
La revue InterCDI sous le regard des professeurs documentalistes stagiaires
Cinquante ans, l’âge de la maturité pour la revue InterCDI et l’occasion de se tourner vers l’avenir de la profession. Qui, mieux qu’un professeur documentaliste stagiaire, pourrait nous tendre un miroir du futur en exprimant ses attentes, ses craintes, tout en faisant émerger des problématiques professionnelles prégnantes ? Ses usages de lecture et son rapport à la revue InterCDI sont un levier d’analyse pour éclairer la manière dont les contenus de celle-ci reflètent les évolutions de notre profession et peuvent aider les jeunes stagiaires lors de leur prise de fonctions.
Nous avons mené une enquête durant le mois de janvier 2022 auprès des professeurs documentalistes stagiaires1 en formation initiale dans trois académies2. L’interrogation qui sous-tend cette enquête porte sur l’apport de la revue InterCDI à la prise de fonctions des professeurs documentalistes stagiaires en formation initiale et, en prolongement sur les évolutions du métier, le regard de la jeune génération sur la profession, préfiguré par ses attentes envers la revue.
L’enquête menée permet de dresser un panorama des habitudes de lecture et des usages d’InterCDI chez les professeurs documentalistes stagiaires. L’analyse de leurs réponses dessine par ailleurs leur vision de l’avenir de la profession et la manière dont ils imaginent leur futur CDI d’exercice. Enfin, elle nous révèle leurs attentes quant aux contenus et aux problématiques qu’ils souhaiteraient voir traités dans la revue.
Une lecture régulière de la revue, centrée sur la prise de fonctions
Une revue qui existe depuis 50 ans est-elle encore lue par la relève de la profession ? La réponse est nette : 21 personnes interrogées sur un total de 33 disent lire InterCDI. Quant à la fréquence de lecture, 18 répondants lisent tous les numéros ou a minima 2 à 3 numéros par an (sur 5 numéros annuels au total). Si 14 stagiaires affirment lire la revue seulement quand ils en ont besoin, on voit là qu’une lecture régulière et fidèle prédomine, face à un usage plus utilitaire. Si l’on affine davantage, ressortent différentes utilisations de la revue.

On s’attendrait a priori à ce que les conseils de lecture et d’acquisitions proposés par le Cahier des Livres soient la rubrique privilégiée, comme il nous semble que cela est le cas pour les professeurs documentalistes en poste depuis plus longtemps, même si cela nécessiterait une enquête spécifique sur ce profil de lecteurs. Or, cet usage se fait à la marge, pour seulement 2 stagiaires, la majorité d’entre eux préférant les ressources susceptibles de les accompagner dans leur entrée dans le métier. Ainsi, les exemples de séances pédagogiques et les conseils pour débuter dans la profession sont de loin les plus consultés (12 répondants pour chacun des volets). L’optique de la préparation au concours oriente par ailleurs, pour 7 répondants, la lecture vers les articles d’analyse en Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) et en Sciences de l’Éducation et de la Formation (SEF).
Sur les 7 répondants qui se déclarent non lecteurs, 4 expliquent leur réponse par le fait que la revue est disponible uniquement sur abonnement payant. Mais 2 d’entre eux affirment envisager de prendre cet abonnement et disent pouvoir le consulter dans le CDI de leur établissement de stage : ces réponses-là seraient donc à ajouter au pourcentage global des lecteurs de la revue. Aucun stagiaire interrogé ne remet en cause ici l’intérêt du contenu de la revue, puisque ce sont bien les enjeux financiers de l’abonnement qui semblent décider du non-usage d’InterCDI.
Enfin, cette lecture régulière et axée sur les ressources d’accompagnement à l’entrée dans le métier n’est pas exclusive et se fait de façon complémentaire avec plusieurs autres types de ressources : 13 répondants consultent en effet d’autres périodiques spécialisés en SIC ou en Sciences de l’Éducation, notamment la Revue Française des Sciences de l’Information et de la Communication3, les Cahiers pédagogiques, Médiadoc, et Lecture Jeune ; 12 utilisent les listes de diffusion et les informations circulant entre professeurs documentalistes sur les réseaux sociaux ; enfin, 9 d’entre eux parcourent régulièrement les sites spécialisés et mutualistes, tels que Docpourdocs4 et les blogs tenus par des professeurs documentalistes. On voit donc que les ressources numériques gratuites circulant grâce au partage de contenus sur les listes de diffusion, les blogs ou encore les réseaux sociaux sont tout autant consultées, voire davantage, que les publications scientifiques spécialisées payantes (21 répondants au total).
Il s’agit là d’un changement notable des habitudes de lecture qui témoigne de la prédominance des pratiques participatives chez les professeurs documentalistes stagiaires. En prolongement, on peut donc se demander quelle est la vision de l’avenir de la profession qui émerge chez les personnes interrogées.
Des répondants majoritairement optimistes et fervents défenseurs de la mission pédagogique
L’avenir est envisagé positivement par 15 répondants : 4 d’entre eux affirment tenir leur optimisme de la pluralité des missions et de la liberté pédagogique dont ils disposent qui font la richesse d’un métier singulier dont les particularités permettent, pour 2 répondants, de cultiver une relation heureuse aux élèves. Les bienfaits de la pédagogie de projets pour créer des situations d’apprentissage motivantes et collaborer avec les collègues enseignants de disciplines sont avancés par 3 répondants, de même que 2 autres soulignent les instructions récentes en matière de promotion de la lecture ainsi que les enjeux du métier en termes de culture informationnelle (…) de plus en plus valorisés dans nos sociétés.

Si les répondants se déclarent majoritairement optimistes, et si 2 d’entre eux se sentent membres d’une communauté, d’un groupe soudé basé sur l’entraide et la mutualisation, leurs propos sont teintés parfois de pessimisme : 4 répondants optimistes regrettent le manque de compréhension et de reconnaissance du statut de professeur alors qu’un autre, replace son enthousiasme dans un contexte ministériel peu engageant et une morosité ambiante au sein des métiers de l’enseignement ; 4 répondants regrettent également le manque de compréhension et de reconnaissance du statut de professeur. Les stagiaires interrogés semblent se construire une identité professionnelle en fonction de ce manque de reconnaissance. « Une identité double… et trouble (…) tendue entre une identité enseignante et une identité documentaliste », pour reprendre les mots de Nassira Hedjerassi et de Jean-Michel Bazin (2013, p. 745).
Du côté des pessimistes (6 répondants), trois raisons sont avancées, à commencer par les injonctions contradictoires entre les attentes institutionnelles et sociétales, si l’on considère les enjeux de l’ÉMI face au manque de reconnaissance de leur expertise pédagogique dans ce champ. Les enjeux socio-politiques de l’ÉMI, soulignés de surcroît dans de nombreux rapports6, ne s’accompagnent pas d’une augmentation de leur marge de manœuvre pédagogique et didactique. Certains notent, par exemple, le refus ministériel de leur donner un rôle prépondérant sur la question quand 4 répondants vont même plus loin dans la critique des orientations prises par les politiques publiques éducatives en évoquant l’instrumentalisation des professeurs documentalistes et le double langage de la part de l’institution au travers de discours qui prônent l’adaptation au tout numérique sous couvert de raisons néolibérales.
La faisabilité de la mise en œuvre de l’ÉMI sur le terrain de l’établissement scolaire est également questionnée. Un répondant met en exergue les sous-effectifs, l’ampleur des missions face au manque criant de titulaires et de remplaçants, tandis qu’un autre conteste la logique de suraccumulation des tâches et semble même douter de sa capacité à mener de front l’ensemble des missions qui lui incomberont. Il se trouve selon lui face à l’impossibilité de faire davantage que du bricolage en ÉMI (…) avec un seul poste de professeur documentaliste.
Cependant les difficultés statutaires des professeurs documentalistes sont situées dans un contexte plus global, celui du système éducatif français, marqué par une dégradation des conditions de travail et des conditions de scolarisation des élèves. Les professeurs documentalistes stagiaires occupent une position singulière entre deux mondes, celui de la formation et de la professionnalisation sur le terrain de l’établissement scolaire. Cette position ne les met pas pour autant à l’abri de ce qu’ils considèrent comme un manque de considération institutionnelle.

