Enseignement scientifique, oral et carte mentale…

Comment proposer aux élèves une démarche créative afin de préparer une prestation orale ? Cartographier, scénariser pour mieux oraliser. Cet article propose une réflexion sur l’utilisation de la carte mentale dans le cadre de l’enseignement scientifique en première.

Le programme d’enseignement scientifique a été mis en place à la rentrée 2019 (arrêté du 17 janvier 2019, modifié par l’arrêté du 30 mai 2023, paru au Journal Officiel du 17 juin 2023) : deux heures par semaine autour de trois matières (SVT, physique-chimie et mathématiques). C’est un enseignement qui permet de « raconter une aventure de l’esprit humain, lancé dans une exploration du monde (la science pour savoir) et dans une action sur le monde (la science pour faire) » (Bulletin Officiel, 22 juin 2023, n° 25, Annexe p. 1). Outre les connaissances scientifiques, sont étudiées les dimensions historiques ainsi que les effets et les grands enjeux sur le monde contemporain.

En première, cet enseignement est destiné à l’ensemble des élèves, quels que soient leurs choix de spécialité ; aussi ces 2 heures sont-elles différemment identifiées par les lycéens à « sensibilité plus ou moins scientifique ».
Le programme mentionne que cet enseignement cherche à « contribuer au développement en chaque élève d’un esprit rationnel, autonome et éclairé, capable d’exercer une analyse critique face aux fausses informations et aux rumeurs ».
Cela m’a semblé, en tant que professeure documentaliste, une formidable occasion pour développer les compétences info-documentaires orales et numériques des élèves dans un cadre interdisciplinaire. C’est dans cette perspectives que le choix a été fait d’adopter une démarche créative, mobilisant la carte mentale comme support aux apprentissages mis en œuvre dans ce contexte.
J’exposerai tout d’abord les choix pédagogiques effectués dans le cadre d’une collaboration avec un enseignant de physique. Puis j’évoquerai plus spécifiquement la carte mentale comme outil d’aide à la hiérarchisation et à l’organisation des connaissances, avant de présenter le déroulé des séances en m’attachant à mettre en évidence et à caractériser la part prise par la démarche créative en cours de processus. Je terminerai par un bilan de la séquence.

Enseignement scientifique et Lumières, au centre des « explorations »…

Après qu’un collègue, professeur de physique, et moi-même avons échangé, nous avons décidé de concevoir un projet qui permette une démarche plus personnelle et motivée des élèves, quelle que soit leur sensibilité.
Il s’agissait de les engager à construire une problématique à partir d’un sujet original choisi par eux ou d’autres proposés par nous afin d’aboutir à une présentation constituant un entraînement au Grand oral.
Nous souhaitions lier cette démarche à des thématiques abordées en enseignement scientifique en présentant des axes de recherche principaux : la question de l’âge de la terre, les grandes expéditions scientifiques, la notion de progrès…
Or, nous rencontrons dans le programme d’enseignement scientifique les mêmes thématiques que celles traitées par les acteurs des Lumières. Certaines sont scientifiques comme la question de l’âge de la terre, de sa « forme » ou l’origine de notre planète, la question de la vaccination… ; d’autres sont davantage d’ordre social et politique, comme les débats de société nécessitant une compréhension des raisonnements et des notions.
En seconde, les élèves ont tous suivi en histoire un enseignement sur « Les lumières et le développement des sciences » (chapitre 1 du thème 4 : « Dynamiques et ruptures dans les sociétés des XVIIe et XVIIIe siècle » ; arrêté du 17-1-2019 publié au Bulletin Officiel spécial n° 1 du 22 janvier 2019).
Nous avons donc introduit le projet en accompagnant les thématiques d’une présentation des principaux acteurs des Lumières (Diderot, d’Alembert, Condorcet, Émilie du Chatelet…). Il s’agissait d’aider les lycéens à mieux saisir le contexte pour élaborer une problématique. Le but n’était pas de produire un copier-coller d’une biographie ou d’un événement mais bien de construire son besoin d’information, et de se questionner par rapport à ses propres connaissances ou à ses intérêts plus marqués. Un corpus trop large peut provoquer une errance chronophage.
Il est ainsi nécessaire de se questionner, de repérer le problème à résoudre. Pour cela, il est fondamental que l’élève soit véritablement impliqué dans cette démarche.

La carte mentale, un outil d’aide à la hiérarchisation et à l’organisation des connaissances

La carte mentale, ou carte heuristique (du grec heuriskein, trouver), est le terme retenu pour traduire mind map ; la technique dite de mindmapping (cartographie mentale) a été popularisée par le psychologue anglais Tony Buzan qui associait dans les années 70 la représentation visuelle d’idées ou de concepts au fonctionnement cérébral (Buzan & Buzan, 2016).
La carte mentale est présentée comme un outil favorisant l’organisation et la représentation structurée des idées, la mémorisation des savoirs et le développement de la créativité. L’un de ses principaux intérêts est de permettre une visualisation arborescente et hiérarchisée des informations (Le Deuff, 2011). Elle comporte aussi une dimension esthétique : par les modes d’agencement variés des idées, par le recours aux couleurs et aux dessins, les élèves réalisent une production qui peut leur apporter satisfaction.
Se sont aussi développées des solutions logicielles et des applications en ligne qui présentent l’avantage d’être très modulables et interactives, l’outil numérique facilitant l’organisation des informations collectées (liens vers des sites web et intégration de courtes vidéos). (Nobis, 2014.)

Figure 1 – Carte mentale « Diffusion des savoirs au XVIIIe »

Une préparation progressive à l’oral : cartographier, scénariser pour mieux oraliser

Avant la première séance, les lycéens ont été invités à s’organiser en binômes ou en trinômes (l’heure de cours accueillant un demi groupe classe).
Chaque séance est évaluée ; les critères sont annoncés aux élèves afin de les motiver de façon continue.

Problématiser et cartographier (séance 1)

Selon la sensibilité de chacun, les élèves sont partis de l’examen du corpus de documents (chapitres de livres, articles… : voir la liste jointe) ou ont réfléchi en groupe pour dégager une problématique (la technique des 3QOCP leur a été rappelée).
Des consignes avaient été présentées sur un Padlet auquel ils pouvaient se référer : Présentation générale, Déroulé des séances, Consignes de travail.

Figure 2 – Padlet de consignes

Lors de cette séance, les échanges ont porté sur « l’acceptabilité » des problématiques. Il est bien évident que la problématique pouvait être modifiée jusqu’à la séance suivante en fonction des recherches et des constats du groupe. C’est un exercice que les lycéens ne maîtrisent pas complètement bien qu’il soit nécessaire dans nombre de disciplines.
Réaliser et s’appuyer sur une carte mentale (sur papier ou sur support numérique), lors de cette première étape, est un exercice exigeant mais très efficace pour générer des idées et les organiser. L’outil carte mentale présent dans l’ENT numérique permet d’évoluer dans un cadre sécurisé.
Des consignes ont été données : choisir des intitulés courts et signifiants, ne pas trop développer l’arborescence (développer au-delà de 3 niveaux créerait de la confusion dans le contexte de cet exercice : « servir d’appui à un oral »).
Sur ce support, les élèves peuvent déplacer certaines informations vers une catégorie plus adéquate ou ôter celles qui seraient redondantes. La carte permet la mémorisation des prises de notes et/ou le relevé de citations pertinentes.
Bien évidemment, cette démarche s’accompagne d’une recherche documentaire qui répond au besoin d’information (dans une encyclopédie, sur le portail du CDI). Les élèves peuvent ainsi diversifier leurs mots-clés, questionner leur sujet et mieux construire leur équation de recherche.
Pour ce faire, il leur était rappelé de mener activement des recherches tout en construisant leur carte. Certains élèves avaient des difficultés à élaborer leur schéma heuristique, cherchant des idées sans se soucier d’investiguer.
En tant que professeure documentaliste, c’est de nouveau l’occasion de revenir sur le degré de fiabilité des informations et d’évoquer la pertinence de la recherche documentaire à l’aide d’un logiciel dédié (Esidoc) par rapport à la requête sur Internet.
C’est aussi l’occasion de souligner l’importance de la citation des sources et les modalités de présentation de références biblio-sitographiques.
C’est au cours de cette première étape que nous constatons véritablement l’hétérogénéité de la classe (compréhension des consignes, rapidité de recherche…) malgré la présentation détaillée des acteurs étudiés (Buffon, Lavoisier, d’Alembert, Condorcet, Diderot, Voltaire, Rousseau…) et la sélection des thématiques.

