La lecture audio, une lecture inclusive pour les CDI !

Dans un monde où les pratiques culturelles se diversifient et évoluent constamment, la lecture audio s’impose comme une alternative de plus en plus populaire à la lecture traditionnelle. Podcasts, livres audio, applications dédiées… L’offre de contenus audio n’a jamais été aussi variée, répondant à des besoins multiples et touchant un public de plus en plus large. Cette évolution mérite toute notre attention en tant qu’enseignants documentalistes, à la croisée des chemins entre médiation culturelle, accompagnement pédagogique et accessibilité.

Cet article propose de faire le point sur cette pratique émergente dont il est question dans le Baromètre 2024 des usages d’achat et de lecture des livres imprimés, numériques et audio1. Dans un premier temps, nous explorerons la richesse et la diversité des formats qui composent l’univers de la lecture audio, en mettant en lumière les acteurs et les outils disponibles. Ensuite, nous nous pencherons sur les apports des neurosciences pour mieux comprendre les bénéfices cognitifs et émotionnels de cette pratique. Enfin, nous examinerons comment la lecture audio peut devenir un levier incontournable pour accompagner les élèves en difficulté de lecture, qu’il s’agisse de troubles dys ou de difficultés liées à la langue ou à la motivation.

À l’ère du numérique, la lecture audio ouvre des perspectives passionnantes pour encourager l’accès au savoir et renouveler notre rapport à la lecture. Embarquons ensemble pour un voyage sonore au cœur de cette nouvelle forme de médiation culturelle et pédagogique.

I. La multiplication de l’offre de contenus audio : une diversité de formats à explorer

L’essor de la lecture audio s’inscrit dans un contexte de transformation numérique qui favorise l’émergence de nouveaux supports et formats. Des livres audio traditionnels aux podcasts narratifs, en passant par des plateformes interactives, l’offre de contenus audio n’a jamais été aussi riche et variée. Cette diversification des formats répond à une demande croissante de flexibilité et d’accessibilité dans les pratiques culturelles et éducatives.

1 – Les livres audio : un format incontournable

Les livres audio, disponibles sur des plateformes comme Audible d’Amazon, Kobo de la Fnac ou encore AudioCité, un site belge conçu à l’origine pour les personnes malvoyantes ou Audiolib, une maison d’édition de livres audio française, sont souvent perçus comme une simple alternative à la lecture papier. Pourtant, ils se démarquent par leur capacité à proposer une expérience immersive grâce à des narrations de qualité, souvent enrichies d’effets sonores ou de musiques d’ambiance. Ce format s’adresse aussi bien aux lecteurs passionnés qu’à ceux qui manquent de temps, offrant la possibilité de découvrir des œuvres littéraires pendant un trajet, une séance de sport ou une activité quotidienne.

2 – Les podcasts narratifs : entre fiction et documentaire

Les podcasts narratifs occupent également une place croissante dans le paysage de la lecture audio. Proposant des récits originaux, des adaptations d’œuvres littéraires ou des enquêtes journalistiques, ces formats hybrides brouillent les frontières entre littérature et reportage. Des plateformes comme Arte Radio, France Culture ou encore Spotify offrent un éventail impressionnant de récits pour tous les goûts, du polar à la science-fiction, en passant par des témoignages émouvants.

3 – Les applications et outils interactifs

En parallèle, des applications comme Storytel, Lizzie ou encore Audible Stories se positionnent comme des acteurs majeurs de la démocratisation de la lecture audio. Ces outils permettent une personnalisation accrue de l’expérience utilisateur, offrant des options telles que la vitesse de lecture ajustable, les suggestions basées sur les préférences ou encore des fonctionnalités éducatives comme des quiz ou des résumés interactifs. Les « Boîtes à histoires » comme Merlin de Bayard jeunesse et FLAM de Lunii, permettent, quant à elles, de proposer aux plus jeunes une autonomie d’accès et une immersion dans l’histoire.

En s’adaptant aux besoins d’un public toujours plus diversifié, la lecture audio se positionne comme un véritable écosystème à explorer. Non seulement elle transforme notre rapport à la lecture, mais elle ouvre également des perspectives nouvelles pour les enseignants documentalistes, qui peuvent jouer un rôle clé dans la médiation et la promotion de ces formats innovants. Les livres audio peuvent ainsi venir diversifier le fonds de l’établissement et s’intégrer dans la politique documentaire.

II. Les atouts de la lecture audio à la lumière des neurosciences

Si la lecture traditionnelle sollicite principalement la vue, la lecture audio mobilise avant tout l’audition, engageant ainsi des mécanismes cérébraux spécifiques. Les neurosciences permettent de mieux comprendre comment cette pratique impacte notre cerveau et pourquoi elle constitue un outil précieux pour l’apprentissage et la culture.

