La rédaction s’associe pleinement à l’éditorial

Parcourir les réseaux sociaux, ces derniers temps, permet de mesurer la colère des collègues face au mépris institutionnel dont les professeurs documentalistes sont à nouveau, – éternellement devrait-on dire ? – victimes par le refus de leur octroyer la prime informatique versée à tous les professeurs…“à l’exception des professeurs de la discipline de documentation”, sous prétexte qu’ils ne seraient pas devant élèves tout en étant professeurs, quel paradoxe !
Directement liée à la conception très limitée de l’acte pédagogique révélée par ces simples mots, la méconnaissance ministérielle ou l’ignorance volontaire d’une partie de nos missions atteint ici des sommets inégalés depuis la constante interprétation à géométrie variable du décret d’août 2014 sur la récupération des heures d’enseignement. Pourtant, le statut de professeur documentaliste, créé par le CAPES de documentation de 1989, réaffirmé par le référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation de 2013, est clairement entériné par ces textes qui détaillent nos fonctions pédagogiques tout comme notre utilisation quotidienne des outils informatiques, inhérente à notre mission de gestion d’un centre de documentation mais également à notre rôle primordial dans l’éducation aux médias et à l’information, sauf à considérer que les CDI n’ont pas évolué depuis leur création en 1973, dans le mouvement des pédagogies innovantes.
Le refus de la dérisoire prime informatique n’est que la goutte d’eau qui fait déborder le vase mais génère “en même temps” une mobilisation sans précédent des professeurs documentalistes et un intérêt médiatique inespéré pour notre profession.
En attendant, les professeurs documentalistes continuent d’être submergés d’injonctions numériques et pédagogiques contradictoires, sans que jamais un véritable programme de co-enseignement critique d’EMI vienne donner un cadre et des orientations clairs pour la mise en œuvre de cet enseignement.
Hélas, les préjugés concernant les professions liées à la culture ont la vie dure, c’est tellement vrai qu’une nouvelle classification a récemment vu le jour : essentiel / non essentiel. Orwellienne à souhait, elle frappe d’exclusion tout ce qui porte atteinte à sa pensée binaire, soit l’ensemble du monde culturel. En relisant Borgès, qui lui connaissait les limites de tout classement, on ne peut que constater l’arbitraire, l’absurde et l’inanité d’un tel choix.
La revue InterCDI, fondée sur la pratique collaborative des professeurs documentalistes, depuis 1972, tient à rappeler ce qui fait la richesse de notre profession, à savoir la pluralité d’exercice, laquelle se manifeste par la diversité des contributions de chaque collègue. Elle prouve à quel point les professeurs documentalistes s’investissent dans leur métier et participent, au même titre que chaque autre professeur, dans le respect de leur liberté pédagogique et missions propres, au développement de l’esprit critique et à l’enrichissement de l’horizon culturel des élèves.