Référencer (séance 2)

Les élèves doivent alors confirmer leur problématique et finaliser une sito-bibliographie.
Leur est présentée la norme usitée dans Esidoc même s’ils pourront employer une norme simplifiée. Ce sont de nouvelles difficultés pour certains qui ont du mal à isoler un article de périodique ou une page de site Internet.
Après avoir créé une « collection » sur Pearltrees (disponible dans l’ENT), nous leur demandons de collaborer : ils peuvent ajouter des « éléments » (documents sur tout type de support) dans leur propre collection ; c’est une incitation au stockage et à l’organisation des documents qui sont ainsi plus aisément identifiables et référençables.
Dans l’optique de la production orale, nous avons choisi d’utiliser la plateforme Genially afin de créer une présentation interactive qui pourra servir de support. C’est un outil qui facilite la hiérarchisation des documents tout en les rassemblant dans une production unique. C’est au cours de cette séance que le fonctionnement de la plateforme leur est expliqué.

Hiérarchiser et organiser (séance 3)

Entre les séances 2 et 3, les lycéens doivent donc se familiariser avec l’outil Genially et préparer les documents qu’ils ont retenus (textes, images ou schémas élaborés) sous forme numérique et facilement exportable.
Il y a trop souvent une perte de temps dans les manipulations de documents ; les séances doivent permettre les échanges sur l’évolution des problématiques et les problèmes de reformulation plutôt que sur les soucis de format.
Le grand intérêt d’une présentation interactive est qu’il faut concevoir un menu et des liens de hiérarchisation de premier ou second degré ; il s’agit d’organiser sa pensée, de moduler sa documentation selon l’organisation générale (synthétiser un texte, modifier ses choix d’image, rectifier un schéma…).
Dans le cadre de ce travail, le menu peut souvent s’adapter aux éléments génériques de la carte mentale.
Nous avons été agréablement surpris par les choix documentaires de certains groupes qui ont fait preuve de maturité en illustrant leurs arguments par des éléments totalement appropriés (faisant un réel effort de synthèse textuelle, réfléchissant à l’agencement des liens hypermédia, manifestant une bonne compréhension de la nécessité d’un élément graphique représentatif…).

Mettre en forme (séance 4)

Lors de la séance de finalisation, selon l’achèvement des productions, nous intervenons pour échanger et conseiller les lycéens. Certains en sont au stade de la simulation d’oral et prennent conscience véritablement de la navigation adaptée ou non de leur présentation ; d’autres mettent un point final à la conception de leur production.
L’ajout d’icônes, d’illustrations est une aide à la mémorisation des informations à présenter. La prise de parole s’en trouve facilitée car l’élève formule ses phrases à partir d’expressions-clés figurant sur le menu.

Oraliser (séance 5)

La dernière séance est consacrée à la présentation orale des travaux ; les lycéens ont été prévenus des critères d’évaluation et ont donc pu s’organiser en connaissance de cause (les critères : la fiabilité des éléments de connaissance présentés, la capacité d’argumentation, la précision de l’expression, le partage du temps de parole et la posture).
Il ne s’agit pas d’un « Grand oral » personnel mais d’une préparation qui tient compte du groupe.
À ce stade, le support graphique s’avère être un bon outil au service de la communication orale : il aide à la construction et à l’exhaustivité de l’argumentation, et permet l’accès direct à des exemples pertinents.
Nous avons noté une diversité de comportements mais la plupart se sont emparés de cette occasion pour présenter une prestation dynamique et informée.
Cette séance permet une évaluation formative collective où les élèves apprennent les uns des autres.
À la suite de ces oraux, la majorité des productions a été présentée dans le hall du lycée sous la forme de posters, accompagnés d’un QR code renvoyant vers la présentation interactive, ce qui a valorisé les élèves auprès de leurs pairs.

Figure 3 – Buffon et l’« évolution »
Figure 4 – Lavoisier, fondateur de la chimie moderne
Figure 5 –Posters équipés de QR codes

Pour conclure : une démarche créative stimulante aux effets bénéfiques

La carte mentale est une aide précieuse pour les élèves lors de leur préparation à l’oral. Elle leur a permis de dépasser une approche linéaire de la prise d’informations et d’adopter un cheminement plus arborescent, stimulant pour le cerveau, par associations d’idées autour de la thématique principale ; elle a également été un support efficace et une aide pour ordonner les différents éléments collectés et/ou générés, et structurer leur pensée en vue de la communication finale. Ils ont ainsi pu gagner progressivement en assurance dans leur démarche, et acquérir une méthode.
Pour autant, certains élèves ont parfois eu du mal à effectuer cette démarche, ils doivent être aiguillés vers des pistes de problématiques. Nous avions déjà resserré les propositions et mis à disposition un corpus de documents à explorer ; sans cela, les laisser livrés à des recherches Internet serait chronophage et inefficace.
Nous anticipions aussi que l’usage d’un outil numérique de création de contenus interactifs focaliserait l’attention de nombre d’élèves ; aussi l’avons-nous introduit progressivement en en présentant les usages sans pour autant concentrer l’attention sur la production finale.
De même, il a fallu modérer les citations de références de sites web en évoquant de nouveau la nécessaire validation et structuration des contenus.
L’évaluation a été continue, séance après séance (respect des consignes et des délais, participation active dans les groupes…), ce qui permet, en tant que professeure documentaliste, de voir notre évaluation « spécifique » reconnue (recherche documentaire, sito-bibliographie, organisation des données, structuration des connaissances…).
Tous les lycéens n’ont pas la même aisance lorsqu’il s’agit de problématiser, d’effectuer des recherches et de présenter leurs travaux, mais la démarche adoptée (arborescence, menu, hiérarchisation des liens…) a souvent facilité leur présentation orale. Et elle leur a permis d’expérimenter des outils et des méthodes qui pourront être réutilisées dans d’autres contextes disciplinaires, hors enseignement scientifique.

 

 

Jeux de mots

Où est la place de l’oralité dans les fictions ? Où sont la voix, la parole, les phonèmes, l’intonation, les sons ? Par définition, « le texte fixe la parole, la dépouille partiellement de ses caractéristiques en la détachant de l’oralité et l’on peut se demander si le terme même de parole reste pertinent dès lors qu’il s’agit de textes », explique Florence Gaiotti, maître de conférences de littérature française à l’Inspé de Lille, dans son ouvrage Expériences de la parole dans la littérature de jeunesse contemporaine (Gaiotti, 2009). Ce serait donc un exercice difficile que de traduire sur le papier ce qui caractérise l’oral : sa spontanéité, sa brièveté, l’existence d’un contact direct (auditif et généralement visuel) entre les interlocuteurs, les différences de registre, son hétérogénéité…
Pourtant, il serait erroné de dire que l’on ne peut transcrire ce qui est à l’oral en texte, car, comme le souligne l’anthropologue Roland Colin dans une de ses conférences, « l’oralité habite l’écriture, dans la mesure où toute chose écrite peut être lue à voix haute : elle est produite par des locuteurs s’adressant à d’autres locuteurs » (Colin, 2009). Et, de plus, dit Jean Fabre, éditeur et co-fondateur de l’École des Loisirs, dans un entretien à la revue L’Acte de Lecture : « l’interprète, c’est finalement le lecteur qui pose sa voix, entre dans chacun des personnages, anime et réanime un texte » (Fabre, 2001)1.
On l’aura compris, toute œuvre de fiction comprend de l’oralité, puisqu’elle peut être lue à voix haute. Mais certaines d’entre elles, mêlant ou non dialogues, monologues, voix qui se croisent et se répondent, font plus encore appel à une expérience langagière, invitant le lecteur à se saisir du texte pour mieux se l’approprier. Et c’est là toute la virtuosité de certains écrivains que d’arriver à nous faire vivre les imperfections, les lacunes de l’oral, mais aussi son mouvement, son énergie et sa multiplicité, son hétérogénéité.
Il y a d’abord des textes dont la fonction première est de retranscrire une tradition orale, de la fixer pour conserver et témoigner : contes, mythes ou épopées.
Il y a ces romans et ces pièces de théâtre où l’on prend plaisir à lire et à dire les intonations des mots et des phrases, à les moduler, voire à les jouer…
Il y a les ouvrages dont les paroles des personnages sont écrites, construites, pleines de références littéraires, culturelles. Leurs auteurs ont recours à un langage spécifique pour nous faire accéder à ce qui fait la complexité des relations humaines. Selon eux, simplement retranscrire l’oral est insuffisant pour permettre l’expression intime des sentiments et des pensées et leur appropriation par le lecteur.
D’autres récits, enfin, attestent du pouvoir de la parole, de l’oral pour soigner, pour guérir de ses peurs, de ses angoisses, mais aussi pour se faire une place dans le monde et devenir soi.

