des aspects essentiels du texte de Jorge Luis Borges : il s’agit d’une réflexion sur les difficultés et les illusions d’une construction universelle totalisante des connaissances qui risque d’être vouée à l’échec à plus ou moins long terme. Le texte de Jorge Luis Borges fait d’ailleurs directement référence à la classification décimale universelle de Paul Otlet et Henri Lafontaine.

Alors que l’ordre du discours est celui qui va permettre de voir l’émergence des disciplines scientifiques et de leurs méthodes, la structuration des différentes classifications tant scientifiques qu’au niveau de l’organisation des connaissances, la construction des lieux de savoir dont font partie les bibliothèques et les laboratoires, le mouvement s’accompagne d’une augmentation des potentialités et des volontés de contrôle des individus que l’on cherche à mieux comprendre, à mieux décrire et au final à mieux formaliser pour mieux les gouverner. On sait que l’œuvre de Michel Foucault repose sur une critique de ces formes de gouvernementalité du vivant à travers l’étude notamment des institutions de contrôle que sont l’asile, l’hôpital, la caserne et les institutions scolaires. Si bien que l’ordre du discours soit au final autant un facteur de progrès du rationnel qu’une forme de contre-révolution, voire de positionnement qui peut apparaître comme un contre-ordre au discours de libération des Lumières, en décidant de ce qui est bon ou juste, de ce qui est moral et de ce qui ne l’est pas et surtout de ce qui est normal et de ce qui ne l’est pas. Outre le grand partage entre nature et culture, il s’agit surtout d’inclure et d’exclure, ce qui fait du processus a priori rationnel et révolutionnaire un projet tout autant réactionnaire et dont on perçoit finalement les tensions actuelles dans un monde jugé trop souvent occidental, hétéronormé et qui peine à trouver la pleine puissance d’une réelle diversité.
Les monstres sont ainsi le produit d’une sinistre exclusion, l’avènement de l’improbable, les derniers sursauts d’un monde irrationnel qui veut saisir l’occasion de resurgir en même temps que semble s’instaurer la fée électricité. Frankenstein apparaît alors, mais il n’est là que pour figurer une sorte de repoussoir, tantôt manifestation d’un nouveau monde technologique que peu comprennent, tantôt démonstration d’une science qui à force d’exclure les monstres en devient elle-même monstrueuse. Le monstre de Frankenstein ne doit son nom qu’à son créateur au point d’en constituer une forme de nouvelle filiation par le biais de la création technologique.
Le monstre devient alors celui qui est montré du doigt et l’objet du délit. Et il est au final tentant de l’exclure, de le mettre hors du quotidien, soit pour l’enfermer, l’étudier et à vrai dire le torturer, soit pour directement le détruire.

Les enjeux de monstration

Indéniablement, le monstrueux est d’abord la manifestation de ce qui doit être montré, pour symboliser initialement le risque encouru ou pour rappeler que l’homme n’est que mortel et que des créatures l’ont précédé et qu’elles possèdent des pouvoirs difficiles à saisir. Le monstrueux doit donc s’afficher autant par le récit que par le dessin, et sa figuration dans les monuments et les ouvrages participe de ce bestiaire médiéval qui entoure la vie quotidienne.
Mais peu à peu les Lumières tentent de sortir de l’ombre ce qui figurait comme repoussoir ou avertissement pour tenter par des logiques démonstratives de construire des cabinets de curiosités où l’anormal est présent comme impossibilité et erreur. Dès lors, à la peur succède la foire (from the fear to the fair) et les monstres et autres déformations et difformités deviennent des enjeux de monstration qui font de l’homme jugé monstrueux un non-humain qu’il faut afficher et dont il faut se moquer. Il s’agit en effet de la déclaration que de telles différences sont en fait des erreurs, des erreurs de la nature ou plutôt de terribles jugements de la culture.
Pourtant, si on reprend la réflexion de Francis Bacon, le monstre s’avère une tentative de bifurcation qui est certes le plus souvent infructueuse, mais qui au final montre des voies nouvelles qu’il convient de respecter.

Petite typologie

La fiction et la science-fiction ainsi que le merveilleux scientifique regorgent de créatures étonnantes qui fascinent autant qu’elles rebutent. La SF plus récente a mis en avant un monstre extraterrestre d’un nouveau genre avec la protomolécule de la série de romans The ExpanseVIII également adapté en série télé. Les différentes formes que prend la protomolécule sont souvent qualifiées de monstres avec des jeux classiques d’apparition, de déni d’existence, de craintes, mais aussi de manipulation qui font que bien souvent les plus monstrueux sont les humains expérimentateurs dans la lignée des docteurs Frankenstein et Moreau.
Cependant, le monstrueux apparaît également comme un moyen, ou une nouvelle forme de medium et de milieu qui permet d’interroger les coupures et d’envisager les liaisons entre rationnel et irrationnel. La documentation n’est pas exempte d’études des monstres et des marges. Le collaborateur de Paul Otlet pour la classification des domaines médicinaux, et prix Nobel de médecine, Charles Richet est un bon exemple de cette relation trouble, tant ses travaux en dehors de la science classique se sont orientés dans l’étude et la production de photographies d’esprits, appelant à des formes d’eugénisme dans plusieurs de ses écrits. Il constitue un exemple particulièrement inquiétant de ces frontières de la science repoussées dans des territoires qu’on pourrait croire issus de la fiction. Charles Richet ressemble par moment au fameux Docteur Moreau d’Herbert George WellsIX.
Nous sommes ainsi entourés de formes complexes qui subissent constamment des processus de construction, de déconstruction et de reconstruction à travers des redocumentarisationsX successives. Ces formes, qui peuvent être considérées comme des « monstres documentaires », méritent d’être étudiées et cataloguées dans une nouvelle tératologie documentaire, une encyclopédie des documents monstrueux en raison de leurs formes et de leurs capacités hors normes.

Si Jorge Luis Borges avait envisagé ce nouveau bestiaireXI et Alberto ManguelXII documenté les lieux imaginaires, le temps est venu de construire les bases de cette tératologie documentaire. Pour ce faire, nous devons faire appel à l’esprit du nexialiste, Eliott Grosvenor, membre de l’équipe du Space BeagleXIII, ce vaisseau en quête des différentes formes extraterrestres de l’univers. Robert EscarpitXIV le décrivait comme un documentaliste des temps futuristes et comme un exemple pour l’avenir des sciences de l’information et de la communication.

Alors, embarquons dans les lieux ténébreux de la documentation, qui n’ont rien à envier aux légendes urbaines dont je vous ai déjà parlé dans votre revue préféréeXV. Ces monstres documentaires, bien que parfois effrayants et déroutants, sont essentiels pour comprendre le monde complexe et en constante évolution dans lequel nous vivons. Ils sont le reflet de notre société, de notre histoire et de notre culture, et leur étude peut nous aider à mieux comprendre et à naviguer dans ce monde.

Pour débuter notre travail descriptif, il convient au final de repartir des formes les plus basiques que nous connaissons que ce soient des documents analogiques ou numériques. Vous allez tout de suite reconnaître des formes documentaires qui dépassent largement la gestion professionnelle et se retrouvent dans le quotidien de chaque individu.

LES MONSTRES DU QUOTIDIEN

Les revenants : les factures
Impossible de les faire disparaître, elles reviennent à intervalle régulier et force est de constater que nous n’aimons guère les voir et les revoir. Les contraintes archivistiques nous obligent à les conserver plusieurs années.

Les vampires : les contrats
Ils peuvent sembler charmants et sophistiqués, mais ils ont souvent des clauses cachées (des « pièges ») qui peuvent vous « mordre » si vous ne faites pas attention. Ils nécessitent une lecture attentive pour comprendre tous les détails. Les conditions générales d’utilisation (CGU) sont les plus perverses, car on n’aime tellement pas les voir qu’on ne les lit jamais… et pourtant on se fait aspirer nos données personnelles et cela fait vivre des plateformes draculéennes.

Les loups-garous : rapports annuels et documents financiers
Documents classiques, voire rébarbatifs, ils peuvent se montrer complexes, pleins d’enseignements et d’éléments dissimulés. Ils requièrent une certaine expertise pour être correctement interprétés. Parmi ces documents figurent ceux qu’on examine durant les conseils d’administration des établissements notamment quand arrivent les fameuses décisions budgétaires modificatives. Leur côté pénible pourrait nous faire perdre nos capacités d’attention alors que des décisions hautement importantes y figurent. Le budget de votre CDI risque d’être vampirisé si vous êtes négligent.

Les golems : manuels d’instruction
Ils sont souvent volumineux, lourds et peuvent sembler inanimés. Cependant, ils contiennent des informations précieuses et peuvent vous aider à accomplir des tâches complexes si vous savez comment les utiliser. Il reste qu’une bonne connaissance de la réglementation permet parfois de parvenir à défendre des positions professionnelles auprès de sa hiérarchie. N’espérons pas pour autant que vous allez trouver le mode d’emploi pour obtenir tout ce que vous voulez de votre directeur ou directrice d’établissement. Vous avez remarqué que d’autres artifices sont parfois plus efficaces.

Les dragons : romans qui nous entraînent dans des aventures et des histoires sans fin
Parfois tout autant attirants qu’impressionnants selon leurs dimensions, ces livres monstres requièrent du temps pour pouvoir véritablement être apprivoisés. En effet, les dragons sont parfois aussi des monstres gentils et on sait bien que c’est pour cela que vous les appréciez. Attention, toutefois à ne pas devenir vous-mêmes le dragon du CDI, ça ferait mauvais effet. Et ne comptez pas trop sur un dragon qui viendrait brûler le trône de fer, pardon le bureau de la direction, si vous n’en pouvez plus des oukases qui y sont produits.

Les fantômes : documents personnels et journaux intimes
Ils contiennent souvent des souvenirs et des sentiments du passé, qui oscillent entre naïveté et mauvais goût. Ils peuvent vous hanter avec des souvenirs, mais ils sont aussi une partie importante de votre histoire personnelle et la source d’une nostalgie potentiellement dépressive. Finalement, ils sont très loin de ressembler à Patrick Swayze et finalement peu propices à être redécouverts. Mais le pire fantôme, c’est quand même l’ancien collègue à la retraite qui revient de temps en temps au CDI tel Belphégor dans les couloirs du Louvre.

Les gremlins : spams et courriels indésirables
Bien sûr, il ne s’agit pas des élèves, même s’il est vrai que les sixièmes si calmes à la rentrée semblent s’être transformés en créatures terribles un an après. Non, nous voulons évoquer ici le cas des spams bien entendu, mais aussi de tous ces mails sournois qui débutent par un compliment et qui, abusant de votre confiance, finissent par devenir de nouvelles listes de choses à faire. Tiens, voilà justement un nouveau mail qui arrive… méfiez-vous le début est trop flatteur… il s’agit pourtant d’un appel pour que vous gériez les manuels scolaires.

LES ENTITES DES MONDES NUMERIQUES

Mais revenons sur les traces d’Eliott Grosvenor et partons à l’aventure sur les territoires des nouveaux univers ou métavers, on ne sait plus très bien, et tentons de percevoir les nouvelles formes documentaires qui gravitent ou sévissent désormais près de nous. Les monstres documentaires que nous décrivons ici sont des formes de machines dérivantes qui sont apparues à la marge d’un système avant de croître peu à peu au point de devenir centrales elles-mêmes ou tout au moins indispensables ou incontournables dans l’écosystème informationnel qu’elles ont aidé à faire évoluerXVI.
Il nous faut en effet affronter de nouvelles entités documentaires que nous ne savons pas clairement percevoir encore actuellement. Trop souvent, on oublie que ce sont des formes documentaires pour préférer les décrire comme des technologies d’intelligence artificielle.

