« LE TÉLÉPHONE ET LA MORALE. — Il s’est posé récemment en Amérique la question assez curieuse de savoir si un abonné au réseau téléphonique avait ou n’avait pas le droit d’employer, dans sa conversation, un langage trop fleuri d’épithètes malsonnantes et de jurons plus ou moins grossiers. L’abonné ayant résisté à toutes les sollicitations de la Compagnie, celle-ci prit le parti de lui supprimer la communication et fit un règlement interdisant l’usage de mots grossiers dans les conversations téléphoniques. L’affaire a été portée devant le tribunal, et la cour a donné gain de cause à la Compagnie, objectant avec raison que le téléphone était entre les mains d’un grand nombre de familles, qu’une conversation téléphonique peut arriver, par erreur, aux oreilles d’autres personnes que le destinataire, et qu’enfin les employés des bureaux téléphoniques sont, le plus souvent, des jeunes filles ou des dames d’excellente éducation auxquelles on devait le respect. La décision est juste autant que morale ; un instrument de civilisation comme le téléphone ne doit servir à propager électriquement qu’un langage plein de politesse et d’urbanité. » Anonyme. Le téléphone et la morale. Lyon médical, 6 mai 1883, p. 477 (Texte repris dans différentes publications comme L’Électricien du 15 juillet 1883 ; Le Moniteur industriel belge, n° 30, août 1883, etc.).

Les questions récurrentes concernant la régulation et la modération des propos tenus sur les réseaux de communication et notamment les réseaux sociaux numériques connaissent des réponses parfois contradictoires. Depuis qu’ils connaissent une audience importante, il a été reproché aux réseaux sociaux d’être laxistes et les États tentent régulièrement de les contraindre à assurer une modération efficace. La suspension des comptes Twitter et Facebook de Donald Trump a relancé la polémique : s’agissait-il de censure de la part des réseaux sociaux, les GAFAM se sont-ils octroyés des droits dépassant le cadre démocratique ? Une régulation des contenus est-elle nécessaire ?
Quelques mois avant, en France, dans le cadre de la discussion de la loi du 24 juin 2020 visant à lutter contre les contenus haineux sur internet (dite « loi Avia »), la question de la modération par les plateformes s’est posée, mais les réponses de la version initiale de la loi ont largement été censurées par le Conseil constitutionnel.
La liberté de parole doit-elle être totale sur les réseaux qu’ils soient de (télé)communication ou sociaux ou bien doit-elle être régulée ?
Ce débat n’est pas nouveau comme en témoigne le texte « Le téléphone et la morale » paru anonymement en 1883 dans la revue Lyon médical et repris dans plusieurs périodiques dans les mois qui suivent.
En effet, quelques années seulement après l’invention...

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