Des paroles pour conserver

Historiquement, ce qu’on appelle la « littérature orale » se développe avant la littérature écrite. C’est le cas dans de nombreux pays où l’on recueille depuis longtemps des éléments relevant des genres oraux traditionnels : des contes, des proverbes, des comptines, des devinettes, etc.
La littérature orale, devenant « écrite » ou du moins transcrite, perd certaines de ses caractéristiques : l’improvisation et l’enrichissement des productions, les rythmes et mélodies des conteurs, les interactions avec le public… Pourtant, si l’on peut regretter le fait de figer ces formes orales, il faut s’y résoudre si l’on souhaite les mémoriser, sous peine de les voir disparaître.
Tout conte, dont on trouvera une transcription écrite, prend sa source dans l’oralité. « C’est là qu’il est né et, sous sa forme la plus authentique, il est fait pour être raconté et donc entendu plutôt que lu. Les formes écrites qu’on lui donne, dans des recueils, ne sont donc que des transpositions ou des adaptations. Pourtant, dans notre monde occidental moderne, même si on assiste à un retour en force de néoconteurs, le livre reste un élément d’approche et de diffusion essentiel des contes », explique Jean Derive (2005, p. 27). Parmi la multiplicité des éditions de contes, on peut citer les ouvrages de la collection Aux origines du monde, chez Flies France : Contes et légendes de France, d’Ukraine, de Birmanie, des Mayas, du Maroc, de Turquie, de Corée, du Congo, des Comores, des Pygmées…. Ce sont des recueils qui ont pour ambition de présenter la création du monde dans chaque culture et les phénomènes les plus quotidiens. Les auteurs sont chercheurs, ethnologues, anthropologues, conteurs.
Aller à la rencontre des gens, enregistrer leurs paroles, leurs anecdotes, c’est aussi faire œuvre de conservation pour se souvenir, mais aussi comprendre et transmettre. C’est ce qu’a fait Junichi Saga dans son recueil Mémoire de paille et de soie (Junichi, 1996). Médecin, il commença à enregistrer dans les années soixante-dix les souvenirs de ses patients quand il s’aperçut de la richesse des informations qu’ils avaient en mémoire. « On entend dans ce livre le bruit des pas, des outils, des fêtes, les rires des enfants, les clochettes des enterrements, les sabots des chevaux, le grincement des roues des charrettes ou le tambour d’alarme des inondations. Ici, ancienne geisha, gangster, bouchère, teinturier, fermier, servante, sage-femme, écolière, pêcheur, professeur viennent ingénument nous raconter leurs souvenirs. Dans ces chroniques pleines de truculence et d’humilité, de simplicité et de chaleur, on entend des histoires de patience, de joies, de chagrins qui nous font peu à peu comprendre les mécanismes profonds qui rythment cette vie d’un monde disparu », nous raconte Geneviève Navarre, ethnologue et traductrice, en ouverture de ce recueil.

Des paroles pour s’amuser et créer

À l’opposé de cette ambition ethnologique de transcrire au plus proche ce qui est dit, on trouve les écrivains qui préfèrent jouer avec les mots pour mieux réinventer les paroles. Dans Le Hollandais sans peine (1991), Marie-Aude Murail mise sur un langage inventé de toute pièce pour nous faire rire, et quoi de mieux, en effet, que de prononcer des mots aussi drôles et savoureux que « chprout » pour dire « fleur » ou encore « houlaï » pour dire « bonjour » ! L’histoire est celle d’un petit garçon espiègle, Jean-Charles. Son père, convaincu que l’apprentissage des langues est très important pour l’avenir de ses enfants, décide de les emmener en vacances dans un camping en Allemagne en immersion linguistique. Jean-Charles aura des devoirs de vacances : il devra tenir un cahier de vocabulaire allemand pour devenir bilingue. Ayant fait connaissance avec un garçon de nationalité indéterminée (en fait, notre héros découvrira à la fin de l’histoire que Niclausse est Irlandais), il persuade ses parents qu’il apprend le hollandais alors qu’il s’agit de mots inventés par les deux enfants, enfin surtout par Jean-Charles ! Un extrait ?

                                             «
Le soir, assis sur un pliant, la lampe à gaz sifflant
au-dessus de ma tête, je récitais mon hollandais à
Papa. Mon père disait :
– Chaussette ?
Je répondais :
– «Tramil». «Tramilès» au pluriel.
– Pantalon ?
– «Padpad».
– Short ?
– «Pad».
                                             »

L’auteure joue à fond sur le comique des mots inventés, la naïveté des parents et la débrouillardise des enfants. Le langage, issu de l’imagination de Jean-Charles, demande au bout du compte à ce dernier beaucoup de travail. La lecture de ce récit pourra éventuellement favoriser l’apprentissage des langues, en montrant que cela peut être très drôle, mais il s’agit surtout d’un court roman qu’on lira à voix haute avec grand plaisir, en faisant rouler sur sa langue ces drôles de mots sans queue ni tête et en se mettant à la place de notre jeune héros et des autres personnages, grâce aux dialogues si savoureux de Marie-Aude Murail.
Autre texte s’amusant avec le vocabulaire, mais aussi avec les phonèmes, l’argot ou encore les interjections ou diminutifs, Ce que parler veut dire ou le Patois des familles de Jean Tardieu (2013), courte pièce de théâtre, qui fait partie du recueil La Comédie du langage. Laissons « le professeur », personnage principal de cette pièce, présenter son propos : « Quels sont ceux d’entre vous qui ont lu mon Dictionnaire des mots sauvages de la Langue française ? (…) Vous savez, je suppose, que ce dictionnaire a, pour la première fois, opéré le recensement de ces petits mots, en apparence insignifiants, et cependant très répandus – diminutifs familiers, phonèmes imitatifs, etc. – qui émaillent notre discours et nous laissent apercevoir, soudain, je ne sais quels reflets terrifiants du balbutiement primitif des sociétés, je ne sais quels échos d’une danse rituelle de sauvages en pleine forêt vierge : galops des dadas, furie des zizis, boum-boum des tam-tams, papattes des bêbêtes, piques des coupe-kikis, hurlements des totos et niam-niams, ondulement des chichis, des dondons, et clic et clac et bing et crac, tralala, panpan, hop Ià, poum ! » Cette pièce est à la fois cocasse par les mots employés et par les situations plutôt absurdes qu’elle présente. Une occasion de découvrir les multiples ressources de la langue française à l’oral, mais aussi de s’entraîner à lire à voix haute, à mémoriser et à réciter et, qui sait, à jouer des saynètes aux phrases bien plus complexes qu’il n’y paraît au premier abord.
On retrouve ce même plaisir de jongler avec la langue dans la pièce de théâtre Anacoluthe ! Aventures au cimetière des mots oubliés de René Zahnd (2019). L’auteur raconte l’histoire de Tom, collégien du XXIe siècle, tombé dans un monde inconnu, en raison d’un bug informatique. Le voilà aux pays des mots oubliés à la rencontre de ses deux gardiennes. Déboussolé dans cet univers privé de Wi-Fi et d’électricité, Tom va tout faire pour s’enfuir… C’est donc « une aventure dont la langue est l’héroïne principale : sa désuétude, sa finitude, mais surtout ses bizarreries, ses créations burlesques (…) sont autant de défis pour la lecture, la compréhension, la mémorisation et l’animation du texte », écrit Véronique Cavallasca, de Ricochet Jeunesse « C’est un texte vivant et vivifiant, tonique » (2020)2.
Dans la même veine de la fantaisie langagière, on peut lire De cape et de mots de Flore Vesco (2019). Avis aux amateurs de néologismes, charades et autres calembours, ils seront servis. Flore Vesco nous transporte à travers ce roman à la cour de souverains capricieux, dans un château médiéval avec ses douves, salles de réception et cachots. Le roi et la reine y sont entourés d’innombrables domestiques et courtisans vaniteux et parfois perfides. L’héroïne Sérine va y vivre des aventures rocambolesques, tout en utilisant quantité de jeux de langage et de multiples termes (dont quelques-uns inventés : « esperlune » ou « lifrejole », vous connaissez ?), et en remettant au goût du jour du vocabulaire passé aux oubliettes (pretintaille, gastéropode…). Le langage est imagé et fleuri, souvent très drôle et pétillant à l’image de l’héroïne de Flore Vesco. On sent bien que l’auteure a pris un vif plaisir à écrire ce récit, à retrouver des mots anciens, bonheur que l’on retrouvera aussi dans L’Estrange Malaventure de Mirella (2019), un autre de ses romans qui réécrit le conte Le Joueur de flûte d’Hamelin.
Mais, derrière cet exploit stylistique, comment ne pas discerner le message de l’écrivaine sur le pouvoir de la parole ? Sérine, en effet, ne peut compter que sur elle pour faire sa place au milieu de ces courtisans fielleux : elle n’a ni relation ni fortune (c’est même la grande pauvreté de sa famille qui la conduit à la cour pour y être dame de compagnie), mais, en revanche, son sens de la répartie est formidable et sa capacité à jouer avec les mots – et à se jouer des mots – en fait une adversaire redoutable des malveillants et autres complotistes. D’autant plus qu’elle allie à sa conversation un grand sens de la justice et de la solidarité, permettant à ses lecteurs de réfléchir à des sujets aussi graves que la condition des femmes, la justice ou la mort. Le langage spirituel et facétieux de Flore Vesco est loin d’être vain, il démontre combien le sens des mots et l’usage qu’on en fait sont essentiels et comment ceux qui sont à l’aise à l’oral peuvent remporter des victoires, même s’ils paraissent faibles ou démunis.