1 – Une stimulation cognitive multiple

Selon Stanislas Dehaene, lorsqu’on écoute un texte, le cerveau active simultanément plusieurs zones, notamment celles impliquées dans la compréhension linguistique, la mémoire et l’imagination. Contrairement à une simple écoute passive, la lecture audio sollicite l’aire de Wernicke (compréhension du langage) et l’hippocampe (stockage et rappel des informations), tout en activant les régions visuelles de manière imaginaire. Autrement dit, écouter un récit nous plonge dans une expérience mentale quasi immersive, comparable à celle de la lecture visuelle, avec des bénéfices équivalents en termes de mémorisation et de compréhension.

2 – Une aide précieuse à la concentration

Pour certains auditeurs, en particulier les élèves sujets à des troubles de l’attention, la lecture audio peut représenter un véritable atout. Les travaux d’Isabelle Montésinos-Gelet et de ses collègues ont démontré que l’écoute active d’un texte lu, souvent accompagnée d’une voix expressive, aide à maintenir l’attention en stimulant les émotions et en rendant le contenu plus engageant. Le rythme et l’intonation de la voix du narrateur servent de repères cognitifs, permettant de mieux suivre le fil de l’histoire ou de l’argumentation. La prosodie (intonation, rythme, pauses) a donc un rôle crucial à jouer dans le maintien de l’attention et de la concentration des auditeurs. Une lecture monocorde ayant tendance à ennuyer l’auditoire. L’utilisation des écouteurs éloigne l’auditeur des stimuli extérieurs qui l’empêcheraient de se concentrer sur le récit. Ce dispositif est primordial dans le cadre d’un CDI.

3 – Développer l’imaginaire et la sensibilité auditive

Écouter un livre ou un podcast engage fortement l’imaginaire. Sans support visuel pour guider la perception contrairement à l’illustration ou le film, l’auditeur est amené à construire mentalement les décors, les personnages ou les situations décrites, ce qui stimule la créativité et l’abstraction. En parallèle, l’habitude d’écouter des récits de qualité peut affiner la sensibilité auditive des élèves, les aidant à reconnaître des nuances de ton, d’émotion ou de rythme, des compétences essentielles pour l’expression orale si l’on ne veut pas voir s’endormir son auditoire (cf. Bertrand Perrier).

4 – Des bénéfices émotionnels et affectifs

La lecture audio peut aussi avoir un impact positif sur le bien-être émotionnel. Écouter une voix humaine, surtout si elle est chaleureuse et expressive, crée un lien affectif et procure un sentiment de réconfort. Cette dimension est particulièrement utile pour des élèves en situation de stress ou d’anxiété, car en se plongeant dans un univers narratif, les auditeurs peuvent oublier temporairement leurs soucis et trouver du réconfort dans les histoires renforçant le sentiment de partager un même univers narratif. L’histoire leur permet de s’évader tout en renforçant leur sentiment d’appartenance à un univers narratif partagé. Et ce d’autant plus si une conversation ultérieure s’engage sur les interprétations et les émotions suscitées par l’histoire, renforçant ainsi le sentiment d’appartenir à un groupe qui a vécu la même expérience narrative.

En mobilisant des processus cérébraux riches et variés, la lecture audio se révèle bien plus qu’un simple substitut à la lecture visuelle. Elle s’impose comme une pratique complémentaire, qui stimule autant l’intellect que l’imaginaire et les émotions, tout en s’adaptant aux besoins spécifiques de chacun.

III. La lecture audio : un outil à ne pas négliger pour les publics en difficulté

La lecture audio constitue un levier puissant pour rendre la lecture accessible à tous, en particulier aux élèves confrontés à des difficultés spécifiques. Qu’il s’agisse de troubles de l’apprentissage, de barrières linguistiques ou d’un manque de motivation, elle offre une solution inclusive et adaptable aux besoins variés des publics scolaires.

1 – Un soutien pour les élèves dyslexiques ou concernés par d’autres troubles de l’apprentissage

Pour les élèves dyslexiques, la lecture visuelle peut être un défi quotidien, marqué par une lenteur, des erreurs de décodage et une fatigue accrue. La lecture audio permet de contourner ces obstacles en permettant une immersion dans le contenu sans la contrainte du déchiffrage. Selon une étude parue dans The Journal of Neuroscience en 2019, l’écoute d’un texte active les mêmes zones cérébrales que la lecture visuelle, permettant ainsi de développer la compréhension et le vocabulaire. Les travaux du neuroscientifique Stanislas Dehaene, parus dans son ouvrage Les neurones de la lecture en 2007, allaient déjà dans ce sens.

Des outils comme les livres audio synchronisés avec un texte écrit, tels que ceux proposés par des plateformes comme Bookinou ou les éditions Mobidys, facilitent également un apprentissage multimodal adapté aux élèves à besoins éducatifs particuliers (EBEP).