Qu’ils soient pessimistes ou optimistes, 15 répondants déclarent que parmi les missions dévolues aux professeurs documentalistes, c’est la mission pédagogique qui est la plus à défendre (graphique de droite ci-dessus). Alors que nous nous attendions à une réponse affirmée d’une voix unanime, 6 répondants avancent pourtant que les missions d’ouverture culturelle (5 répondants) et de gestion (1 répondant) sont les plus à défendre. Ces réponses sont remarquables pour deux raisons : d’une part, parce qu’elles émanent de stagiaires qui se déclarent optimistes quant à l’avenir de la profession et d’autre part, parce que les missions de gestion et d’ouverture culturelle n’ont jamais été menacées par les orientations ministérielles. Comment comprendre ces positions ? S’agit-il d’une position d’opposition à l’égard d’une profession trop centrée, selon eux, sur la défense du mandat pédagogique ? S’agit-il d’une réponse en réaction à la défense du mandat pédagogique, visant à rappeler que les missions de gestion et d’ouverture culturelle mériteraient autant d’attention que la mission pédagogique ? Quoi qu’il en soit, ces répondants soulignent manifestement la pluralité des missions qui leur sont dévolues et qu’ils ont bien l’intention d’assumer.
Se projeter dans le futur CDI d’exercice
Comment les répondants se projettent-ils dans leur futur lieu d’exercice ? Comment l’imaginent-ils (position dans l’établissement, agencements intérieurs, espaces, activités qui y sont menées, etc.) ? Et que peut leur apporter la revue InterCDI à ce sujet ?
Le statut de stagiaires les place dans une position transitoire entre un lieu de stage au sein duquel ils se trouvent momentanément en responsabilité partagée avec un tuteur et leur futur lieu d’exercice. Qu’ils soient pessimistes ou optimistes, les réponses s’articulent autour de quatre points :
Un CDI, au centre de l’établissement scolaire
La notion de « centre-central-e » est invoquée par 10 répondants sur 21 pour qualifier ce lieu situé à proximité de la salle des professeurs et de la cour pour attirer les élèves. L’un d’eux élargit même cette dimension en avançant l’idée de tiers-lieu. Quel que soit le terme employé, les répondants décrivent un lieu propice aux échanges et à la construction du parcours scolaire de l’élève. Cette position centrale est également perçue à travers une logique de réseau qui relie le CDI aux autres services de l’établissement dont le service vie scolaire. Des répondants insistent sur la notion d’espace didactisé, de lieu de savoir, de carrefour pédagogique. Des expressions qui traduisent des difficultés rencontrées liées au rattachement institutionnel de l’information-documentation à la vie scolaire7, puisqu’ils expriment leur souhait d’exercer dans une relation bien comprise, connue et acceptée de la communauté éducative. Le CDI qu’ils projettent reflète leur conception d’un métier pluriel dont les missions peuvent être en tension. Cependant, 4 stagiaires refusent de se projeter. Une réaction qui est en opposition avec la vision idéalisée du CDI. Ces réfractaires préfèrent (s’)adapter aux réalités du terrain et du public de (leurs) futur(s) établissement(s) d’exercice.
Un CDI multifonction doté d’espaces modulables pour assumer les missions qui leur sont dévolues
J’aimerais, Je l’aimerais, j’espère que… Ces expressions expriment une vision idéalisée du futur lieu d’exercice. Les considérations des répondants, qui sont essentiellement matérielles, s’expriment à partir de descriptions précises : mobiliers modulables, ordinateurs en nombre suffisant, vidéoprojecteurs, accès à une salle de cours dédiée. Ils se projettent dans un lieu assez grand et adapté aux besoins des usagers. De nombreux qualificatifs sont employés pour désigner ce CDI idéal : facilement accessible, lumineux, ouvert sur l’extérieur, coloré. Dans un second temps, la problématique de la cohabitation des espaces les préoccupe en prévision des différentes activités pédagogiques et culturelles qui y seraient proposées. Espaces de lecture silencieuse (sieste contée, relaxation…), de travail de groupe, de séances pédagogiques, d’éducation aux médias (espace radio, web radio, cinéma…) cohabitent aisément avec des espaces dédiés aux jeux de société ou à la création manuelle. Se confrontent, à travers leurs propos, les réalités issues du terrain de stage avec leurs aspirations à exercer dans un lieu où ils pourront assumer, dans une certaine harmonie, toutes les missions qui leur sont dévolues.
Un CDI innovant et bien doté sur le plan matériel
Contraintes matérielles et contraintes statutaires semblent entremêlées. Les répondants perçoivent leur futur lieu d’exercice par opposition à celui qu’ils occupent actuellement, comme ce professeur stagiaire qui déplore la pauvreté de l’équipement informatique de son lieu de stage et qui espère de tout (son) cœur que l’équipement informatique de son prochain lieu d’exercice sera à la hauteur de ses attentes. Dans leur idéal, le CDI se présente aussi comme un lieu innovant sur le plan pédagogique (un FabLab pour apprendre autrement, une webTv) au sein duquel ils pourront introduire des modalités d’apprentissage alternatives plus ou moins ludiques (club, escape game). Des problématiques budgétaires sont évoquées parce qu’elles conditionnent une offre documentaire riche et multisupport, suscitant l’envie et la curiosité, et enrichie par une veille adaptée aux besoins des collègues. Lorsqu’il s’agit d’imaginer la conception du futur CDI d’exercice, la revue InterCDI constitue un réservoir de ressources, d’inspiration, d’idées, de conseils notamment pour élaborer un premier diagnostic de besoins.
L’information-documentation à l’épreuve de l’ÉMI ?
L’absence d’un mot est aussi significative que sa présence. Seuls 2 répondants conçoivent le CDI comme un lieu dédié à l’information, ouvert sur l’actualité (…) où l’élève trouve les clés de lecture et de tri de l’information. Pourtant 7 répondants sur 21 font référence à une progression des apprentissages en ÉMI pensée sur tous les niveaux avec la communauté éducative. Des contradictions ressortent des propos des répondants au sujet de l’ÉMI. Un pessimiste a une idée bien arrêtée qu’il exprime avec force et fermeté : pas d’ÉMI à l’emploi du temps (à fortiori si le décret n’est pas appliqué)8 pour favoriser plutôt les projets, tandis qu’à contrario, un autre affirme vouloir des séances d’ÉMI régulières. Dans la lignée des prescriptions institutionnelles, un professeur documentaliste stagiaire souhaite, quant à lui, accorder une place essentielle (…) au média scolaire. Ces différentes visions parfois contradictoires mettent en exergue le rapport différencié de chacun à l’information-documentation et à l’ÉMI. Le manque de consolidation épistémologique autour d’un champ disciplinaire de référence apparaît comme la raison principale de ces contradictions.
Les projections des répondants soulèvent la problématique suivante : comment un seul et même lieu, sous la responsabilité le plus souvent d’une seule et même personne, peut-il répondre à autant d’objectifs ? Les propos des stagiaires dessinent en effet un CDI polyvalent qui répond à de multiples attentes et revêt plusieurs fonctions, du lieu de détente au lieu d’apprentissage, du lieu de jeu à celui de la lecture, d’un lieu de travail individuel à celui des travaux de groupe. Cette vision multifonction du CDI n’entrave-t-elle pas celle d’un lieu qui serait identifié également comme le lieu d’exercice d’un enseignant ?
InterCDI au futur : au cœur de la construction d’un commun
Nous avons souhaité ainsi nous projeter dans ce qui pourrait constituer les sommaires à venir, recueillir la parole des professeurs et professeures stagiaires à travers l’expression de leurs attentes générales et spécifiques, percevoir distinctement les préoccupations professionnelles auxquelles la revue devra répondre ou dont elle devra se faire l’écho. Ces dernières questions ciblant précisément des thématiques ont recueilli un taux de réponses de 100 % des participants au sondage.
Ce qui fait une revue, ce sont ses lecteurs. Mais comment la revue InterCDI peut-elle se faire l’écho des préoccupations de ces derniers ? C’est une question qui n’appelle pas de réponses évidentes si l’on en juge par les 3 non-réponses (champ vide) et le « je ne sais pas » exprimés par les répondants. Ces (non-)réponses ne sont pourtant pas anodines. Révèlent-elles les difficultés des répondants à se projeter dans un avenir professionnel incertain ? Qu’ils soient optimistes ou pessimistes, leurs réponses se rejoignent et s’entremêlent autour de trois éléments.
Fournir une banque de données d’idées en donnant la parole aux lecteurs
Se faire l’écho d’une profession suppose de donner la parole aux lecteurs. La revue devrait, tout d’abord, contribuer à la construction d’une culture professionnelle commune en proposant des idées, des témoignages, des comptes rendus d’expériences qui nourrissent les pratiques de terrain. Ainsi, 1 répondant attend des contenus qui activent la créativité de notre profession tandis qu’un autre cherche un espace de réflexions qui reflète autant les réalités de terrain que les débats en cours interrogeant l’avenir du métier. La confrontation de points de vue à travers des regards croisés de chercheurs et de praticiens mais aussi ceux de responsables politiques et syndicaux, ajoute ce répondant, semble un gage de qualité pour une revue qui reflète une profession plurielle. Par ailleurs, 3 répondants suggèrent que la revue accorde plus de place aux lecteurs et à leurs questionnements9 alors qu’un autre pense que les élèves pourraient, eux aussi, y trouver leur place.
Offrir un décryptage de l’actualité et mettre en exergue les préoccupations et revendications de la profession
Les problématiques statutaires, les conditions de travail des professeurs documentalistes et les thématiques sensibles comme la prime informatique devraient faire l’objet de décryptage. Certains répondants suggèrent que des tribunes, des débats, des chroniques et portraits puissent refléter les richesses autant que les difficultés que rencontre la profession. D’autres proposent que ces décryptages portent sur les tweets de profdocs qui sont très actifs sur les réseaux sociaux et, à une échelle plus générale, que la revue puisse proposer des analyses fines des projets de lois en éducation et leurs conséquences sur les enseignants et les élèves. L’idée sous-jacente à ces propositions étant d’élargir l’horizon des lecteurs au-delà de la profession. Une revue professionnelle comme InterCDI s’inscrit effectivement dans un réseau de moyens d’information sur la profession. Elle cohabite avec d’autres revues comme Médiadoc, la revue associative et militante de l’APDEN, avec des sites institutionnels dont SavoirsCDI ainsi que des espaces collaboratifs et de mutualisation qu’offrent les médias sociaux, les listes de diffusion académiques et nationales, les blogs et sites personnels ou associatifs dédiés à la profession à l’instar de Docpourdocs.
Suivre les avancées de la recherche
Les SIC constituent le champ de référence de l’information-documentation. L’intérêt de la revue pour les avancées de la recherche scientifique dans ce champ autant que dans celui des SEF favorise la réflexion sur une épistémologie de l’information-documentation. Ainsi, 1 répondant affirme que les articles des chercheurs lui permettent de se maintenir au niveau.
Les apports de la recherche publiés dans la revue sont mentionnés à 2 reprises pour la démarche réflexive qu’ils permettent d’engager. Et 5 répondants expriment le souhait d’une revue permettant d’allier théorie et pratique, et de suivre les développements de la recherche notamment en information documentation pour réfléchir à une didactisation en lien avec une pédagogie de l’ÉMI.
S’informer pour former aux enjeux actuels de l’ÉMI, préparer la prise de fonctions
Interrogés sur les thèmes qu’ils souhaiteraient voir traités dans la revue, les enseignants stagiaires ont plébiscité des thématiques actuelles d’éducation à l’information et aux médias : les pratiques informationnelles sur les RSN et la protection des données, l’identité numérique, le monde numérique, le jeu vidéo, la parentalité numérique, l’éducation à l’image, le rapport des jeunes à la presse et à l’information d’actualité, les compétences psycho-sociales et le développement de l’esprit critique. Parallèlement, ils souhaitent que la revue leur propose des pistes pour améliorer leur prise de fonctions : l’insertion dans l’équipe pédagogique, la conception de progressions des apprentissages informationnels et de leur évaluation, la mise en œuvre de partenariats, l’accompagnement des parents. Une mention est faite à l’art contemporain comme thématique à traiter.
Ces réponses sont issues d’une projection dans un futur immédiat. Un commentaire le souligne ainsi je débute, j’ai besoin d’être informée dans tous les domaines. Elles soulignent aussi l’importance que revêt pour eux la mission d’enseignement.
Une lecture d’InterCDI régulière, axée sur les articles théoriques et sur les ressources pédagogiques plutôt que sur les critiques littéraires du Cahier des Livres et des attentes envers la revue, tournées essentiellement sur l’accompagnement à la prise de fonctions : les répondants débutent dans le métier et voient à juste titre dans InterCDI une manne d’informations et de conseils à même de les aider dans leur début de carrière. S’ils sont majoritairement optimistes quant à l’avenir de la profession, des inquiétudes percent malgré tout, notamment à propos du manque de reconnaissance de l’institution. Leur CDI idéal serait central, innovant, modulable mais finalement si polyvalent qu’il s’éloignerait presque de sa fonction première de lieu dédié à l’information. En parallèle, les répondants attendent de la revue ce qu’ils retrouvent sur les réseaux sociaux professionnels qu’ils utilisent beaucoup : davantage de participation des lecteurs, de mutualisation de supports pédagogiques et d’agrégation d’idées, notamment en se faisant le relais des professeurs documentalistes actifs sur les blogs et les RSN, mais aussi l’écho des revendications militantes avec des plumes plus pamphlétaires. L’appel est donc lancé ici à de nouveaux contributeurs et la réflexion ouverte pour créer des rubriques inédites. Cinquante ans après sa création, InterCDI entend rester une revue tournée vers l’avenir, à l’écoute de ses lecteurs pour continuer à écrire ensemble les Communs de l’information-documentation.
Ainsi, du Commun au collectif, comme cette répondante l’affirme, la revue permet de ressentir la notion de collectif de la profession car si pour l’instant je suis accompagnée de ma tutrice et mes formatrices, l’année prochaine sera le grand bain en solo.
Le CDI, un espace évolutif
Avant 1945, une bibliothèque de classe et une bibliothèque pour les enseignants étaient éclatées en plusieurs lieux, au sein d’un même établissement scolaire français. Ce n’est qu’à partir des années 1950, avec l’émergence de certains facteurs, dont la diversité des supports et des nouvelles pédagogies, que les ressources documentaires vont être centralisées au sein d’un même espace. De Centre local de documentation (1958), en passant par Service de documentation et d’information (1966), jusqu’au Centre de Documentation et d’Information (1973) que nous connaissons à ce jour, l’histoire des CDI nous montre que chaque étape de leur évolution est étroitement liée à l’environnement informationnel et pédagogique. Aujourd’hui encore, à l’heure de la surinformation et de la pédagogie nouvelle, l’espace CDI ne cesse de s’adapter comme le prouvent les réflexions engagées depuis 2012 pour évoluer vers un Centre de Connaissances et de Culture (CCC). Précisons que les textes récents, dont la nouvelle circulaire de mission des professeurs documentalistes (2017), mentionnent uniquement le CDI. Par contre, concernant la conception architecturale, le terme CCC est utilisé depuis cette époque qu’il s’agisse de rénovations ou de constructions.
Ainsi, les nouvelles pédagogies, mais aussi la professionnalisation par l’instauration du CAPES documentation en 1989 ont participé à repenser l’espace qu’est le Centre de Documentation et d’Information. Des années 1990 à nos jours, cet espace de formation, d’éducation et de ressources rayonne plus intensément à chaque révolution pédagogique sur l’établissement scolaire du secondaire. Comment ces évolutions se sont-elles traduites et se traduiront-elles à l’avenir dans l’architecture des établissements scolaires ? Une contextualisation à travers l’atlas des collèges de Seine-Saint-Denis1 est l’occasion de se saisir de ces évolutions. Une analyse architecturale, réalisée à deux voix, à partir des fiches consultables de cet atlas et de visites de repérage dans des collèges de Seine-Saint-Denis, nous permet également de formuler quelques pistes pour les collèges de demain.
Le CDI, une ligne de force émergente dans l’histoire architecturale des collèges
par Justine Bourgeois, architecte et chargée d’études au CAUE de Seine-Saint-Denis
Depuis la première période de construction industrialisée des collèges, il existe plusieurs générations de CDI, et leur position au sein des établissements a varié d’une décennie à l’autre. Cette transformation (ou évolution) est liée à des objectifs à la fois pédagogiques et architecturaux, à mettre en lien avec les directives de l’Éducation nationale, les attentes pédagogiques et l’ouverture progressive des collèges à d’autres utilisateurs extérieurs (associations culturelles et sportives, parents d’élèves, soutien scolaire, etc.). Dans le département de la Seine-Saint-Denis, la consolidation de la profession de documentaliste dans les années 1975 et le positionnement des CDI dans les programmes-type de construction des collèges traduisent une volonté de lutter contre l’échec scolaire. Tous ces efforts visent à développer « une pédagogie et une vie scolaire rénovée2 » qui favorisent l’apprentissage et l’initiative individuelle, l’objectif étant également d’offrir aux jeunes des outils et des bâtiments adaptés. Le CCC qui a succédé au CDI depuis 2012 est aujourd’hui l’héritier de cette démarche.
Initialement, dans les collèges industrialisés, les fonctions et bâtiments étaient dissociés. Chaque pôle (Direction, Enseignement, CDI, logements de fonction) occupait un bâtiment distinct. Les bâtiments d’enseignement prenaient la forme de barres constituées en façade par la répétition du même élément – long développé dont la répétition des travées identiques, formant un quadrillage orthogonal, ils bénéficiaient d’une double orientation, d’un éclairage naturel des circulations. Le CDI occupait soit un bâtiment indépendant, soit des locaux dans un bâtiment de plain-pied avec la cour de récréation.

Crédits : Sarah Piacentino © Caue 93
Source : Atlas des collèges
Titre : collège République à Bobigny
Chronologie : 1970 : Ministère de l’éducation nationale, Architecte d’adaption : Marius Depont, Entreprise : S.N.C.T. 1990-2002 : Travaux de rénovation, Maîtrise d’œuvre : Direction des Bâtiments Départementaux.
Légende : Le CDI se trouve en rez-de-chaussée des pôles vie scolaire et encadrement pédagogique (à droite). On ne le distingue pas des autres locaux desservis par la cour et le préau.

Titre : collège Jean Moulin à Neuilly-Plaisance.
Chronologie : 1964 : construction du collège des Cahouettes, Maître d’ouvrage : Ministère de l’éducation nationale, architecte et entreprise : inconnu ; 1996 : rénovation lourde du collège Jean Moulin, Maître d’ouvrage : Direction des bâtiments départementaux
Légende : Le CDI était positionné initialement dans un bâtiment indépendant (Bâtiment E) au centre de la cour. Il a bénéficié d’une nouvelle implantation au sein de l’aile d’enseignement principale dans le cadre d’une rénovation lourde du collège.
À la fin des années 1960 et au début des années 1970, l’espace de l’enseignement comme combinaison de salles de classes standardisées devient obsolète et la trame constructive ministérielle est remise en question. De nouvelles instructions pour les programmes et la construction des collèges voient le jour avec le développement physique et psychologique de l’enfant comme cœur de sujet. Les CDI, les salles d’activités d’éveil, physiques et sportives, et pour finir l’ensemble des espaces collectifs deviennent un support de la vie éducative.
Il fallait faire évoluer le bâti des collèges en tenant compte des évolutions pédagogiques et du contenu de l’enseignement. De nouvelles typologies de salles sont incluses dans le programme de construction des collèges : on construit ou on aménage des salles de technologie, on adapte les salles de musique.
À compter de 1985-86, au moment des lois de décentralisation, lorsque les départements prennent en charge la maîtrise d’ouvrage de ces équipements publics, les CDI vont connaître une évolution architecturale, les projets architecturaux de collèges constituant une véritable effervescence dans le département. Le CDI aura une place privilégiée sur le plan spatial au centre de ces équipements scolaires.
On assiste alors à un décloisonnement des fonctions : ce n’est plus la transmission dans la classe qui domine. Le remodelage programmatique vise à renouer le dialogue entre architecture et sociabilité. Le CDI acquiert une nouvelle visibilité dans ces établissements : implantation centrale, effets formels ou plastiques, volumétrie expressive. Sa position est étudiée en liaison avec les trajets des élèves et du personnel enseignant.
Le CDI est conçu comme le pivot entre la vie des élèves et des enseignants : il devient le support d’une nouvelle façon d’enseigner qui rompt avec le cours magistral et qui favorise l’accès au savoir en autonomie. L’architecture cherche à valoriser sa fonction pour le travail en groupe mais aussi pour le repos et la culture personnelle. Son organisation distingue une salle de consultation centralisée et unifiée de petits recoins feutrés propices à la concentration. Sa composition architecturale est guidée par un jeu de couleurs, de matériaux et de lumière.

Crédits : André Lejarre © Département de la Seine-Saint-Denis
Source : Atlas des collèges de Seine-Saint-Denis
Titre : collège Jean-Jaurès à Montfermeil, 1993 Maître d’ouvrage : Département de la Seine-Saint-Denis, Maître d’ouvrage délégué : Sodedat 93, Architectes : Renée Gailhoustet et Pascale Buffard
Légende : Conçu sur deux niveaux, l’étage inférieur de ce CDI est d’accès libre, la mezzanine est réservée à la lecture et aux travaux encadrés par les professeurs. L’espace lumineux est éclairé au nord par une vaste verrière, à l’opposé, une paroi de pavés de verre courbe diffuse une lumière tamisée.
Dans ces deux collèges réalisés la même année (en 1993), le CDI apparaît comme le lieu privilégié au cœur de ces établissements. À Montfermeil tout comme à Rosny-sous-Bois, il est conçu sur deux niveaux, l’étage inférieur est d’accès libre, équipé d’une borne d’accueil et de prêt et d’espaces de rayonnage, la mezzanine est réservée à la lecture individuelle et aux travaux encadrés par les professeurs. Cet espace lumineux est éclairé par des dispositifs d’éclairage variés.