Des paroles pour guérir

Toujours en fictions, niveau collège, on enchaînera avec Suivez-moi jeune homme de Yaël Hassan (2010), un récit sur les mots, leur histoire et là-aussi sur leur pouvoir. Pour résumer, Thomas, un collégien, est en fauteuil roulant depuis un accident de scooter. Au moment des vacances scolaires, il se retrouve isolé chez lui, mais une rencontre va le faire sortir de sa déprime. Un vieil homme excentrique du nom de M. Pavot emménage dans son immeuble et lui demande de l’aider à déballer ses cartons. Thomas se rend compte très rapidement que M. Pavot n’est pas le fou qu’il croyait, mais un amoureux du langage. Président de la SPDM, Société Protectrice Des Mots, il a pour objectif de réhabiliter les vocables en voie de disparition. Sa méthode est simple : il s’agit d’adopter un terme peu ou plus usité et de s’engager à l’employer le plus souvent possible pour lui donner une nouvelle vie : « argousin », « vétille », « pétuner » ou encore « manant » ou « fla-fla »… Si le projet semble au départ extravagant à Thomas, il va peu à peu se rendre compte des possibilités offertes par la maîtrise de la parole, notamment par le biais du slam. Cette faculté de s’exprimer va lui permettre de dépasser ses frustrations et ses blessures intimes et d’affronter ses peurs. Yaël Hassan a eu l’idée de ce roman à la sortie du livre de Bernard Pivot, 100 mots à sauver (2004). Elle a décidé d’écrire un texte dans lequel elle les réemploierait tous. Elle nous offre un livre intelligent et agréable à lire, qui joue avec le vocabulaire, nous le rend vivant et nous donne envie de l’utiliser. Mais, plus encore, ce récit explique que les mots et le savoir s’exprimer à l’oral peuvent redonner confiance et aider à surmonter des épreuves. Thomas s’aperçoit ainsi que la maîtrise de la langue est sa force, celle qui le fait avancer dans la vie, qui lui fait surmonter son handicap.
Souvent, au-delà des effets langagiers recherchés, les paroles dans les romans sont comme des portes qui s’ouvrent sur de nouveaux espaces de liberté. Le héros, en s’en emparant, en maîtrisant un vocabulaire ou en en créant un, en s’exprimant, prend confiance en lui, s’autonomise, voire s’émancipe. De personnage malmené par la vie, il devient le maître de sa propre vie et de son histoire.
La célèbre série de Marie-Aude Murail (cinq saisons à ce jour), Sauveur et fils (2018), va dans le même sens. « Parler soigne » pourrait être la phrase d’introduction à cette fiction qui met en scène un psychologue clinicien, Sauveur Saint-Yves, dont le métier est d’écouter pour aider. Il reçoit dans son cabinet des enfants et des adolescents en détresse qui viennent lui parler. Phobie scolaire, énurésie, anorexie, suicide, addiction aux jeux vidéo…, les sujets de mal-être ne manquent pas. On est tout de suite touché par ce personnage principal qui a des difficultés à dialoguer avec son fils Lazare mais qui, par sa présence et son attention aux autres, aide tous ces enfants à aller mieux.
Saison après saison, les voix des patients de Sauveur se font entendre et Marie-Aude Murail évoque avec virtuosité les difficultés à vivre en couple et en famille, les conflits parentaux, les non-dits qui forment un terrain fertile pour les pathologies de l’enfant et de l’adolescent. Les scènes décrites par l’auteure et les paroles font mouche à chaque fois : on prête l’oreille aux paroles des différents protagonistes, Margaux, Ella ou Gabin, et à bien d’autres encore. Il y a beaucoup d’humanité et de tendresse dans cette série où l’auteure traite de sujets difficiles sans pathos, ni clichés.

Des paroles pleines d’émotions

Comment faire écouter la voix d’un personnage ? Comment la rendre plus proche du lecteur ? De plus en plus d’auteurs jeunesse répondent à ces interrogations en adoptant un récit à structure poétique. Souvent, il s’agit d’une narration à la première personne, narration qui offre au héros la possibilité de nous confier ses émotions, ses sentiments, et, ce faisant, d’évoluer. Cette forme est celle du vers libre sans vraiment de système métrique ou de rime. Jean-Yves Tadié l’appelle « récit poétique » qui emprunte à la poésie ses moyens d’action et ses effets tout en conservant le principe du roman : un ou des personnages avec une histoire dans un ou plusieurs lieux (Tadié, 1994).
Le choix de la forme poétique permet à l’écrivain de se libérer de certaines contraintes : descriptions réalistes, chronologie des événements ou encore alternance entre narration et description. De même, les personnages ont tendance à s’effacer au profit du seul narrateur (« je ») auquel le lecteur peut s’identifier plus facilement. En allégeant ainsi le texte, l’auteur attire l’attention sur son message : l’expression profondément intime des sentiments et des pensées de son héros. Fragments de paroles et blancs dans la page, rythmes des mots et des phrases, sonorités, etc., contribuent de leur côté à accentuer le lyrisme du texte.
Avec ces romans-poèmes, nous savourons peut-être encore plus la beauté des termes choisis par le romancier, nous goûtons à leur musicalité, aux sons, aux intonations, aux rythmes des vers qui contribuent à mieux nous faire saisir ce qui est important pour le narrateur.
C’est ainsi qu’on découvrira avec émotion ce récit poétique qu’est Inséparables de Sarah Crossnan (2019). Grace et Tippi sont deux sœurs siamoises qui entrent pour la première fois au lycée. Protégées jusqu’alors par leur famille, elles doivent affronter le regard des autres et la dureté de leurs réactions. Elles se soutiennent, se font des amis. Puis Grace tombe amoureuse. Puis, Grace tombe malade…
Ce journal intime d’une durée de six mois est écrit par cette dernière. Il narre les événements marquants sur une ou deux pages au maximum. Quelquefois, il n’y a que quelques mots, le texte étant simplifié, épuré comme s’il s’agissait de pensées, d’émotions à fleur de peau. La disposition dans la page, les retours à la ligne ou encore la ponctuation contribuent à renforcer l’effet qui s’en dégage.