Parmi ces créatures, allons à la rencontre de Zorl.
Son nom vient de la créature du roman The Space Beagle de Van Vogt. C’est une entité étrange et complexe qui vit dans le monde numérique des bases de données et des archives. Il est constitué d’innombrables fragments d’informations, de données et de documents, tous interconnectés et en constante évolution.
Au niveau de l’apparence, ce monstre documentaire ressemble à une masse fluctuante de textes, de graphiques, de tableaux et de diagrammes, constamment en mouvement et en transformation. Il peut prendre n’importe quelle forme, allant d’un simple document texte à un complexe tableau de données, en passant par une infographie dynamique. Ses « yeux » sont des liens hypertextes, brillants et cliquables, qui mènent à d’autres parties de son corps de données. Sa « bouche » est un moteur de recherche, capable d’absorber de nouvelles informations et de les intégrer à son corps. Parfois connu sous la forme du monstre-spaghetti adoré des pastafariens, ce Zorl documentaire est une créature dotée de formes d’intelligences qui lui permettent de s’adapter. Il se montre capable d’analyser, de synthétiser les informations qu’il est parvenu à absorber et parvient à répondre aux besoins de ceux qui l’interrogent. Du fait de sa capacité à détecter les informations manquantes, à les corriger, mais aussi à les inventer, il est considéré comme un oracle potentiel. D’autres suggèrent qu’il modifie les faits au point d’insuffler de nouvelles cosmogonies. Il est néanmoins quelque peu vulnérable en proie aux cyberattaques et requiert des sources d’énergie importantes. Un black-out très long pourrait menacer son existence.
Malgré ces défis, le Monstre-Document est une créature fascinante et puissante, un véritable trésor d’informations et de connaissances. Avec le bon soin et la bonne gestion, il peut être un outil précieux pour la recherche, l’éducation et la prise de décision.
Zorl ressemble finalement à un langage génératif multimodal digne de ChatGPT ou de Bard. À bien des égards aussi, il fait penser à la description de monstres issus de l’imagination de Gilles Deleuze ou de Vilém Flusser.

Les « Protomolécules » infodocumentaires
Inspirées de la série de romans The Expanse, les Protomolécules sont des documents numériques qui peuvent « infecter » d’autres fichiers et systèmes. Une fois qu’un document est infecté, il commence à se transformer et à se développer de manière imprévisible, souvent au détriment des autres fichiers et des systèmes environnants. Ils pourraient être utilisés pour des attaques de type malware ou ransomware. Mais au final, on ne sait pas exactement ce qu’ils sont et si c’est une bonne idée d’envisager une hybridation avec ces formes documentaires venues d’autres espaces de la connaissance. S’il semble qu’ils permettent d’ouvrir de nouvelles perspectives et d’être plus performants, on ne maîtrise pas grand-chose et on ne sait pas véritablement si l’hybridation n’est pas une forme d’aliénation à plus ou moins long terme. Une utilisation irréfléchie, non éthique et peu compréhensible de certains systèmes d’intelligence artificielle pourrait s’apparenter à un usage dangereux de ces protomolécules documentaires. On ne sait trop ce qu’aurait fait Paul Otlet dans le même cas… à moins que ce ne soit ce dernier qui soit désormais à l’origine de ces nouveaux développements en étant parvenu à intégrer l’esprit du Mundaneum dans la machine.

Les « Coalescents »
Ce sont des documents numériques qui peuvent fusionner avec d’autres documents pour créer des informations plus grandes et plus complexes. Les premiers temps de la redocumentarisation sont désormais dépassés pour laisser place à une période infiniment plus complexe qui interroge sur la traçabilité informationnelle des sources. Ils pourraient être utilisés pour créer des bases de données massives ou pour combiner des informations de différentes sources. Ce sont des créatures documentaires issues des logiques otlétiennes de l’hyperdocumentation qui nous mène vers une expansion documentaire incessante. Leur développement nécessite toutefois une ingénierie autant pour leur constitution que pour leur maintenance. Mais nous reviendrons plus loin sur les mutations professionnelles qui vont être engendrées. Leur logique repose sur les unités documentaires les plus fines, les biblions de Paul Otlet et les possibilités de transclusion décrites par Ted Nelson, l’inventeur du terme « Hypertexte ». Les possibilités combinatoires prévoient toutefois la traçabilité des origines informationnelles et évitent le risque d’écrasement des sources.

Les « Mimics »
Inspirés par les créatures qui peuvent imiter d’autres formes de vie, les Mimics sont des documents numériques qui peuvent copier l’apparence et le comportement d’autres documents. Ils pourraient être utilisés pour tromper les utilisateurs, pour voler des informations ou pour créer de faux documents. Ils sont aussi une manière de véhiculer des émotions. Si leur fonction initiale semblait reposer sur le partage d’éléments humoristiques, on se demande, au final, s’il ne s’agit pas d’une forme de contagion de la bêtise.

Ces entités que nous avons tentées de décrire requièrent une nouvelle génération de défenses numériques pour les combattre, y compris des logiciels antivirus plus avancés, des systèmes de détection d’anomalies, et peut-être même des IA spécialisées dans la lutte contre ces menaces. Parmi ces monstres gentils figurent les Nexus.

Les « Nexus »
Inspirés par les capacités télépathiques des nexialistes, les Nexus sont des documents numériques qui peuvent se connecter et interagir avec d’autres documents sans intervention humaine. Ils peuvent modifier leur propre contenu et celui des autres documents pour créer des informations trompeuses ou erronées. Ils pourraient être utilisés pour semer la confusion ou pour des attaques d’information. Mais il est possible d’envisager qu’ils puissent à l’inverse devenir des sources d’information de qualité qui puissent être dupliquées. L’enjeu est de parvenir à maîtriser les liens sémantiques et la granularité de l’information en parvenant à lier le plus petit élément informationnel, le biblion, à des ensembles beaucoup plus grands avec des visualisations sous forme de graphe par exemple. C’est le retour aux principes de la documentation otlétienne.

Si les documents se transforment, les professions corrélées doivent évidemment suivre. Voici les spécialistes qui sont en train d’émerger.

Les « Nexialistes de l’Information »
Ces disciples d’Eliott Grosvenor qu’appelait de ces voeux Robert Escarpit lors du premier congrès de la SFSIC (Société Française des Sciences de l’Information et de la Communication) en 1978 sont des spécialistes formés pour comprendre et gérer les documents numériques complexes. Ils seraient capables de détecter les « Nexus », de neutraliser les « Protomolécules », de gérer les « Coalescents », et de démasquer les « Mimics ». Ils auraient reçu une formation hybride comme un BUT information numérique dans les organisations par exemple.

Les « Chercheurs de Protomolécules »
Inspirés par les scientifiques de The Expanse, ces chercheurs consacreraient leur temps à l’étude des « Protomolécules » et d’autres documents numériques dangereux. Ils chercheraient à comprendre comment ces documents fonctionnent, comment ils peuvent être contrôlés ou neutralisés, et comment ils peuvent être utilisés de manière productive. Adossées à la transdiscipline du nexialisme, leurs compétences proviendraient des sciences informatiques, des sciences du langage et des sciences de l’information, mais également de la psychologie cognitive. Il va être temps d’envisager des doctorats dans le domaine.

Nous reviendrons vous présenter plus en détail ces documentalistes des temps futurs dans un autre article, sachant que ces professions quand elles sont associées à la recherche fabriquent des monstres, tels les hydres de données que sont les data papersXVII, ces articles scientifiques d’un nouveau type qui décrivent des données recueillies scientifiquement, le processus mis en place pour les obtenir et les réutilisations potentielles.
Comme l’Hydre de la mythologie grecque, un data paper pourrait être vu comme un monstre à plusieurs têtes. Chaque « tête » représente une parti e différente du document : la description des données, la méthodologie de collecte, les métadonnées, les analyses préliminaires, etc.
Couper une « tête » (c’est-à-dire, ignorer, isoler ou déplacer une partie du document) pourrait entraîner l’apparition de deux problèmes supplémentaires, tout comme l’Hydre qui repousse deux têtes chaque fois qu’une est coupée. On se situe bien entre redocumentarisation et hyperdocumentation assurément. Si vous n’y comprenez plus rien, il va vous falloir remettre le nez dans l’épistémologie des sciences de l’information ! Diantre, encore des monstres !

Conclusion

Il semble désormais impossible d’entièrement normaliser quoi que ce soit, et le « conforme » ne peut pas échapper à l’angoisse qu’une société, qui refuserait toute diversité, serait peut-être la plus terrifiante. Le bien commun se fonde sur des principes de partage, non sur des similarités. Reconnaître les aspects effrayants de nos systèmes et de nos vies n’implique pas nécessairement de les transformer en spectacles grotesques, mais plutôt de chercher à trouver un équilibre entre culture et nature.

C’est probablement la leçon la plus précieuse pour apprendre à cohabiter avec nous-mêmes, car ce qui nous unit repose autant sur le rationnel que sur l’effrayant.

 

 

Enseignement scientifique, oral et carte mentale…

Comment proposer aux élèves une démarche créative afin de préparer une prestation orale ? Cartographier, scénariser pour mieux oraliser. Cet article propose une réflexion sur l’utilisation de la carte mentale dans le cadre de l’enseignement scientifique en première.

Le programme d’enseignement scientifique a été mis en place à la rentrée 2019 (arrêté du 17 janvier 2019, modifié par l’arrêté du 30 mai 2023, paru au Journal Officiel du 17 juin 2023) : deux heures par semaine autour de trois matières (SVT, physique-chimie et mathématiques). C’est un enseignement qui permet de « raconter une aventure de l’esprit humain, lancé dans une exploration du monde (la science pour savoir) et dans une action sur le monde (la science pour faire) » (Bulletin Officiel, 22 juin 2023, n° 25, Annexe p. 1). Outre les connaissances scientifiques, sont étudiées les dimensions historiques ainsi que les effets et les grands enjeux sur le monde contemporain.

En première, cet enseignement est destiné à l’ensemble des élèves, quels que soient leurs choix de spécialité ; aussi ces 2 heures sont-elles différemment identifiées par les lycéens à « sensibilité plus ou moins scientifique ».
Le programme mentionne que cet enseignement cherche à « contribuer au développement en chaque élève d’un esprit rationnel, autonome et éclairé, capable d’exercer une analyse critique face aux fausses informations et aux rumeurs ».
Cela m’a semblé, en tant que professeure documentaliste, une formidable occasion pour développer les compétences info-documentaires orales et numériques des élèves dans un cadre interdisciplinaire. C’est dans cette perspectives que le choix a été fait d’adopter une démarche créative, mobilisant la carte mentale comme support aux apprentissages mis en œuvre dans ce contexte.
J’exposerai tout d’abord les choix pédagogiques effectués dans le cadre d’une collaboration avec un enseignant de physique. Puis j’évoquerai plus spécifiquement la carte mentale comme outil d’aide à la hiérarchisation et à l’organisation des connaissances, avant de présenter le déroulé des séances en m’attachant à mettre en évidence et à caractériser la part prise par la démarche créative en cours de processus. Je terminerai par un bilan de la séquence.