Crédits : Mouna Deghali © Caue 93
Source : Atlas des collèges de Seine-Saint-Denis
Titre : Collège Albert Camus à Rosny-sous-Bois, 1993 : Maître d’ouvrage : Département de la Seine-Saint-Denis, Maître d’ouvrage délégué : Sodedat 93, Architectes : Caroline Charmont et Jean-Patrick Desse
Légende : En belvédère au sommet de l’édifice, le CDI est éclairé par un mur-rideau qui encadre le paysage environnant. Une variété de fenêtres éclaire une zone de lecture collective disposant d’une double hauteur, un espace individuel de lecture est niché en mezzanine tel un observatoire au-dessus de cette salle.
Une part d’utopie a guidé la conception de ces collèges : offrir des espaces se démarquant de ceux des collèges traditionnels souvent marqués par la ligne droite, notamment en mettant en œuvre des formes souples et généreuses, introduire richesse et poésie dans les espaces dédiés à l’enseignement. Dans la pratique, cette intention vient cependant parfois contredire la lisibilité des espaces intérieurs et la nécessité de la surveillance des élèves.
À partir des années 2000, la création de salles informatiques et de technologie vient compléter le dispositif d’apprentissage et répond à une demande forte des équipes pédagogiques. Il s’agit d’exigences répondant à l’évolutivité du contenu des programmes pédagogiques ainsi qu’à celle des méthodes et techniques d’enseignement auxquelles les lieux d’enseignement doivent s’adapter.
La conception de ces établissements intègre cette exigence en prévoyant, par exemple, des salles de cours équipées systématiquement de supports informatiques multimédia, des salles dont la configuration permet à l’enseignant de répondre au mieux aux besoins spécifiques de chaque élève en dépassant le rapport frontal, des salles dont la configuration permet l’accueil de groupes d’élèves à taille modulable (classe entière, travail en groupes et travail autonome), des réseaux techniques capables d’évoluer dans le temps afin d’intégrer de nouveaux besoins.




Crédits : Mouna Deghali © Caue93
Source : Atlas des collèges de Seine-Saint-Denis
Titre : Collège Pasteur à Villemomble, 2006 ; Maître d’ouvrage : Département de la Seine-Saint-Denis, Maître d’ouvrage délégué : Sodedat 93, Architectes : Jean-Christophe Tougeron
Légende : n° 5 : salle de lecture – n° 6 : vue depuis la cour – accueil du CDI au 1er étage et des salles de technologies au 2e étage au sein d’un volume situé au cœur du collège orienté sud-est tourné vers la cour et équipé de protections solaires – n° 7 : accès au CDI et au bureau du psychologue et conseiller d’orientation positionnés au 1er étage le long de l’axe principal de circulation emprunté par les élèves – n° 8 : la salle des professeurs communique avec le CDI par un accès direct (porte et cloison vitrées)
Lové dans un bâtiment cubique sur pilotis situé au centre de la composition, le CDI du collège de Villemomble est éclairé par la façade orientée plein sud unifiée par une série de lames métalliques blanches suspendues au-dessus de la cour. Salles informatiques, de technologie et des professeurs sont regroupées autour du CDI au sein de ce même volume.
Le CDI placé en façade et en partie centrale au sein des collèges tend à se généraliser, en réponse aux schémas organisationnels et aux attentes pédagogiques, afin de mettre en réseau les salles équipées de matériel informatique et en vue de créer des synergies et échanges entre les locaux des professeurs, les bureaux du conseiller d’orientation psychologue (PsyEN) et les ressources du CDI.
Depuis 2012, la conception architecturale des nouveaux collèges, qui privilégie le positionnement du CDI/CCC au centre de la composition et visible depuis les espaces extérieurs, permet de lire les fonctions présentes sur les façades par un jeu contrasté de couleurs et de formes.
Volume en avancée, comme une boîte suspendue, le Centre de Connaissances et de Culture (CCC) bénéficie de vues panoramiques sur le canal de l’Ourcq et sur l’environnement, au collège Anatole France aux Pavillons-sous-Bois.
Revêtements blancs et noirs pour les salles de cours et volume en avancée et souligné d’une couleur rouge vif pour le Centre de Connaissances et de Culture (CCC). Cet espace d’enseignement, d’information et de ressources est un des lieux les plus forts de la vie du collège Gustave Courbet à Pierrefitte-sur-Seine.
Au sein du collège reconstruit Didier Daurat au Bourget, le bâtiment qui abrite le CDI est une pyramide dont le volume intérieur réalisé en béton brut permet une lumière haute, la salle de lecture disposant d’une lumière spécifique et adaptée est dotée d’une terrasse jardin portant des plantations visibles depuis le domaine public.
Le Centre de Connaissances et de Culture (CCC) occupe l’extrémité ouest du premier étage, en belvédère sur le canal, au sein du collège Germaine Tillion à Livry-Gargan.
Les espaces dédiés au Centre de Connaissances et de Culture (CCC) prennent l’angle du collège Jacqueline de Romilly au Blanc-Mesnil, pour marquer l’espace public et appuyer sur la fonction principale du projet.
La volumétrie en creux du Centre de Connaissances et de Culture (CCC) du collège Miriam Makéba à Aubervilliers marque l’entrée par une forte géométrie. Cette partie du bâtiment, plus riche, offre un travail géométrique de facettes qui invite le public à pénétrer dans l’enceinte de l’établissement. Le CCC est une fenêtre urbaine qui ouvre le collège sur la Ville.
Ces espaces considérés comme pièce maîtresse du programme et du parti architectural bénéficient d’un soin particulier. Lumière, transparence et vues sont privilégiées au détriment quelquefois de la fonctionnalité et du confort visuel à l’intérieur de ces espaces où les reflets et surchauffes d’été sont des sujets cruciaux pour les utilisateurs. Ceci induit des contraintes techniques et architecturales relativement complexes à traiter, en termes de protection solaire et de ventilation.


Crédits : © Epicuria Architectes
Source : Atlas des collèges de Seine-Saint-Denis
Titre : Collège Anatole France Aux Pavillons-sous-Bois, 2014
Maître d’ouvrage : SEPIA Partenariat, Promoteur : SOMIFA IDF, Constructeur mandataire : NORD FRANCE CONSTRUCTION, Équipe de maîtrise d’œuvre : EPICURIA ARCHITECTES – BERIM
Légende : n° 9 : salle de lecture – n° 10 : vue depuis la passerelle : en position centrale dans l’axe horizontal de la composition, le CCC bénéficie de vues panoramiques sur le canal de l’Ourcq et sur l’environnement.


Crédits : Aysun Süle © Caue 93
Source : Atlas des collèges de Seine-Saint-Denis
Titre : Collège Gustave Courbet à Pierrefitte-sur-Seine, 2019 : Maître d’ouvrage : Département de la Seine-Saint-Denis, Maîtrise d’œuvre : Atelier d’architecture Manuel R. Da Costa
Légende : n° 11 : salle de lecture – n° 12 : vue depuis la cour et les espaces extérieurs : en exergue une boite suspendue…



Crédits : Mathilde Leclair © Département de la Seine-Saint-Denis
Source : Atlas des collèges de Seine-Saint-Denis
Titre : Collège Didier Daurat au Bourget, 2015 : Maître d’ouvrage : Eiffage pour le Département de la Seine-Saint-Denis, Maîtrise d’œuvre : Atelier Salomon Architectes
Légende : n° 13 – n° 14 – n° 15 : salle de lecture – vues et dispositifs d’éclairage naturel


Crédits : Ameller & Dubois Associés © Département de la Seine-Saint-Denis
Source : Atlas des collèges de Seine-Saint-Denis
Titre : Collège Germaine Tillion à Livry-Gargan, 2018 : Maître d’ouvrage : MAYLIA Partenariat, Promoteur : SOMIFA, Constructeur mandataire : NORD FRANCE CONSTRUCTION, Équipe de maîtrise d’œuvre : Ameller & Dubois Associés
Légende : n° 16 : salle de lecture – n° 17 : vue depuis le parvis extérieur : en belvédère au-dessus de l’entrée principale le CCC bénéficie de vues sur le canal de l’Ourcq et sur l’environnement arboré.

Crédits : Aysun Süle © Caue 93
Source : Atlas des collèges de Seine-Saint-Denis
Titre : Collège Jacqueline de Romilly au Blanc-Mesnil, 2019 : Maître d’ouvrage : Eiffage pour le Département de la Seine-Saint-Denis, Promoteur : SOMIFA IDF, Constructeur mandataire : Agence Lehoux-Phily-Samaha, Équipe de maîtrise d’œuvre : Roger Gilbert, architecte