           «

Soeurs

Nous
Voilà.

Et vivantes.

Extraordinaire, n’est-ce pas ?

D’arriver
à vivre
comme ça.

          »

Parfois les mots grouillent sur la page pour raconter ce qui leur arrive, l’espace se remplit de dialogues, de personnages qui interviennent.

                                             « 

Enfin Maman se masse les tempes, soupire, et nous dit tout.
‘On est à court de donations,
on n’a plus les moyens de vous payer un tuteur
Votre père n’a pas encore retrouvé de travail
et la retraite de Grammie
ne couvre même pas l’abonnement téléphone.’

‘Vous nous coûtez cher, les filles’, ajoute Papa,
comme s’il était possible d’économiser
l’argent qu’ils dépensent pour nous deux

Tippi et moi, on n’est pas ce qu’on appelle normales—
pas le genre qu’on rencontre tous les jours,
ni même une seule fois
dans sa vie.

Toute personne un minimum bien élevée
nous appelle « jumelles fusionnées »,
mais on nous a déjà donné d’ autres noms aussi :
monstres, mutantes,
déformées, dénaturées,
                                             »

D’autres romans font appel à ce procédé narratif en vers libres. De la même auteure, Sarah Crossan, on peut citer Swimming pool (2018), un récit d’actualité sur l’immigration et le harcèlement. Il y a aussi le très beau Songe à la douceur de Clémentine Beauvais (2016), réécriture d’Eugène Onéguine de Pouchkine dans un contexte contemporain. L’auteure, très talentueuse, nous raconte les rapports amoureux de deux personnages, Eugène et Tatiana. Déconstruisant la linéarité du texte, jouant avec la typographie et la mise en page, mais aussi sur les sonorités, les répétitions, les mots, elle nous donne à entendre les troubles, les pensées et les sentiments de chacun des protagonistes.

                                      «
À l’étage en dessous, Tatiana, quatorze ans,
                lit,                        lit,
lit,     lit,      lit,      lit,              lit,
               lit,                lit,
                     lit,
                                      »

Des paroles pour grandir

La forme poétique est aussi l’occasion de nous ouvrir à de nouvelles cultures. Un ouvrage récent en est l’illustration, Signé poète X de Elizabeth Acevedo (2019), qui met en avant le slam. Elizabeth Acevedo met en scène une jeune fille d’origine dominicaine, Xiomara, à la fois engluée dans son corps de jeune femme en train d’éclore et dans sa vie familiale – sa mère hyper pieuse lui impose, ainsi qu’à son frère jumeau, une vie rigide, pleine de contraintes. Révoltée, en colère, elle aimerait pouvoir se débarrasser de tout ce qui l’étouffe. Mais, à 15 ans, que peut-elle faire ? La seule option qui s’ouvre à elle, c’est d’écrire, écrire tout ce qu’elle ne peut combattre. Puis, un club de slam se crée dans son lycée et c’est enfin la possibilité d’exprimer publiquement ses émotions, sa personnalité et de trouver sa voix et sa voie. Ce qui fait la vitalité de ce roman, c’est sa forme d’abord qui est celle d’une succession de poèmes slamés dont la force est évidente. Slam vient du verbe « to slam » qui signifie « claquer » ou encore « frapper violemment » et c’est ce qu’on ressent avec ce livre : des mots qui claquent et qui percutent, des mots qui chantent et qui vibrent, donnant à ressentir les troubles, les émois et la sensibilité de l’héroïne. À la lecture de ces slams, on ne peut qu’être touché, voire bousculé, au plus profond de soi par la force, la puissance, mais aussi l’authenticité qui s’en dégagent. Le slam a un rythme particulier, propre à la déclamation, les paroles s’entrechoquent, résonnent les unes par rapport aux autres, et Elizabeth Acevedo3 réussit une vraie prouesse : sous nos yeux, les mots de Xiomara s’animent ; on entend la jeune fille, sa souffrance mais aussi son énergie qui peu à peu s’accroît jusqu’à lui permettre de se libérer de l’emprise de sa mère. Ici, les termes employés, comme leur musicalité, sont salvateurs pour l’héroïne.
Autant dire que ce roman est une véritable réussite, tant dans la forme poétique que dans les sujets traités : harcèlement, sexisme, incommunicabilité, mais surtout difficulté d’être soi, des thèmes qui trouveront un écho auprès des lecteurs.

On voit donc que par de multiples manières, les écrivains arrivent à se jouer de la distance imposée par la page et le langage écrit. Recourant à de multiples styles, transcrivant dans des registres variés, puisant aux sources de la langue, mêlant argot, verlan, néologismes, tics de langage, faisant alterner rythmes et sonorités, signes de ponctuation, et utilisant même la mise en page, ils arrivent à traduire la singularité et les émotions des personnages qu’ils font parler.
Pour conclure, on laissera la parole à Patrick Chamoiseau, prix Goncourt 1992 pour Texaco, qui résume avec maestria les liens entre oral et écrit (1994, p. 156-157) : « Il ne s’agit pas, en fait, de passer de l’oral à l’écrit, comme on passe d’un pays à l’autre ; il ne s’agit pas non plus d’écrire la parole, ou écrire sur un mode parlé, ce qui serait sans intérêt majeur ; il s’agit d’envisager une création artistique capable de mobiliser la totalité qui nous est offerte, tant du point de vue de l’oralité que de celui de l’écriture. Il s’agit de mobiliser à tout moment le génie de la parole, le génie de l’écriture, mobiliser leurs lieux de convergence, mais aussi leurs lieux de divergence, leurs oppositions et leurs paradoxes, conserver à tout moment cette amplitude totale qui traverse toutes les formes de la parole, mais qui traverse aussi tous les genres de l’écriture, du roman à la poésie, de l’essai au théâtre ».

 

 

La mise en scène de l’oralité : quand les ados prennent la parole

La question de l’oralité est une problématique importante dans la construction de soi à l’adolescence. L’injonction à l’expression orale est extrêmement présente dans le cadre scolaire, comme dans celui du groupe des pairs, générant pour beaucoup une grande pression et possiblement de l’angoisse et de la solitude. Cependant, si l’oralité est un objet d’apprentissage comme un autre, elle peut aussi être un vecteur d’épanouissement et de partage.
La littérature aborde ce sujet sous différentes facettes, que ce soit par le biais du théâtre, du slam, de la prise de parole publique ou d’internet et tous ces items se regroupent autour de deux thématiques majeures. Beaucoup de récits, tout d’abord, mettent au jour la passion des personnages pour ces pratiques, que ce soit pour l’amour de l’art ou pour transmettre ses convictions, pour faire porter sa voix sur des sujets qui nous tiennent à cœur. L’autre partie des romans du corpus s’attache à démontrer comment cela peut permettre de se révéler à soi et aux autres, de vaincre ses difficultés, de rompre avec la solitude et de créer de nouvelles relations.