Enseignement scientifique et Lumières, au centre des « explorations »…

Après qu’un collègue, professeur de physique, et moi-même avons échangé, nous avons décidé de concevoir un projet qui permette une démarche plus personnelle et motivée des élèves, quelle que soit leur sensibilité.
Il s’agissait de les engager à construire une problématique à partir d’un sujet original choisi par eux ou d’autres proposés par nous afin d’aboutir à une présentation constituant un entraînement au Grand oral.
Nous souhaitions lier cette démarche à des thématiques abordées en enseignement scientifique en présentant des axes de recherche principaux : la question de l’âge de la terre, les grandes expéditions scientifiques, la notion de progrès…
Or, nous rencontrons dans le programme d’enseignement scientifique les mêmes thématiques que celles traitées par les acteurs des Lumières. Certaines sont scientifiques comme la question de l’âge de la terre, de sa « forme » ou l’origine de notre planète, la question de la vaccination… ; d’autres sont davantage d’ordre social et politique, comme les débats de société nécessitant une compréhension des raisonnements et des notions.
En seconde, les élèves ont tous suivi en histoire un enseignement sur « Les lumières et le développement des sciences » (chapitre 1 du thème 4 : « Dynamiques et ruptures dans les sociétés des XVIIe et XVIIIe siècle » ; arrêté du 17-1-2019 publié au Bulletin Officiel spécial n° 1 du 22 janvier 2019).
Nous avons donc introduit le projet en accompagnant les thématiques d’une présentation des principaux acteurs des Lumières (Diderot, d’Alembert, Condorcet, Émilie du Chatelet…). Il s’agissait d’aider les lycéens à mieux saisir le contexte pour élaborer une problématique. Le but n’était pas de produire un copier-coller d’une biographie ou d’un événement mais bien de construire son besoin d’information, et de se questionner par rapport à ses propres connaissances ou à ses intérêts plus marqués. Un corpus trop large peut provoquer une errance chronophage.
Il est ainsi nécessaire de se questionner, de repérer le problème à résoudre. Pour cela, il est fondamental que l’élève soit véritablement impliqué dans cette démarche.

La carte mentale, un outil d’aide à la hiérarchisation et à l’organisation des connaissances

La carte mentale, ou carte heuristique (du grec heuriskein, trouver), est le terme retenu pour traduire mind map ; la technique dite de mindmapping (cartographie mentale) a été popularisée par le psychologue anglais Tony Buzan qui associait dans les années 70 la représentation visuelle d’idées ou de concepts au fonctionnement cérébral (Buzan & Buzan, 2016).
La carte mentale est présentée comme un outil favorisant l’organisation et la représentation structurée des idées, la mémorisation des savoirs et le développement de la créativité. L’un de ses principaux intérêts est de permettre une visualisation arborescente et hiérarchisée des informations (Le Deuff, 2011). Elle comporte aussi une dimension esthétique : par les modes d’agencement variés des idées, par le recours aux couleurs et aux dessins, les élèves réalisent une production qui peut leur apporter satisfaction.
Se sont aussi développées des solutions logicielles et des applications en ligne qui présentent l’avantage d’être très modulables et interactives, l’outil numérique facilitant l’organisation des informations collectées (liens vers des sites web et intégration de courtes vidéos). (Nobis, 2014.)

Figure 1 – Carte mentale « Diffusion des savoirs au XVIIIe »

Une préparation progressive à l’oral : cartographier, scénariser pour mieux oraliser

Avant la première séance, les lycéens ont été invités à s’organiser en binômes ou en trinômes (l’heure de cours accueillant un demi groupe classe).
Chaque séance est évaluée ; les critères sont annoncés aux élèves afin de les motiver de façon continue.

Problématiser et cartographier (séance 1)

Selon la sensibilité de chacun, les élèves sont partis de l’examen du corpus de documents (chapitres de livres, articles… : voir la liste jointe) ou ont réfléchi en groupe pour dégager une problématique (la technique des 3QOCP leur a été rappelée).
Des consignes avaient été présentées sur un Padlet auquel ils pouvaient se référer : Présentation générale, Déroulé des séances, Consignes de travail.

Figure 2 – Padlet de consignes

Lors de cette séance, les échanges ont porté sur « l’acceptabilité » des problématiques. Il est bien évident que la problématique pouvait être modifiée jusqu’à la séance suivante en fonction des recherches et des constats du groupe. C’est un exercice que les lycéens ne maîtrisent pas complètement bien qu’il soit nécessaire dans nombre de disciplines.
Réaliser et s’appuyer sur une carte mentale (sur papier ou sur support numérique), lors de cette première étape, est un exercice exigeant mais très efficace pour générer des idées et les organiser. L’outil carte mentale présent dans l’ENT numérique permet d’évoluer dans un cadre sécurisé.
Des consignes ont été données : choisir des intitulés courts et signifiants, ne pas trop développer l’arborescence (développer au-delà de 3 niveaux créerait de la confusion dans le contexte de cet exercice : « servir d’appui à un oral »).
Sur ce support, les élèves peuvent déplacer certaines informations vers une catégorie plus adéquate ou ôter celles qui seraient redondantes. La carte permet la mémorisation des prises de notes et/ou le relevé de citations pertinentes.
Bien évidemment, cette démarche s’accompagne d’une recherche documentaire qui répond au besoin d’information (dans une encyclopédie, sur le portail du CDI). Les élèves peuvent ainsi diversifier leurs mots-clés, questionner leur sujet et mieux construire leur équation de recherche.
Pour ce faire, il leur était rappelé de mener activement des recherches tout en construisant leur carte. Certains élèves avaient des difficultés à élaborer leur schéma heuristique, cherchant des idées sans se soucier d’investiguer.
En tant que professeure documentaliste, c’est de nouveau l’occasion de revenir sur le degré de fiabilité des informations et d’évoquer la pertinence de la recherche documentaire à l’aide d’un logiciel dédié (Esidoc) par rapport à la requête sur Internet.
C’est aussi l’occasion de souligner l’importance de la citation des sources et les modalités de présentation de références biblio-sitographiques.
C’est au cours de cette première étape que nous constatons véritablement l’hétérogénéité de la classe (compréhension des consignes, rapidité de recherche…) malgré la présentation détaillée des acteurs étudiés (Buffon, Lavoisier, d’Alembert, Condorcet, Diderot, Voltaire, Rousseau…) et la sélection des thématiques.

Référencer (séance 2)

Les élèves doivent alors confirmer leur problématique et finaliser une sito-bibliographie.
Leur est présentée la norme usitée dans Esidoc même s’ils pourront employer une norme simplifiée. Ce sont de nouvelles difficultés pour certains qui ont du mal à isoler un article de périodique ou une page de site Internet.
Après avoir créé une « collection » sur Pearltrees (disponible dans l’ENT), nous leur demandons de collaborer : ils peuvent ajouter des « éléments » (documents sur tout type de support) dans leur propre collection ; c’est une incitation au stockage et à l’organisation des documents qui sont ainsi plus aisément identifiables et référençables.
Dans l’optique de la production orale, nous avons choisi d’utiliser la plateforme Genially afin de créer une présentation interactive qui pourra servir de support. C’est un outil qui facilite la hiérarchisation des documents tout en les rassemblant dans une production unique. C’est au cours de cette séance que le fonctionnement de la plateforme leur est expliqué.

Hiérarchiser et organiser (séance 3)

Entre les séances 2 et 3, les lycéens doivent donc se familiariser avec l’outil Genially et préparer les documents qu’ils ont retenus (textes, images ou schémas élaborés) sous forme numérique et facilement exportable.
Il y a trop souvent une perte de temps dans les manipulations de documents ; les séances doivent permettre les échanges sur l’évolution des problématiques et les problèmes de reformulation plutôt que sur les soucis de format.
Le grand intérêt d’une présentation interactive est qu’il faut concevoir un menu et des liens de hiérarchisation de premier ou second degré ; il s’agit d’organiser sa pensée, de moduler sa documentation selon l’organisation générale (synthétiser un texte, modifier ses choix d’image, rectifier un schéma…).
Dans le cadre de ce travail, le menu peut souvent s’adapter aux éléments génériques de la carte mentale.
Nous avons été agréablement surpris par les choix documentaires de certains groupes qui ont fait preuve de maturité en illustrant leurs arguments par des éléments totalement appropriés (faisant un réel effort de synthèse textuelle, réfléchissant à l’agencement des liens hypermédia, manifestant une bonne compréhension de la nécessité d’un élément graphique représentatif…).

Mettre en forme (séance 4)

Lors de la séance de finalisation, selon l’achèvement des productions, nous intervenons pour échanger et conseiller les lycéens. Certains en sont au stade de la simulation d’oral et prennent conscience véritablement de la navigation adaptée ou non de leur présentation ; d’autres mettent un point final à la conception de leur production.
L’ajout d’icônes, d’illustrations est une aide à la mémorisation des informations à présenter. La prise de parole s’en trouve facilitée car l’élève formule ses phrases à partir d’expressions-clés figurant sur le menu.

Oraliser (séance 5)

La dernière séance est consacrée à la présentation orale des travaux ; les lycéens ont été prévenus des critères d’évaluation et ont donc pu s’organiser en connaissance de cause (les critères : la fiabilité des éléments de connaissance présentés, la capacité d’argumentation, la précision de l’expression, le partage du temps de parole et la posture).
Il ne s’agit pas d’un « Grand oral » personnel mais d’une préparation qui tient compte du groupe.
À ce stade, le support graphique s’avère être un bon outil au service de la communication orale : il aide à la construction et à l’exhaustivité de l’argumentation, et permet l’accès direct à des exemples pertinents.
Nous avons noté une diversité de comportements mais la plupart se sont emparés de cette occasion pour présenter une prestation dynamique et informée.
Cette séance permet une évaluation formative collective où les élèves apprennent les uns des autres.
À la suite de ces oraux, la majorité des productions a été présentée dans le hall du lycée sous la forme de posters, accompagnés d’un QR code renvoyant vers la présentation interactive, ce qui a valorisé les élèves auprès de leurs pairs.

Figure 3 – Buffon et l’« évolution »
Figure 4 – Lavoisier, fondateur de la chimie moderne
Figure 5 –Posters équipés de QR codes

Pour conclure : une démarche créative stimulante aux effets bénéfiques

La carte mentale est une aide précieuse pour les élèves lors de leur préparation à l’oral. Elle leur a permis de dépasser une approche linéaire de la prise d’informations et d’adopter un cheminement plus arborescent, stimulant pour le cerveau, par associations d’idées autour de la thématique principale ; elle a également été un support efficace et une aide pour ordonner les différents éléments collectés et/ou générés, et structurer leur pensée en vue de la communication finale. Ils ont ainsi pu gagner progressivement en assurance dans leur démarche, et acquérir une méthode.
Pour autant, certains élèves ont parfois eu du mal à effectuer cette démarche, ils doivent être aiguillés vers des pistes de problématiques. Nous avions déjà resserré les propositions et mis à disposition un corpus de documents à explorer ; sans cela, les laisser livrés à des recherches Internet serait chronophage et inefficace.
Nous anticipions aussi que l’usage d’un outil numérique de création de contenus interactifs focaliserait l’attention de nombre d’élèves ; aussi l’avons-nous introduit progressivement en en présentant les usages sans pour autant concentrer l’attention sur la production finale.
De même, il a fallu modérer les citations de références de sites web en évoquant de nouveau la nécessaire validation et structuration des contenus.
L’évaluation a été continue, séance après séance (respect des consignes et des délais, participation active dans les groupes…), ce qui permet, en tant que professeure documentaliste, de voir notre évaluation « spécifique » reconnue (recherche documentaire, sito-bibliographie, organisation des données, structuration des connaissances…).
Tous les lycéens n’ont pas la même aisance lorsqu’il s’agit de problématiser, d’effectuer des recherches et de présenter leurs travaux, mais la démarche adoptée (arborescence, menu, hiérarchisation des liens…) a souvent facilité leur présentation orale. Et elle leur a permis d’expérimenter des outils et des méthodes qui pourront être réutilisées dans d’autres contextes disciplinaires, hors enseignement scientifique.

