Solidarité

Au quotidien

Mixité sociale, isolement, vie en collectivité… Dans quel endroit la solidarité quotidienne peut-elle mieux s’illustrer que dans un immeuble ? Combien de belles histoires naissent dans les cages d’escalier, les paliers, pendant les déménagements ou les petits événements de la vie ? Paul, jeune garçon de douze ans, en est une belle illustration dans le roman de Peter Hartling, Paul, l’enfant de l’immeuble. Sa mère vient de partir à New-York, pour réaliser ses rêves professionnels, et son père n’est guère à la maison, accaparé par son travail. Paul partage alors son quotidien avec Käthe, sa « mamy de cœur » qui vit juste à côté. Mais lorsque les parents de Paul décident de divorcer, tout se complique. Chamboulé, le jeune garçon pourra compter sur l’aide et le soutien de ses voisins, qui iront jusqu’à lui organiser une fête ! Une belle histoire de solidarité, d’amitié, d’amour, dans un immeuble de Francfort.
Une solidarité qu’Iris, jeune fille pétillante et pleine d’énergie du roman de Lucy Frank, Iris par-ci, Iris par-là, rencontre également dans son immeuble. Alors qu’elle poursuit un gros chat roux qu’elle a croisé dans les couloirs, Iris va emprunter l’escalier extérieur et découvrir ainsi, sous un autre angle, ses voisins. Un enfant handicapé qui s’ennuie, la classique mamy aux chats, ou encore l’effrayant pitbull… Au fil des pages, Iris donne vie à l’immeuble : elle rend des services, crée du lien social, et devient vite indispensable. Une belle leçon de solidarité au quotidien.
Solidarité qui semble être le maître-mot de La Fourmilière, de Jenny Valentine. Sam, jeune garçon de 17 ans, vient de quitter sa campagne pour s’installer dans un immeuble peu reluisant de Londres. Il est en fugue, et son nouveau propriétaire ne lui pose pas de questions. L’immeuble compte une galerie classique de personnages : l’inquiétant voisin, la mamy peu discrète et curieuse, la jeune fille livrée à elle-même… Au fil des rencontres, Sam pourra y voir plus clair et régler peu à peu ses problèmes. Les valeurs de l’amitié et de la solidarité y sont ici mises en relief, dans une histoire attachante pour nos lecteurs les plus âgés.

Envers les enfants

Littérature jeunesse oblige, de nombreux auteurs offrent de belles et touchantes histoires sur la solidarité entourant les enfants, lorsque ceux-ci vivent des situations difficiles. C’est le cas de Mei, dans le roman Tu peux pas rester là de Jean-Paul Nozière. La jeune fille vit avec sa mère Hua, dans une petite ville de province. Mais les gendarmes de la ville ont reçu l’ordre d’expulser les « sans-papiers », et la mère et la fille sont dans ce cas… Impossible pour les habitants de ne rien faire, et une chaîne de solidarité va rapidement se monter : amis, directrice de l’école, inconnus… tous se mobilisent. Un roman fort, qui ne peut laisser indifférent.
L’école, également au cœur du roman Vive la République, de Marie-Aude Murail, qui montre bien à quel point la solidarité s’y exerce de façon aussi naturelle que nécessaire. À 22 ans, Cécile affronte sa première rentrée des classes. Au fil des pages, les enfants se dévoilent. Toussaint et Démor arrivent de Côte d’Ivoire, Steven a bien du mal à suivre, Baptiste ne tient pas en place. Une salle de classe comme un microcosme, dans lequel l’entraide est de mise.

Entre amis

La solidarité n’est-elle pas l’un des piliers de l’amitié ? Bon, pas de discussion philosophique ici et maintenant, mais les romans racontant des histoires d’amis solidaires sont nombreux. On aimera le roman Mandela et Nelson, le match retour, d’Hermann Schulz, dans lequel une équipe de jeunes joueurs de foot de Tanzanie, après un premier match contre l’Allemagne, est invitée à jouer le match retour en Europe. Mais effectuer un tel déplacement n’est pas chose aisée ! Il faudra tout le courage et la conviction des jeunes de l’équipe pour créer un large élan de solidarité et permettre au match de se jouer.
L’amitié entre les enfants crée souvent une solidarité que rien ne semble pouvoir détruire. Dans la série de romans La Tribu, de Sandrine Beau, Anne-Gaëlle Balpe, Séverine Vidal et Jess Pauwels, un groupe d’enfants va mener des enquêtes comme on les aime ! Pour les voir aboutir, solidarité indispensable entre tous les membres du groupe ! Pour les plus jeunes, un agréable moment de lecture ; pour les plus âgés, un petit goût de madeleine de Proust et du club des Cinq !
Cette même solidarité habite la série La Bande à Grimme, d’Aurélien Loncke. Une bande de gosses livrés à eux-mêmes vivent comme ils peuvent dans les allées d’un parc. Orphelins, ils feront au fil de la lecture des rencontres qui vont changer leur vie. Mais ils seront toujours là les uns pour les autres. Un p’tit air de Dickens pour cette série très plaisante à lire