2 – Une passerelle pour les élèves allophones

Pour les élèves dont le français n’est pas la langue maternelle, la lecture audio peut jouer un rôle clé dans l’acquisition de la langue. En écoutant des récits lus par des narrateurs professionnels, les élèves s’exposent à une prononciation correcte, à des structures syntaxiques variées et à un vocabulaire enrichi. Cette approche immersive facilite leur compréhension orale et leur familiarisation avec les sonorités du français, tout en réduisant l’effort de décodage visuel qui pourrait freiner leur progression.

3 – Redonner goût à la lecture

Les élèves en difficulté de lecture, qu’ils soient découragés par des échecs antérieurs ou peu attirés par le format traditionnel du livre, peuvent trouver dans la lecture audio une porte d’entrée vers le plaisir de lire. La diversité des contenus disponibles – romans captivants, récits historiques, biographies inspirantes ou encore adaptations de mangas – permet de répondre aux intérêts variés des adolescents. Par ailleurs, la qualité des narrations, souvent incarnées par des comédiens, peut transformer l’expérience en une aventure immersive qui suscite curiosité et engagement.

4 – Une ressource pour tous les médiateurs

Pour les enseignants documentalistes, intégrer la lecture audio dans leurs pratiques ouvre de nombreuses possibilités : ateliers d’écoute, emprunt de livres audio, création de playlists thématiques diffusées sur Esidoc ou sur le site du CDI, ou encore projets interdisciplinaires mêlant oralité et écriture. Ces initiatives permettent non seulement de valoriser ce format, mais aussi de renforcer l’inclusion et l’autonomie des élèves. De plus, des partenariats avec des structures comme l’Association Valentin Haüy2 (spécialisée dans l’accessibilité pour les malvoyants) ou les bibliothèques numériques comme BNFA3 (Bibliothèque Numérique Francophone Accessible) offrent des solutions pratiques pour diversifier l’offre dans les établissements. Le site des professeurs-documentalistes de l’académie de Toulouse4 recense d’ailleurs différents sites où le livre audios est accessible.

Par exemple, en collaborant avec ces associations, les établissements scolaires peuvent offrir un accès à une vaste collection de livres audio adaptés aux élèves malvoyants et/ou dyslexiques, favorisant ainsi l’inclusion scolaire. De plus, cela permet de garantir que tous les élèves, indépendamment de leur handicap, ont accès aux mêmes ressources éducatives. Dans une démarche de projet, la participation des élèves à la réalisation d’un livre audio, venant compléter la collection du collaborateur, apporte une dimension citoyenne en valorisant l’entraide et leur permet d’acquérir des compétences orales nécessaires pour les différents oraux d’examen, entretiens d’embauche ou autre prise de parole en public. Cependant, il faut s’assurer d’avoir obtenu toutes les autorisations liées à l’usage de la voix, de l’œuvre lue et éventuellement du fonds sonore, dans le respect des droits d’auteur.

En plaçant la lecture audio au cœur de leurs pratiques, les enseignants documentalistes peuvent contribuer à réduire les inégalités face à la lecture et à ouvrir de nouvelles perspectives à des élèves souvent laissés en marge. Accessible, riche et engageante, cette forme de lecture est un formidable outil pour démocratiser l’accès à la culture et à la connaissance.

Conclusion

La lecture audio, bien plus qu’une simple tendance, s’impose comme un outil riche et polyvalent, capable de transformer notre rapport à la lecture. En tant qu’enseignants documentalistes, nous avons tout à gagner à intégrer cette pratique dans nos médiations culturelles et pédagogiques. Qu’il s’agisse d’exploiter la diversité des formats disponibles, de tirer parti des bénéfices démontrés par les neurosciences ou de répondre aux besoins spécifiques des publics en difficulté, la lecture audio ouvre des perspectives stimulantes et inclusives.

Elle constitue une passerelle vers la lecture pour les élèves qui peinent à s’engager dans l’écrit, tout en enrichissant l’expérience des lecteurs déjà passionnés. En valorisant ces contenus dans nos CDI, en proposant des ateliers d’écoute ou en sensibilisant nos collègues et les partenaires à leur potentiel, nous contribuons à faire de la lecture une expérience accessible, engageante et diversifiée. La lecture audio, loin de remplacer le livre imprimé, vient compléter l’éventail des moyens d’accès au savoir et à l’imaginaire, dans une démarche profondément inclusive et moderne.

Il ne reste plus qu’à tendre l’oreille et à laisser ces récits sonores inspirer nos pratiques… et nos élèves.

 

 

Le livre audio au CDI, une place à prendre

Le livre audio est-il un support présent dans les CDI ? Une enquête réalisée en 2022 dans le cadre d’un mémoire de master auprès de professeurs-documentalistes permet d’avoir un aperçu de la place qu’il occupe, des freins (multiples) à son intégration mais aussi des atouts qu’il présente en termes d’accès à la lecture. 