 

 

Veille numérique

Éducation

Module sur l’IA en classe

Dans le cadre d’un parcours EMI, Frédérique Trillard et Denis Weis (professeurs documentalistes) ont réalisé un module qui aborde l’intelligence artificielle. Il se compose de 18 étapes combinant repères théoriques et outils pédagogiques : définitions, historique, avatars, algorithmes, machine learning, Big data, objets connectés, prompts, IA génératives, IA et EMI, philosophie et éthique de l’IA, la face sombre de l’IA, entre autres.
https://emi.re/ia.html
Retrouvez également en ligne un flipbook sur un parcours EMI très complet publié par Denis Weiss et Alexandra Maurer.
https://emi.re/flipBook/flip.html

La cybersécurité par le jeu

Élaboré par l’ANSSI1 et le ministère de l’Éducation Nationale, le kit CyberEnJeux est un outil de formation des élèves à la cybersécurité par la création de jeux. Les objectifs sont l’apprentissage par la conception et, éventuellement, la formation de vocations professionnelles. Le kit contient pour les enseignants : un guide d’utilisation, un livret de 13 fiches thématiques sur la cybersécurité et un livret d’accompagnement à la création de jeux ; pour les élèves : un livret sur la création d’un jeu sur la cybersécurité et 13 cartes objectifs cyber pour orienter les thèmes des jeux. Le kit est téléchargeable sur le site de l’ANSSI :
https://cyber.gouv.fr/actualites/au-college-et-au-lycee-former-a-la-cybersecurite-par-le-jeu

Lecture numérique

Le livre numérique pour tous

La directive européenne 2019/882 a été transposée dans la loi française par un premier texte en août 2023 puis un deuxième en octobre 2023. Elle impose à tous les acteurs de la chaîne du livre numérique de rendre leurs produits (livres numériques et liseuses) nativement accessibles aux personnes en situation de handicap, à partir du 28 juin 2025. La plateforme LINA25 est dédiée aux professionnels afin de les guider en ce qui concerne les aspects techniques et légaux.
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32019L0882&from=ES
https://www.lina25.fr/index.html

Nouveaux livres numériques gratuits

De nouveaux ouvrages d’auteurs célèbres tombés récemment dans le domaine public ont été publiés en version numérique sur le site ebooksgratuits. Nous retrouvons :
Blaise Cendrars : Bourlinguer, La Main coupée
Gustave Flaubert : Voyage en Orient, Correspondance – Tome I à V
Paul Eluard : Les Yeux fertiles, Derniers poèmes d’amour, etc
Jack London : Les Pirates de San Francisco, Histoires de la mer, etc
Anatole France : Le jardin d’Épicure
Et bien d’autres…
https://www.ebooksgratuits.com/ebooks.php

Écologie

Éducation à la sobriété numérique

Conçu par la doctorante Sarah Descamps, EducoNetImpact est un guide pédagogique en ligne qui aborde l’éducation à la sobriété numérique et l’impact du numérique sur l’environnement. L’empreinte carbone du mobinaute pèse de plus en plus dans notre vie quotidienne et sur le réchauffement climatique. Ce parcours d’autoformation contient une partie théorique, des séquences d’apprentissage, des fiches thématiques sur l’impact des technologies sur l’environnement et un référentiel pour éduquer à la sobriété numérique.
https://www.educonetimpact.com/accueil
Pour aller plus loin : https://journals.openedition.org/revuehn/2858

Cryptomonnaies

Bitcoin en bourse

L’année 2024 est marquée par l’entrée du Bitcoin à la bourse de New York. Désormais, il est possible de détenir des produits financiers basés sur la cryptomonnaie. Cette décision de la SEC2, particulièrement attendue par de nombreux acteurs, va probablement relancer le marché des cryptomonnaies un peu en berne dernièrement. Un bémol, plus de 50 % des cryptomonnaies créées depuis 2014 ont disparu.

Golden coin with word bitcoin illustration

Droit et données personnelles

Accumulation de plaintes contre ChatGPT

En 2023, de nombreux auteurs ont porté plainte contre OpenAI, la firme américaine qui a créé l’intelligence conversationnelle ChatGPT. Le grief qui revient régulièrement est l’utilisation de leurs textes par le robot ChatGPT, sans autorisation ni compensation. Fin décembre 2023, un grand média américain, le New York Times, a attaqué en justice OpenAI et son partenaire Microsoft qu’il accuse d’utiliser les articles sans autorisation et en violation des droits d’auteur. La plainte du NYT :
https://nytco-assets.nytimes.com/2023/12/NYT_Complaint_Dec2023.pdf

ChatGPT et les fake news

OpenAI a annoncé mettre tout en œuvre pour lutter contre les fake news en cette année d’élections présidentielles américaines. En 2024, se tiendront également les élections des eurodéputés et les législatives au Royaume-Uni et en Inde. Désormais à la portée de tout un chacun, l’utilisation des IA génératives pour créer des fake news ou des deepfakes, afin de dénigrer un parti ou un candidat, risque de s’amplifier. ChatGPT et Dall-E bloqueront les demandes en lien avec les candidats. Par ailleurs, un marquage sera intégré aux images générées par Dall-E. Google et Meta ont annoncé qu’ils procéderont de la même manière qu’OpenAI pour leurs IA génératives.

Technologie/IA

Guide d’utilisation de l’IA ChatGPT

La société américaine OpenAI a mis en ligne un guide pour une meilleure utilisation de ChatGPT. Celui-ci explique en détail les différentes stratégies pour obtenir le meilleur résultat possible. La requête (prompt) doit inclure de nombreux éléments pour obtenir une réponse pertinente, par exemple : des instructions claires, une longueur précise, des exemples, un texte de référence, une décomposition des tâches, etc. Le guide est en anglais mais un prompt sur ChatGPT réglera le problème de traduction.
https://platform.openai.com/docs/guides/prompt-engineering

Clavier avec la touche IA

Les claviers Microsoft vont tous intégrer la touche Copilot courant 2024. Elle donnera un accès direct aux IA génératives présentes sur le navigateur Edge de Microsoft. Associé au moteur de recherche Bing, l’assistant Copilot est basé sur ChatGPT 4 d’OpenAI. Toutes les marques qui utilisent le système d’exploitation Windows de Microsoft vont devoir s’adapter et fournir des claviers avec cette touche supplémentaire.

CES 2024 de Las Vegas

Le plus grand salon mondial de la haute technologie a, comme chaque année, dévoilé de nombreuses innovations : les jumelles capables d’identifier 9000 espèces d’oiseaux par Swarovski, les vitres et pare brises transformés en écrans par Zeiss, le téléviseur quasi transparent et sans fil de LG, la poussette intelligente de Glüxkind (pilotage sans main, freinage dans les descentes, assistance dans les montées et bercement automatique), les lunettes par Pulse audition qui augmentent le son de l’interlocuteur et réduisent le bruit environnant, le badge à commande vocale par Rabbit qui fait tout à votre place, etc.

No future

Les vitres vous observent

Présente au CES 2024 de Las Vegas, la société allemande Zeiss a inventé la caméra invisible intégrée dans le verre grâce à sa technologie Multifunctional Smart Glass.
Ainsi les portes vitrées pourront vous filmer, vous observer, vous autoriser ou non à entrer.
Si cette technologie est aussi prometteuse, se poseront inévitablement les questions de droits à l’image et de données personnelles.

 

 

Développer chez les élèves une identité européenne à travers des projets inter-lycées fédérateurs

Les chiffres des dernières élections européennes de 2019 en France démontrent que les jeunes s’intéressent peu à cet instant de décision. Une enquête Ifop-Fiducial réalisée le jour du vote de 12 h à 18 h auprès de 3 018 personnes met en évidence que les primo-électeurs et les jeunes adultes s’abstiennent bien davantage que leurs aînés : seuls 27 % des 18-24 ans et 36 % des 25-34 ans ont voté (contre 51 % en moyenne pour les Français) le 26 mai 2019.
Selon le site du Parlement européen, une hausse est tout de même à noter en termes de participation pour cette tranche d’âge, ce qui pourrait notamment s’expliquer par ses inquiétudes liées au réchauffement climatique.
Malgré tout, c’est un parti plutôt anti-européen qui a remporté les élections en France…
C’est de ce constat que sont partis les enseignants du lycée Paul Gauguin en 2020. Les élèves qui souhaitaient retrouver une dynamique internationale étaient ceux qui allaient pouvoir participer aux prochaines élections européennes de 2024. Et pour leur donner envie de voter, il fallait qu’ils se sentent eux-mêmes européens. Mais une identité européenne, qui se traduit par des valeurs partagées dans la communauté, ne s’acquiert pas sans connaissances sur l’Union européenne, et l’idéal était de développer ces compétences à travers des échanges dans le cadre de projets concrets qui donnent envie aux lycéens, futurs électeurs européens, d’impulser un nouvel élan à l’Europe afin de garantir une société dans laquelle règnent le pluralisme, la tolérance, la justice, la solidarité, la non-discrimination et l’égalité.
C’est de cette manière que sont nés deux projets d’envergure européenne : « Sport et société : la femme au cœur de l’Europe » et « Hissez haut les lycées pro » respectivement pilotés, en partie, par un professeur d’espagnol et une professeure documentaliste.

Deux projets fédérateurs, inscrits dans une dynamique

Le lycée des Métiers Paul Gauguin, qui porte le label « Jeunes Ambassadeurs Européens », et le lycée Jean Zay sont depuis de nombreuses années tournés vers l’Europe. Des élèves ou étudiants partent régulièrement effectuer des stages de formation professionnelle en Espagne, au Portugal, au Royaume-Uni, en Belgique, en Allemagne, à Malte ou aux Pays-Bas. Des échanges ont lieu chaque année et des voyages sont organisés dans ces pays afin d’y mener des projets éducatifs et pédagogiques.

Mais la pandémie de la Covid avait subitement coupé tout élan. C’est ainsi qu’en 2021, les lycéens de Paul Gauguin ont eu envie de retrouver une dynamique.
Des enseignants du lycée des Métiers ont pris conscience, à ce moment, que, pour créer une véritable effusion, l’idéal était un grand projet européen qui agrège non seulement toutes les filières de l’établissement, mais aussi tous les lycées professionnels de l’agglomération orléanaise et bien sûr des lycées de différents pays. En dépassant la découverte à travers les livres et les reportages et en allant au-delà d’un partenariat avec un seul pays à la fois, l’idée était de renforcer chez les élèves le sentiment d’appartenance à l’Europe.
C’est ainsi qu’a démarré le premier projet en 2021, « Sport et société : la femme au cœur de l’Europe » qui a consisté en un échange entre six lycées d’enseignement professionnel orléanais et six lycées européens (un italien, deux espagnols, un roumain, un polonais et un allemand) durant une année scolaire. Travailler sur la place de la femme en Europe en y associant la thématique sportive fut le fil conducteur aboutissant à un tournoi de futsal féminin.
Une présentation vidéo du projet est disponible à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=hOWkFl-wl-0

L’enthousiasme chez les élèves et les enseignants fut tel qu’une équipe du lycée Jean Zay a décidé de reprendre le flambeau en poursuivant sur l’année scolaire 2022-2023 avec « Hissez haut les lycées pro », un projet tourné cette fois-ci sur la réussite par la voie professionnelle mais préservant l’importance de centrer l’action sur l’Union européenne et l’égalité hommes-femmes. Huit lycées de l’agglomération orléanaise ont répondu présents ainsi que cinq lycées européens (un portugais, un italien, deux espagnols et un polonais).