L’oralité comme passion

Entre tradition et modernité, la passion de l’oralité dans la littérature destinée aux adolescents va mettre en scène deux types de personnages : soit des mordus de théâtre, sans autre propos que de mettre en avant leur implication dans leur art et les belles rencontres que cela génère, soit des youtubeurs, dont l’expression recherche un plus large public et vise souvent un but politique.
Concernant la première catégorie, quatre romans peuvent être évoqués ici à titre d’exemple. L’incontournable Marie-Aude Murail propose le titre 3000 façons de dire je t’aime ; elle place l’action parmi un groupe d’amis évoluant au sein du conservatoire d’art dramatique de leur ville. Ils se connaissent depuis le collège et partagent une passion pour le théâtre depuis que leur professeur de français les a emmenés voir une pièce. L’autrice développe ici les problématiques liées à l’apprentissage de cet art, le travail que cela induit, le stress, l’ambition, etc.
Cette passion se retrouve également dans un roman comme Libérez l’ours en vous, de Carol Trébor. Ici, le club théâtre du lycée auquel prennent part Kolia et Lisa va mettre toute son énergie à monter une pièce pour leur professeure malade qui ne pourra pas les accompagner pendant cette année. C’est toute l’implication des jeunes qui est ici mise en avant, alors que ce qui n’était pour eux qu’un simple hobby revêt tout d’un coup un enjeu plus important.
Nous pouvons également citer deux romans qui mêlent passion pour le théâtre et passion amoureuse. Lucy dans tous ses états de Sophie Guillou met en scène de manière très drôle une adolescente amoureuse d’un membre de sa troupe et qui va tout faire pour se payer le stage de théâtre où elle prévoit de se rapprocher de lui. Moins récent, dans Sur les trois heures après dîner de Michel Quint, Rachel s’éprend de son prof de théâtre. Lorsque celui-ci subit un accident cérébral, elle s’investit à ses côtés pour l’aider dans sa rééducation, tout en poursuivant son apprentissage de la scène.
Les arts urbains tiennent également une grande place dans ce panorama littéraire autour de l’oralité. Parée pour percer, d’Angie Thomas, raconte la passion de Bri, 16 ans, pour le rap. Fille d’un rappeur de légende aujourd’hui décédé, elle rêve de suivre ses traces, jusqu’au moment où, pour sortir sa famille de l’impasse, ce rêve devient une nécessité impérieuse. Par ailleurs, pour faire le lien avec les thématiques précédentes et celle qui suit, nous pouvons évoquer Molière vu par une ado et par son chien ! de Cécile Alix, qui mêle le théâtre, le slam et YouTube. On y suit Inès, une jeune fille passionnée par Molière et qui entreprend de rendre accessible la vie du dramaturge en déclamant du slam sur sa chaîne vidéo.
Si peu d’adolescents sont réellement sensibilisés au théâtre, les nouvelles technologies ont permis de démocratiser une nouvelle forme d’oralité. Avec YouTube, les jeunes ont pu prendre la parole sur différents sujets, avec la certitude (parfois illusoire) d’être entendus. Quelques auteurs et autrices se sont appropriés ce topic et témoignent de la diversité des sujets transmis par les jeunes vidéastes.
Jérémy Behm, par exemple, avec son roman 1 million de vues, met en scène un panel de youtubeurs qui participent à un concours dont le gagnant ressortira riche et célèbre. Chacun a sa spécialité mais aussi son histoire, plus ou moins dramatique. Un récit sur les dérives de la société de consommation qui élève les influenceurs au rang de superstars.
Enfin, Charlotte Bousquet, comme à son habitude, propose un roman social fort avec À cœurs battants. On y suit plusieurs personnages en plein mouvement social et qui participent à une manifestation marquée par des violences policières. La protagoniste qui nous intéresse ici est Samia, vlogueuse, dont l’objectif est de donner à sa parole et à celles des manifestants une valeur de témoignage.

L’oralité pour se révéler à soi et aux autres

Néanmoins cette passion pour la prise de parole et pour la déclamation n’entre généralement pas dans la vie de nos protagonistes sans une raison plus profonde et c’est ce moment de la découverte et ce qu’elle implique qui est le plus souvent mis en exergue dans la littérature pour ados. Cette dernière s’attache à décortiquer ce passage de l’enfance à l’âge adulte qui nécessite de se découvrir soi-même et de s’affirmer face aux autres, ce qui ne se fait pas sans difficultés. Ici, l’accession à l’oralité devient un prétexte au dépassement de ses angoisses et à la proclamation de sa personnalité, et permet d’inscrire ces récits dans la lignée des romans d’apprentissage.
La question généraliste de la confiance en soi est la plus souvent traitée dans notre corpus. Par exemple, Signé poète X, d’Elizabeth Acevedo, dont la particularité est d’être rédigé en vers libres, raconte l’histoire d’une adolescente de 15 ans, Xiomara, née dans une famille pieuse et qui rêve d’émancipation. Déjà poète, sa découverte du slam dans le club de son lycée lui permettra de faire porter sa voix et de faire entendre ce qu’elle a à dire. La découverte du slam est aussi au centre du roman de Jean-Philippe Blondel, Brise glace, dans lequel Aurélien, un jeune garçon solitaire, parvient enfin à exprimer la souffrance qui le ronge à la suite d’un deuil qu’il a toujours gardé secret. En prenant la parole, le protagoniste s’autorise enfin à commencer à se reconstruire.
Dans Demandez-leur la lune, Isabelle Pandazopoulos s’intéresse aux concours d’éloquence. Quatre adolescents en décrochage scolaire pour des raisons diverses sont pris en charge par une professeure de français, alors qu’ils sont déjà considérés comme irrattrapables par beaucoup. Son objectif : leur permettre de se réapproprier leur voix et leur histoire, de créer leur propre langage et de mettre des mots sur leurs problèmes, afin d’être en mesure de les dépasser.
Si l’on revient sur le sujet du théâtre, nous pouvons de nouveau évoquer l’auteur Jean-Philippe Blondel avec cette fois-ci Double jeu. Ici, le personnage principal est un adolescent de 17 ans qui a tendance à s’attirer des ennuis. Ne se sentant à sa place nulle part et cherchant la confrontation partout où il va, il va atterrir dans le club de théâtre de son nouveau lycée qui monte la pièce La Ménagerie de verre de Tennessee Williams. En s’identifiant alors au personnage principal, il va pouvoir répondre à de nombreuses questions et faire des choix importants. Alex Gino, de son côté, choisit dans George le théâtre comme moyen de se révéler aux autres. Dans ce roman, George est une fille transgenre. Assignée garçon et perçue comme tel par son entourage, elle se révèle aux yeux de tous en interprétant contre toute attente un rôle féminin dans la pièce de son école.
Enfin, certains romans s’attachent à démontrer que l’appropriation de l’oralité peut être un moyen de dépasser ses troubles du langage et des apprentissages. Deux exemples peuvent être cités. D’une part, dans Dys sur 10, Delphine Pessin décrit le quotidien de Dylan, un jeune dyslexique et dysorthographique qui fait tout pour dissimuler ses difficultés, jusqu’à sa rencontre avec un professeur plus attentif à ses besoins. Puisque l’expression écrite est particulièrement pénible pour l’adolescent, son enseignant a l’idée de l’initier aux joies de l’expression orale en lui faisant découvrir le théâtre. D’autre part, la série Ma vie en vlog d’Emma Moss met en scène une adolescente harcelée à cause de son bégaiement et qui va se réapproprier sa parole et son image en créant sa propre chaîne YouTube.

Les nouvelles exigences scolaires autour de l’oralité et cristallisées autour du nouveau Grand oral du bac nécessitent de porter une attention particulière aux jeunes qui peuvent être le moins à l’aise dans ce type de situation. Dans ce corpus, peut-être que des adolescents timides, introvertis, en retrait, trouveront de quoi s’enthousiasmer pour les différentes pratiques de l’oralité que peuvent être le théâtre, le slam, l’éloquence ou encore le vlogging.