Crédits : Cédric Lallement © Platane-ilic
Source : Atlas des collèges de Seine-Saint-Denis
Titre : Collège Miriam Makéba à Aubervilliers, 2015 : Maître d’ouvrage : VINCI pour le compte du Département de la Seine-Saint-Denis, Maîtrise d’œuvre : Platane et Ilic architectes
Légende : n° 19 : vue depuis le parvis extérieur – n° 20 : salle de lecture – Sur le pignon sud-ouest, se trouve le Centre de Connaissances et de Culture (CCC) avec sa face vitrée en porte-à-faux sur le parvis et la ville.
Dans le volet fonctionnel du programme type qui guide la construction ou la rénovation des collèges, piloté par le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis et réalisé dans le cadre d’une démarche participative collective mobilisant une diversité d’intervenants, le centre de connaissances et de culture (CCC) est considéré comme un « élément fédérateur » d’une importance centrale au sein des établissements scolaires dont les multiples fonctions sont explicitées. Cet espace, ayant été trop souvent relégué à une position d’arrière-plan, constitue aujourd’hui, face au tsunami d’informations auquel sont confrontés les élèves, un lieu ressource pour l’Éducation aux Médias et à l’Information comme l’illustre le CCC du collège Germaine Tillion à Livry-Gargan, par exemple.
Considéré comme un outil clé où l’élève développe sa capacité d’apprendre à apprendre, la maîtrise d’ouvrage a été amenée à repenser la configuration spatiale de cet espace documentaire dans le cadre de la programmation de nouveaux collèges à construire, à reconstruire ou à rénover. C’est pourquoi, en plus d’en faire une des lignes de force du programme architectural, le Conseil Départemental préconise son emplacement au cœur du collège, au carrefour des grands axes de circulation fréquentés par l’ensemble de la communauté éducative, comme l’explicite Philippe Lapalus, chef de service adjoint – Service de la maîtrise d’ouvrage des collèges, à la Direction de l’Éducation et de la Jeunesse du Département de Seine-Saint-Denis, lors d’un entretien réalisé par le CAUE 93 en avril 2021 : « Le CCC doit être conçu au cœur de l’établissement, facilement accessible depuis la vie scolaire, les locaux des enseignants et les salles d’enseignement, situé sur le chemin naturel des élèves, tout en assurant sa protection vis à vis des nuisances sonores. Le CCC doit être le lieu du collège où l’on aime se rendre. Au-delà de sa position centrale dans l’établissement, le Centre de connaissances et de culture doit disposer d’une conception architecturale permettant la mise en valeur de sa fonction spécifique dans le collège ». Actuellement, le CCC au sein du programme préconise une organisation en plusieurs zones, avec notamment des cellules de travail permettant diverses activités pédagogiques telles que le travail autonome des élèves, le développement du tutorat, la facilitation du travail par petits groupes, etc.
Mais, comme nous l’a montré l’histoire architecturale des CDI et des CCC plus haut, cet espace ne cesse d’évoluer pour s’adapter aux mouvements pédagogiques de chaque époque, contrairement à la salle d’enseignement qui, elle, est restée plus ou moins statique. C’est pourquoi sa position dans l’établissement et sa configuration spatiale sont régulièrement rediscutées, dans le cadre de différentes séances de concertation organisées par le Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis pour recueillir les avis et les requêtes auprès des chefs d’établissements, des gestionnaires et des professeurs documentalistes. Ces échanges, organisés à chaque étape du programme, de la conception à la réalisation, visent à répondre au plus près des besoins des usagers. Les objectifs visés par la maîtrise d’ouvrage de ces collèges sont d’améliorer la fonctionnalité et la qualité d’usage dans ces équipements scolaires, d’apporter davantage de continuités visuelles et spatiales entre les pôles et de liens avec la ville. Le fruit de ces échanges a amené les parties prenantes du programme de construction à une remise en question autour de l’emplacement du CCC au sein du collège. Il est envisagé de l’articuler au plus près de la cour de récréation et du pôle Espaces culturels partagés, afin qu’il soit à la fois au service des élèves et des utilisateurs extérieurs.
Comment envisager le CDI/CCC du futur en conciliant les contraintes de surfaces, de sécurité et autres normes liées au programme de construction avec les attentes du professeur documentaliste et des usagers ?
Quelle architecture pour le Centre de documentation de demain ? Questions des professeurs documentalistes à l’attention des architectes et maîtres d’œuvres
par Émilie Guitter, professeure documentaliste, du collège Jean-Baptiste Corot du Raincy (93) et professeure relais aux CAUE de Seine-Saint-Denis et du Val de Marne
À la lecture de cette rétrospective sur la conception architecturale des CDI au fil des décennies, il apparaît clairement que l’objectif essentiel des architectes et maîtres d’œuvre depuis la conception des premiers CDI est d’adapter les exigences architecturales aux missions assignées au CDI et aux professeurs documentalistes, au gré des époques (ou en tout cas, à ce que les architectes perçoivent des missions supposées d’un CDI et du personnel y officiant). Ainsi, les CCC des derniers collèges construits sont en général composés d’une grande salle de lecture avec des rayonnages, d’un espace informatique, ainsi que de plusieurs petites salles annexes. Une question se pose alors : avec un CDI dépourvu d’espace pédagogique dédié, comment le professeur documentaliste en poste peut-il alors transmettre les connaissances et compétences en Éducation aux Médias et à l’Information telles que définies par la circulaire n° 2017-051 du 31 mars 2017 relatives à ses missions ? En effet, l’espace de séances pédagogiques manque souvent à l’appel : un vidéoprojecteur fantôme et des places élèves à inventer. Le professeur documentaliste doit alors se délocaliser dans une salle de cours. Plutôt qu’au CCC du futur, réfléchissons au CDI idéal dans lequel le maître d’œuvre de l’Éducation aux Médias et à l’Information a la responsabilité de transmettre des connaissances, des compétences et un bagage culturel aux élèves. Ce questionnement adressé aux architectes nous conduira à proposer un voyage initiatique dans le Centre de Documentation et d’Information imaginé par les professeurs documentalistes que nous avons pu rencontrer en préparant cet article.
On peut résumer ainsi les missions du professeur documentaliste : pédagogie, gestion, communication, animation. Cependant, mener ces différentes missions au cours d’une journée de huit heures relève du parcours du combattant : mener un projet vidéo avec le CLEMI, animer le club mangas, assister à la réunion d’organisation de la journée portes ouvertes avec la direction, sans oublier les demandes des élèves en continu pour un livre, un EPI, et plus encore.
Pour ce qui est tout d’abord de la position du CDI/CCC dans l’établissement, il s’agit d’un élément stratégique dont le Conseil Départemental connaît l’importance : un repositionnement en rez-de-chaussée avec un accès cour peut favoriser son accessibilité aux collégiens, pendant la pause méridienne notamment ; un positionnement entre la salle des professeurs et la vie scolaire permet des échanges suivis avec les équipes enseignantes, propices aux projets interdisciplinaires. Cette nouvelle préconisation d’implantation privilégie également l’utilisation hors temps scolaire tout en évoquant l’idée d’ouvrir à d’autres publics et utilisateurs extérieurs (parents, associations), comme on peut déjà le voir dans les projets de label Génération 20243 où les infrastructures sportives des établissements scolaires sont prêtées aux associations du territoire.
Pour ce qui est de sa configuration spatiale, privilégier la fonctionnalité et la flexibilité fait partie des préconisations architecturales relatives à ces nouveaux espaces : un grand plan libre à forme simple pour tenir compte des grandes tendances pédagogiques et de l’évolution des techniques d’information et de communication, un mobilier mobile pour s’adapter aux différents usages actuels et/ou à venir ; et côté équipement matériel nécessaire à la mise en œuvre de séances pédagogiques dans des conditions idéales, des places assises en nombre face au tableau, un vidéoprojecteur, ou des ordinateurs à raison de deux élèves par poste, sont un minimum requis à l’heure du numérique pour former les citoyens de demain.
Dans cette préconisation, le Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis envisage de mettre une salle d’enseignement à proximité immédiate du CDI/CCC à même d’accueillir une classe entière tout en assurant le lien avec l’espace documentaire. Cette salle pourrait alors servir à plusieurs types d’activités telles que les conseils de classe. Ainsi, la fausse bonne idée des multiples petites salles qui entourent ce lieu s’effacera pour favoriser un espace plus grand, lumineux et plus ouvert. Une observation des pratiques montre qu’une ou deux salles suffisent pour développer un projet webradio, par exemple. En revanche, envisager différents espaces confortables, dédiés à des coins lecture plaisir ou à des jeux de société, serait une manière de préserver un bon climat scolaire. Toutes ces activités se dérouleraient sous l’œil avisé du professeur documentaliste remplissant sa mission pédagogique non loin de la banque de prêt. Cette dernière, idéalement placée, c’est-à-dire en face de l’entrée avec une vision à 360° du CDI, matérialisant la disponibilité et la vigilance du professeur documentaliste.
Le CDI est un lieu central ouvert à tou.te.s et qui garde sa part d’incertitude pour ce qui est de ses évolutions à venir. En partenariat avec le département, entrer dans une démarche design thinking devrait permettre d’envisager un aménagement à l’image de son/ses public(s). Le projet Archiclasse développé par l’Éducation nationale accompagne les collègues dans la définition de l’école de demain avec pour ambition de faciliter et d’anticiper les usages du numérique dans les temps de vie scolaire.
Mathilde 2032, la professeure documentaliste du futur ?
L’année dernière, lors des réunions de bassin, dans son académie de Dijon, ses collègues plus âgées lui ont dit la chance qu’elle avait d’arriver maintenant dans le métier. On discute beaucoup de cette révolution institutionnelle qui, en 2029, deux ans après l’élection présidentielle, a rebattu les cartes. La suppression de l’inspection générale et des inspections académiques, la mise en place de directions d’enseignement avec des personnalités compétentes dans leur domaine, avec des directions académiques… Que de changement, que de progrès, dont Mathilde n’a pas forcément conscience. Ses collègues, elles, ont été particulièrement bousculées dans leurs habitudes, avec un temps nécessaire de transition, quelques craintes aussi, de la colère parfois.
En ce mardi matin de septembre, avant deux séances en troisième au sujet des traces numériques, Mathilde enregistre quelques documents dans le nouveau logiciel documentaire développé conjointement par le ministère de la Culture et le ministère de l’Enseignement, à destination de l’ensemble des établissements publics. L’outil en ligne PubliDocs est adapté selon la structure, et Mathilde, en scannant simplement le code-barre de chaque document, voit les notices et les exemplaires se créer automatiquement à partir d’une base nationale gérée par la Bibliothèque nationale de France. En relation avec la direction numérique de chaque académie, qui ne s’occupe que de mettre en place les outils et environnements techniques nécessaires aux enseignants, chaque académie dispose d’un data center, financé par l’État, qui permet de mettre à disposition de tous les établissements l’outil PubliDocs, relié à la base documentaire globale, le tout gratuitement à tout niveau pour les professeurs documentalistes notamment. Au début, c’était difficile pour beaucoup d’abandonner le principe de créer les notices, mais les collègues s’y sont fait, d’autant qu’on a toujours la main pour créer son propre résumé.
Mathilde a commencé à explorer les opportunités de ce petit data center académique et les options pédagogiques qui s’offrent à elle. Ainsi dispose-t-elle d’un nombre illimité de bases de données, d’espace numérique, afin d’installer, si besoin, les logiciels en ligne agréés par la Direction du numérique éducatif. Elle a appris que l’arrivée progressive de promoteurs du libre dans les arcanes ministériels avait permis, lentement mais sûrement, d’arriver à cette solution. Elle prévoit ainsi cette année de développer un serveur spécifique à l’établissement pour l’hébergement et le contrôle de vidéos produites avec ou par des élèves, avec une gestion avancée et automatisée du droit à l’image afin de régler la publication et son arrêt dans le temps, par exemple. De même, souhaite-t-elle, si elle en trouve le temps, continuer les sessions de radio en directe, qu’avait initiées son prédécesseur, via un outil de diffusion déjà installé et prêt sur cette plateforme.
Le catalogue commence à être large, après deux années difficiles pour étudier au niveau national chaque application candidate ainsi que les conditions de la pérennité des autorisations, tant les moyens de piratage de données progressent aussi vite que les moyens de leur sécurité. Mathilde n’est pas au fait de ces questions techniques, mais elle sait qu’elle peut compter sur son collègue Mathieu, en service à temps plein dans le collège, pour gérer l’ensemble du parc informatique, administratif et pédagogique, en support également, une journée par semaine, pour faire le tour des écoles maternelles et élémentaires. Il n’est pas particulièrement au fait des logiciels éducatifs, initialement, mais il commence à se familiariser avec les besoins bien particuliers des enseignants, il est arrivé en même temps que Mathilde dans l’établissement.
Il n’a d’ailleurs pas vraiment beaucoup de temps pour découvrir tout cela, avec, pour le collège, tout de même la gestion d’une salle informatique et de trois charriots d’ordinateurs portables, le tout sous Ubuntu 32.10. avec un système d’exploitation et un nombre de machines en adéquation avec le cahier des charges national d’équipement. Mathieu vient souvent dans les classes pour épauler les enseignants, à la demande.
Mathilde garde encore à portée de mains ses cours de préparation au Capes en information-documentation, en particulier sur des aspects info-documentaires qui ont trait à la programmation, à la gestion des données, à leur organisation, à l’utilisation des langages d’affichage du Web. Alors qu’elle venait d’une filière littéraire et qu’elle gardait l’image de professeurs documentalistes qui enseignaient la recherche d’information et les médias d’actualité, elle a découvert, lors de ces formations, que le métier comprenait aussi logiquement un champ important de compétences numériques, qu’elle a bien compris qu’il fallait maîtriser pour une transmission a minima de compétences à ses élèves. Elle a vu, en préparant l’écrit, que les enseignements avaient évolué dans les années 2010, avec une tendance à l’enseignement de l’informatique, au détriment de la culture de l’information et des médias, puis que les réformes de 2029 avaient rétabli un équilibre entre les différentes spécialités. L’institution, à l’écoute du terrain, avait pu constater que la « Culture technique du numérique », discipline qui a changé plusieurs fois de nom, ne tenait pas suffisamment la route pour ce qui concernait justement les pratiques de recherche ou l’usage des médias. Elle a pris goût à ce sujet ; elle voit bien que ce n’est pas le cas de tous ses camarades de formation.
Ce qui est agréable et réaliste avec la refonte institutionnelle de l’Enseignement, c’est que les nouvelles équipes académiques, spécialisées, sont à même de développer des outils travaillés sur le terrain, dans les classes, qui permettent des enseignements associés aux nouvelles technologies, sans que les professeurs documentalistes, notamment, soient des experts. Ainsi, dans les académies de Lyon et de Normandie, qui œuvrent de concert, on travaille autour de simulations de réseaux sociaux, de moteurs de recherche, de catalogues documentaires, afin d’apprendre aux élèves, en activité, la face cachée, le fonctionnement technique de ces outils, et ainsi de mieux en découvrir les enjeux et ce qu’ils supposent comme questionnements. Ce peut être frustrant pour certains souhaitant se spécialiser dans ce type de travail, Mathilde s’en rend compte, par exemple, il faut être de l’académie de Bordeaux ou de Limoges pour travailler sur des projets de lecture à ampleur nationale. Mais il semble tout de même que la profession apprécie dans son ensemble cette organisation, selon la dernière enquête de l’Apden dont Mathilde vient de prendre connaissance.
Elle a d’ailleurs ouvert ce matin un onglet dans son navigateur pour adhérer à cette association professionnelle, particulièrement active dans son académie et dont ses responsables d’enseignement académiques ne lui ont dit que du bien. C’est tôt pour elle, dans sa carrière, de s’engager dedans, mais elle a l’impression que c’est important déjà de s’y intéresser. C’est dans cette même logique qu’elle prévoit dans la semaine d’adhérer, pour la première fois, à un syndicat. Elle hésite entre les deux seuls qui n’ont pas freiné des deux fers devant la réforme ; les deux seuls qui l’accompagnent pour faire évoluer la profession. Elle essaie de trouver le temps de voir les différences entre les deux, ce n’est pas si simple en pleine rentrée mais elle ne veut pas oublier ce sujet, comme ce fut le cas l’année passée. Elle sait qu’ils ne sont pas toujours parfaits, mais que, sans eux, elle n’aurait pas de bibliothécaire scolaire pour l’aider et développer ses différents projets culturels, que, sans eux, elle ne pourrait pas comptabiliser ses heures d’enseignement comme telles.
Mais pour l’heure, elle tient à vérifier sur l’outil collaboratif du collège comment sont développées les compétences en Culture de l’information et des médias que ses collègues, selon leur progression, ont indiquées de manière indicative sur l’environnement numérique de travail. Depuis que celui-ci est développé uniformément au niveau national, par des équipes académiques dédiées, hébergé comme les autres logiciels dans le data center de chaque rectorat, les outils pratiques se multiplient, pensés par et pour le terrain, avec une vraie ergonomie. De cela aussi les collègues lui ont parlé l’année dernière, du bonheur de professeurs d’autres disciplines qui ne rechignent plus, comme ce pouvait être le cas auparavant, à utiliser les outils numériques pour mieux s’organiser. Cela permet ainsi à Mathilde (elle regardera l’outil à chaque trimestre) de constater que cette culture reste peu développée dans les autres disciplines, mais qu’elle peut tout de même parfois s’appuyer sur ce que font les autres, et le mentionner aux élèves. Le cahier des charges pour le nombre d’heures prend en compte ces autres enseignements, ainsi que la collaboration parfois. Pour l’instant, elle a du mal à faire sa place à ce sujet, mais elle ne perd pas espoir, et malgré tout elle a beaucoup de latitude pour gérer la plupart des apprentissages seule.
La prochaine réunion de bassin, juste après les vacances d’automne, sera justement consacrée à l’organisation d’une progression à l’année pour la Culture de l’information et des médias, avec un travail préalable de prospection par les deux animatrices du groupe, sur les réseaux en ligne notamment. Si les grands-parents utilisent encore beaucoup les listes de diffusion par courriel, si les parents utilisent toujours les groupes Facebook, de son côté Mathilde, en tant que petite-fille dans le métier, ne jure que par LetShare, réseau d’un nouveau genre créé en 2031. Mélange de l’existant, le réseau détonne par sa capacité à tout agglomérer, avec des flux personnalisés, des messageries synchrones et asynchrones, des murs différents selon chaque centre d’intérêt que l’on définit, sous forme de modules que l’on affiche comme on le souhaite, avec une interaction, des liens, entre chaque module, des entrées par groupes de travail, par individus, de manière plus ou moins automatisée, selon ce qu’on souhaite. Certes, il faut s’asseoir sur le contrôle de ses données personnelles, la formation à leur maîtrise n’en est que plus essentielle, mais sur tous les plans, Mathilde estime que c’est l’idéal. Le risque, plus important que lorsqu’elle utilisait Whastapp et Facebook associés, c’est de se retrouver nez à nez sur le réseau avec des élèves, tant les cloisons sont minces avec ce nouvel outil, qui automatise trop, au goût de tous, les relations « intelligentes » entre utilisateurs.
Malgré une politique gouvernementale de promotion pour la sobriété numérique, force est de constater que les enfants ont le smartphone greffé au corps. Ce n’est pas obligatoire mais l’essentiel des établissements a pris la même décision que celui de Mathilde, en tout cas en collège, brouiller le réseau 4G mais permettre une connexion par Wi-Fi, avec un filtrage alors dans cette connexion. Les personnels enregistrent leur smartphone dans un registre, qui leur permet de ne pas être concerné par ce filtrage, de même que sur leurs ordinateurs de bureau. C’est ce qui leur permet d’être respectés en tant qu’adultes responsables, mais aussi de présenter en classe des documents qui ne sont pas aisément accessibles aux élèves. Ainsi les réseaux sociaux sont proscrits sur le réseau Wi-Fi, les soucis sont malheureusement trop nombreux pour les laisser libres d’accès dans le cadre de l’école, mais ils peuvent être étudiés en classe.
Elle a hâte, d’ailleurs, de commencer sa séquence sur les traces numériques ; elle a repris la veille les simulations à présenter aux élèves, elle a vérifié la pertinence des documents de travail qu’elle compte leur remettre, elle a relu quelques fiches du Wikinotions hébergé sur le site du ministère de l’Enseignement et géré par l’équipe académique de l’académie de Toulouse. Elle se sent à la fois prête et anxieuse, elle en est encore à ses débuts, parfois impressionnée par les élèves. Elle se sent prête, mais craint déjà les questions pièges d’adolescents qui pratiquent beaucoup, qui en savent parfois aussi beaucoup, à leur manière, par petites touches.
Elle doit participer jeudi à une visioconférence, depuis son collège, avec trois collègues des deux collèges les plus proches, sur ce sujet des connaissances des élèves en la matière et sur ce qu’on peut en faire dans le cadre de séquences pédagogiques. Cela durera deux heures, c’est la première fois qu’elle participe à un tel événement national, avec les dernières recherches de la réputée et expérimentée Anne Le Deuff, et surtout un discours préliminaire du directeur national de l’information-documentation, Olivier Cordier, qu’elle a lu déjà sans trop savoir à quoi il ressemble.
Mathilde a d’un coup un grand sourire qui se dessine sur son visage, capté par une élève de sixième là devant elle en étude. Elle exprime sa satisfaction devant la tâche professionnelle qui l’attend, devant ces perspectives. Elle s’éloigne ainsi de ce rêve étrange qu’elle a fait la nuit dernière : elle se réveillait alors un matin de 2022 et se retrouvait arriver dans son collège, à devoir organiser la distribution des manuels scolaires, à batailler pour trouver les heures afin de proposer des animations pédagogiques, à patienter depuis trois jours avant de voir se débloquer l’accès à un site web à visualiser avec les élèves… Un cauchemar qu’elle repousse maintenant symboliquement d’un geste de la main.