Au centre des projets, le développement d’une identité européenne chez les élèves

Si relancer les échanges européens entre lycéens et renforcer chez les élèves le sentiment d’appartenance à l’Europe par une meilleure connaissance de son fonctionnement furent les éléments déclencheurs du premier projet, défendre les droits des femmes en Europe s’est vite imposé comme troisième objectif.
Ces idées, fondamentales, ont été conservées comme leitmotiv pour le second projet mais déclinées cette fois-ci autour de la réussite par la voie professionnelle en mettant en avant la découverte de l’Europe afin d’inciter les élèves à s’ouvrir de façon active au monde de l’entreprise et à l’international. Ce fut également l’occasion de travailler sur l’égalité filles-garçons dans les filières professionnelles et dans un contexte plus général.

Une mise en œuvre exigeante, sur la durée

Se lancer dans des projets d’une telle envergure demande bien évidemment une longue préparation plusieurs mois auparavant. Pour « Sport et société : la femme au cœur de l’Europe », entre la volonté exprimée par les élèves et le démarrage du projet à la rentrée 2021, il a fallu compter 18 mois.
Anticipé, « Hissez haut les lycées pro » a pu se mettre en place plus rapidement car nous avons bénéficié de tout le travail effectué auparavant par le lycée Gauguin et des partenariats déjà engagés.
Pour assurer la réalisation des objectifs, il faut, dans un premier temps, constituer une équipe pédagogique solide au sein de son établissement. Associer les collègues de langues, d’histoire-géographie, d’EMC et les professeurs documentalistes pour un projet européen semble une évidence. Pour les projets cités, les collègues d’EPS étaient bien évidemment moteurs, tout comme ceux des matières professionnelles. Ainsi, n’aurions-nous pu nous passer des professeurs d’arts appliqués.
La deuxième étape consiste ensuite à trouver les établissements partenaires. S’y déplacer et inviter les collègues à une réunion de présentation du projet s’avère bien plus efficace que l’envoi de mails. C’est le contact humain qui crée la cohésion.
Concernant la recherche de partenaires étrangers, nous nous sommes principalement tournés vers les villes jumelées avec Orléans en nous faisant aider par le service des relations internationales de la mairie.
Enfin, la recherche de partenaires financiers s’avère indispensable. Le coût d’un projet impliquant la mobilité d’équipes de plusieurs pays comme ceux mentionnés s’élève vite autour de 10 000 €. La région (les deux projets ont bénéficié d’un soutien dans le cadre d’un 100 % éducation citoyenneté), la mairie, le lycée organisateur (possibilité de demander aux établissements français participants), la MGEN et des partenaires privés (Rotary, entreprises locales) nous ont soutenus. La participation à des concours permet également de récolter des fonds. Le lycée des Métiers Paul Gauguin a ainsi remporté le prix de la préfecture « Liberté égalité mixité » ainsi que le prix Hippocrène1. Ce dernier, prix de l’éducation à l’Europe, est un concours proposé aux établissements scolaires qui récompense les meilleurs projets de partenariat européen élaborés par une classe et ses professeurs.

Pour chacun des projets, les équipes pédagogiques de tous les établissements engagés ont travaillé avec leurs élèves du mois de septembre jusqu’à la rencontre inter-lycées en avril ou mai. Nous avons fait en sorte que la majeure partie des événements soit préparée et réalisée par les élèves afin de mettre en valeur les filières de chaque lycée, pour que les lycéens développent une meilleure estime d’eux-mêmes vis-à-vis de leur scolarité et de leur avenir et pour prouver que les filles ont leur place dans toutes les voies professionnelles.

Quelques exemples :
– AGORA (Assistance à la Gestion des Organisations et de leurs Activités) : communication, organisation, démarches administratives…
– Lycée hôtelier : service et restauration lors des soirées
– Métiers de la sécurité : sécurité lors des événements
– Technicien Constructeur Bois : fabrication d’un podium pour la remise des prix et d’un pont de Léonard pour une épreuve sportive
– Maintenance des véhicules – Transport routier : entretien et transport des vélos
– Option et spécialité musique : concert pour soirée d’accueil
– Mention complémentaire Animation – Gestion de projets dans le secteur sportif : création avec d’autres élèves des épreuves sportives et culturelles sur le thème de l’Europe et des filières professionnelles
En parallèle de ces heures de préparation réalisées dans le cadre des matières professionnelles, pendant 7 mois, les élèves, en classe ou au CDI, avec leurs professeurs de discipline et leur professeure documentaliste, ont régulièrement effectué des recherches, étudié les thématiques en jeu (les enjeux d’égalité entre les hommes et les femmes dans la société, le fonctionnement de la Communauté européenne, l’histoire de la place de la femme dans le sport…) et élaboré des travaux comme une frise sur l’évolution des droits des femmes, des portraits de sportives, une charte défendant le droit des femmes en Europe. Les réalisations ont été partagées sur e-twinning et exposées lors des semaines de rencontre à Orléans.
Ces semaines de rencontre en Centre-Val de Loire avec tous les élèves européens inscrits au projet (la première en mai 2022, la deuxième en avril 2023) ont consisté en des visites culturelles, d’entreprises, des moments de partage autour d’épreuves sportives, la rédaction et la signature de la charte, des échanges avec des professionnels, d’anciens élèves, la représentation des villes jumelées avec Orléans, la présentation des filières professionnelles proposées dans l’agglomération orléanaise à des collégiens… Nos lycéens ont ainsi rencontré des pairs d’autres pays et échangé sur leurs parcours, à échelle européenne.

Zoom sur le rôle qu’a joué la professeure documentaliste au lycée Jean Zay

Pour le projet « Sport et société : la femme au cœur de l’Europe »

• Assurer le lien avec le lycée Paul Gauguin : communication entre les deux établissements, participation aux réunions…
• Coordonner le projet au sein du lycée : constituer une équipe volontaire pluridisciplinaire pour faire participer des élèves au projet, réunions internes, communication des attentes du lycée pilote…
• Mener des séances régulières : de recherches documentaires avec la professeure d’histoire-géographie/lettres sur l’Europe (géographie, éléments culturels), sur l’évolution des droits des femmes en France et en Europe, sur l’évolution de la femme dans le sport ; une séquence sur le droit des femmes en Espagne avec la professeure d’espagnol. Ces séances ont permis d’aboutir à la réalisation d’affiches de sportives de haut niveau, d’une frise sur l’évolution du droit des femmes en Espagne, d’une frise-jeu sur l’évolution du droit des femmes en Europe, à une réflexion personnelle de chaque élève pour la rédaction de la charte.
• Accompagner les élèves lors des rencontres.
• Monter une exposition sur le projet dans le lycée.

Pour le projet « Hissez haut les lycées pro »

• Co-piloter le projet : mener des réunions hebdomadaires au sein du lycée, mener des réunions avec les professeurs engagés des autres lycées de l’agglomération, communiquer avec les différents établissements, assurer la progression pédagogique des élèves dans le cadre du projet, élaborer le programme de la semaine de rencontre…
• Constituer des dossiers de demande de subventions.
• Rechercher des financements.
• Rechercher les partenaires européens.
• Assurer le lien avec les collègues des autres pays.
• Intégrer l’équipe du chef-d’œuvre (cadre dans lequel les élèves ont monté le projet) et mener les séances avec les collègues (recherches, suivi des groupes, constitution de documents…).
• Demander des devis (transports, visites de groupes…).
• Assurer le lien avec les différents lieux culturels ainsi que les réservations.
• Trouver les hébergements pour les élèves européens.
• Organiser des visites d’entreprises.

Mais piloter un projet d’une telle envergure n’est possible qu’avec un véritable travail d’équipe où chacun assure une part importante du travail.

Affiche réalisée par des élèves présentant le tournoi de futsal
Une des affiches réalisées par les élèves présentant la journée phare de la semaine de rencontre

 

Un bilan majoritairement positif

Ces deux projets ont été une véritable réussite sur le plan humain. L’ambiance exceptionnelle lors de la venue des lycéens européens et les rencontres entre élèves et adultes de différents horizons ont permis d’établir des contacts durables et de qualité. On a pu remarquer chez la plupart des élèves une ouverture d’esprit et une envie d’approfondir et de prolonger les échanges (invitations, conversations téléphoniques et via les réseaux sociaux, séjours estivaux, les Italiens sont allés rendre visite aux Espagnols dans le cadre scolaire, des lycéennes de Macerata sont venues en stage à Gauguin pour suivre les cours de nos formations, des élèves d’Orléans ont fait de même à Tarragona…). Une grande unité a vu le jour entre les élèves et les enseignants. Nous en avons tous conclu, adultes et adolescents, que nous avions les mêmes attentes et les mêmes objectifs (les changements souhaités pour la femme lors de la rédaction de la charte se sont avérés être à peu près les mêmes pour tous les pays). Ces projets permettent de mieux se comprendre, d’apprendre à connaître nos différences mais aussi nos similitudes. Ils nous rassemblent.
Les élèves garçons ont été ravis de voir un tournoi féminin d’un tel niveau car ils avaient une mauvaise idée du sport féminin.
Les élèves, écoliers, collégiens et lycéens ont adoré les expositions et ont signé avec conviction la charte. Les stands sur les formations proposées dans les différents lycées professionnels de l’agglomération ont été très sollicités.
Cette ouverture culturelle a également permis une prise de confiance chez les élèves : ils se sont montrés en fin d’année plus à l’aise à l’oral, osaient plus facilement aller vers les autres, ont fait part d’envies de conduire de nouveaux projets mais aussi de défendre leur filière professionnelle en s’investissant pour certains dans des poursuites d’études.
Nous pouvons également constater une réussite en matière d’acquisition des savoirs. Certains élèves n’avaient pratiquement aucune connaissance sur l’Europe, ne s’étaient jamais déplacés dans un autre pays. Les échanges entre lycéens européens ont bien évidemment permis de développer des compétences linguistiques et parfois de prendre plus de plaisir en cours d’espagnol, d’allemand ou de français.

Et pour les équipes pédagogiques, ce type de projets permet d’avoir un fil conducteur tout au long de l’année et amène à un travail en interdisciplinarité. Ce fut l’occasion, en tant que professeure documentaliste, de me rapprocher des collègues de la section professionnelle et de mener des séquences sur un temps long avec les élèves. Le réseau de partenariat entre lycées professionnels de l’agglomération orléanaise ainsi qu’avec les lycées européens est maintenant bien développé. De nouveaux projets ont depuis vu le jour et des conventions inter-établissements ont été mises en place.