Comment qualifier exactement le livre audio, objet aux formes multiples ? « Livre audio » est un terme générique, parfois employé à la place d’audiolivre, de livre à écouter, de livre-disque, de livre enregistré, de livre parlant et de livre sonore. L’éditeur français Audiolib en propose une définition sur son site : « Un livre audio est la forme lue, à une ou plusieurs voix, d’une œuvre publiée au préalable sous forme écrite. La lecture de l’œuvre est faite par un comédien ou une comédienne ou par son auteur ou autrice, et enregistrée dans un studio professionnel1 ». Il s’agit là de la définition de livres audio commercialisés, qui ne prend pas en compte la possibilité pour des bénévoles donneurs de voix, d’enregistrer des livres pour des bibliothèques sonores.

La demande pour le livre audio augmente d’année en année en France2 pour des raisons variées : évolution technique grâce au MP3 et aux outils portables d’écoute, souplesse du support qui permet d’écouter tout en faisant autre chose, aide pour les personnes empêchées de lire, sensorialité de l’expérience, etc. Pour cette étude, nous nous sommes intéressée uniquement au livre audio sur support CD, fichier MP3 et fichier audio disponible en streaming.
Le livre audio est-il un média présent dans les CDI ? Lorsqu’il fait partie du fonds documentaire, comment est-il valorisé ? Les élèves l’empruntent-ils ? Pour répondre à ces interrogations, deux questionnaires en ligne ont été établis début 2022 à destination de professeurs-documentalistes, comportant des questions à choix multiples ainsi que des questions ouvertes pour laisser la parole libre aux enseignants. Le premier questionnaire a été élaboré pour des professeurs-documentalistes dont le CDI dispose de livres audios, le second pour des enseignants qui n’en avaient pas dans leur fonds. Les questions cherchaient à appréhender les connaissances des enseignants sur le support, notamment sur les droits qui lui sont attachés, et à demander aux professeurs-documentalistes s’ils rencontraient des freins quant à l’intégration du livre audio au CDI, si les élèves et les collègues s’en étaient emparés.
Au bout de six semaines de mise en ligne via des listes professionnelles, 129 questionnaires, en provenance de tous types d’établissements, ont pu être complétés et servir de base à une étude.

Origine des répondants

Le faible nombre de réponses au regard de la population cible ne permet pas de généraliser les conclusions que l’on a pu tirer de l’analyse des résultats. En effet, les professeurs-documentalistes sont plusieurs milliers d’inscrits sur les listes de discussion. En revanche, il peut donner des indications, des tendances, sur les usages d’une profession.
Pour le mémoire de Master, nous nous sommes d’abord intéressée aux freins que peuvent rencontrer les collègues quant à l’intégration du livre audio dans le fonds. Nous nous sommes ensuite interrogée sur l’intérêt que le support peut présenter en termes d’incitation à la lecture. Enfin, nous avons essayé de voir dans quelle mesure le livre audio peut être un support « capacitant » pour les élèves en difficulté avec l’écrit ou le français.

Le livre audio au CDI : des freins à dépasser

Des freins juridiques

Dans le guide de déclaration pour les organismes de prêt, disponible sur le site de la SOFIA, il est écrit que le livre audio est assujetti au droit de prêt mais temporairement exclu du recouvrement et donc de déclaration. Il est donc tout à fait possible pour un CDI d’en proposer au prêt.
L’acquisition peut se faire à l’unité auprès du fournisseur habituel pour les livres sur support CD. Pour les livres audio accessibles en streaming ou sous forme de fichier MP3, cela est plus compliqué. En effet, à l’instar du livre numérique, le prêt de fichiers répond à des règles différentes, ce qui a notamment entraîné la création du modèle PNB (Prêt Numérique en Bibliothèque) pour le réseau de lecture publique, dans une tentative d’organiser des pratiques disparates dans le respect de la législation. Le 10 novembre 2016, la Cour de justice de l’Union européenne a rendu une décision dans laquelle elle statue que « le prêt d’un livre électronique (e-book) peut, sous certaines conditions, être assimilé au prêt d’un livre traditionnel. Dans une telle situation, l’exception de prêt public, qui prévoit notamment une rémunération équitable des auteurs, a vocation à s’appliquer3 ». En d’autres termes, les livres électroniques peuvent être prêtés en bibliothèque s’ils donnent lieu à une juste rémunération des auteurs et des éditeurs, comme c’est le cas actuellement pour les livres papier. Donc, si leur prêt passe par des plateformes sur lesquelles les droits ont été négociés. Or celles-ci sont peu nombreuses pour les CDI et relativement onéreuses. Il n’est donc pas possible, pour des livres audios qui ne sont pas tombés dans le domaine public, de les acheter à l’unité puis de les charger sur une clé USB ou tout autre support mobile pour les prêter. Il n’est pas non plus autorisé de les mettre à disposition sur l’espace numérique de travail (ENT), même si l’accès est protégé par un code. En dehors des plateformes, point de salut !