L’équipe InterCDI 2022
La rédaction
Directeur de la rédaction : Gabriel Giacomotto
Rédactrice en chef (Fonction, Formation, Gestion) : Yolande Maury
Rédacteur en chef (Cahier des livres) : Jean-Marc David
Rédactrice en chef (Ouverture culturelle) : Claudine Chassaniol
Rédactrice en chef (Fiche pratique et Thèmalire) : Florie Delacroix
Coordonnateurs du Dossier 2022 : Jean-Marc David et Gabriel Giacomotto
Mise en page : Sylvia Pouradier Duteil, Gabriel Giacomotto
Couverture : Gabriel Giacomotto
Correction : Céline Millet
Réseaux sociaux : Claudine Chassaniol
Le comité de rédaction
Les rubriques :
Claudine Chassaniol, François Daveau, Jean-Marc David, Florie Delacroix, Agnès Deyzieux, Raribah Gatti, Gabriel Giacomotto, Sandrine Leturcq, Kaltoum Mahmoudi, Yolande Maury, Florence Michet, Timothée Mucchiutti, Corinne Paris.
Le cahier des livres :
Sophie Benastre, Danielle Boisson, Sophie Bouchard, Claudine Chassaniol, Julie Couffignal, Jean-Marc David, Mélanie Davos, Florie Delacroix, Agnès Deyzieux, Gabriel Giacomotto, Isabelle Grout, Barbara Guillemot, Manon Lefebvre, Sandrine Leturcq, Claire Martin, Céline Millet, Natacha Mouillé, Timothée Mucchiutti, Florence Sire, Lucile Sire.
Le CEDIS
Le Centre d’étude de la documentation et de l’information scolaires, association loi 1901, édite la revue InterCDI. Indépendante et participative par la mutualisation des expériences pédagogiques et le partage des ressources utiles au métier, elle veille sur l’actualité de la profession et accompagne l’évolution de la vie professionnelle des professeurs documentalistes.
Les présidents du CEDIS Centre d’étude de la documentation et de l’information scolaire
Roger Cuchin 1972-1989
Jean Ollier 1989-1995
Michel Mouillet 1995-1999
José Francès 1999-2010
Véronique Delarue 2010-2019
Gabriel Giacomotto 2019
François Daveau
François Daveau est l’un des premiers membres actifs de l’association CEDIS à laquelle il adhère dès 1974. Dès lors, il entame une collaboration fructueuse dans la revue InterCDI pour laquelle il rédige des articles engagés et incisifs sur la profession durant 5 décennies. Il est le créateur du tableau des 100 cases du savoir (classification Dewey). Il a également été secrétaire du CEDIS de 1980 à 2012.

La direction du CEDIS
Gabriel Giacomotto (président), Yolande Maury (secrétaire), Claudine Chassaniol (trésorière), Jean-Marc David, François Daveau
Abonnements
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Les couvertures d’InterCDI
















A PARTIE DE 2016, TOUTES LES COUVERTURES SONT SUR LE SITE INTERNET D’INTERCDI
Bibliothérapie jeunesse, une approche expressive et créative d’Aurélie Louvel
Fruit du rapprochement de la lecture et de l’idée de soin ou d’accompagnement, le mot « bibliothérapie » est un « grand “incompris” », selon Aurélie Louvel (p. 2) qui revient sur ce dernier pour mieux nous faire découvrir la bibliothérapie jeunesse créative® : développée notamment en milieu scolaire, elle suppose l’utilisation, non pas de livres de développement personnel ou de littérature pour adultes, mais d’ouvrages de fiction de littérature jeunesse, afin de procurer un bien-être aux enfants et aux adolescents1.
Professeure documentaliste et formatrice en bibliothérapie2, l’autrice s’adresse, au-delà des enseignants, « à tous les acteurs qui jouent un rôle dans la vie des enfants » (p. 5) et présente, après un premier point théorique sur la bibliothérapie jeunesse, les trois axes de sa pratique. Son ouvrage est composé de quatre chapitres : « Qu’est-ce que la bibliothérapie jeunesse ? » ; « Faire de son espace livre un lieu de rencontres bibliothérapeutiques » ; « La bibliothérapie relaxante ou bibliorelaxation » ; et « Les ateliers de bibliothérapie jeunesse créative ».
Dans une première partie, Aurélie Louvel aborde la question de la lecture chez les jeunes qui ne lisent pas moins, mais « différemment » (p. 11), et se penche sur la notion de « bien-être » et de « pédagogie » : « Si nous ne sommes pas thérapeutes, [rappelle-t-elle] le bien-être de nos élèves fait néanmoins partie de nos missions » (p. 15). Elle distingue la lecture, notamment les bienfaits curatifs de celle à haute voix, de la bibliothérapie dont elle retrace par ailleurs l’histoire et qui repose sur une sélection de textes effectuée par un bibliothérapeute. Utilisée en milieu scolaire et en bibliothèque, la bibliothérapie dite « développementale » entend apporter une détente, un apaisement et, en ce sens, se différencie de la lecture scolaire tournée vers l’analyse littéraire. L’autrice a été formée par Régine Detambel, personnalité phare en France d’une bibliothérapie d’approche affective, à savoir plus littéraire, appelée bibliocréativité® qui « prend la forme d’ateliers bibliocréatifs en groupe, visant à stimuler la créativité de chacun à partir de textes, et se rapprochant en ce sens de l’art-thérapie » (p. 28). S’inspirant de cette méthode, Aurélie Louvel définit ce qu’elle nomme la « bibliothérapie jeunesse créative » : il s’agit de « sélectionner des textes bibliothérapeutiquement intéressant, [de] les partager principalement par une lecture à haute voix, puis [de] recueillir les réactions, les réflexions… pour finaliser la séance par un moment de créativité dont le fil rouge est l’histoire qui vient d’être lue » (p. 41). Parce qu’elle permet de se relaxer, d’avoir une meilleure connaissance de soi, qu’elle informe, favorise la résilience et développe l’intelligence émotionnelle, cette pratique a toute sa place dans un CDI.
La deuxième partie de l’ouvrage traite de la mise en place d’un projet bibliothérapeutique, qui suppose, quels que soient les espaces livres, une adaptation de la politique documentaire à une démarche bibliothérapeutique : ainsi, les politiques d’acquisition, d’accès et de communication sont-elles successivement envisagées. L’autrice analyse tout d’abord un fonds documentaire jeunesse « classique » (p. 61) par genre et par registre, puis conseille le lecteur dans la sélection des ouvrages qui constitueront « la bibliothèque idéale du bibliothérapeute » (p. 85) ; pour aider à l’organisation, au classement et à la recherche de chaque usager, elle pointe ensuite l’importance du catalogage, de la détermination des mots-clés et du choix de la cote – un album ou un documentaire sur les émotions ? – Les ouvrages peuvent être classés en utilisant la classification décimale de Dewey ou par émotions. Des sélections thématiques temporaires, la création de pôles bibliothérapeutiques permanents permettront une valorisation du fonds. Finalement, après avoir souligné l’importance de la communication, elle fournit des outils pour la création d’un espace de détente ou encore la mise en place d’une « ambiance zen » (p. 127).
Une troisième partie est consacrée à la mise en place des séances qui, grâce à la présence du bibliothérapeute, vont permettre aux adolescents d’atteindre un état de « bibliorelaxation » : « la bibliorelaxation a pour objectif de détendre, d’apaiser à la fois le corps et l’esprit par le biais d’une lecture, qui est généralement effectuée à voix haute pour que le jeune puisse être en condition de réception optimale et être totalement ‘mobilisé’ pour cela » (p. 141). L’autrice revient sur les courants dont s’inspire la bibliorelaxation tel le slow reading (p. 146) ou encore la poésie-thérapie (p. 147). Elle s’arrête plus loin sur le déroulement d’une séance de bibliorelaxation jeunesse, citant des exemples de mise en pratique comme les siestes contées d’Armelle Cendo et de Nora Nagi-Amelin, porteuses du projet Lire délivre.
La dernière partie constitue un guide pour réaliser des séances de bibliothérapeutique jeunesse créative dont la particularité est d’être fondées sur une approche personnalisée. Il s’agit de « sélectionner des lectures pertinentes pour répondre à des besoins émotionnels précis, avec l’objectif d’aider les enfants à accéder à une meilleure connaissance d’eux-mêmes, de leurs émotions, et du monde » (p. 172). Deux espaces, outre l’espace bibliothèque et l’espace bien-être, entrent ici en jeu : celui du cabinet bibliothérapeutique, réservé au bibliothérapeute libéral et celui de l’atelier, lieu d’expression de la créativité dont le carnet bibliothérapeutique jeunesse constituera une trace. Aurélie Louvel explique comment les aménager, avant de détailler le déroulement d’une séance de bibliothérapie jeunesse créative. Des exemples d’atelier illustrent ses propos.
Nul doute que les professeurs documentalistes désireux de se lancer dans la bibliothérapie jeunesse créative trouveront dans ce livre les ressources nécessaires : les nombreuses références et exemples constituent notamment une aide précieuse à sa mise en pratique ; une bibliographie détaillée accompagne par ailleurs cet ouvrage ainsi que des ressources internet. Nous nous permettrons deux remarques, la première porte sur l’absence d’un lexique ou d’un index thématique qui aurait, nous semble-t-il, pu faciliter la lecture ; la seconde consiste en la mention d’un auteur, illustrateur et dessinateur d’album jeunesse, incontournable selon nous, à savoir Anthony Browne ; le citer c’est également introduire le terme d’« iconotexte » (théorisé par Mickael Nerlich en 1985) qui a ici toute sa place : texte et image s’interpénètrent pour faire émerger, au-delà de l’histoire écrite, une autre histoire…
LOUVEL, Aurélie. Bibliothérapie jeunesse, une approche expressive et créative. Paris : Dunod, 2021, 259 p. (Enfances). 22, 9 € ISBN : 9782100802197.

Veille numérique 2022 N°3
Éducation
Des salles d’évasion pour l’enseignement
Le site européen d’escape game Steamer vise les matières scientifiques du secondaire. Financé par Erasmus+, l’objectif est d’améliorer le niveau des élèves européens dans les disciplines scientifiques. Les ressources proposées sont : un guide pédagogique, un guide de création d’escape room, un module d’e-learning, des packs de scénarios et de leçons, un Générateur Steamer et un guide d’implémentation pratique.
https://steamerproject.eu/fr/
Création de BD pédagogiques pour l’anglais
Le projet Edcomix, cofinancé par Erasmus+ et l’Union européenne, a pour vocation de proposer des ressources, afin de créer des bandes dessinées pour l’enseignement de l’anglais. Les ressources comprennent un guide pédagogique sur l’utilisation des bandes dessinées dans l’enseignement, des cours en ligne de création de BD numériques pour les enseignants, un programme d’atelier avec des élèves et des exemples de créations et de cours.
https://edcomix.eu/fr/home/accueil/
Lecture numérique
Des bulles chez BDfugue
La plateforme internet du réseau de librairies indépendantes BDfugue fidélise ses clients d’une façon originale, avec des bulles ! Celles-ci s’obtiennent en rédigeant des critiques d’ouvrages à la suite d’achats sur le site. Une chronique de 40 mots minimum rapporte 30 bulles, la monnaie locale, utilisable uniquement sur BDfugue.com. Les bulles sont convertibles en bons d’achats pour l’utilisateur.
https://www.bdfugue.com/exclusivites/paf
Un livre sur une Game Boy
La Game Boy, appareil portable de jeux vidéo très populaire dans les années 90, renaît sous la forme d’une liseuse ! Afin de se démarquer dans les salons de livres, l’auteur américain, Peter Derk, a créé cette invention originale pour attirer les visiteurs sur son stand. Il explique la méthode utilisée pour convertir l’appareil en liseuse et intégrer un livre sur une cartouche de Game Boy (tuto for geek).
https://litreactor.com/columns/why-i-put-a-book-on-a-gameboy-cartridge

Écologie
KARMA : le moteur de recherche qui protège les animaux
La mission de l’organisation à but non lucratif KARMA est de protéger la nature et le vivant en reversant 50 % des bénéfices (liens sponsorisés) aux associations partenaires (L214, ASPAS et Notre affaire à tous). KARMA s’engage également dans la protection des données des utilisateurs (ni vente ni conservation des données de recherche). Le fil d’actualité Learn & Act informe les internautes sur la biodiversité et le bien-être animal et donne aussi des pistes pour agir.
https://karmasearch.org/fr