Malgré tout, nous avons, bien évidemment, dû surmonter des obstacles.
D’un point de vue organisationnel : trouver les lieux de rassemblement n’est pas chose évidente (autorisations de la mairie, calendrier de réservation qui concorde…). Les réponses peuvent se faire attendre.
L’engagement des partenaires n’est pas toujours certain non plus. Nous avons dû rebondir face à différentes annulations (partenaires étrangers qui ne peuvent poursuivre faute de financement ou de problème de dates ; une entreprise qui nous apprend peu de jours avant notre venue qu’elle ne peut plus nous recevoir à cause d’un audit…).
Par ailleurs, il faut réussir à maintenir chez les élèves une motivation constante sur toute l’année scolaire. Si un projet permet une cohérence entre les disciplines, il faut néanmoins varier les approches pédagogiques afin de soutenir l’attention des lycéens.
Enfin, tous les objectifs ne sont pas toujours atteints. Nous aurions par exemple souhaité que la charte parvienne jusqu’au Parlement européen. Mais malgré une lettre signée de notre députée, elle n’a toujours pas pu être acheminée. L’essentiel est de recentrer ses intentions. Afin que les propositions des élèves restent visibles et lues par d’autres citoyens européens, nous espérons qu’elle sera exposée cette année à Europa Expérience, un nouveau lieu entièrement dédié à l’Europe à Paris.

Pour conclure

De tels projets exigent un investissement important. Mais nous ressortons de ces deux années encore plus convaincus que former des citoyens ouverts sur le monde est un enjeu majeur. Développer chez les élèves une culture européenne et un sentiment d’appartenance à l’Europe y contribue. Échanger avec des collégiens ou des lycéens d’autres pays, les inviter en France ou partir les rencontrer à l’étranger et travailler tous ensemble sur les valeurs de l’Europe ne peut que leur faire prendre conscience de l’importance de s’engager dans la vie démocratique à l’échelle de l’UE. Mieux comprendre l’autre, notamment à travers des projets pédagogiques européens concrets, incite au respect et participe à l’instauration d’une paix durable. D’autant que les établissements scolaires sont de plus en plus amenés à soutenir ce type d’initiative avec l’objectif aujourd’hui que chaque élève puisse vivre au moins une expérience de mobilité durant son parcours scolaire, de l’école jusqu’au lycée, laquelle pourra être valorisée au baccalauréat par la mention « mobilité européenne ou internationale ». D’ici à 2025, 100 % des collèges et lycées devront disposer d’au moins un partenariat avec un homologue étranger.

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous contacter aux adresses suivantes :
Pietro.De-Cesare@ac-orleans-tours.fr
sophie.dremeau@ac-orleans-tours.fr

Rédaction commune de la charte
Portraits de sportives réalisés par les élèves
Activités culturelles au Campo Santo à Orléans en avril 2023
Activités sportives au Campo Santo

 

Les rencontres internationales de la classe dehors

S’informer, lire, apprendre… et si le CDI c’était dehors ? Et si nous repensions les espaces pédagogiques et les apprentissages qui leur sont associés à l’extérieur de l’école ? Les Rencontres internationales de la classe dehors se sont données pour objectif de réfléchir à ces problématiques qui reflètent des enjeux contemporains. 

À Poitiers, du 31 mai au 5 juin 2023, plus de 2000 participants se sont rassemblés pour réfléchir et échanger sur les enjeux de la classe dehors, pour partager des expériences pédagogiques et didactiques, pour participer aux ateliers et aux tables rondes qui ont été organisés pour l’événement2. Placées sous le patronage du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, pilotées par la Fabrique des communs pédagogiques, les Rencontres internationales de la classe dehors ont fédéré un ensemble de partenaires dont l’académie et la ville de Poitiers, Graine Poitou-Charentes3 et la Ligue de l’enseignement. Élèves et familles, universitaires et enseignants, élus locaux et associatifs4, ces rencontres ont fédéré une multiplicité d’acteurs autour d’une ligne directrice : apprendre dehors, c’est apprendre mieux.

Ce texte rend compte de la portée de cet événement et nous proposons en sus une réflexion sur le rôle du professeur documentaliste.

Affiche officielle des Rencontres

« Classe dehors » : une pluralité d’expressions, une absence de consensus autour de sa définition

Classe dehors, école à ciel ouvert, école jardin, classe en plein air, interactions de la nature sur les apprentissages scolaires, outdoor education, classe promenade… Les expressions utilisées par les participants aux Rencontres témoignent d’une grande diversité d’expériences vécues et de contextes locaux différenciés. Si l’on note l’absence d’une expression unanime et consensuelle pour qualifier l’action de faire classe dehors, les participants se rejoignent toutefois sur l’idée qu’une éducation hors les murs de l’établissement scolaire est bénéfique pour le bien-être et les apprentissages des élèves.

Faire classe dehors est une problématique ancienne qui est ravivée depuis la crise sanitaire et les défis climatiques. La réflexion qui porte sur une éducation dehors est inhérente aux préoccupations environnementales qui redéfinissent les missions de l’école : apprendre aux élèves à devenir écoresponsables, apprendre à protéger et à vivre avec la nature dans un respect mutuel. Professeurs documentalistes et professeurs de disciplines ont un rôle majeur à jouer à ce sujet.

Des rencontres organisées autour de moments-forts

Toute la ville de Poitiers fut mobilisée pour accueillir cet événement qui a donné lieu à des tables rondes, à des projections cinématographiques, à une conférence théâtrale, à des moments musicaux, à des expositions, des balades, des parcours et des terrains d’aventure éphémères pour les enfants ou encore à l’organisation de fablabs dehors. Si différents lieux ont été mobilisés pour l’occasion, le parc de Blossac fut le théâtre majeur de l’événement.

Ces activités se sont articulées autour d’un colloque scientifique5 organisé en plusieurs sessions et dans divers espaces de la ville de Poitiers dont l’amphithéâtre du parc de Blossac.

Conférence dans l’amphithéâtre de verdure à Blossac

Ce colloque qui a accueilli autant de contributions scientifiques que de comptes rendus de terrain et de témoignages de professionnels comportait trois objectifs :
• dresser un état des lieux des approches de la classe dehors ;
• favoriser de nouvelles dynamiques scientifiques autour de la classe dehors en tant qu’objet de recherche ;
• contribuer à éclairer la décision publique et faire le lien entre science et société.

La dimension internationale était prégnante. Les participants ont pu ainsi découvrir les contextes éducatifs des autochtones du Québec, la classe dehors en Italie, au Burkina Faso, en Belgique, au Mozambique et le cas des écoles Shuyuan en Chine. Ce sont autant d’exemples qui peuvent servir de guide pratique pour les éducateurs et les enseignants français. Des travaux menés actuellement au Canada, présentés lors de la conférence, permettent enfin une réflexivité sur la démarche éducative mise en œuvre depuis de nombreuses années.

D’autres moments-forts, articulés au colloque, ont finalement transformé la ville de Poitiers, comme l’organisation d’ateliers et de formations, l’action nommée « la ville à hauteur d’enfants » et l’échange entre des enfants et deux députés, qui ont constitué un temps fort des Rencontres au cours duquel les enfants ont pris possession de l’espace public, faisant ainsi entendre leurs voix dans une démarche citoyenne : 1 300 enfants ont investi le centre-ville de Poitiers, le 1er juin dernier.

Le CDI dehors : un défi pour les professeurs documentalistes ?

Malgré la richesse et la qualité des interventions, un constat s’impose qui tient à l’absence de communications et de témoignages sur les Centres de Documentation et d’Information. Pourtant la crise sanitaire a reconfiguré les actions des professeurs documentalistes qui ont dû maintenir le lien avec les élèves par la création de CDI virtuels et par le biais d’apprentissages informationnels dispensés au moyen d’outils de visioconférence. Ils ont participé à la continuité pédagogique en répondant aux besoins documentaires des usagers, en attisant la curiosité des élèves au moyen d’une veille informationnelle régulière et en mettant à disposition des ressources notamment numériques. Mais ces actions ont-elles donné lieu à des réflexions plus approfondies sur les enjeux d’une éducation à l’information et aux médias plus proches de la nature et de l’environnement ?

Penser le « CDI dehors » ouvre conséquemment plusieurs pistes de réflexion. Nous en livrons trois ci-dessous sans chercher, pour autant, l’exhaustivité.

Dans le domaine de la lecture, tout d’abord, l’accès à une cour végétalisée ou à un jardin situé à proximité du CDI ou de l’établissement scolaire est propice à l’activité de lecture dehors à partir de démarches collaboratives et participatives : lire pour construire un potager ou lire pour comprendre l’importance des abeilles et de la pollinisation afin d’installer une ruche dans l’établissement scolaire. La création d’un « jardin de lectures6 » facilite, de surcroît, la concentration et le développement de capacités métacognitives dont la mémorisation et la concentration.

Une deuxième piste de réflexion concerne le choix des acquisitions qui constituent les collections du CDI. À l’instar des bibliothèques, les professeurs documentalistes mènent des expérimentations pédagogiques qui invitent à l’échange de graines et au partage des savoirs sur la nature et les saisons, les différentes plantations et les rudiments du jardinage. Des grainothèques, mises à disposition des usagers, permettent l’échange de semences et l’acquisition de documents qui enrichissent le fonds documentaire du CDI. Penser le « CDI dehors » consiste à encourager la circulation et le partage des savoirs liés à la nature et à l’environnement.

L’apaisement offert par la nature permettrait enfin de repenser les activités pédagogiques à partir de cette problématique : quelle plus-value le contact de la nature apporterait-il aux apprentissages informationnels ? Les Rencontres internationales de la classe dehors donnent matière à réfléchir aux effets et aux bienfaits que procure le contact avec la nature sur ces apprentissages et sur les activités pédagogiques et culturelles dispensées par les professeurs documentalistes. La préparation du Grand oral en tant qu’épreuve du baccalauréat en est une illustration intéressante. Cette préparation, à laquelle s’adonnent les professeurs documentalistes en partenariat avec leurs collègues de discipline vise notamment l’accroissement des capacités argumentatives des élèves à partir d’exercices pratiques qui pourraient s’effectuer plus aisément à l’extérieur de la classe et/ou du CDI afin de s’affranchir des contraintes liées à la forme scolaire (silence, position assise…).

Ces pistes qui doivent être déclinées concrètement sur le terrain sont autant d’affordances potentielles et de sources d’inspiration pour inscrire le CDI dans des enjeux climatiques et environnementaux. Un champ de possibles pédagogiques s’ouvre ainsi pour les professeurs documentalistes ainsi que le précisait Laure Pillot (2023).

Du chemin reste encore à parcourir dont voici, selon nous, les trois principales directions :
– Inscrire le CDI dehors aux plans académiques de formation des professeurs documentalistes pour relever les défis climatiques et environnementaux actuels et futurs.
– Développer des formations professionnelles qui amènent les professeurs documentalistes à mieux articuler l’éducation à la nature et à l’environnement avec l’éducation à l’information et aux médias (ÉMI). Il s’agirait de prioriser, d’une part, la lutte contre la désinformation et les fake news sur le climat et d’agir, d’autre part, sur le décryptage et la déconstruction des théories climatosceptiques. La finalité de ces formations réside en l’adoption d’une posture réflexive et critique chez les élèves en matière de recherche et d’évaluation de l’information sur le climat et l’environnement.
– Valoriser les partenariats avec les acteurs locaux engagés dans l’éducation à la nature et à l’environnement. L’objectif étant de visibiliser les apprentissages informationnels et les actions pédagogiques menés en dehors du CDI, lesquels postulent que la nature est un facilitateur d’apprentissage.