En ce qui concerne le droit de diffusion, aucune position claire n’est encore définie (ENSSIB, 2019). Comme il y a sonorisation, nous sommes face à un bien culturel hybride, élément mis en voix et parfois accompagné de musique et de bruitages. Pour éviter tout problème et en attendant que la règlementation française s’empare de cette question, le plus simple reste de demander directement l’autorisation de diffusion à l’éditeur. Certains mentionnent d’ailleurs sur la jaquette du livre ou sur leur site la possibilité de diffuser, à l’instar d’Audiolib.

À la question « Connaissez-vous les règles juridiques concernant les livres audio en établissement scolaire ? », les réponses ne sont sensiblement pas les mêmes entre les professeurs-documentalistes travaillant dans un CDI avec des livres audio et ceux qui n’en proposent pas :

CDI avec livres audio
CDI sans livre audio

Le droit est une discipline mouvante, constamment actualisée, abondée par la jurisprudence, alimentée par les législations européennes et internationales. Les supports numériques évoluent et viennent remettre en question les textes existants concernant le droit d’auteur, le droit de copie, le droit de prêt, de diffusion et les droits attachés aux supports. Il est impératif que les professeurs-documentalistes puissent bénéficier d’une formation solide et régulièrement mise à jour dans ce domaine. Cela permettrait à des enseignants d’être informés de façon précise des règles concernant l’acquisition, le prêt et la diffusion de livres audio et, connaissant les modalités, d’en acquérir pour les CDI. De plus, certains enseignants dont les pratiques peuvent sortir du cadre légal par méconnaissance du droit pourraient adapter leurs pratiques pour ne pas être mis en difficulté.

Des freins techniques et financiers

Si l’acquisition et le prêt de livres audio sous format CD est ce qu’il y a de plus simple à mettre en place au CDI, on peut tout de même s’interroger sur le statut du support CD. Le développement du streaming, que ce soit pour la musique, la vidéo ou le livre audio, entraîne un changement des pratiques dans la consommation de ces biens culturels. La question du taux d’équipement en lecteur CD se pose réellement à une époque où ces matériels ne sont plus de série sur les voitures, où les smartphones ont remplacé les baladeurs CD et MP3 et où les ordinateurs portables ne permettent plus d’en lire. Ce support n’est-il finalement pas obsolète ? D’ailleurs, les enquêtes sur l’équipement des Français ne prennent par exemple plus en compte les platines CD, à l’instar de celles de l’INSEE4. Les résultats des questionnaires montrent que la majorité des répondants possède le support CD audio : 26 réponses sur 34. Ceci peut paraître étonnant car le support CD ne semble plus attirer les élèves, certains collègues se demandant même si les familles en sont encore équipées. Mais comme nous l’avons vu, c’est actuellement le moyen le plus simple pour proposer dans un fonds documentaire.

D’autre part, le prix des livres sur support CD peut être un frein à leur acquisition. À titre d’exemple, début 2025, le roman Là où chantent les écrevisses de Délia Owen est au prix de 9,90 € au format poche et de 26,90 € au format CD audio.

Cette différence de prix peut influer sur les choix des professeurs-documentalistes qui doivent prendre ce facteur en compte pour leurs acquisitions. Le budget du CDI fait partie intégrante de la politique documentaire d’un établissement et un enseignant de collège qui aura 300 € à consacrer aux acquisitions pour une année scolaire ne pourra sans doute pas demander l’achat d’un tel support, sauf à recevoir un financement exceptionnel pour un projet spécifique. Ce point est d’ailleurs soulevé dans l’enquête, 16 collègues évoquant un budget insuffisant pour de telles acquisitions. Ceci peut aussi expliquer que les professeurs-documentalistes qui en achètent n’en acquièrent qu’un faible nombre tous les ans, majoritairement entre un et cinq.

CDI sans livre audio
CDI avec livres audio
CDI avec livres audio

Pour les enseignants, l’évolution logique dans les établissements serait la négociation de ressources et de plateformes pour l’éducation, à l’instar du Gestionnaire d’accès aux ressources (GAR). Pour le livre audio en streaming, il est possible d’en prêter via une plateforme en ligne. L’abonnement à ces plateformes représente cependant un budget conséquent et cette prise en charge financière aurait plutôt vocation à être négociée au sein d’un bassin d’établissements, la plupart des sociétés développant ces services préférant une approche B2B (Business to Business). À titre d’exemple, deux conseils départementaux – l’Essonne et la Seine Maritime – ont pris en charge le financement de l’accès à la plateforme pour l’ensemble de leurs collégiens. Les plateformes sont gérées par les bibliothèques départementales de prêt (BDP) et accessibles depuis l’ENT des établissements, après identification individuelle.

Pour l’Essonne, la plateforme Bibliocollège5 permet aux élèves d’accéder à 218 livres audio. Livres et vous6 en Seine Maritime donne accès de son côté à 1731 livres audio, principalement issus de la littérature classique.

