Il faut bien admettre que mon entrée dans le métier résonne encore du bruit de ses casseroles. Il y a huit ans à peu près, je ratais avec fracas pour la première fois l’épreuve du CAPES de documentation. J’étais très en colère car je venais juste de prendre conscience, en profondeur, que le métier de « dame de CDI » était le métier de mes rêves. Cela avait commencé lors d’une énième discussion avec une amie très patiente, à qui je confiais mes questionnements sans fin sur une potentielle reconversion, ne trouvant plus de sens à ce que je faisais. Je pense que nous avons tous eu ou entendu ce type de conversation agaçante car aboutissant rarement à une avancée concrète. Mon amie a été suffisamment enthousiaste et optimiste pour essayer de me sortir d’une spirale d’atermoiements : « et prof, t’en penses quoi ? » « – Bah oui, mais il faudrait choisir une matière… » Mon amie, tenace : « et les dames du CDI, tu crois qu’elles devaient choisir une matière ? » « – Ah oui, mais comment on devient dame du CDI ? ».

C’est de retour à mon emploi dans une société d’export de films où je comblais un ennui passager en me baladant sur Twitter et les internets que j’approfondis mes recherches. J’ai lu avec étonnement et un enthousiasme grandissant un article rédigé par une future collègue dans Rue 89 et ai pris conscience de la potentielle richesse du métier1. Il faut dire que mon passé d’élève ne rendait pas totalement grâce au métier de professeure documentaliste. Dans le collège rural et catholique où je traînais mes faux jeans Levis 501, le CDI, petite salle encombrée et poussiéreuse, était ouvert occasionnellement par la personne qui faisait office de CPE, fan de chantage et d’humiliation. Dans le beau lycée tout neuf où, interne, je traînais mes jeans à patte d’éph’, le magnifique CDI était l’endroit où je découvris que des femmes pouvaient écrire des livres reconnus par la critique et pas vendus uniquement dans les supermarchés (ce n’est pas en cours de français que j’aurais pu le découvrir) et Nancy Huston, Anaïs Nin et Simone de Beauvoir vinrent à moi au hasard des rayons de ce CDI circulaire et lumineux. J’y ratais mes premiers TPE en première et y réussis mes seconds TPE en terminale, en partie grâce aux deux profs-docs plutôt discrètes et passionnées. Cependant, ingrate adolescente allergique à l’autorité, je les évitais le plus possible, en particulier lorsque je divaguais sur internet (déjà) pour aller sur les...

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