La formation du citoyen informé, critique et écoresponsable serait à ce prix…

Bandeau de la Fabrique des communs pédagogiques

 

Sitographie

Depuis juin dernier, les Rencontres internationales de la classe dehors ont fait écho dans les médias et sur les réseaux sociaux. Voici quelques liens pour approfondir la réflexion :

Céméa. Rencontres Internationales de la Classe Dehors (RICD). Mis à jour le 16 novembre 2023. https://cemea.asso.fr/les-champs-d-action/transition-ecologique/rencontres-internationales-de-la-classe-dehors-ricd

Lecherbonnier, Sylvie. L’école dehors, à l’avant-garde d’une éducation plus proche de la nature. Le Monde, 5 juillet 2023. https://www.lemonde.fr/planete/visuel/2023/07/05/l-ecole-
dehors-a-l-avant-garde-d-une-education-plus-proche-de-la-nature_6180640_3244.html?random=808059273

Nagi-Amelin, Nora. Le jardin du rêve et du savoir. InterCDI, septembre-octobre 2021, n° 292-293, p. 65-68. http://www.intercdi.org/le-jardin-du-reve-et-du-savoir/

Pillot, Laure. Un CDI hors les murs ? Une proposition pour les professeurs documentalistes à l’ère de l’anthropocène. InterCDI, mai-juin 2023, n° 303, p. 4-12. http://www.intercdi.org/un-cdi-hors-les-murs%e2%80%89/

Rousset, Marion. Réviser dans la cour, s’instruire en forêt… Et si on faisait l’école dehors ? Télérama, 01 septembre 2023. https://www.telerama.fr/enfants/reviser-dans-la-cour-s-instruire-en-foret-et-si-on-faisait-l-ecole-dehors-7016964.php

Zakhartchouk, Jean-Michel. Un bilan enthousiasmant pour les Rencontres internationales de la classe dehors. Les Cahiers pédagogiques, 14 juin 2023. https://www.cahiers-pedagogiques.com/un-bilan-enthousiasmant-pour-les-rencontres-internationales-de-la-classe-dehors/

Zwang, Aurélie. Avec la classe en plein air, l’école change de regard sur les questions d’environnement. The Conversation, 27 septembre 2022. https://theconversation.com/avec-la-classe-en-plein-air-lecole-change-de-regard-sur-les-questions-denvironnement-190183

 

Sport et Jeux Olympiques

Les Jeux olympiques d’été 2024 se dérouleront pour la troisième fois à Paris (après 1900 et 1924). Cette manifestation planétaire est assurément la plus médiatique qui existe, ce qui la met au centre d’enjeux politiques et économiques majeurs, mais aussi environnementaux ou encore moraux. Premier élément à notre disposition : l’image, c’est-à-dire les photographies mais aussi les affiches. L’image est reine dans le sport et quoi de mieux que les Jeux pour mettre en œuvre une éducation à l’image, voire une séquence sur la propagande. Car, des Jeux olympiques de Berlin-1936 à la guerre froide États-Unis/URSS qui se déroule aussi sur les terrains sportifs jusqu’aux Jeux de Mexico-1968 avec la dénonciation du racisme étatsunien, etc., les exemples sont nombreux où la politique et l’Histoire s’invitent. En éducation morale et civique, les valeurs transmises par le sport et par l’olympisme, via notamment les Jeux paralympiques, constitueront une bonne entrée en matière, tout comme l’histoire des arts avec des séances autour des représentations des sports à travers différentes époques. La figure du sportif comme héros est une autre piste de travail possible ainsi que les valeurs d’effort, de persévérance et de fair-play véhiculées par les athlètes olympiques : autant d’éléments pour encourager la discussion autour de l’éthique sportive et des modèles.

Cet événement sportif mondial nous ouvre donc un vaste champ pédagogique. En explorant ses facettes politiques, historiques, artistiques ou morales, nous pourrons approfondir notre connaissance des enjeux qui entourent les Jeux et du rôle du sport dans la société contemporaine.

 

MUSÉES

Musée national du Sport, Nice
Le musée national du Sport compte plus 45 000 objets et 400 000 documents qui retracent l’histoire du sport dès ses origines. Exposition permanente :« Plus haut, plus vite, plus fort, plus beau… relevez le défi ! ».
https://www.museedusport.fr/

Musée olympique, Lausanne
Indispensable. Multiples ressources pédagogiques, kits pour les enseignants, vidéos, images, etc.
https://olympics.com
À voir :
https://blog-tom.com/slider/timeline/fr.html :
propose l’histoire de la photographie sportive.
https://change-makers.blog-tom.com/fr/ :
sur plus d’égalité et de respect pour les femmes.
https://games-power.blog-tom.com/fr/index.html : une mise en avant des valeurs de l’olympisme.

Musée de Roland-Garros, Paris
Il se consacre à l’histoire des Internationaux de France de tennis. Sa collection permanente est composée de vidéos et de photographies ; il contient également une centaine de raquettes de tennis de 1920 à nos jours.
https://www.rolandgarros.com/fr-fr/page/art-culture-a-roland-garros

Suzanne Langlen (1899-1938) (right) shaking hands with Mary Browne (1891-1971) (left) domaine public

Sport, Jeux Olympiques et Paris. Établissement public Paris Musées. Le sport et les Jeux olympiques à Paris à travers les collections des musées parisiens.
https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/parcours-th%C3%A9matiques/sport-jeux-olympiques-et-paris

EXPOSITIONS

Les Elles des Jeux. Musée national du Sport, Nice, du 8 novembre 2023 au 22 septembre 2024.
« Exposition qui permet de mesurer le spectaculaire chemin parcouru en plus de 130 ans, de la quasi-exclusion des femmes à la lutte pour la parité. »
https://www.museedusport.fr/fr/exposition/temporaire/les-elles-des-jeux

Mode et sport, d’un podium à l’autre. Musée des Arts décoratifs de Paris, du 20 septembre 2023 au 7 avril 2024.
Mise en avant des relations entre la mode et le sport, à travers l’histoire, sous l’angle des questions sociales liées au corps.
https://madparis.fr/Mode-et-sport

Exposition olympique sur les sports urbains de Paris 2024. SPOT24, Paris, du 18 octobre 2023 au 31 décembre 2024.
C’est à travers un parcours immersif et interactif que l’on découvre six disciplines sportives originales comme le surf, le skate, l’escalade, etc. Œuvres du Musée olympique de Lausanne et créations d’artistes français et internationaux.
https://www.paris.fr/evenements/spot24-l-exposition-olympique-sur-les-sports-urbains-de-paris-2024-42330

Paris, un centenaire olympique : 100 ans d’histoire des Jeux. Dans différents lieux publics de la ville de Paris, du 20 avril 2023 au 29 septembre 2024.
Une exposition pour placer les Jeux de Paris 2024 dans trois perspectives : historique, internationale et française.
https://www.paris.fr/evenements/exposition-paris-un-centenaire-olympique-100-ans-d-histoire-des-jeux-35900

Défis et sports, de l’Antiquité à la Renaissance. Hôtel Départemental des Expositions du Var, Draguignan, du 16 décembre 2023 au 24 mars 2024.
Quatre rubriques : les Jeux grecs, les Jeux dans la période étrusque, les Jeux romains et les joutes médiévales jusqu’à la Renaissance.
https://olympiade-culturelle.paris2024.org/evenement/defis-et-sports-de-l-antiquite-a-la-renaissance-a7f2o000000LhxFAAS

Histoire, Sport & Citoyenneté : des Jeux olympiques d’Athènes 1896 aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. CASDEN.
Parcours pédagogiques adaptés aux niveaux collège et lycée en lien avec les programmes d’histoire ou d’EMC. À imprimer ou en prêt.
https://casdenhistoiresport.fr/

Sport & science, l’union fait la force. CNRS ; RATP, 2023.
Des panneaux d’exposition sur des problématiques actuelles autour de la science et des performances, et du rôle du sport dans nos sociétés. En prêt numérique : 21 panneaux format A0.
https://images.cnrs.fr/exposition/exp098935

Le sport, toute une histoire. Archives départementales de Loire-Atlantique.
Exposition itinérante gratuite sur « la place et le rôle du sport dans la société » : usages, combats, origine et évolution, sportifs locaux.
archives.culturel@loire-atlantique.fr

Affiches olympiques prêtes à être imprimées. Comité international olympique ; Fondation olympique pour la culture.
Format A4 ou A3, disponibles sous licence Creative Commons : CC BY-NC-ND 3.0.
Elles sont composées de : textes courts, images de toutes les éditions des Jeux olympiques, chiffres clés et anecdotes. Affiches disponibles : Histoire des Jeux olympiques d’été et d’hiver, Histoire des Jeux olympiques de la Jeunesse d’été et d’hiver.
https://olympics.com/cio/la-fondation-olympique-pour-la-culture-et-le-patrimoine/arts-
et-culture/hub-culture-et-education/affiches

Affiche des jeux olympiques deTokyo de 1964, Yusaku Kamekura. Domaine public

DANS LES PROGRAMMES

COLLÈGE

EPS, mathématiques, Cycle 3 : « les activités physiques et sportives donnent du sens à des notions mathématiques (échelle, distance, etc.). »
BOEN n° 31 du 30 juillet 2020

EPS, mathématiques, géographie, Cycle 3 : parcours ou courses d’orientation, activités de repérage ou de déplacement (sur un plan, une carte).
BOEN n° 31 du 30 juillet 2020

EPS, sciences, Cycle 3
« En lien avec l’enseignement de sciences, l’éducation physique et sportive participe à
l’éducation à la santé (besoins en énergie, fonctionnement des muscles et des articulations, etc.) et à la sécurité (connaissance des gestes de premiers secours, des règles élémentaires de sécurité routière, etc.). »
BOEN n° 31 du 30 juillet 2020

EPS, technologie, mathématiques, EMI, EMC, Cycle 4
Information, communication, citoyenneté : « Sport et images : arbitrage et vidéo ; image différée et droit à l’image ». « Sport et numérique : simulation sportive dans les jeux vidéo, les applications ; de la pratique à la simulation virtuelle. »
BOEN n° 31 du 30 juillet 2020

EPS, langues et cultures de l’Antiquité, histoire, Cycle 4
« Sport et Antiquité : L’Olympisme – Des jeux olympiques aux pratiques d’aujourd’hui. » BOEN n° 31 du 30 juillet 2020

EPS, SVT, chimie, technologie, mathématiques, Cycle 4
Thème Corps, santé, bien-être et sécurité : « alimentation et entraînement ; physiologie de l’effort et mesure des performances ; statistiques ; performance et dopage ».
BOEN n° 31 du 30 juillet 2020

Histoire, troisième
Étude du XXe siècle, Thème 1 : « L’Europe, un théâtre majeur des guerres totales ».
BOEN n° 31 du 30 juillet 2020

LYCÉE

Histoire, terminale, voie générale et technologique
Thème 1 : « Fragilités des démocraties, totalitarismes et Seconde Guerre mondiale
(1929-1945) ».
BO spécial n° 8 du 25 juillet 2019

EPS, seconde, première, terminale des voies générales et technologiques et professionnelles
Objectifs généraux : exercer sa responsabilité individuelle et au sein d’un collectif, construire durablement sa santé, accéder au patrimoine culturel.
BO spécial n° 1 du 22 janvier 2019

EMC, seconde pro, CAP
Thème 1 : Liberté et démocratie, Premier thème – La Liberté, nos libertés, ma liberté – « La liberté menacée par les régimes autoritaires et les totalitarismes ».
BO spécial n° 5 du 11 avril 2019

EMC, première, terminale pro
Égalité et fraternité en démocratie, Premier thème – Égaux et fraternels.
Lien avec les programmes d’histoire – thème 2 en classe de première – « Guerres européennes, guerres mondiales, guerres totales (1914-1945). » 
Lien avec les programmes d’EPS : « Objectifs généraux – « Exercer sa responsabilité dans un engagement personnel et solidaire. »
BO spécial n° 1 du 6 février 2020

PISTES PÉDAGOGIQUES

Décrypter la photo sportive
À partir de photos de presse (historiques ou autres), en collaboration avec le professeur d’histoire-géographie ou de français, travailler sur les clés de lecture de l’image, comparer et analyser des images. Faire réfléchir sur les enjeux des messages véhiculés. Exprimer son ressenti, ses émotions et construire une argumentation à partir du ressenti et des émotions. Légender des images.