Si l’avenir du livre audio passe progressivement de l’abandon du support CD, peu attractif pour les élèves, à la mise à disposition de fichiers numériques, il serait utile pour l’Éducation nationale de s’appuyer sur l’expérience du livre numérique. Du côté des structures de lecture publiques avec le Réseau Carel et PNB, d’une part, du côté de l’enseignement supérieur et de la recherche avec Couperin, d’autre part, des consortiums ont pu être créés et profiter aux établissements et à leurs usagers, même si les négociations restent parfois insatisfaisantes.

Une réticence quant à la forme audio

Le livre audio est la transcription sous format audio d’un texte. Il reproduit donc fidèlement le contenu de l’ouvrage mais l’activité qui consiste à écouter un livre-audio est-elle pour autant assimilée à de la lecture ? Le livre audio souffre d’un double handicap : ce n’est pas un livre papier, forme traditionnelle, et il fait appel à l’oral. Pour Daniel Delbrassine, enseignant en didactique du français et en littérature jeunesse à l’université de Liège, le livre audio souffrirait d’un déficit d’estime en France : « parfois présentée comme une méthode paresseuse, réservée aux incapables et marquée par la passivité, la perte de contrôle et le manque d’engagement, la “lecture” avec les oreilles a longtemps été mal vue » (Delbrassine, 2021, p. 9). Qu’un adulte fasse la lecture le soir à un enfant est une pratique socialement acceptée, voire valorisée. Un adulte se lisant à lui-même à voix haute sera peut-être considéré comme un lecteur rencontrant des difficultés à faire sens de l’écrit, ce qui l’oblige à passer par la verbalisation (Tattersall Wallin, 2020). Écouter un livre audio n’est pas toujours considéré comme un rapport au texte équivalent à celui d’une lecture sur ouvrage papier. Certaines réponses libres du questionnaire vont dans ce sens : « le message passe moins auprès des profs de lettres : “Je veux qu’ils lisent le livre” ; “Des enseignants demandent la version audio pour leurs élèves dys-, les autres doivent lire le texte.” ; “Les enseignants de français sont peu prescripteurs.” ». Comme le souligne Daniel Delbrassine, « le livre audio bouscule notre conception de la lecture et de la littérature, en réintroduisant l’oralité dans le champ de la culture qui l’avait depuis longtemps presque “évacuée” » (op. cit. p. 12). Il manque dans l’enquête une question plus précise sur ce lien entre écoute et lecture pour comprendre si les collègues ayant répondu associent l’activité d’écouter un livre audio à celle de lire.

Par ailleurs, le livre audio est un support encore fortement associé au handicap. Pour Paule du Bouchet, éditrice chez Gallimard et responsable de la collection de livres audio Écoutez lire, la création d’une commission sur le livre audio au Syndicat national de l’édition « a pour objectif de donner une meilleure visibilité au livre audio, principalement le secteur adulte qui est encore trop souvent entaché d’une image associée à la déficience visuelle. Or, le livre audio, qu’il soit jeunesse ou adulte, c’est d’abord et essentiellement un objet littéraire et culturel à part entière, et non un substitut du livre traditionnel » (Lallouet, 2016, p. 179).

Le livre audio comme « voix »  d’entrée dans la lecture ?

Une expérience avant tout sensorielle

L’impact de la voix du lecteur peut être très important pour l’élève. C’est un paramètre à prendre en compte car dans le livre audio, c’est elle qui va porter le récit et aider l’élève à s’immerger dans l’histoire. Certains textes sont lus par des comédiens professionnels, mis en musique ou sonorisés avec divers effets. Il arrive que de grands noms du cinéma ou du théâtre français prêtent leur voix.
Si, comme on l’a vu précédemment, l’acte d’écouter un livre audio est considéré par certains professionnels comme moins engageant que la lecture papier ; des enseignants notent cependant dans leurs réponses libres au questionnaire que ce média est un levier pour certains élèves :

– « Ce support est très demandé par les élèves qui n’aiment pas lire. Mis en place depuis seulement 2 ans. Plus les livres sont ‘difficiles’ plus la demande est importante. »
– « Nombreux sont les élèves pour qui le livre reste un objet de découragement, voire un objet de rebut. Proposer de l’audio permet de dépasser cet obstacle pour, encore une fois, renouer avec le plaisir de lire. »

Le livre audio est ici un moyen pour ces élèves de ne pas se couper d’un livre, d’avoir accès à un texte.
D’autre part, il semblerait que le livre audio soit vu comme un moyen de réintroduire le plaisir sensoriel de la lecture. On peut lire dans des réponses libres :

– « Certains élèves en sont éloignés, sans doute parce qu’on ne leur en a pas lu petits. C’est difficile de décortiquer une histoire, même un film, quand on n’a pas les codes. »
– « Je trouve que ce support est un excellent vecteur de plaisir de lire : il passe outre les difficultés des élèves ; seul le plaisir d’écouter une histoire demeure, leur rappelant également celui éprouvé, petit enfant, à la lecture des histoires du soir. Pour ma part je continue souvent de lire des livres à voix haute à mes élèves et…. ils adorent ! »

Pour l’anthropologue Michèle Petit, « la lecture à voix haute aurait ainsi été jusqu’à une époque récente l’une des grandes voies d’accès au désir de lire, l’une des scènes fondatrices d’une avidité pour les supports écrits (vécue avec une intensité variable selon le temps de la vie, et pas forcément dans l’immédiat) » (Petit, 2014, p. 171).

