La crise épidémique vécue depuis mars dernier est un choc social majeur, une épreuve collective terrible puisqu’elle touche l’ensemble de la planète. Confinement quasi général des populations, arrêt de l’activité économique du pays, fermeture des établissements scolaires… une situation jamais vue.
Une catastrophe de ce niveau, d’ampleur mondiale, conduit à repenser l’ensemble des valeurs qui prédominent et dirigent le monde depuis des dizaines d’années, sinon plus. Chacun d’entre nous est appelé à être acteur du relèvement. Et demain commence dès aujourd’hui. Nous sommes nombreux à attendre un changement de paradigme : l’humain, la nature, les biens communs doivent être des priorités.

Aussi ce numéro d’Inter-CDI, très riche, vous permettra d’aller plus avant dans la connaissance de notre univers professionnel et de la nécessité de changements radicaux.

L’article critique de Kaltoum Mahmoudi en est la parfaite illustration : troisième assemblée de la République après l’Assemblée nationale et le Sénat, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a publié en décembre 2019 un avis portant sur « Les défis de l’éducation aux médias et à l’information ». L’EMI y est proclamée « Grande cause nationale », mais on cherchera en vain les enseignants du secondaire, leurs actions dans les propos de la rapporteure de l’avis. Parmi les 34 personnalités auditionnées aucun professeur documentaliste, un seul représentant de l’enseignement secondaire : un proviseur de lycée ! Comment peut-on à ce point ignorer l’engagement et le travail mené par les enseignants ? Kaltoum Mahmoudi s’appuie sur une méticuleuse analyse lexicologique pour montrer combien l’expression « éducation à l’information » est peu formulée en regard de celle des « médias ». Claude Baltz l’affirmait : « pas de société de l’information sans culture informationnelle », d’abord ! En conclusion elle fait le constat d’un manque de visibilité, voire d’une forme de méfiance vis-à-vis des actions d’EMI et propose une orientation différente de l’exercice professionnel offrant une garantie plus assurée à notre avenir pédagogique. À chacun d’en juger.
Florie Delacroix consacre une importante note de lecture au livre « Culture numérique » de Dominique Cardon, professeur de sociologie à Sciences Po. Cette somme très complète constitue une grande partie des connaissances que doivent maîtriser les professeurs documentalistes en matière d’EMI et particulièrement pour le programme de SNT. Les origines historiques d’Internet… de l’idéologie utopique des pionniers à la récupération marchande des GAFA. Les réseaux sociaux numériques et les comportements en ligne, une typologie… qui sont les youtubeurs ?… le droit à l’oubli… les élèves et le paramétrage de visibilité des informations publiées… le système médiatique, médias et journalistes aujourd’hui… les fausses informations… les lois de l’économie numérique. Données personnelles et algorithmes, le Big Data, l’Intelligence Artificielle, quelle régulation face à une « société de contrôle » ? Florie Delacroix souligne, dans ce livre, l’absence de l’évocation des conséquences environnementales générées par Internet.
Gabriel Giacomotto et Jean-Marc David ouvrent notre curiosité sur les Punks, un mouvement culturel underground d’origine anglo-saxonne des années 1970-80. Expression de la vitalité d’une jeunesse contestataire rejetant la société mercantile, à la recherche de plus de simplicité et de modes de vie alternatifs dans une société en crise. C’est l’hiver du mécontentement, les grandes grèves au Royaume-Uni, les pénuries, l’ascension de Margaret Thatcher et celle de Ronald Reagan, l’essor du néo-libéralisme. Musique, mode, graphisme, le « faire soi-même », la contre-culture britannique a infusé les milieux créatifs des années 70. Nombre de références proposent des pistes pédagogiques d’études en langue, en philo sur le nihilisme… l’art peut-il être un contre-pouvoir ?