Adonis : carte des pesticides par commune
L’association agroécologique Solagro met en ligne une carte interactive (Adonis) qui indique par commune l’indice d’utilisation des pesticides sur les surfaces agricoles. Cet indice de fréquence de traitement phytosanitaire prend en compte tous les produits de synthèse polluant les sols : herbicides, insecticides, fongicides, traitements de semences… Il ne reste plus qu’à zoomer sur votre commune…
https://solagro.org/nos-domaines-d-intervention/agroecologie/carte-pesticides-adonis
Abeilles et IA contre les pesticides
La start up BeeOdiversity et le programme Share AI de Microsoft collaborent pour lutter contre les sources de pollution dans la nature. BeeOdiversity collecte les pollens des abeilles dans une zone précise et les analyse pour détecter les pesticides et leur concentration. Le programme Share AI analyse les données en utilisant l’Intelligence Artificielle, afin de déterminer les sources de contamination dans l’écosystème.
Pesticides dans l’eau
Pour des raisons de santé publique, l’eau est analysée régulièrement dans toutes les communes de France. Les pesticides des cultures s’infiltrent dans les sols et contaminent plus ou moins les nappes phréatiques. Le ministère de la santé met en ligne les résultats des prélèvements sur une carte interactive, ce qui permet de savoir si votre commune est concernée par un dépassement des seuils de qualité de l’eau.
https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/eau
Franceinfo a compilé les prélèvements réalisés entre janvier 2021 et juillet 2022 dans un moteur de recherche. Voir l’article en ligne :
https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/votre-eau-du-robinet-comporte-t-elle-des-pesticides-au-dessus-des-limites-de-qualite-decouvrez-le-grace-a-notre-moteur-de-recherche_5364667.html
Éditeurs
Les éditions RMN-GP en vitrine virtuelle
Mis en ligne en 2022, le site des éditions Réunion des musées nationaux – Grand Palais offre aux professionnels et amateurs d’art une palette d’ouvrages édités lors d’expositions exceptionnelles. Le catalogue en ligne bénéficie de multiples entrées : catégorie, domaine, mouvement artistique, artiste, auteur, exposition, musée et collection. La présentation des ouvrages ne se limite pas à la 1re et 4e de couverture ; de nombreuses pages sont visibles en grand et une fiche très détaillée sur chaque ouvrage est disponible.
https://editions.rmngp.fr/fr
Géant du web
Windows 11 version 22H2 fin 2022
Le déploiement de la version 22H2 de Windows 11 a débuté cet automne. Pour cette mise à jour du système d’exploitation, les nouvelles fonctionnalités sont : les dossiers dans le menu démarrer, le glisser-déposer sur la barre des tâches, la connexion rapide au Bluetooth depuis le panneau des paramètres, un nouveau gestionnaire des tâches…
Horizon Worlds, le metaverse de Z.
La première ébauche du metaverse de Mark Zuckerberg, Horizon Worlds, est disponible en France depuis août 2022. A priori ce n’est qu’un ersatz du monde virtuel de demain. Le rendu visuel est très basique et le système est lent. Trois espaces cohabitent : jouer, regarder/assister et rencontrer ; un monde Création est aussi accessible. Actuellement, il faut obligatoirement avoir un compte Facebook et un casque Oculus, afin de se connecter à Horizon Worlds. L’interdiction au mineur est apparemment déjà contournée ! L’ouverture d’un compte est gratuite…
https://about.meta.com/metaverse/?utm_source=about.facebook.com&utm_medium=redirect

Réseaux sociaux
Digital Services Act
Le règlement européen (DSA) impose des devoirs concernant les contenus des réseaux sociaux, des sites de vente en ligne, des moteurs de recherche et des plateformes vidéo. Les sites ayant plus de 45 millions d’utilisateurs dans l’UE auront des obligations accrues. Le texte oblige les grandes sociétés du net à être plus transparentes et à mettre des moyens suffisants pour protéger les internautes des contenus mis en ligne (illicite, désinformation, surcensure, etc). Le Digital Services Act entrera en vigueur en 2023.
L’endométriose sur les réseaux sociaux : un combat de jeunes femmes
L’endométriose est une maladie fréquente qui concerne de nombreuses femmes (1 sur 10, chiffre du ministère de la Santé). Face aux préjugés qui ont la vie dure et une situation aggravante pour les adolescentes qui ne sont pas prises au sérieux, les jeunes femmes communiquent et s’entraident sur les réseaux sociaux. Parmi les conséquences de cette maladie : l’absentéisme, l’échec dans les études ou la perte d’emploi.
Sur Instagram : @balance_ton_endo.

Droit et données personnelles
Une base en ligne de contenus juridiques fiables et gratuits
Face au manque de fiabilité et à la dispersion des sources d’information juridique, la maison d’édition Lefebvre Dalloz a lancé un outil en ligne qui offre l’opportunité d’accéder à un premier niveau d’information juridique gratuitement. Pour pouvoir accéder librement et en illimité à la version bêta du droit social, il suffit de créer un compte. D’autres droits seront intégrés progressivement sur la plateforme Open Lefebvre Dalloz. Pour aller plus loin, des contenus payants sont accessibles sur le même site pour les experts.
https://open.lefebvre-dalloz.fr/

Les élus “rectifient” leur fiche Wikipédia
Les pages Wikipédia, très bien référencées sur les moteurs de recherche, représentent un enjeu important pour les élus de la République. La tentation est grande pour leurs équipes de modifier les contenus et ce, en totale contradiction avec les règles de Wikipédia. Selon Le Monde (7 juin 2022), plus de 50 % des députés aux élections de 2022, la plupart du temps avec l’aide de leurs équipes, ont modifié leur page sur l’encyclopédie en ligne : suppression de condamnation, CV mirifique, etc.
Technologie
Un robot assistant de lecture
L’EMPRO (Externat médico-professionnel) Edelweiss au Raincy (93) expérimente la lecture jeunesse avec le petit robot NAO de la société Opixido. Il assiste les enfants atteints de handicaps physiques et/ou mentaux, afin qu’ils prennent du plaisir à la lecture. Ce robot, prénommé Looping, est déjà présent dans des bibliothèques, des hôpitaux et d’autres Instituts Médico-Éducatifs (IME). Looping est accompagné d’un comédien et d’un ingénieur.
CyberOne vs Optimus
Xiaomi et Tesla ont dévoilé en août et septembre 2022 leurs robots humanoïdes dotés d’une IA. Ces robots sont capables d’interagir avec les humains et les aideront dans leur quotidien. Selon Elon Musk, ce bond en avant technologique « signifie un avenir d’abondance, un avenir où il n’y a pas de pauvreté, où les gens auront ce qu’ils veulent en termes de produits et de services ». L’objectif du patron de Tesla est de construire ces robots à des millions d’unités à un coût abordable. Pour aller plus loin : la série Real Humans : 100 % humain d’Arte.
No future
Metaverse : la guerre des mondes
Le patron de Méta a déclaré les hostilités en annonçant des moyens financiers faramineux pour imposer son metaverse sur toute la planète. Les autres géants du net ainsi que d’autres entreprises se lancent déjà dans des projets similaires avec des moyens et des approches très diverses. Pour le moment, les autres mondes virtuels sont principalement des univers ludiques : Microsoft (Minecraft), Epic Games (Fortnite) ; néanmoins des poids lourds du net tels que Nvidia, Google, Apple et Amazon se préparent à riposter.
Vie éternelle dans le metaverse
La start-up Somnium Space a créé un metaverse dans lequel l’avatar peut survivre après le décès de son créateur, grâce à une IA et à une base de données assez conséquente sur celui-ci. Pour cela, il faut activer le mode « Live forever » et enregistrer sa vie quotidienne, afin d’enrichir la base de données. Les internautes pourront rencontrer l’avatar et échanger virtuellement et indéfiniment avec la personne décédée.
Une IA PDG d’une entreprise
Ce n’est plus de la science-fiction mais une réalité. Une intelligence artificielle sous la forme d’une femme virtuelle dirige une entreprise de plusieurs milliers d’employés en Chine. Une filiale de NetDragon Websoft (une société de jeu vidéo) est désormais dirigée par Tang Yu, une humanoïde numérique. Comme tout PDG, elle gère des projets, prend des décisions, signe des documents, évalue le personnel, sanctionne…

Espèces inclassables : Blob et Tardigrade
Expositions, musées, zoos
Exposition : « Derrière le blob, la recherche » à partir du samedi 19 février 2022 au Quai des Savoirs à Toulouse : permet de suivre les étapes incontournables d’un protocole de recherche et de comprendre comment se déroule une expérience scientifique rigoureuse.
https://www.occitanie-ouest.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/evenement-derriere-le-blob-la-recherche-rendez-vous-le-19-fevrier-au-quai-des-savoirs
Exposition téléchargeable sur le site :
https://www.occitanie-ouest.cnrs.fr/sites/delegation_dr14/files/news/2022-0 3/Blob_Affiches_A3_Impression_Final_01_03.pdf

Depuis 2019, le parc zoologique de Paris dédie un de ses espaces au blob : vous pouvez le voir au vivarium européen du zoo du bois de Vincennes :
https://www.parczoologiquedeparis.fr/fr/les-animaux/le-blob-3035
Parc zoologique de Paris, 23 octobre au 7 novembre 2021, à l’occasion des Rendez-vous sauvages de l’automne, consacrés aux espèces fascinantes, blob et tardigrade.
https://www.zooactu.com/actualites/tardigrades-parc-zoologique-paris/
Muséum d’histoire naturelle, Paris : il possède l’une des plus grandes collections de tardigrades marins.
https://www.mnhn.fr/fr/actualites/minuscules-mignons-ils-font-penser-a-des-nounours-en-gelee-ce-sont-des-tardigrades

Tardigrade au microscope; Schokraie E, Warnken U, Hotz-Wagenblatt A, Grohme MA, Hengherr S, et al. (2012), CC BY 2.5, via Wikimedia Commons
Dans les programmes
Les sites du CNES, CNRS, en collaboration avec l’académie de Toulouse, détaillent les liens avec les programmes scolaires et les activités pédagogiques envisageables pour le blob, adaptables au tardigrade :
https://enseignants-mediateurs.cnes.fr/sites/default/files/drupal/202103/default/2021-097_activites_pedagogiques_alpha_24_03.pdf
Collège
BO spécial du 26 novembre 2015
Sciences et technologie. Cycle 3 et 4
Pratiquer des démarches scientifiques et technologiques.
SVT
Cycle 3. Le vivant et sa diversité.
Cycle 4. Le vivant et son évolution.
DNB, Cycle 4
S’exprimer à l’oral. Lors de l’épreuve l’élève présente un projet de son choix qu’il a mené au cours des enseignements pratiques interdisciplinaires du cycle 4, dans le cadre des programmes d’enseignement de l’histoire des arts ou dans le cadre d’un parcours éducatif (parcours avenir, parcours citoyen, parcours d’éducation artistique et culturelle).
Lycée
SVT, Seconde
La Terre, la vie et l’organisation du vivant. L’organisation fonctionnelle du vivant : « organismes unicellulaires », « organismes pluricellulaires », « Le métabolisme des cellules »
Bulletin officiel spécial n° 1 du 22 janvier 2019
https://www.education.gouv.fr/bo/19/Special1/MENE1901647A.htm
Enseignement scientifique, Première
BO spécial n° 1 du 22 janvier 2019 et BO spécial n° 6 du 31 juillet 2020
Identifier et mettre en œuvre des pratiques scientifiques
Identifier et comprendre les effets de la science sur les sociétés et sur l’environnement : « il s’agit de faire comprendre à chacun en quoi la culture scientifique est aujourd’hui indispensable pour saisir l’évolution des sociétés comme celle de l’environnement et de contrôler cette évolution. »
Une structure complexe : la cellule vivante
https://eduscol.education.fr/document/25336/download
Enseignement scientifique, Terminale
BO spécial n° 8 du 25 juillet 2019.
Thème 1 : Science, climat et société
Thème 3 : Une histoire du vivant. 3.1 La biodiversité et son évolution
https://eduscol.education.fr/document/25339/download
Philosophie, Terminale technologique
Notions : la nature, la technique
Philosophie, Terminale générale
Notions : la nature, la technique, la science
BO spécial n° 8 du 25 juillet 2019.
HLP, Première
Les représentations du monde – L’homme et l’animal : « La relation à l’animal constitue un révélateur de la place que l’homme s’attribue dans la nature et dans le monde, avec de fortes implications philosophiques, éthiques et pratiques. « Les questions de l’intelligence animale et de la communication entre animaux sont abondamment débattues. »
BO spécial n° 1 du 22 janvier 2019
HLP, Terminale
L’Humanité en question – L’humain et ses limites : « La question écologique n’est plus seulement celle de la préservation des espèces, mais elle laisse entrevoir le spectre d’un monde inhabitable. Une part de l’imaginaire contemporain (dystopies, mondes post-humains, univers parallèles) consone avec ces inquiétudes. »
BO spécial n° 8 du 25 juillet 2019
Pistes pédagogiques
Avec les professeurs de sciences, reproduire certaines expériences menées avec le CNRS et le CNES autour du blob et du tardigrade : élever un blob au CDI, par exemple.
Recherches documentaires sur les sites scientifiques : CRCA, Muséum d’histoire naturelle en vue de rédiger un article de presse dans le journal de l’établissement sur le blob et sur le tardigrade en insistant sur les points communs et les différences.
Veille documentaire à travers la lecture régulière d’articles scientifiques sur les applications possibles des découvertes liées à l’étude du blob et du tardigrade (médecine, informatique etc.).
Lecture et compréhension d’articles scientifiques en anglais, en vue de rédiger un article scientifique.
Comprendre la classification du vivant en manipulant une base de données scientifiques, celle de l’INPN par exemple (Inventaire National du Patrimoine Naturel) avec les professeurs de SVT. Réfléchir à la notion même de classification.
Visite guidée au parc zoologique (blob) ou / et au Muséum d’histoire naturelle (tardigrade) de Paris avec les professeurs de sciences.
Visiter ou emprunter / télécharger l’exposition toulousaine sur le blob.
Rencontrer des scientifiques, des astronautes, découvrir les métiers scientifiques et technologiques (biomimétisme), assister à une conférence scientifique lors de la fête de la science, par exemple.
Entraînement au Grand oral, en HLP, débat sur le vivant, sur la relation homme / Animal, Animal / végétal, sur l’humanité future après visionnage du film The blob : Danger planétaire, par exemple.