Quelle médiation pour le livre audio au CDI ?

Si les bons lecteurs iront chercher seuls des ouvrages dans les rayons du CDI ou n’hésiteront pas à demander des conseils, les lecteurs moins engagés seront plus réticents. Le livre audio, quand il intègre le fonds du CDI, doit faire l’objet d’une médiation. En bibliothèque de lecture publique, certaines structures choisissent de le valoriser comme tout autre support :

Valoriser le livre audio, c’est acquérir le réflexe d’inclure ce support dans les formes de médiations que nous faisons déjà, au même titre que d’autres versions des titres (comme le livre en gros caractères). Il peut trouver sa place dans les bibliographies, les tables des nouveautés, des sélections de livres que nous proposons aux collégiens, les documents que nous déposons à la maison de retraite… (Kudzia, 2016, p. 60).

Le livre audio doit pouvoir être intégré aux séances pédagogiques comme le serait tout autre support présent au CDI : catalogage dans la base documentaire pour les recherches des élèves, présentation lors d’actions de lecture (séances thématiques, organisation d’un prix littéraire, etc.), mise en avant sur le portail documentaire, affichage spécifique, coin écoute en libre accès, etc. La liberté pédagogique des professeurs documentalistes permet d’envisager de nombreuses actions de valorisation.
Par exemple, l’association La Plume de Paon proposait jusqu’en 2024 un Prix des lycéens du livre audio, action à laquelle pouvaient s’associer des professeurs documentalistes7. D’après les résultats de l’enquête, peu ou pas d’actions spécifiques de médiation sont mises en place : trois collègues en proposent contre 30 qui n’en proposent pas. Cette question mériterait d’être plus approfondie, pour savoir si, par exemple, c’est le faible nombre de livres audio dans le fonds qui explique qu’on ne les présente pas spécifiquement, ou si d’autres facteurs sont à prendre en compte.
Plusieurs réponses témoignent de l’importance d’une prescription par leurs collègues de lettres. Sans ces recommandations, le livre audio n’est pas a priori un support vers lequel les élèves se tournent spontanément.

Le livre audio, un outil inclusif

Le livre audio comme support de référence

L’expression « publics empêchés » désigne les personnes en situation de handicap, les individus placés sous-main de justice et les personnes en établissements publics de santé. Plus précisément, les déficients visuels et les personnes atteintes de troubles DYS sont les deux principales catégories de personnes dites « empêchées de lire ». Ce sont de fait des personnes pour qui le livre audio est un support particulièrement adapté.
Même s’il est difficile de chiffrer exactement l’étendue des troubles DYS, on estime qu’environ 4 % à 5 % des élèves d’une classe d’âge sont dyslexiques, 3 % sont dyspraxiques et 2 % sont dysphasiques8.

L’un des enjeux majeurs pour l’Éducation nationale est l’adaptation des ressources et leur accessibilité. En France, le droit d’auteur est protégé par le Code de la propriété intellectuelle (CPI). Tout auteur d’une œuvre possède sur cette dernière un droit moral ainsi que des droits patrimoniaux. Il existe cependant une exception à ce droit patrimonial en faveur des personnes en situation de handicap, instaurée par la loi du 1er août 2006 relative aux droits d’auteurs et aux droits voisins dans la société de l’information (loi DADVSI). Ce principe d’exception a été révisé par la suite en 2016 (Loi relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine). Les organisations à but non lucratif peuvent réaliser des adaptations d’œuvres protégées, afin de les communiquer aux personnes en situation de handicap, sans demander l’autorisation préalable au titulaire des droits et sans dédommagement. Ces communications sont rattachées à la personne qui en fait la demande. Dans le cas d’un établissement scolaire, c’est donc l’élève et non l’établissement ou le CDI qui peut bénéficier de l’œuvre adaptée. L’établissement peut cependant être un intermédiaire entre l’élève et sa famille et la bibliothèque sonore. Si les livres audio obtenus par ce biais peuvent être stockés au CDI pour plus de facilité, ils ne sont prêtés qu’aux élèves qui en ont fait la demande expresse. Quant aux plateformes que les élèves peuvent solliciter, on peut citer Éole9. Sur présentation d’un justificatif personnel, l’inscription est gratuite et permet l’accès à plus de cinquante-mille livres audio, téléchargeables ou à recevoir sur CD audio.

