« Le professeur documentaliste, enseignant et maître d’œuvre de l’acquisition par tous les élèves d’une culture de l’information et des médias, (…) contribue au développement de l’esprit critique face aux sources de connaissance et d’information. » Le premier axe de la nouvelle circulaire de mars pose d’emblée la pensée critique au cœur de nos missions, et dans le contexte actuel, on saisit l’enjeu, primordial, de cette éducation des citoyens de demain.
Le bouleversement profond de nos modes de communication et de partage, et par-delà de notre rapport à l’information, apporté par la révolution numérique nous oblige à domestiquer une société de mass media. Si les désormais célèbres Fake news ont toujours existé, force est de constater qu’elles connaissent un souffle sans précédent et agitent sans cesse le monde de l’information. Elles viennent questionner de plein fouet notre capacité individuelle et collective de discernement, d’exercice de notre esprit critique.
La super-vilaine Fake news a ainsi naturellement donné naissance à sa figure inversée : le fact-checking qui, contrairement au super-héros tout puissant qui viendrait seul nous livrer la Vérité, impose à chacun d’entre nous de devenir actif face à la réception de données. Trier, vérifier et sélectionner ses sources, croiser les informations, repérer et comprendre les intérêts… Comme nous le montre Natacha Mouillé dans son article « Médias, rumeurs, théories du complot : former les élèves à exercer leur esprit critique », l’esprit critique de chacun doit se construire solidement et s’appliquer rigoureusement. Quant aux médias traditionnels, ils traversent une crise de confiance d’une ampleur inédite comme l’expliquent très bien Daniel Schneidermann, Pierre Haski et Antoine Genton à l’occasion d’une rencontre, retranscrite par Sandrine Leturcq, lors du festival les Médiatiques. Cette crise, profonde, pousse aujourd’hui les médias à se réinventer, à créer des outils et de nouveaux canaux qui renouvellent notre rapport à l’information en nous invitant essentiellement à ne plus demeurer dans une posture passive de réception de l’information, mais bien à adopter une attitude active en allant chercher la « bonne » information.
À ce sujet Florie Delacroix propose dans son Ouverture culturelle, un solide tour d’horizon des « outils et ressources pour déconstruire l’info falsifiée ou erronée » qui vous sera, nous l’espérons, d’une aide précieuse dans cette démarche, à titre personnel, mais aussi bien sûr professionnel.
À propos de la rumeur dans la littérature jeunesse, le Thèmalire d’Hélène Zaremba, atteste que cette question de société infiltre l’univers même des élèves, et résonne dans l’Institution qui se trouve en charge de les former. L’analyse de Kaltoum Mahmoudi, « Former l’esprit critique des élèves, quels enjeux pour l’institution scolaire », est à ce titre très pertinente. Et le professeur documentaliste, par son « expertise », constitue bien le pivot central de cette formation à l’autonomie critique de l’élève, qui doit véritablement tenir de la rigueur scientifique tant le sujet peut être parfois sensible.
Alors comment délivrer cet apprentissage, essentiel s’il en est, et contribuer à la construction d’un esprit critique libre, indépendant et solide ? Les articles de Philippe Chavernac et Guillemette Reviron nous proposeront des clés, de même que la Fiche InterCDI, « Stop aux fake news », constituera un modus operandi clair et concis pour les élèves.
Pour protéger vos élèves de toute intox, ce numéro spécial d’InterCDI vous offre une cure de détox !