Organismes
Le blob. Magazine d’information scientifique d’actualité à destination du grand public réalisé en partenariat avec la Cité des sciences et le Palais de la découverte. Il propose de nombreux articles et vidéos sur le blob dont : « Blob, envoyé spatial ? » ; « Le blob, cet étrange immortel » ; « Tout savoir sur le blob », mais également sur le tardigrade : « Une nouvelle espèce de tardigrade résistante aux rayons UV » ; « Tardigrades : une protéine protectrice pour l’ADN ».
https://leblob.fr/
Barnéoud, Lise. Biodiversité : ces espèces inclassables. Le Blob, 2017
https://leblob.fr/enquetes/biodiversite-ces-especes-inclassables
(sur le blob et la tardigrade).
Ceebios : Centre d’études et d’expertise en biomimétisme, Senlis.
https://ceebios.com/
Cet organisme réunit scientifiques, ingénieurs, industriels et offre de nombreuses ressources sur le biomimétisme parmi lesquelles :
• La web série « Nature = Futur ! » :
https://www.youtube.com/watch?v=K5HRCM55hKY
qui propose de multiples exemples d’innovations inspirées de la nature.
• Le fil de l’innovation en partenariat avec la Cité des sciences et de l’industrie :
https://www.cite-sciences.fr/francais/au-programme/expos-temporaires/bio-inspiree/fil-innovation/
(onglet Information : Le Blob : décisions optimisées, anticipation et partage de connaissance).
CNES : Centre national d’études spatiales, Paris
En collaboration avec le Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), en 2021-2022, le (CNES) a proposé aux élèves, du primaire à la terminale de conduire des expériences avec une créature nommée « blob ». Les mêmes expériences étant menées sur la station spatiale internationale par l’astronaute Thomas Pesquet durant la mission Alpha. Le site web dédié, à consulter impérativement avec le détail du contenu du kit, notamment :
https://missionalpha.cnes.fr/fr/mission-alpha/les-experiences-made-france/education
Le tutoriel d’élevage sur Youtube :
https://www.youtube.com/watch?v=iHoyFaE8FdY
La présentation de l’expérience sur le site du CNRS :
https://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/le-blob-dans-les-classes-et-dans-lespace

CNRS : Centre National de Recherche Scientifique, Paris
Dans le cadre de l’année de la biologie 2021-2022, le CNRS a lancé un projet de science participative qui s’adressait à des volontaires, à partir de l’âge de 8 ans. Il s’agissait d’étudier les effets du changement climatique sur le blob avec la chercheuse Audrey Dussutour :
https://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/derriere-le-blob-la-recherche-une-experience-de-science-participative-du-cnrs
Audrey Dussutour. Le blob et la démarche scientifique. CNRS, 25 janvier 2022.
https://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/le-blob-et-la-demarche-scientifique
Page Facebook du CNRS recensant les actualités concernant ce projet : Derrière le blob, la recherche
https://www.facebook.com/groups/derriereleblob/
CRCA : Centre de Recherche sur la Cognition Animale, Toulouse : le premier centre à avoir étudié le blob. De nombreux articles scientifiques sur le blob (Ex. : « Le blob est capable de percevoir le stress de ses congénères »; « Diversité de la « prise de décision » chez le blob » ; « Le blob absorbe les substances pour les mémoriser »).
https://crca.cbi-toulouse.fr/
Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), Montpellier. Dictionnaires des sciences animales :
http://dico-sciences-animales.cirad.fr/index.php
Dossier pédagogique Éternité – Espace des sciences, Les champs libres, Rennes.
À la suite de l’exposition « Éternité, rêve humain et réalités de la science » (2019), un dossier autour du vieillissement avec, notamment, un article intitulé « Le tardigrade, un organisme super résistant ».
https://www.espace-sciences.org/sites/espace-sciences.org/files/documents/enseignants/2019/espace-des-sciences-rennes-dossier-pedagogique-exposition-eternite.pdf
Inventaire National du Patrimoine Naturel : projet d’inventaire biologique généralisé de la faune et la flore européenne, Parc du Mercantour et Parco Naturale Alpi Marittime, base gérée par le Muséum d’histoire naturelle de Paris :
https://inpn.mnhn.fr/accueil/index
Muséum d’histoire naturelle, Paris : description et histoire du blob et du tardigrade
https://www.mnhn.fr/fr/blob
https://www.mnhn.fr/fr/ours-d-eau
Conférences
Dussutour, Audrey. Derrière le blob, la recherche. Toulouse (Quai des savoirs), 19 février 2022. 1 h 19 mn. 53 s. :
https://www.youtube.com/watch?v=Lw1SZFrVjck

Dussutour, Audrey. Le blob : conférence, Les Mardis de l’Espace des sciences, Rennes, CNRS, 2018. 1 h 26 mn. 15 s.
https://www.espace-sciences.org/conferences/le-blob
Hubas, Cédric. Les tardigrades, des extrêmophiles quasi indestructibles (Session 1 : Les régions polaires, milieux extrêmes, adaptations extrêmes dans le cadre d’une série de conférences sur milieux polaires et biomimétisme), Cité des sciences et Palais de la découverte, 2018. 38 mn. 40 s.
https://www.cite-sciences.fr/fr/ressources/conferences-en-replay/en-plein-milieux/milieux-polaires-et-biomimetisme/les-tardigrades-des-extremophiles-quasi-indestructibles/
Hubas, Cédric. Tardigrades et autres créatures étranges : une plongée au cœur de la méiofaune. Océanopolis, Concarneau, 2018. 58 mn. 51 s.
https://www.youtube.com/watch?v=rPpcCCUnPn4
Lecointre, Guillaume. Les Rendez-vous d’Histoire Naturelle : Évolution et classification, une histoire de Science ! Muséum National d’Histoire naturelle de Paris, 20 octobre 2016. 1 h 57 mn. 07 s.
https://www.youtube.com/watch?v=6oYAX-eaSXI
Filmographie
Fictions
Irvin S. Yeaworth Jr. The blob : Danger planétaire. Paramount Pictures, 1958. 1 h 26 mn. Film de science-fiction / horreur avec Steve McQueen (a inspiré le nom du blob à Audrey Dussutour).

Russell, Chuck. Le Blob (remake). Columbia Pictures, 1988.
La série Star Trek : Discovery. CBS, 2017 (USA). (Les tardigrades y ont un rôle central.) Elle est inspirée du jeu Tardigrades sur le blog Anastronaut.
Documentaires – vidéos
Comment classe-t-on les animaux ? – Flash #8 – L’Esprit Sorcier, 2016. 3 mn. 08 s.
https://www.youtube.com/watch?v=0N3ize9CDwY
Gymnastique : Le blob, la science-fiction nous envahit. ARTE Cinéma, 2020. 4 mn. 59 s.
Histoire du blob depuis son apparition dans les films de science-fiction, en passant par l’informatique, les comics, le design et l’architecture, jusqu’à ce qu’il devienne un objet d’étude scientifique.
https://www.youtube.com/watch?v=UFjvG486erY
Le tardigrade est l’animal le plus indestructible au monde. Brut, 2018.1 min 50 s.
https://youtu.be/yerrtSj1fF4
Mitsch, Jacques. Le Blob, un génie sans cerveau. ARTE France / Hauteville Productions / CNRS Images, 2019. 52 min, sous-titrée, Couleur, 16/9, stéréo. En DVD ou accessible via l’abonnement à Educ’Arte.
Trouvé, Pierre. Visqueux, rampant et presque immortel : pourquoi le blob fascine les scientifiques. Le Monde, 2017. 3 min 23 s.
http://www.lemonde.fr/biologie/video/2017/06/21/visqueux-rampant-et-presque-immortel-pourquoi-le-blob-fascine-les-scientifiques_5148518_1650740.html
Radio/podcast
Agostini, Fanny. Le tardigrade fait rêver la communauté médicale et scientifique. Europe 1, 2020, 3. 04 mn.
https://www.europe1.fr/emissions/fanny-a-la-ferme/le-tardigrade-fait-rever-la-communaute-medicale-et-scientifique-3942213
Bourgeois, Aude ; Favre, Tao. Le blob, l’immortel. France Culture (Les Curieuses histoires du Muséum), 2021, 7 mn.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-curieuses-histoires-du-museum/blob-limmortel-8775202
Couté, Alain. Le tardigrade : un animal petit, mais costaud ! France culture (la méthode scientifique), 2017. 59 mn.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-methode-scientifique/tardigrade-petit-mais-costaud-3978182
Eryeh-Fort, Arthur. Tardigrade, un animal extraordinaire sur la Lune. France Culture, 2019, 3. 25 mn.
https://www.franceculture.fr/sciences/tardigrade-un-animal-extraordinaire-sur-la-lune
Pesquet, Thomas. Franceinfo : la série L’émission spatiale dans laquelle l’astronaute répond à des questions d’élèves sur la vie à bord de l’ISS.
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-emission-spatiale/
«Quelles expériences vous allez faire sur les tardigrades ? Et les calamars ?», demandent Anthony et Evan à Thomas Pesquet. 5 juin 2021.
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-emission-spatiale/l-emission-spatiale-quelles-experiences-vous-allez-faire-sur-les-tardigrades-et-les-calamars-demandent-anthony-et-evan-a-thomas-pesquet_4633373.html
«Comment décrire le blob à quelqu’un qui ne le connaît pas ?» demande Abdoul à Thomas Pesquet. 9 octobre 2021.
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-emission-spatiale/comment-decrire-le-blob-a-quelqu-un-qui-ne-le-connait-pas-demande-abdoul-a-thomas-pesquet_4783613.html
Vasseur, Victor. Décollage imminent : SpaceX envoie des calamars luminescents et des tardigrades à bord de l’ISS. France Inter, 3 juin 2021.
https://www.radiofrance.fr/franceinter/decollage-imminent-spacex-envoie-des-calamars-luminescents-et-des-tardigrades-a-bord-de-l-iss-7607125
Le blob, un amibozoaire qui vous veut du bien. France Culture (la méthode scientifique), 2019, 58 mn.
https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/la-methode-scientifique-emission-du-lundi-21-octobre-2019
ARTICLES DE PRESSE
Généralités
Blanchart, Jérôme. Toutes les inventions sont-elles dans la nature ? Science & vie junior n° 361, octobre 2019, p. 52-53. (Dans ce numéro, un dossier intitulé « Animaux : les superpouvoirs, c’est eux qui les ont ! ».)
Flavenot, Elodie ; Lardon, Julie ; Lowagie, Camille. Réparer les humains grâce aux animaux ? Albert n° 110, 05 février 2022, p. 3.
Mérat, Marie-Catherine. Les rebelles de l’évolution. Science & vie junior. Hors-série n° 133, janvier 2019, p. 38-47.
Ils défient la classification des espèces. Science & vie. Hors-série n° 279, juin 2017, p. 13-30.

Secrets d’animaux. Science & vie junior. Hors-série n° 148, juillet 2021, p. 66-77.
Sur le blob
Flanby surprise. Science & vie junior n° 388, janvier 2022, p. 30-31. Présentation photographique d’un myxomycète.
Toulouse. Audrey Dussutour a fait du blob une super star de la science. La Dépêche. 25 décembre 2018.
https://www.ladepeche.fr/article/2018/12/25/2930690-audrey-dussutour-fait-blob-super-star-science.html
Blancard, Laure. Le blob, slime des forêts. Okapi n° 1082, 15 janvier 2019, p. 8.
Dussutour, Audrey ; Vogel, David. Le blob, cellule géante et intelligente. Pour la science n° 483, janvier 2018, p. 52-57.
Giard, Mathilde. Là-haut, Thomas Pesquet sera… Le monde des ados n° 472, 14 avril 2021, p. 12-13.
Herzberg, Nathaniel. Les métamorphoses du blob. Le Monde n° 22530, 21 juin 2017, p.1, 4 et 5 du Cahier Science.
Launay, Julien. Réveille le blob. Geek junior n° 17, novembre 2021, p. 21-22.
Nouyrigat, Vincent. Le « Blob » : la créature qui affole les biologistes. Science & vie n° 1197, juin 2017, p. 74-78.
Palka, Laurent. Camille : « C’est quoi un blob ? ». The conversation, 18 janvier 2022.
https://theconversation.com/camille-cest-quoi-un-blob-175167
Pihen, Alexandra. Le blob : ni plante, ni animal, ni champignon… qu’est-ce donc ? Science & vie. Hors-série n° 279, juin 2017, p. 20-22.
Plutecki, Pauline. Le blob en 10 infos. Le monde des ados n° 460, 21 octobre 2020, p. 12-13.
Sur le tardigrade
Barnéoud, Lise. Virus contre bactéries : la battle du siècle. Science & vie junior. Hors-série n° 146, mars 2021, p. 16-25.
Colau, Hélène. Le tardigrade : comment fait-il pour résister à tout ? Science & vie. Hors-série n° 279, juin 2017, p. 114-116.
Galas, Simon. Gabin : « Je veux tout savoir sur les tardigrades et leurs super-pouvoirs ». The conversation, 2019.
https://theconversation.com/gabin-je-veux-tout-savoir-sur-les-tardigrades-et-leurs-super-pouvoirs-123302
Le Guyader, Hervé. The walking head. Pour la science n° 482, décembre 2017, p. 92-94.
Le Jannic, Nolwenn. La vie en mode extrême. Okapi n° 1106, 15 février 2020, p. 10-17.
Ratel, Hervé. Le tardigrade, cet as de la survie. Sciences et avenir n° 900, février 2022, p. 58-60.


