Alors que les algorithmes envahissent l’espace médiatique depuis quelques mois, InterCDI se propose, au fil de ce numéro, de vous offrir quelques clés de lecture de ces problématiques qui nous semblent souvent aussi invasives qu’insaisissables, et concernent pourtant au premier chef une EMI éclairée.
Le Dieselgate de Volkswagen, le Cambridge analytica de Facebook, le Parcoursup de nos élèves… les algorithmes sont au cœur d’une préoccupation grandissante : la concrétisation du fantasme de dépossession de sa maîtrise et de son autonomie de l’homme par la machine, « l’intelligence artificielle ». C’est l’exercice auquel se prête Olivier Le Deuff dans son article « Allô ! Docteur Bonheur ? », qui considère l’avenir d’une utilisation des algorithmes de prédiction comme un outil… du bonheur ! De quoi nous inviter à reprendre à notre compte la célèbre réplique d’Arletty : « Algorithme, algorithme ! Est-ce que j’ai une gueule d’algorithme ? ! »
En effet, les algorithmes, véritables « architectes de notre environnement » selon l’expression du sociologue Dominique Cardon – dont Florie Delacroix a lu pour nous l’ouvrage À quoi rêvent les algorithmes ? nos vies à l’heure des Big data et nous livre ses notes de lecture aussi précises que synthétiques en page 12 – sont omniprésents : transports, réseaux, médecine, justice, consommation culturelle… ils façonnent nombre de nos gestes les plus ordinaires et scandent la vie de la société, tout en restant opaques au plus grand nombre. Pourtant, comme le rappelle Serge Abiteboul1, un algorithme n’a pas d’intelligence : « c’est une séquence d’instructions utilisées pour résoudre un problème ». Dans notre société du tout numérique, saturée par une prolifération exponentielle de données, les algorithmes sont des outils d’une redoutable efficacité, dont la performance représente un progrès inouï ! Mais comme le souligne Gee2, « un algorithme, c’est technique. Son usage, c’est politique ». Pour saisir les enjeux éthiques qui se profilent en parallèle des avancées techniques apportées par des algorithmes de plus en plus performants, et rester maîtres de l’autonomie de nos décisions, il faut se réapproprier ces questions en en améliorant notre intelligibilité. L’enjeu est majeur : code et algorithmes, les jeunes générations doivent s’approprier ces nouveaux leviers d’organisation et de transmission de l’information, et apprendre à y appliquer rigueur, exigence et discernement critique. Des comportements qui doivent structurer une éducation aux médias et à l’information au cœur de nos missions de professeur documentaliste !
Pour nous y aider, Florie Delacroix nous propose également de précieux outils dans ce numéro : la fiche Intercdi « Comprendre les algorithmes numériques », et une Ouverture culturelle, « Algorithmes et intelligence artificielle », pleine de ressources pour enrichir notre « culture scientifique » et élaborer des séquences pédagogiques nourries !
Après cette plongée dans l’univers informatique, deux articles invitent à un voyage plus littéraire : le Thèmalire d’Hélène Zaremba, sur l’Inde, présente une bibliographie sélective autour de ce pays dont « l’exotisme » féconde l’imaginaire et interroge… et un Gros plan de Jean-Marc David vous suggère la visite-découverte des deux Maisons de Victor Hugo, à Paris et à Guernesey.
Un numéro riche qui s’articule autour de nos différentes missions en offrant une réflexion professionnelle, des outils pratiques et une invitation au voyage autour de la lecture.