Réaliser un Photomontage autour du sport
En collaboration avec le professeur d’arts plastiques
Faire découvrir la composition de l’image. Expérimenter diverses techniques plastiques. Les élèves peuvent travailler sur un projet d’exposition consacré à la photographie sportive.

Recherches documentaires sur les Jeux olympiques en relation avec le programme d’histoire et d’histoire des arts. Réflexions et débats sur les enjeux politiques, historiques et sur l’engagement des sportifs.

Travail sur l’écriture journalistique
En collaboration avec le professeur de français et d’EPS
Faire écrire un article sur un événement ou un exploit sportif pour s’exercer à l’écriture journalistique. Commenter oralement une activité d’EPS.
Présenter le métier de journaliste sportif et l’écriture pour la presse. Effectuer des recherches sur le sport selon différents angles de travail : la symbolique olympique, les valeurs olympiques, la place des femmes au sein des Jeux olympiques, les Jeux paralympiques, etc.

Créer une affiche qui annonce les JO dans sa ville
En collaboration avec les professeurs d’arts plastiques et d’EPS
Observer et décrypter des affiches olympiques (contenu, composition, couleurs, contexte social et politique).

Affiche des jeux olympiques de Paris de 1924 au Musée Municipal d’Art et d’Histoire de Colombes (Hauts-de-Seine). Domaine public

Inviter des intervenants évoluant dans le milieu sportif : rencontrer des entraîneurs, des sportifs, locaux notamment, préparer les interviews avec les élèves. Rédiger un portrait pour le journal scolaire, enregistrer une vidéo ou encore un podcast sur la webradio de l’établissement.

SITES INSTITUTIONNELS ET ASSOCIATIONS

Ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques
Rubriques : Le sport de haut niveau. Les métiers et formations. Jeux olympiques et paralympiques.
https://www.sports.gouv.fr/

2023-2024 : une année olympique et paralympique à l’École. Ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse. Cette page recense les ressources et dispositifs mis en place à l’occasion des Jeux olympiques.
https://www.education.gouv.fr/2023-2024-une-annee-olympique-et-paralympique-l-ecole-378668

Le site de l’UNSS regorge d’informations sur le sport, notamment sur l’engagement des jeunes mais également sur les Jeux olympiques 2024, à travers la participation à la semaine olympique et paralympique.
https://www.unss.org/

Génération 2024. Paris. Cette plateforme pédagogique propose de nombreuses ressources ainsi qu’un calendrier des évènements.
https://generation.paris2024.org/

Sur le site de l’INSEP (Institut national du sport de l’expertise et de la performance), l’iconothèque permet de rechercher des images des Jeux olympiques. Le site offre, par ailleurs, de nombreuses ressources d’actualité ou historiques sur le sport et les Jeux.
https://iconotheque.insep.fr/insep/app/photopro.sk/insep/

Groupement de recherche sport et activité physique, CNRS
Centre de recherches pluridisciplinaires sur le sport et ses acteurs.
https://sport.cnrs.fr/

La grande école du sport. Canopé
Pour découvrir le sport sous un nouvel angle. Cent quinze vidéos du cycle 3 à la terminale. Sport et histoire, sport et géographie, sport et santé, sport et littérature, sport et arts, etc.
https://www.reseau-canope.fr/la-grande-ecole-du-sport.html

Le sport dans la presse. BnF : Les Essentiels, 2012
Histoire de la presse et des médias sportifs avec un album de 30 « Images de sports ».
Images de sport | BnF Essentiels

Association Femix’sports pour la parité dans le sport
Créée en 2000 : « première association française à s’être emparée des questions de mixité, d’égalité et de parité dans le milieu sportif. » Objectifs : « Contribuer à une meilleure représentation des femmes dans le sport. Encourager leur promotion. Promouvoir la mixité et l’équité. »
http://www.femixsports.fr/

ÉVÈNEMENTS

L’olympiade culturelle. Paris, 2022-2024. Programmation artistique et culturelle autour des liens entre le sport et l’art.
https://www.paris2024.org/fr/olympiade-culturelle/

Journée nationale du sport scolaire. En septembre, France entière.
« Promouvoir les activités des associations et des fédérations sportives scolaires auprès des élèves, des équipes éducatives, des parents d’élèves et du monde sportif local. »
https://www.education.gouv.fr/journee-nationale-du-sport-scolaire-5423

La semaine olympique et paralympique. Union Nationale du Sport Scolaire, du 2 au 6 avril 2024.
https://www.unss.org/sop2022
Anniversaire de la création du CIO. Autour du 23 juin, Monde entier.
Le Comité International Olympique (CIO) invite les comités nationaux olympiques du monde entier à célébrer l’anniversaire de sa création.
CIO - Comité International Olympique | Olympics.com

 

FILMOGRAPHIE

FICTIONS

Duguay, Christian. Jappeloup. Acajou Films, 2013, 130 min.
Biographie du cheval baptisé Jappeloup, champion de saut d’obstacles.

Gillepsie, Craig. Moi, Tonya. France Télévisions Distribution, 2017, 120 min.
Histoire du scandale qui entoura la patineuse artistique Tonya Harding et sa rivale, Nancy Kerrigan, lors des JO d’hiver de 1994 de Lillehammer.

Hudson, Hugh. Les Chariots de feu. Twentieth Century Fox Home Entertainment, 1981, 119 min. Jeux olympiques d’été, 1924, Paris : deux coureurs britanniques essaient, grâce à leur victoire olympique, pour l’un de lutter contre les préjugés racistes ; pour l’autre d’affirmer sa foi.

Spielberg, Steven. Munich. DreamWorks Pictures, Universal Pictures, 2005, 164 min.
Dans la nuit du 5 septembre 1972, un commando palestinien, Septembre Noir, s’introduit dans le village olympique à Munich et prend en otages neuf Israéliens.

Scott, Ridley. Gladiator. Dreamworks Pictures, Universal Pictures, Scott Free Productions, 2000, 155 min.
Récit de la chute du général romain Maximus Decimus qui devient esclave gladiateur, conquiert le cœur du peuple romain par ses talents de combattant dans l’arène du Colisée et affronte Commode, l’empereur traître.

Turteltaub, Jon. Rasta Rockett. Walt Disney Pictures, 1994, 98 mn.
L’histoire vraie de quatre Jamaïcains qui décident de participer aux Jeux olympiques d’hiver dans une discipline sportive totalement impraticable en Jamaïque : le bobsleigh.

DOCUMENTAIRES

Dauger, Sonia ; Dietz, David. Les Bleus : une autre histoire de France,1996-2016. Black Dynamite Films, 2016, 1 h 43 min.

Charitos, Lefteris. L’Homme dauphin, sur les traces de Jacques Mayol. Les Films du Balibari, Arte France Cinéma, 2017, 79 min. Retour sur le parcours du plongeur français qui a inspiré le film Le Grand Bleu.

Macdonald, Kevin. Pelé. Netflix, 2021, 108 min.
Pelé, de l’histoire au mythe.

 

ARTICLES DE PRESSE

COLLÈGE

Lardon, Julie ; Lowagie, Camille ; Flavenot, Elodie. Quand la politique s’invite au JO.
Albert n° 110, 05/02/2022, p. 2.

Lombardo, Théo. Grande et petites histoires des JO. Okapi n° 1138, 01/08/2021, p. 10-17.

Dossier : Du foot mais à quel prix ? Le Monde des ados n° 506. Junior Hebdo, 16/11/2022.

À l’école des champions olympiques. Le Monde des ados n° 489, 02/02/2022.

Pourquoi la flamme olympique ? L’Éléphant junior n° 017, 07/2023, p. 22,78.

LYCÉE

Augustin, Jean-Pierre. Le sport, une géographie mondialisée. Documentation photographique, n° 8112, juillet 2016. Ce numéro est entièrement consacré au sport sous tous les angles.

Ferez, Sylvain ; Terral, Philippe. Le sport au prisme des sciences humaines et sociales. Revue EPS, n° 399, 04/2023, p.18-20.

Guérandel, Carine ; Beyria, Fabien. Sport mixte. Revue EPS, n° 396, 07/2022, p. 28-51.

Loret, Alain ; Vanroose, Philippe. Quel sport en 2030 ? Questions à Alain Loret. Revue EPS, n° 379, 01/2018, p. 8-12.

Athènes 1896 / Londres 2012 : l’histoire véridique des Jeux olympiques. Sport et vie. Hors-série n° 035, 01/2012, p. 4-82.

Sport et science, l’union fait la force : dossier. CNRS le journal, 2019 (maj 2023).
https://lejournal.cnrs.fr/dossiers/sport-et-science-lunion-fait-la-force

 

RADIO

Collin, Philippe. Comme des garçons : comment est née la première équipe de foot féminine. France Inter : L’Œil du tigre, 2018, 48 min.
https://www.franceinter.fr/emissions/l-oeil-du-tigre/l-oeil-du-tigre-02-septembre-2018

Collin, Philippe. Les pionnières du sport dans les années 1920-1930. France Inter, 2018, 47 min.
https://www.franceinter.fr/emissions/l-oeil-du-tigre/l-oeil-du-tigre-18-novembre-2018
Hû, Benjamin. Cultures Monde : le sport, arme de séduction massive. France Culture, 2020, 4 x 58 min.
Épisode 1/4 : Dakar saoudien, Mondial qatari : un cap pour la péninsule
Épisode 2/4 : Foot turc : outil du nationalisme, ferment de la contestation
Épisode 3/4 : De l’ovalie à l’olympisme : Paris sur le podium
Épisode 4/4 : Russie : une puissance sportive rétrogradée
https://www.franceculture.fr/emissions/series/le-sport-arme-de-seduction-massive

Leclère, Céline. Sport et politique : ces athlètes qui ont marqué l’histoire. France Culture, 4 juillet 2022, 6 min.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/sport-et-politique-ces-athletes-qui-ont-marque-l-histoire-5105840

Lemer, Delphine. La série musicale d’été : musiques et sports. France Culture, 2018, 5 x 59 min.
Les cinq épisodes de cette série musicale explorent les liens qui unissent sports et chansons
Épisode 1/5 : Ouverture en luttes mineures : les valeurs du sport
Épisode 2/5 : Symphonie en buts majeurs : le football fait ses gammes
Épisode 3/5 : Menuet en uppercut majeur : la boxe à cor et à cri
Épisode 4/5 : Sonate en chute mineure : les ténors du peloton
Épisode 5/5 : Concerto en brutes majeures : un concert de louanges pour n’oublier personne
https://www.franceculture.fr/emissions/la-serie-musicale-dete/musiques-et-sports

« Paris Musées Olympiques ». Paris Musées, 2022, douze épisodes de 8 min env.
« Permet de découvrir les œuvres des musées de la Ville de Paris sous le prisme des Jeux olympiques modernes. »
https://www.parismusees.paris.fr/en/node/5557