Dans le monde du travail

La solidarité s’exerce de façon forte et naturelle dans le monde du travail. Enfin, elle devrait… Dans le roman Made in Vietnam, de Carolin Phillips, Lan, jeune fille de 14 ans, travaille dans une usine de baskets pour subvenir aux besoins de sa famille. Les conditions de travail sont particulièrement difficiles, et il est plus que nécessaire de se serrer les coudes entre employés. Mais pour Lan, la situation est inacceptable, et la révolte couve. Pourtant, comment faire lorsque vous avez besoin d’argent et que chacun tient à sa place ? Comment lancer une action collective, au risque de perdre son gagne-pain ?
Crainte qui ressort également largement dans le roman La Vie comme Elva, de Jean-Paul Nozière, qui relate un important mouvement de grève dans l’usine La Francilienne, de la petite ville de Sponge. Après le licenciement de 80 employés, la révolte gronde, et c’est la grève générale. L’usine est occupée, les bivouacs s’installent, et une chaîne de solidarité s’installe. Les commerçants de la ville expriment leur colère, et peu à peu, des amitiés et des histoires d’amour se tissent sur fond de revendication sociale. Car la solidarité peut avoir des effets imprévus au départ !

Face au danger

Lorsque la situation l’exige, lorsque la survie est en jeu, alors la solidarité va de soi. Dans le roman Encore heureux qu’il ait fait beau, de Florence Thinard, tous les utilisateurs d’une bibliothèque se retrouvent coincés dans cette dernière… au milieu des flots ! Personne ne l’a vu venir, et il va bien falloir cohabiter et s’entraider. Ce qui n’est pas forcément simple, au vu des différentes personnalités qui se voient contraintes de vivre ensemble. Un roman original, dont le succès auprès des jeunes lecteurs ne se dément pas.
Dans Encore faut-il rester vivants, Anne Ferrier nous plonge dans un monde dévasté suite à une énorme éruption solaire. Et comme si ce n’était pas suffisant, une terrible épidémie décime les survivants. Et on en rajoute une louche : la contamination par le virus rend les malades particulièrement agressifs. Difficile de pouvoir vivre, et même survivre, dans des conditions pareilles. C’est au prix d’une nécessaire entente et solidarité que Julia, Shawn et Mouette vont se battre pour s’en sortir…
C’est seule au départ qu’Angel se trouve confrontée au plus grand des dangers dans le roman de Charlie Price, Desert Angel. Ayant suivi sa mère dans une vie errante, au fil de ses amants, la jeune fille finit par être le témoin de l’assassinat de sa mère. Elle sait que c’est Scotty, son dernier compagnon, qui l’a tuée. Et elle sait aussi qu’il va revenir pour supprimer toutes les traces… et les témoins. Commence alors une terrible course-poursuite sur fond de désert américain, entre quartiers pauvres et camps provisoires. Un environnement dur, mais dans lequel Angel va pouvoir compter sur la solidarité des personnes qui croisent son chemin, en particulier chez les Mexicains sans papiers. Un roman captivant, qui ne laisse aucun répit au lecteur.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale

En temps de guerre, le danger est partout, à chaque carrefour, dans chaque épisode de la vie. Adam et Thomas, les deux jeunes héros du roman éponyme d’Aharon Appelfeld, se retrouvent bien malgré eux au cœur des tourmentes de la Seconde Guerre mondiale, cachés dans la forêt par leur famille. Seuls au monde, ils survivent dans un arbre, et seront secourus par l’élan de solidarité d’une jeune fille, Mina, qui semble venir de nulle part mais à qui ils doivent certainement la vie. Un beau moment d’écriture, à lire à tout âge.
De très nombreux témoignages relatent la nécessaire solidarité installée dans les camps nazis. Tout d’abord, hommage à Simone Veil, avec son ouvrage Une jeunesse au temps de la Shoah. De son enfance à Nice jusqu’au retour des camps, le lecteur est saisi par le souci constant d’entraide et de solidarité qui émaille les pages de cet ouvrage. Une leçon de vie et d’Histoire, dont la lecture est indispensable.
On retiendra également tout particulièrement le texte choc de Francine Christophe, Une petite fille privilégiée. Par son témoignage, l’auteur retrace son histoire, sa vie au camp de Bergen-Belsen. Une vie dans des conditions impossibles, durant laquelle la solidarité allait de pair avec son propre instinct de survie. Francine Christophe évoque les actes solidaires de tous les jours, de tous les instants, dans un monde où le futur, même proche, semble ne plus exister. Dans le film Human, de Yann Arthus-Bertrand, elle raconte notamment cette histoire bouleversante : en tant que fille de prisonnier, elle avait droit à un traitement de faveur, et avait pu apporter au camp un petit sac. Ce dernier contenait deux carrés de chocolat, que sa mère lui réservait pour le moment où elles seraient au plus mal. Pourtant, la jeune Francine choisit finalement de donner ce chocolat à une jeune femme en détresse qui venait de donner naissance à un enfant. De nombreuses années plus tard, une femme se présenta à elle comme étant « le bébé »…