 

 

L’art de parler

EXPOSITIONS, ARCHIVES, MUSÉES, ÉVÉNEMENTS

Le département de l’Audiovisuel de la BnF, issu de la Phonothèque nationale, conserve et communique les collections de documents sonores, de vidéos et de documents multimédias. Gallica regroupe toutes les archives sonores, dont Archives de la parole – Musée de la parole et du geste, des discours. Certains documents audios sont disponibles en podcast, d’autres sont à consulter sur place.
https://gallica.bnf.fr/html/und/enregistrements-sonores/fonds-sonores?mode=desktop

Les archives orales du service historique de la défense :
https://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/ressources/les-archives-orales

Le fonds des archives orales et audiovisuelles s’articule autour de 3 grands ensembles : les archives orales constituées par les Archives nationales, les archives audiovisuelles produites et collectées par les administrations publiques de l’État, les fonds privés conservés par l’institution.
http://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/web/guest/archives-audiovisuelles-et-electroniques

Le Musée du Barreau de Paris :
Contient, entre autres, une riche collection de notes de plaidoiries. https://www.museedubarreaudeparis.com/

La Maison de la radio, Paris :
C’est dans ce lieu que sont enregistrées les émissions des chaînes de Radio France. Y sont également proposés des visites, des concerts, des ateliers (notamment avec les scolaires). Des projets à l’année peuvent être montés avec les collèges et les lycées.
https://www.maisondelaradio.fr/

Encyclopédie de la parole : « projet collectif qui cherche à appréhender transversalement la diversité des formes orales […] collecte toutes sortes d’enregistrements et les répertorie en fonction de phénomènes particuliers de la parole ». Animé par des artistes (acteurs, plasticiens, musiciens, metteurs en scène etc.).
https://encyclopediedelaparole.org/fr#/collections

La Maison du Conte, Chevilly-Larue :
Des classes Conte, des projets Conteur dans la classe ainsi que des classes à PAC sont possibles. Des ateliers de sensibilisation à la narration orale et de découverte des métiers de la Maison du Conte peuvent également être mis en place.
https://lamaisonduconte.com/

Le Centre de documentation Le « Litt’oral », Paris
Plus de 4000 ouvrages (recueil de contes, légendes, épopées, grands récits d’enfance, ouvrages sur la littérature orale, études scientifiques ayant pour objet les pratiques de l’oralité + un fonds d’archives), enregistrements inédits de conteurs et de conférences.
https://www.association-calliope.fr/lelittoral.html

L’École de l’oralité, Saint-Etienne
Cette école propose de vivre la pratique artistique par une pédagogie basée sur l’oralité. Des ateliers hebdomadaires sont ouverts à tous. Possibilité de partenariat pour des projets.
http://www.ecoledeloralite.org/

L’Association pour le Développement des Arts de l’Oralité (ADAO), Brest : festivals de contes dans le pays de Brest. L’association intervient dans les collèges et organise différents festivals ainsi que des spectacles.
https://associationadao.wordpress.com/category/lassociation/

Dastumedia : archives du patrimoine oral de Bretagne ; donne un accès à des milliers d’archives (enregistrements sonores, manuscrits, photographies) sur le patrimoine oral de Bretagne (chansons, musique instrumentale, contes, légendes, témoignages, etc.).
http://www.dastumedia.bzh/

 

Programmes et repères pédagogiques

Collège

Français, cycle 3 – Le langage oral.
https://eduscol.education.fr/cid101008/francais-cycle-langage-oral.html
S’exprimer à l’oral. Ressources d’accompagnement. Éduscol, 2016.
https://eduscol.education.fr/cid102485/francais-cycle-exprimer-oral.html
Évaluation de l’oral. Ressources d’accompagnement. Éduscol, 2017.
https://eduscol.education.fr/cid102736/francais-cycle-3-evaluation-de-l-oral.html

Français, cycle 4. Enseigner l’oral au cycle 4
https://cdn.reseau-canope.fr/archivage/valid/feuilletage-enseigner-l-oral-au-cycle-4-N-11608-16221.pdf

Diplôme national du brevet : épreuve orale.
« L’épreuve orale de soutenance d’un projet permet au candidat de présenter l’un des objets d’étude qu’il a abordés dans le cadre de l’enseignement d’histoire des arts, ou l’un des projets qu’il a menés au cours des enseignements pratiques interdisciplinaires du cycle 4 ou dans le cadre de l’un des parcours éducatifs (parcours Avenir, parcours citoyen, parcours éducatif de santé, parcours d’éducation artistique et culturelle) qu’il a suivis. »
Bulletin officiel n°1 du 4 janvier 2018
https://www.education.gouv.fr/bo/17/Hebdo42/MENE1731896N.htm?cid_bo=122780

La place de l’oral dans tous les cycles pour toutes les disciplines. https://www.education.gouv.fr/sites/default/files/2020-02/t-l-charger-les-programmes-48461.pdf

Lycée et Collège

Physique-Chimie
L’oral, enjeu d’apprentissage en physique-chimie et enjeu d’apprentissage en soi. Éduscol, janvier 2020. https://eduscol.education.fr/cid129214/recherche-et-innovation-en-physique-chimie.html

Lycée général et technologique

Français, arts, langues
Bulletin officiel n° 34 du 19 septembre 2019 : nature et durée des épreuves terminales, session 2021.
https://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=144874

Grand oral. Terminale
Le Grand oral rompt avec la tradition française qui mettait l’accent sur l’écrit dans les examens scolaires. Et sa préparation replace les pratiques documentaires au centre du travail de l’élève (recherche documentaire, sélection d’idées, travail sur le discours) :
Bulletin officiel spécial n° 2 du 13 février 2020
https://www.education.gouv.fr/bo/20/Special2/MENE2002780N.htm?cid_bo=149115
Le Grand oral est une épreuve des nouveaux bacs général et technologique avec un coefficient 10 en voie générale et 14 en voie technologique. Elle dure 20 minutes et est précédée de 20 minutes de préparation.
https://www.education.gouv.fr/nouveau-bac-comment-se-passe-le-grand-oral-100028

Humanités, littérature et philosophie. Première et Terminale
L’oral dans l’enseignement de spécialité « humanités, littérature et philosophie ». Éduscol, 2019.
https://cache.media.eduscol.education.fr/file/HLP/74/1/RA19_Lycee_G_1-T-HLP_Oral-enseignement-HLP_1219741.pdf

Lycée professionnel

Terminale CAP et Bac Pro
Le chef-d’œuvre est un travail effectué seul ou en groupe. L’élève doit le présenter devant un jury. L’épreuve consiste à expliquer l’ensemble de la démarche, de la conception à la réalisation du projet.
BO n° 4 du 23 janvier 2020
BO n° 47 du 19 décembre 2019

 

SITES INSTITUTIONNELS

Rapport au Ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse : «Faire du grand oral un levier de l’égalité des chances», 24 juin 2019. Cyril Delhay, professeur d’art oratoire à Sciences Po Paris :
Ce rapport propose également une réflexion sur la place de l’oral de l’école au lycée.
https://www.reseau-canope.fr/nouveaux-programmes/magazine/oral/lapprentissage-de-loral-un-enjeu-de-societe.html

Séminaire PNF (Plan National de Formation) : La prise en compte de l’oral au lycée ; travailler les compétences orales avec les élèves, 2019. Vidéos et ressources pour les enseignants de toutes disciplines en vue de la préparation du Grand oral :
https://eduscol.education.fr/cid140653/la-prise-en-compte-de-l-oral-au-lycee-travailler-les-competences-orales-avec-les-eleves.html

« Se préparer à l’oral par la pratique médiatique – collège, lycée, LP » : dossier pédagogique à télécharger sur le site de l’académie de Bordeaux
18 fiches réalisées par le CLEMI de Bordeaux sur la relation entre pratique médiatique et maîtrise du langage oral avec une série d’activités pédagogiques concrètes.
http://www.ac-bordeaux.fr/cid145302/oral-et-pratique-mediatique.html

Pour approfondir, consultez la curation de Brigitte Pierrat qui regorge de références institutionnelles et d’exemples de mise en pratique d’un enseignement de l’oral :
https://atelier75.canoprof.fr/eleve/Sitographies/competences_orales_eleve/

 

Pistes pédagogiques

Réaliser une webradio. Pour allier l’oral, l’écrit, les techniques de création, de production et de diffusion en ligne. Quelques outils pour créer une webradio :
https://www.clemi.fr/fr/medias-scolaires/creer-une-webradio.html
http://www.ac-toulouse.fr/cid74776/des-fiches-et-des-conseils-pour-votre-projet-radio.html
https://radioclype.scola.ac-paris.fr/
Appli Elocance, pour transformer les écrits en podcasts :
https://www.elocance.com/fr/

Réalisation d’une revue de presse orale. Cette prestation peut être enregistrée avec un micro ou filmée. Partenariat possible avec la maison de la radio :
https://www.maisondelaradio.fr/ateliers-autour-des-metiers-de-la-radio

