La lumière blafarde fait refléter l’ombre de son fameux Fédora sur le mur. Le célèbre archéologue est encore dans une mission périlleuse. La pièce est poussiéreuse et l’odeur infecte. Il s’approche lentement avec précaution... le plancher vermoulu menace de s’effondrer. Il se méfie, guettant le moindre piège dissimulé. Il recule d’un pas, mû par un réflexe soudain. Sa capacité à anticiper le moindre imprévu l’a encore sauvé puisqu’une poutre vient de se décrocher pour se balancer pile à l’endroit où il se trouvait quelques instants plus tôt. Il vient d’éviter la mort une fois de plus. Il fait un léger saut sans élan pour avancer dans la pièce, une latte de parquet vient de céder sous son poids. Sa jambe droite est passée au travers, et comble de l’horreur une main squelettique s’agrippe à lui comme pour mieux l’entraîner dans la mort. Mais il reprend ses esprits à temps, s’apercevant qu’il ne s’agit pas d’un mort vivant, mais d’un cadavre abandonné depuis trop longtemps. Il frémit néanmoins, car il sait de source sûre qu’il s’agit sans aucun doute de l’ancien inspecteur général qui essaie dans une dernière tentative post-mortem de l’empêcher d’atteindre son but.

Mais il en faut plus à notre héros qui en a vu bien d’autres. Le bureau est proche, non loin de la vitrine qui contient une authentique momie de la période postmoderne : une vieille maître de conférences de l’ère pré-numérique. Elle s’est asséchée peu à peu et a été momifiée puis entourée de bandelettes faites dans une vieille classification décimale universelle. Une injure à Paul Otlet, d’autant que lamomie demeure stoïque avec de vieilles pantoufles au pied, un peu comme si elle était demeurée finalement en train de professer les mêmes choses dans la même université pendant plus de 30 ans. L’archéologue ne se risque pas à ouvrir la vitrine, tant il est probable que du poison s’y trouve encore. Le bureau l’intéresse davantage. Il apparaît un peu bancal, comme suspendu dans un vide prêt à l’engloutir. Qui sait quelles sont les pensées néfastes qui ont pu y être développées, les infâmes complots qui ont pu y être ourdis ? À pas feutrés, il s’approche du bureau. Mais sa marche est à nouveau arrêtée, son fédora s’est pris dans les toiles d’araignée. D’un geste sûr, il se ressaisit de son chapeau, l’époussette, et le remet sur sa tête. Le moment ne permet pas d’envisager d’être tête nue si près du but. Le plancher craque à nouveau faisant émerger l’ouvrage qui sert de cale au bureau. Le titre est devenu illisible, tout juste perçoit-on le nom de l’auteur Cl...e P... Un funeste dessein pour cet ouvrage...

Vous êtes abonné(e)

Pour accéder à l’ensemble des contenus, connectez-vous.

Je me connecte

Vous êtes abonné(e) et vous voulez activer votre compte

Pour obtenir votre code d’accès, merci de remplir le formulaire dans Contact ou d’envoyer un e-mail à cedis-intercdi@wanadoo.fr en utilisant le mail du CDI (pas de mail personnel) et en précisant votre nom, le nom de votre établissement, son adresse, son site internet, votre code client ( celui-ci se trouve en haut à gauche de l’adresse de livraison ).

Contact

Vous n'êtes pas encore abonné(e)

Abonnez-vous à InterCDI pour lire l'intégralité des articles.

Je m'abonne