Bibliothèques et bibliothécaires¹
Pour Michel Melot, dans La sagesse du bibliothécaire, à l’instar du marin qui aime se perdre dans l’immensité des océans, le bibliothécaire rechercherait l’ivresse de vivre parmi des milliers de livres, partagé entre l’orgueil de l’expertise de son conseil pour en avoir lu beaucoup et la modestie de savoir qu’il ne pourra jamais lire tous les livres. Pensez donc, on peut estimer que chaque année plus d’un million de nouveaux livres sont publiés !
Vous l’avez compris, pour ce numéro anniversaire, nous vous proposons la mise en abyme des bibliothèques dans les livres de nos bibliothèques. Or les bibliothèques ne se ressemblent pas à travers le monde : alors qu’en France elles se distinguent par leur politique d’animation culturelle, elles proposent dans les pays anglo-saxons de multiples services palliant l’insuffisance de nombreuses administrations, en particulier dans le social. Démocratiques, les bibliothèques sont tolérantes en se refusant au maximum à la censure, c’est pourquoi elles ne survivent pas aux dictatures… Aussi nous interrogerons-nous sur les multiples représentations du bibliothécaire et des bibliothèques qui sont données en littérature.
Une vision peu attrayante du métier
Hélas, au premier abord, force est de constater que la profession reste peu évoquée, car réputée peu sexy. Ainsi, dans les scènes se déroulant à la bibliothèque dans Les yeux de Leïla, avec le catalogue papier de l’époque, Tito campe un personnage cliché de la bibliothécaire à lunettes d’un certain âge. De même, notre collègue Pauline Delabroy-Allard, autrice du roman Ça s’appelle Sarah, choisit de ne pas mentionner le métier méconnu et embarrassant de sa protagoniste, pourtant à l’évidence le nôtre. Autre exemple en proie aux désordres amoureux, silhouette fragile mais d’une volonté à toute épreuve, vêtue de couleurs fades, la bibliothécaire est représentée, dans le roman Le mec de la tombe d’à côté de Katarina Mazetti2, comme sortant d’études universitaires avec un salaire bas proportionnellement, dotée d’une vaste culture générale et débordant de projets pour ses usagers et la ville. Or ce n’est pas à la bibliothèque mais au cimetière que Désirée fait la connaissance de Benny, agriculteur célibataire, en se recueillant sur la tombe de son mari.
La gent masculine n’est pas en reste dans Le Grand amour du bibliothécaire… Drôle de bibliothécaire en effet que celui du village de Tire-la-Chevillette : Fulbert est tellement maniaque qu’il préfère épousseter des étagères vides, et garder enchaîné, pour être consulté sur place, le seul livre dont il a fait l’acquisition, pour ne pas avoir à en racheter un s’il venait à être volé ! Aussi entasse-t-il les billets que lui donne le maire, sans en dépenser un seul, ce qui ne laisse pas d’intéresser trois brigands. Seul l’amour pour une jolie lectrice va faire sauter les verrous de ce célibataire névrosé. Un court récit hilarant ! À l’opposé, dans son Etrange Bibliothèque, Haruki Murakami imagine un inquiétant bibliothécaire qui emprisonne un jeune lecteur dans une geôle située tout au fond d’un labyrinthe…
Enfin, choisir de devenir bibliothécaire, ne serait-ce pas embrasser une carrière par défaut, celle d’un écrivain qui n’a jamais su passer à l’acte ? C’est à cette vocation manquée que Gudule associe sa bibliothécaire dans son roman jeunesse éponyme : le narrateur y fait la connaissance d’une jeune voisine dont il tombe amoureux, qui n’est autre que le personnage autobiographique d’une bibliothécaire qui aura consacré sa vie à chercher le livre lui permettant de devenir écrivain. Il aide la jeune fille dans cette quête, et, ce faisant, ils entrent réellement dans les histoires des livres qu’ils consultent.
Des bibliothèques labyrinthes qui s’avèrent des refuges
Ce concept est plus ou moins repris dans La Bibliothèque de minuit de Matt Haig, où la narratrice entre dans la vie que lui offre chacun des livres qu’elle choisit. En effet, quand Norah Seeds se suicide, elle se retrouve à son grand étonnement dans une bibliothèque où elle se réfugiait plus jeune. La bibliothécaire, qui semble être l’alliée qu’elle avait eue au collège, lui apprend que chacun de ces livres, aux couvertures identiques, lui permet, dès qu’elle en entame la lecture, d’essayer l’une des vies qu’elle aurait eue si elle avait fait un choix différent à un moment donné de sa vie. Mais si les décisions peuvent sembler meilleures, elles entraînent aussi d’autres conséquences qui lui échappent complètement, comme la mort de sa meilleure amie, de sa mère, etc. Parmi toutes les vies possibles qui s’ouvrent ou se sont fermées suivant ses choix, quelle est celle qui la rendra la plus heureuse ?
Toute une carrière n’a pas suffi à la bibliothécaire de Gudule pour trouver le livre qui lui aurait ouvert la voie de l’écriture, toute une para-existence dans une bibliothèque-purgatoire ne suffirait pas non plus à Norah pour expérimenter chacune de ses vies possibles, et cela pour une bonne raison, selon Jorge Luis Borges, c’est que la littérature n’est autre qu’une forêt en perpétuelle croissance, ou mieux, une sorte de labyrinthe vivant. Labyrinthes donc, mais surtout refuges pour de nombreux lecteurs et lectrices qui viennent y trouver un peu de sérénité et de réconfort, loin du tumulte de la vie et des autres.
Dans Kafka sur le rivage de Haruki Murakami, le jeune Kafka Tamura fugue à cause de la terrible prédiction de son père, et trouve refuge dans une belle bibliothèque privée. Un roman hypnotique, absolument étrange et fabuleux, aux bibliothèques conçues comme des havres de paix, mais dont les bibliothécaires semblent n’avoir pour fonction que d’ouvrir et de fermer les portes…
Après avoir été dans un premier temps un refuge contre le harcèlement, la bibliothèque devient le théâtre de la transformation de Eliott qui parvient à affronter son bourreau dans le truculent roman jeunesse Eliott et la bibliothèque fabuleuse de Pascaline Nolot. Eliott, en effet, court à perdre haleine pour échapper à la terrible Charlie de l’école et à ses deux sbires jumeaux. Il s’endort dans une salle, à l’abri des regards, et, à son réveil, un chat donne l’alerte en parlant, des rats mécaniques le capturent et le bibliothécaire tatoué, musclé et rocker le plus cool de l’univers se révèle être le directeur de la Brigade des Rats de la Bibliothèque. Accusé d’espionnage, Eliott est alors condamné à remplir plusieurs missions spéciales extrêmement dangereuses. Et si l’accomplissement de ces missions donnait à Eliott suffisamment confiance en lui pour ne plus être victime de harcèlement ? Quelques bonnes trouvailles, comme l’armée des rats mécaniques poussant des chariots de livres abîmés, font de ce court roman un agréable moment de lecture, drôle et original.
Des bibliothécaires médiateurs du livre
Même si les bibliothèques sont souvent perçues comme des refuges éventuels par nos lecteurs et les auteurs, elles sont heureusement animées dans quelques livres par le professionnalisme de bibliothécaires ou des professeurs documentalistes passeurs de lecture.
Ainsi, même s’il n’est qu’un personnage secondaire dans le roman Scintillation de John Burnside, le bibliothécaire fou du nom de John, lecteur maladivement frénétique et fumeur de joints, joue un rôle de mentor auprès du narrateur Léonard.
Le Vampire du CDI de Susie Morgenstern, l’un des rares à nous mettre à l’honneur, reste incontournable. Jean-Charles Victor, jeune lauréat du CAPES de documentation, arrive à sa première affectation, dans un collège alsacien. C’est drôle et léger, et tellement réaliste malgré l’exagération de certains aspects que l’on s’y reconnaît sans peine : le principal qui ne connaît pas notre fonction, qu’il juge superflue – il y en a ! – versus le professeur documentaliste, cette personne un peu farfelue qui rivalise d’idées pour faire lire les élèves.
Le maître des livres d’Umiharu Shinohara séduira des lycéens fans de mangas et de littérature. Honteux de ne pas réussir aussi bien que son père, Myamoto s’abrutit au travail pour ne pas avoir à rendre visite à ses parents. Un soir, déjà passablement ivre après avoir fêté la fin d’année avec ses collègues, il découvre par hasard une bibliothèque pour enfants encore ouverte, « La rose trémière ». Le bibliothécaire, Mikoshiba, qui n’a pas la langue dans sa poche, l’accueille vertement avant de lui demander de l’aider à ranger les livres. Myamoto tombe alors sur le conte La montre musicale de Nankichi Niimi, qui le renvoie à la montre que son père lui a donnée et qu’il estime ne pas mériter. Étonné de la coïncidence avec sa propre vie, il interroge Mikoshiba qui lui répond : « Ce n’est pas toi qui choisis les livres mais les livres qui te choisissent ». Dès lors, Myamoto devient un habitué de la bibliothèque où il fait la connaissance des autres bibliothécaires et des usagers. Le Maître des livres invite à considérer la lecture comme vecteur de transformation d’autrui. Il permet de redécouvrir les classiques de la littérature internationale. Les débats entre les protagonistes nous offrent une belle vision des métiers du livre, qui fait chaud au cœur. On a parfois envie d’afficher ces passages en les agrandissant sur nos murs ! Une série très atypique, qui nous montre l’exemple d’une bibliothèque privée au Japon ouverte au public.

La bibliothèque, enjeu politique, et des bibliothécaires censeurs
La lecture comme vecteur d’émancipation, d’éveil au sens critique… Voilà qui n’est pas du goût des dictateurs, aussi les bibliothèques ont-elles longtemps été et sont-elles toujours des enjeux de pouvoir. Et la vision poussiéreuse d’un bibliothécaire gardien des livres va de pair avec une vision politique de l’accès aux livres, et donc au savoir. Les bibliothécaires s’érigent alors en censeurs et cherchent à maintenir les autres dans l’ignorance, en leur imposant de fausses vérités.
Umberto Eco en a fait le sujet du Nom de la rose, un roman policier médiéval se déroulant en 1327, dans une abbaye bénédictine : ancien inquisiteur, le franciscain Guillaume de Baskerville, secondé par le narrateur Adso de Melk, enquête sur les assassinats de moines en rapport avec une bibliothèque dont l’accès leur est interdit, et dont les salles octogonales, construites dans un véritable labyrinthe parsemé de leurres et de pièges, rappellent la Bibliothèque de Babel imaginée par Borgès. Sa méthode de classement qui correspond à l’ordre chronologique d’arrivée des manuscrits dans l’inventaire, est donc connue du seul bibliothécaire.
On retrouve l’idée de cette soif de connaissances des bibliothécaires, allant jusqu’à son contrôle, dans la série jeunesse en quatre tomes Alcatraz contre les effroyables bibliothécaires de Brandon Sanderson. Alcatraz Smedry ne cesse de changer de parents adoptifs. À ses treize ans, il reçoit un curieux colis à son nom contenant un sac de sable, et la visite de son grand-père jusqu’alors inconnu. Ce dernier lui apprend que le fait de casser tout ce qu’il touche depuis sa naissance est un talent propre à sa famille et qu’il doit sauver le monde des infâmes bibliothécaires aux lunettes en écaille ! Là encore, les bibliothécaires détiennent le pouvoir, car ils possèdent l’information, le savoir, et ce sont même eux qui créent des fake news !
Hélas, plus sérieusement, Didier Daeninckx, dans son polar Ethique en toc, évoque l’infiltration dans les bibliothèques universitaires de personnes d’extrême droite : « Celui qui dit l’histoire contrôle le présent et agit sur l’avenir » (p. 83). Il lie les spécialités scabreuses d’hommes de pouvoir avec la montée en puissance de thèses négationnistes. Ici deux volontés s’opposent : celle d’une marée humaine qui tente de sauver des flammes, puis de l’eau, les livres de la Bibliothèque et partant, tout un pan de l’Histoire, et d’autre part celle d’hommes de l’ombre qui cherchent, ce faisant, à gommer des faits historiques pour réécrire l’Histoire.
Les bibliothèques, un enjeu de pouvoir aussi vieux qu’elles… Dans Livres en feu, Lucien X. Polastron dresse l’historique des bibliothèques incendiées, dévastées parce que enjeux de pouvoir, à commencer par celle d’Alexandrie. Un incendie qui rappelle l’incipit de Fahrenheit 451, ce roman-phare de Ray Bradbury, datant de 1953, une dystopie qui nous projette dans une société qui a condamné la lecture et les livres. Les résistants forment à eux tous une bibliothèque, chacun ayant mémorisé un livre ou une partie de livre : un espoir demeure, faisant songer au proverbe africain « Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. »
Une vision militante
Heureusement, les bibliothèques peuvent aussi renaître de leurs cendres par la seule volonté d’une poignée de personnes. On retrouve cette vision militante de livres rares à conserver coûte que
coûte dans La Bibliomule de Cordoue, la dernière bande dessinée de Wilfrid Lupano, avec Léonard Chemineau au dessin. À Cordoue, le bibliothécaire Tarid et la copiste Lubna, tous les deux esclaves, risquent leur vie pour sauver de l’autodafé les livres de la deuxième plus importante bibliothèque du monde. Ils dérobent la mule d’un ancien disciple de Tarid, voleur d’un livre de valeur venu se racheter une conduite, qu’ils assomment. Le lendemain, Lubna sauve Marwann de la noyade infligée par les gardes du vizir et ils rattrapent Tarid parti avec la mule récalcitrante, croulant sous le poids des livres… Le scénariste imagine ici, à partir d’un probable autodafé des livres de la prestigieuse bibliothèque de Cordoue, au moment du retour à l’obscurantisme religieux, deux esclaves et un voleur risquant leur vie pour sauver des livres originaux des flammes. Un chouette coup de cœur.
Sauver les livres papier, non pas du feu, mais du tout numérique, c’est la mission d’Argus dans le roman jeunesse de science-fiction La guerre des livres d’Alain Grousset. Nommé maître-conservateur par l’Empereur, Argus a entrepris la conservation de milliards de documents, menacés par l’hypertechnologie, le tout numérique. Il accueille sur sa planète-livres, Libel, un réfugié ennemi, Shadi, jeune pilote de la Sécession, lequel comprend peu à peu la passion qui anime les bouquinistes, relieurs, traducteurs, imprimeurs à l’ancienne… Dans cet agréable récit d’aventures space opera, l’auteur rappelle combien le toucher, la matérialité physique des livres papier restent importants dans une civilisation technologique qui aurait tendance à vouloir les faire totalement disparaître au profit de « l’hyperéseau » et des seuls livres numériques.
Sauver les livres de la censure constitue le combat mené dans la série manga Library wars de Kiiro Yumi : dans un futur alternatif, le gouvernement japonais juge néfastes certaines lectures et décide de les censurer au moyen d’un comité d’amélioration des médias. Mais les bibliothécaires défendent parfois au prix de leur vie leurs livres, revues et journaux : ils finissent par faire voter la loi de sauvegarde des bibliothèques, et créent, pour assurer leur protection, un corps paramilitaire…
Sauver les livres, c’est aussi sauver notre part d’humanité sous la dictature, en pleine guerre ou dans un univers carcéral, nous élever à une meilleure conscience de soi, des autres et du monde. C’est la leçon que nous donnent des résistants syriens. Delphine Minoui nous en apporte le témoignage dans un essai captivant, Les passeurs de livres de Daraya : une bibliothèque secrète en Syrie. À l’âge de 21 ans, Ahmad, en ouvrant un ouvrage de psychologie en langue anglaise trouvé dans une maison, a le sentiment d’ouvrir la porte du savoir et de s’échapper de la routine du conflit. Il est parcouru du même frisson de liberté que lors de sa première manifestation contre Bachar-al-Assad. Commence alors une collecte dans les maisons abandonnées, une véritable chasse aux livres. Un projet de bibliothèque publique voit le jour, alors que sous Assad, Daraya n’en a jamais eue. Cet ouvrage passionnant retrace une foi inébranlable dans les livres, « ces armes d’instruction massive qui font trembler les tyrans ».
C’est également la leçon que nous donne Edita Adlerova dans La Bibliothécaire d’Auschwitz d’Antonio Iturbe, un roman tiré de la véritable histoire de cette tchèque courageuse âgée de 14 ans, recrutée par monsieur Fredy Hirsch pour une mission bien particulière au bloc 31 du camp d’Auschwitz : devenir la bibliothécaire clandestine attitrée du quartier des enfants.
Terminons par la série manga en cours Magus of the library de Izumi Mitsu, chez Ki-oon, qui dès l’incipit annonce : « Protéger les livres c’est tout simplement protéger le monde ! ». Foin du cliché de la vieille bibliothécaire au chignon et aux lunettes, tant au contraire ces belles filles intelligentes, les Kahunas, y sont admirées comme des super-héroïnes, en particulier par Shio. Grand lecteur et bibliophile, ce garçon métis aux « vilaines » oreilles pointues se réfugie dans la lecture clandestine face au harcèlement raciste des garçons de son âge et à l’interdiction du directeur faite aux « pauvres » de fréquenter la bibliothèque du village, par peur du vol. Quand des Kahunas sont envoyées par la bibliothèque centrale d’Afshak dans son village et lui laissent un livre, la vie de Shio Fumis bascule : il veut passer le très exigeant concours de bibliothécaire, souvent réservé à une élite intellectuelle féminine, pour, comme elle, avoir pour mission suprême de protéger et réparer les livres. Sept ans plus tard, Shio part pour la capitale des livres, rencontre d’autres postulants passionnés, et passe les épreuves. Les meilleurs pourront choisir leur affectation… Magus of the Library est un bel hommage rendu au métier de bibliothécaire vu comme une espèce de mage, tout en distillant dans ces aventures une histoire du patrimoine écrit, des réalités de terrain et des détails de conservation. Un manga coup de cœur, évoquant la vocation de bibliothécaire, l’amour des livres, et la volonté de démocratiser la lecture et la culture pour les ouvrir à tous.
Parions que, dans cette lancée, une meilleure représentation sera faite de notre belle profession. Et « comme la plupart des amours, l’amour des bibliothèques s’apprend » phrase de l’érudit Alberto Manguel, extraite de La Bibliothèque la nuit (Avant-propos, p.17.) dont on ne saurait que trop conseiller la lecture et qui explore de manière érudite, en partant de la sienne, les problématiques inhérentes aux bibliothèques.