Analyser et réaliser un journal télévisé :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/Education_aux_medias/20/5/Se_preparer_a_l_oral_par_la_pratique_mediatique_-_clemi_bordeaux_-_novembre_2019_1204205.pdf
Utiliser des capsules vidéo : http://mediafiches.ac-creteil.fr/spip.php?article343

Mettre en place un atelier d’improvisation théâtrale.
https://eduscol.education.fr/cid114218/pratique-de-l-improvisation-theatrale.html

Des vidéos pour se préparer à l’oral : improvisation théâtrale, éloquence, Canopé, 2019. https://www.reseau-canope.fr/nouveaux-programmes/ressources-audiovisuelles/oral.html

Participer à Interclass’ : réalisation de reportages radiophoniques avec des professionnels de France Inter :
https://www.franceinter.fr/emissions/interclass
Résidence d’auteur avec un slameur ou Atelier de pratique du slam avec intervenants extérieurs dans le cadre de l’éducation artistique et culturelle :
https://eduscol.education.fr/cid112947/slam-a-l-ecole.html

Club lecture à voix haute : jouer autour de variations sur la lecture à voix haute, lire et bruiter un texte, prendre la voix d’un personnage.
Écoute, recherche documentaire et étude des discours d’orateurs et d’oratrices célèbres à travers les temps (ex : discours de Greta THUNBERG, Assemblée nationale française, 23 juillet 2019 ou Yes we can, discours de Barack Obama, 8 janvier 2008 à Nashua, dans le New Hampshire, lors des primaires de la campagne présidentielle).

Recherche documentaire sur les tableaux, dessins, photos en lien avec l’oralité.

Participer à une joute oratoire, à un débat normé, structuré (ex. jeu de rôle : procès, simuler une plaidoirie), réaliser un débat radiophonique, organiser un débat d’éloquence.
Le débat réglé ou argumenté :
https://cache.media.eduscol.education.fr/file/EMC/01/1/ress_emc_debat_464011.pdf (éduscol, 2015)
Le débat littéraire et interprétatif :
https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Culture_litteraire_/05/9/21-RA16_C3_FRA_5_culture_litt_debat_591059.pdf (éduscol, 2016)

Participer à l’un des nombreux concours d’expression orale existants (concours d’Éloquence, de plaidoiries etc.).

Monter une classe « Éloquence » en troisième avec les professeurs d’art.
https://eduscol.education.fr/cid141066/experimentation-enseignement-eloquence-classe-troisieme.html

Le blog Souffle vous propose de suivre deux classes de 3e à travers les séances menées en classe et les ateliers de pratique théâtrale
https://souffle.school.blog/

Après avoir visionné une séance d’entretien d’embauche dans un film (ex. : La loi du marché, entretien d’embauche via Skype) simuler des entretiens professionnels avec les élèves, notamment en lycée pro, en STMG ou organiser une séance ciné-débat.
https://www.reseau-canope.fr/savoirscdi/cdi-outil-pedagogique/base-initiatives/initiatives-pedagogiques/techniques-de-recherche-demploi/methodologie-de-lentretien-dembauche.html

Se servir des examens nationaux pour préparer les élèves à l’oral : oraux de français (EAF), de langues… : simulations, entraînements, des élèves prennent la place du jury, présentation d’un diaporama… https://www.lumni.fr/video/10-trucs-pour-assurer-a-l-oral

 

Les concours

De nombreux concours d’éloquence ont fleuri ces derniers temps en régions. Parallèlement, les élèves peuvent également participer à des évènements d’ampleur nationale, voire internationale :

Le concours d’éloquence de la fondation des femmes organisé par le Centre Hubertine Auclert et la Région Île-de-France en partenariat avec France culture : pour mettre en lumière le talent des femmes et dénoncer le sexisme par le verbe, au studio 104 de la Maison de la radio. Jury présidé par Christine Taubira, ancienne garde des sceaux. Prix Gisèle Halimi pour la meilleure prestation.
https://m.centre-hubertine-auclert.fr/outil/concours-d-eloquence-de-la-fondation-des-femmes-2018

Le concours de lecture à voix haute organisé par la Grande Librairie.
https://www.lumni.fr/dossier/la-grande-librairie-concours-de-lecture-a-voix-haute

Le concours de plaidoiries des lycéens organisé par le Mémorial de Caen : https://www.memorial-caen.fr/les-evenements/concours-de-plaidoiries-des-lyceens

« Dis-moi dix mots » piloté par les Ministères de la Culture et de l’Éducation nationale : http://www.dismoidixmots.culture.fr/concours-pedagogiques

À mots ouverts : concours international d’éloquence en français porté par l’Institut français.
https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Langue-francaise-et-langues-de-France/Politiques-de-la-langue/Sensibilisation-des-publics/Les-concours/A-mots-ouverts-concours-international-d-eloquence

Concours de récitation organisé par la BnF à destination des collégiens et des lycéens avec un thème chaque année. https://www.bnf.fr/fr/evenements-et-concours-du-service-de-leducation-artistique-et-culturelle#bnf-concours-de-r-citation

Le programme Graine d’Orateur propose, en plus de ses formations, la Coupe de France lycéenne, une compétition de débats inter-lycées :
http://ffdebat.org/graine-dorateur

Coupe du monde de slam ; la prochaine coupe du monde se déroulera du 10 au 16 mai 2021 à Paris :
https://grandpoetryslam.com/la-coupe-du-monde/

Représentations artistiques

 Chansons

Brel, Jacques, Les Timides. Youtube, 2014. https://www.youtube.com/watch?v=HeU7xlAKyvQ

Faye, Gaël, TV, 2014 :
https://youtu.be/nee7nJzJlT8

Grand corps malade, J’écris à l’oral. Youtube, 2008. https://www.youtube.com/watch?v=lwCL6o3kCcs

Grand corps malade, Le langage du corps. Youtube, 2019. https://www.youtube.com/watch?v=nh0mzQATQIs

 Tableaux

Anonyme, Procès de Galilée devant l’Inquisition en 1633. Collection particulière.

Bach, Armand Eugène, La Cour d’Assises. Musée Carnavalet, Paris.

Belay, Pierre de, Plaidoirie de Me Moro-Giafferi. Collection particulière, 1934

Court, Joseph-Désiré, Honoré Gabriel Riqueti, Comte de Mirabeau à l’assemblée constituante de 1789, Musée des beaux-arts de Rouen.

Daumier, Honoré, Le Défenseur. Musée d’Orsay, Paris.

David. Le Serment du Jeu de Paume. Musée du Louvre, Paris.

Huot, Charles, Le débat sur les langues : séance de l’assemblée législative du Bas-Canada le 21 janvier 1793. National Gallery of Canada, Ottawa.

Lorent, Jean-François, Procès de Louis XVI à l’Assemblée de la Convention Nationale. Musée Carnavalet, Paris.

 Dessins

Depuis la loi du 29 juillet 1881, modifiée par celle du 6 décembre 1954, les photographes et appareils photo sont normalement interdits dans les salles d’audience des palais de justice. C’est pourquoi les croquis, dessins et esquisses restent les seuls moyens de rendre compte visuellement de l’ambiance des jugements.

Les croquis d’audience : dessins de Cabu, Sylvie Guillot, Julien Tiberi, Noëlle Herrenschmidt, Riss, Dominique Lemarié, Tignous, notamment.

 Photos

Discours de Jean Jaurès le 25 mai 1913 au Pré-Saint-Gervais à l’issue d’une manifestation contre la loi des trois ans, photo : Henri Roger.

Discours de Martin Luther King à Washington le 28 août 1963 « I have a dream », AFP.

Discours de Nelson Mandela prononcé à Rivonia devant les juges qui l’ont condamné en 1964.

Discours de John Fitzgerald Kennedy le 26 juin 1963 à l’hôtel de ville de Schöneberg (Berlin-Ouest), Keystone Pictures USA.

« Je vous ai compris » : discours du général de Gaulle lors de sa visite officielle à Alger le 4 juin 1958, crédits photo : Rue des Archives.

Martin Luther King, le 28 août 1963, à Washington.
AFP.