Consultation, citoyenneté, démocratie, financement, habitat, art, culture, chantier… ces dernières années, le « participatif » se conjugue à tous les modes ! Conséquence plus ou moins directe de la révolution numérique qui bouleverse notre capacité d’information en nous y offrant un accès illimité, cette dynamique participative est le témoin d’une volonté diffuse mais manifeste de renversement des processus de décision concernant l’intérêt général, pensé comme une construction collective, par la réappropriation des outils du vivre-ensemble. L’ambition de participer n’est pas une utopie dans le monde de la belle idée : elle s’applique dans des fonctionnements très concrets, qui peuvent, comme les expériences le montrent, s’installer à toutes les échelles, y compris celle de l’école !
Comme nous le rappelle la philosophe Joëlle Zask dans son article, « Apprendre à participer, participer pour apprendre » (p. 51), John Dewey avait déjà souligné l’importance cruciale de l’expérience, de la participation dans les apprentissages en ce qu’ils mobilisent la conscience et placent l’apprenant dans une posture active. Et, si « une approche sociale des intelligences collectives et participatives est devenue prioritaire chez les acteurs de l’école, des apprentissages » comme le soulignent Anne Cordier et Vincent Liquète (p. 12), le lien ténu entre participation et information semble naturellement faire du professeur documentaliste la pierre angulaire de cette articulation au sein des établissements.
Relisons la circulaire de missions à cette lumière, qui replace le professeur documentaliste au cœur de « l’équipe pédagogique » dont il partage les « missions communes » et anime les « co-enseignements ». Ses missions spécifiques en font par ailleurs un « acteur de l’ouverture de l’établissement sur son environnement éducatif, culturel et professionnel (…) en lien avec les dispositifs pédagogiques et éducatifs mis en place dans l’établissement, dans et hors du CDI ». Le professeur documentaliste se trouve ainsi posé en véritable maître d’œuvre d’une « pédagogie favorisant l’autonomie, l’initiative et le travail collaboratif des élèves, autant que la personnalisation des apprentissages, l’interdisciplinarité et l’usage des technologies de l’information et de la communication » dont le but est de « rendre l’élève acteur de ses apprentissages ».
Les nombreuses réponses que nous avons reçues suite à notre appel à contributions prouvent bien à quel point vous êtes, nous sommes engagés dans ces dynamiques. À la fois en tant qu’acteur à l’initiative de projets plus riches les uns que les autres – CDI-
remix (p. 21), juniors associations (p. 24), élève médiateur (p. 41) – mais aussi dans une réflexion plus globale sur le rôle d’enseignant qu’elles tendent à redéfinir, et qu’il ne s’agit pas pour autant de bazarder aux sirènes de la démagogie ! (p. 29 et 46)
C’est toute cette complexité que ce dossier explore afin de partager avec vous les idées, les enthousiasmes, les réussites, mais aussi les doutes et les limites qui bordent la mise en œuvre de ces pratiques participatives favorisant l’horizontalité des interactions. Nous remercions vivement l’ensemble des contributeurs qui nous ont généreusement livré le fruit de leur travail, y compris des outils clés en main comme la fiche Intercdi « mettre en place une give-box » ou le Sketchnote « développer les pratiques participatives des élèves » pour vous les proposer.
Bien entendu, nous comptons sur votre participation à un prochain numéro de votre revue. Bonne lecture !