Le format le plus répandu en France pour la lecture de livres adaptés est le système DAISY, Digital Accessible Information System, qui est une norme internationale. La particularité de cette norme est qu’elle permet la structuration des ouvrages par chapitre, page, paragraphe, et phrase. Ce système permet à l’utilisateur de reprendre sa lecture à l’endroit même où il s’est arrêté, ce qui n’est pas possible avec un fichier MP3 ou un CD audio, à moins de se servir de l’avance rapide. Des signets peuvent être insérés comme des marque-pages. Il est également possible de jouer sur la vitesse de lecture, sans que cela ne déforme la voix qui lit le texte.

Les livres audio peuvent être lus par des donneurs de voix bénévoles, il s’agit dans ce cas de « livres DAISY voix humaine ».
Dans le GAR, des livres audios sont proposés par certains éditeurs. Ainsi, la plateforme SONDO de l’éditeur Mobidys, est une bibliothèque inclusive pour les collèges qui possède un catalogue d’environ 400 titres. Des outils accompagnent chaque texte, comme la synthèse vocale. Des manuels scolaires sont aussi disponibles au format audio. L’accès à cette plateforme est payant pour les établissements.

Il n’existe que peu, voire pas d’étude liant livre audio, élèves en situation de handicap et CDI. Peut-être parce que l’oral/l’audio et le CDI sont relativement opposés dans les représentations qu’on peut avoir du lieu, ou parce que les recherches se sont intéressées jusqu’à présent à l’édition papier en direction des publics DYS qui s’est énormément développée ces dernières années.

La présence d’élèves empêchés de lire est une des raisons évoquées par les répondants à l’enquête pour expliquer la présence de livres audio au CDI. Parmi les collègues qui en ont dans leurs fonds, 25 indiquent que les élèves DYS empruntent ou utilisent ce média (contre 9 réponses négatives). Certains précisent en commentaire libre « les besoins sont grandissants car beaucoup d’élèves sont en grandes difficultés de lectures. Je réfléchis à proposer un coin écoute au CDI avec lecteur de MP3 » ; « Nous sommes en pleine réflexion avec mes collègues de lettres sur cette question… Nous constatons en effet des besoins accrus, notamment dans le cadre des lectures suivies ou cursives en cours : le nombre d’élèves dyslexiques explose, et, si j’ai acheté quelques ouvrages spécialisés pour ce public, ce n’est pas suffisant ». Parmi les professeurs-documentalistes ne proposant pas ce support, certains pallient cette absence en travaillant avec des bibliothèques de leurs départements, bibliothèques municipales ou bibliothèques sonores, comme ils le précisent en réponses libres :

– « Convention avec la Bibliothèque Sonore de mon département, pour nos élèves «empêchés de lire » pour raisons médicales. »
– « Nous travaillons également à un partenariat avec une médiathèque (pour le prêt de livres audio par navette. »

Le livre audio pour les élèves allophones

Au-delà des élèves déficients visuels, ayant des troubles dys- ou en grande difficulté de lecture, les résultats du questionnaire, notamment les commentaires libres, ont fait apparaître un autre public pour lequel les livres seraient intéressants, celui des élèves allophones nouvellement arrivés (EANA).

Si les EANA ne sont pas des élèves empêchés de lire, ils n’en sont pas moins éloignés de la compréhension de la langue française. Le français n’est pas leur langue maternelle mais ils devront l’acquérir comme langue seconde (FLS).

L’utilisation de l’oral et du livre audio semblent particulièrement adaptés pour ce public. Il existe peu de documentation sur ce sujet. Certaines maisons d’éditions spécialisées en Français langue étrangère (FLE) proposent des livres, de courts romans ou des classiques abrégés, accompagnés de CD. Pour les plus jeunes, le CASNAV de l’académie de Strasbourg propose par exemple des versions audios d’albums jeunesse, dans différentes langues comme le chinois, le roumain, l’arabe, le polonais, etc.10 Pour ces élèves, le livre audio au CDI est un appui précieux.

Conclusion

À l’ouverture de la boîte, je trouvai dedans un je ne sais quoi de métal quasi tout semblable à nos horloges, plein d’un nombre infini de petits ressorts et de mcachines imperceptibles. C’est un livre à la vérité, mais ’est un livre miraculeux qui n’a ni feuillets ni caractères ; enfin c’est un livre, où pour apprendre, les yeux sont inutiles ; on n’a besoin que d’oreilles.

Dès 1657, Savignien Cyrano de Bergerac imagine dans l’Histoire comique des États et empire de la Lune un dispositif permettant d’écouter des histoires. Les avancées technologiques ont permis de faire de ce fantasme une réalité. Livres numériques, podcasts, fichiers audio, livres augmentés, boîtes à histoire, notre conception du livre évolue et permet à chaque lecteur potentiel de faire la rencontre d’un texte, d’un auteur ou d’une œuvre. Espérons que cette richesse pourra bénéficier aux élèves et que les CDI auront les moyens institutionnels de s’en emparer.